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EN FLE Á LA NOTION DE TÂCHE ET DE TAXONOMIE DES OBJECTIFS

2. L'apport des recherches antérieures sur l'identification de stratégies de lecture en Français Langue Etrangère

2.3. Une approche culturelle portant sur les stratégies d'apprentissage de l'apprenant sinophone

Le nombre d'apprenants sinophones étant majoritaire tant dans le groupe expérimental (6 apprenants sur 7 apprenants) que dans le groupe de contrôle (5 apprenants sur 6 apprenants), il nous semble important d'effectuer une brève recherche sur les aspects culturels et les stratégies d'apprentissage qui animent ce public, bien que nous considérions l'apprenant en tant qu'être singulier au sein de cette recherche. Il est cependant assez difficile de trouver des ouvrages culturels se rapportant aux stratégies de lecture de l'apprenant sinophone de FLE dans la littérature actuelle. Aussi, à partir d'un article (ayant une approche historique de la relation savoir/processus d'apprentissage) de Ivanova-Fournier intitulé "L'apprenant sinophone - du savoir vers les stratégies d'apprentissage" datant de 2010, il s'agit de dégager les principaux éléments culturels pour obtenir des axes de compréhension en termes de stratégies d'apprentissage de la majorité du public cible de l'expérimentation.

111 Le lecteur pourra trouver les définitions se rapportant à ces stratégies dans l'article de Rui intitulé "Exploration de la notion de ʻstratégie de lectureʼ en français langues étrangère et maternelle" (2000, p. 9).

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166 Dans une finalité politico-économique, la Chine se tourne vers le continent africain et notamment vers l'Afrique francophone. C'est ainsi que de nombreux étudiants chinois viennent en France pour apprendre la langue française au sein des Universités ou des centres de langues en visant une expatriation en Afrique où le salaire est plus élevé qu'en Chine et où, à terme, certains d'entre eux souhaitent créer leur entreprise (Ivanova-Fournier, 2010, pp. 233- 234).

Cependant, l'apprentissage du français est très éloigné de l'apprentissage de la LM puisqu'elle n'est pas une langue phonétique, le savoir est culturellement privilégié et les apprenants ont des stratégies visuelles en LM (Ivanova-Fournier, 2010, pp. 234).

Premièrement, le savoir est culturellement privilégié depuis l'antiquité au sein de la société chinoise. En effet, avec l'arrivée au pouvoir de la dynastie des Han (206 avant J.C.), "l'influence des lettrés d'expression confucéenne" provoque l'institutionnalisation des examens et des concours pour les postes de fonctionnaires publics dans la visée de conforter l'efficacité de l'organisation de l'empire, l'état étant dirigé par des lettrés (Ivanova-Fournier, 2010, pp. 234-235). Ainsi, le savoir est ancestral et structuré mais aussi démocratique puisque les enfants d'origine modeste pouvaient entrer dans l'administration par l'intermédiaire de la Grande Ecole de Pékin (créée en 124 avant J.C.). De plus, sont créées des écoles dans les chefs-lieux des provinces au sein desquelles sont enseignés les Classiques sur lesquels portaient les questions écrites des examens d'entrée aux divers rangs de fonctionnaires ce qui instituait une élévation sociale et le respect de la société (Ivanova-Fournier, 2010, p. 235). Cette tradition s'est peu à peu transformée en concours d'entrée à l'Université (Gaokao) déterminant pour le statut social de l'étudiant (Ivanova-Fournier, 2010, p. 235).

Deuxièmement, l'acquisition du savoir est donc aussi structurée puisqu'elle prend appui sur la mémorisation qui, au sein du processus d'apprentissage, connaît certaines spécificités chez l'apprenant sinophone à savoir :

l'usage de la LM et de la traduction pour accéder au sens en comparant les deux systèmes de langues ;

l'usage d'un métalangage explicite dans la langue cible, le chinois se rapprochant de l'anglais (qui a une morphologie moins ardue qu'en français), l'apprenant ne peut donc pas utiliser l'anglais pour l'aider à comprendre la

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167 grammaire française. Cependant, le faible écart interlinguistique entre l'anglais et le français au niveau lexical pourrait l'aider à ce niveau. ;

l'usage de la mécanisation : en effet, l'écriture chinoise n'est ni phonétique, ni alphabétique, elle repose sur quelques pictogrammes et surtout sur des idéogrammes d'où la nécessité de mobiliser sa mémoire visuelle. En outre, des études sur la latéralisation cérébrale démontre que l'écriture alphabétique dépend du lobe cérébral gauche alors que la reconnaissance de caractères isolés dépend du lobe cérébral droit (Ivanova-Fournier, 2010, pp. 236-237).

Troisièmement, les stratégies d'apprentissage de l'apprenant sinophone seraient conditionnées par ses habitudes visuelles. Ainsi, les étudiants chinois utilisent des stratégies en relation avec la mémorisation telles que :

associer ou grouper des mots selon un principe (phonétique, sémantique, visuel, auditif, etc. ; utiliser des mots-clés ; des moyens mécaniques (listes de mots, copie des mots) ; mettre en contexte les mots nouveaux, utiliser des images (Auger, 2007 cité par Ivanova- Fournier, 2010, p. 237).

De fait, l'apprenant sinophone mémorise de manière globale la forme lexicale sans prendre en compte les diverses graphies qui la composent. En effet, les idéogrammes attribuent directement du sens à travers une image ou un symbole. Il lui est donc difficile d'apprendre une langue alphabétique transcrivant des sons et est dans l'obligation d'étudier le concept à part (Ivanova-Fournier, 2010, p. 237).

Deux expérimentations menées au département français de l'Université de Nanchang portent, pour la première, sur les reprises et les connecteurs logiques et, pour la seconde, sur les temps verbaux à un niveau B1 du CECR. Leurs résultats prouvent que :

Les sinophones sont des apprenants très attentifs et sensibles, ils sont capables de faire d'énormes efforts dans l'apprentissage d'une langue étrangère, mais ils ont besoin d'un appui qui canalise ces efforts. Le tableau les aide à organiser leurs connaissances, à éviter le flou, le trop vague, en leur procurant un système et une sécurité linguistique proches de leurs stratégies d'apprentissage. De même, l'utilisation d'un

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schéma, d'un graphique ou d'un plan peuvent engager le canal visuel et aider l'apprenant à mieux comprendre où situer un concept linguistique dans l'ensemble de la langue et à structurer le savoir (Ivanova-Fournier, 2010, pp. 241-242).

3. De la notion de tâche aux taxonomies des objectifs pédagogiques domaine

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