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3 "Les théories cognitives de la perception"

CHAPITRE 2 : L’IDENTIFICATION PERCEPTIVE

1. Distinction de cinq tâches en étroite relation avec l’identification perceptive

1.3. La reconnaissance, l’identification et la catégorisation

1.3.1. Selon Cadet (1998), des procédures d’identification aux procédures de catégorisation

Cadet (1998) traite successivement les reconnaissances des patterns, des objets et des visages (Cadet, 1998, pp. 126-137). Or, au sein de la perception, la reconnaissance et l’identification des informations succèdent au recueil des informations et précèdent la catégorisation à partir des "caractéristiques signifiantes" qui seront potentiellement intégrées dans les conduites (Cadet, 1988, p. 126).

1.3.1.1. Vers une procédure d’identification incomplète des patterns

Concernant la reconnaissance des patterns, Cadet (1988) explore trois types de théories à savoir les théories du gabarit, les théories du prototype et les théories des traits. Mais auparavant, il désigne par patterns :

des procédures de reconnaissances et d’identification d’éléments, ou plus souvent de configurations organisées d’éléments présents dans le champ perceptif appelées “patterns” ou configurations ou encore motifs. Il s’agit d’une structure auditive, tactile, visuelle ou autre qui présente des propriétés stables résultant de son organisation (Cadet, 1998, p. 126).

Au niveau de la reconnaissance d’un pattern, les théories du gabarit (template theorie) concluent en faveur d’une comparaison directe entre l’information se situant au sein d’un stimulus et des gabarits77 ou des maquettes (template). Au niveau de l’identification du pattern, il s’effectue un rappel des gabarits postérieurement à leur stockage en mémoire à long terme. Ce rappel se produit après différents essais d’analyse par le cerveau de l’image de l’objet transmise à partir de la rétine, cerveau qui par l’intermédiaire d’une procédure d’appariement va choisir le gabarit le moins différent de l’entrée perceptive. Or, la rapidité de

76 L = ɑIⁿ, L étant la sensation subjective, ɑ une constante et ⁿ un exposant qui varie selon la modalité sensorielle qui fait l’objet d’une étude.

77 Les gabarits sont "des copies en réduction des différentes configurations qui constituent les formes prototypiques que peut prendre le pattern" (Cadet, 1998, p. 127).

66 l’identification fluctue en fonction de la facilité d’assimilation de la procédure de reconnaissance (Cadet, 1998, p. 127).

Alors que les théories du gabarit présentent des avantages indéniables : l’approche de l’appariement des gabarits est similaire à celle que nous vivons dans des situations quotidiennes (reconnaissance de mots, d’écritures manuscrites, d’objets, de personnes, etc.) ; elle se compose d’opérations qui semblent "naturelles" et dont le degré de validité paraît élevé ; ce moyen comparatif de reconnaissance de patterns peut aussi promouvoir des instruments informatisés par l’intermédiaire de systèmes informatiques. Cependant, des variations portant sur l’angle d’observation, la taille ou des rotations peuvent être un frein à l’appariement tandis que le pattern reste identique, variations qui induisent une constance du stimulus mal aisée et qui engendrent une similarité difficile entre une entrée d’information et un gabarit (Cadet, 1998, p. 128).

Un deuxième type de théories, les théories du prototype tendent à résoudre la difficulté de la conservation quelles que soient les conditions données des propriétés de similarité et de constance. Pour ce faire, elles utilisent des prototypes c’est-à-dire des réalisations, des entités génériques considérant l’appartenance d’un stimulus à une classe d’objets ou de concepts, classe dotée de caractéristiques. Dès lors, une comparaison entre les propriétés du stimulus et les propriétés du prototype permet la reconnaissance du pattern. C’est ainsi qu’en 1971, deux auteurs américains Franks (cité par Cadet, 1998), un chercheur en sciences cognitives et neurocognition cognitive et Bransford (cité par Cadet, 1998), un chercheur en éducation et en psychologie, démontrent, lors de la construction de prototypes visuels d’objets ou d’animaux par association de figures géométriques simples au sein de laquelle des caractéristiques sont transformées, que l’on aboutit à des distorsions éloignant le prototype des divers stimuli créés. Le test de reconnaissance prouve qu’il y a bien perception du prototype malgré l’altération des formes et l’évaluation de la confiance au sein de la justesse de l’identification montre que la confiance au sein de la justesse de l’identification s’accroît avec la faiblesse du nombre de distorsions. De fait, le rôle du prototype dans l’identification apparaît comme primordial. Cependant, lorsque nous traitons des patterns nouveaux ou une réorganisation soudaine des patterns due à la découverte brusque d’une solution (la réorganisation des patterns est élaborée en fonction d’un schéma d’insight), les théories du prototype s’avèrent moins efficaces (Cadet, 1998, p. 129).

67 Ainsi les théories du prototype étant une approche plutôt globale des procédures de reconnaissance et d’identification des patterns, un troisième type de théories est apparu comme plus approprié, il s’agit des théories des traits. Au sein de ces théories, un pattern prend la forme d’"un ensemble de traits ou d’attributs spécifiques à un type d’objets ou de stimuli" (Cadet, 1998, p. 129). Les informations fournies lors de la sélection de traits du stimulus sont alors comparées aux informations stockées en mémoire à long terme, ce qui constitue la procédure de reconnaissance du pattern. Ces théories s’appuient notamment sur les travaux de Neisser (1964) (cité par Cadet, 1998). Le but de son étude est de mesurer le temps mis pour détecter la lettre Z dans deux listes de lettres distractives, l’une composée de lettres faites de segments de droite et l’autre composée de lettres comprenant des lettres distractives rondes ou des segments de cercles. Les temps de reconnaissance de la lettre Z, qui constituent le pattern, sont plus courts lorsque les lettres distractives sont différentes donc présentent moins de traits communs avec le pattern. De plus, les sujets de l’expérimentation affirment ne pas rechercher régulièrement la lettre Z et évoquent même le fait qu’elle "“ressort” d’un fond flou". Dès lors, les théories des traits du fait de leur référence configurationnelle (elle inclut diverses formes, diverses directions, diverses échelles) permettent la conservation des références générales (Cadet, 1998, pp. 129-130) :

Rassembler et utiliser une collection de traits fournit, il est vrai, un cadre d’identification plus souple et plus diversifié que l’application, nécessairement plus rigide, d’un gabarit de référence (Cadet, 1998, p. 130).

Cependant, malgré cette souplesse, cette diversité du cadre d’identification, une collection de traits ne peut assumer la procédure d’identification sans prendre en considération l’organisation de cette collection de traits formant un tout bien défini (Cadet, 1998, p. 130).

1.3.1.2. Des modes de combinaisons des géons à l’identification des objets

Selon les théories des composantes, la procédure de reconnaissance des objets fait usage d’un registre de formes de bases comprenant des cylindres, des traits, des courbes, des cônes, etc. au sein duquel les composantes, des géons (geometric ions), se présentent en un nombre fini. Plus précisément, les géons d’objet sont "des unités fondamentales en trois dimensions (3D)" (Cadet, 1998, p. 131) dont le nombre est limité à trente cinq selon les travaux de 1987 de Biederman (cité par Cadet, 1998), un chercheur américain en

68 neurosciences. Ils possèdent des modes de combinaisons divers dont l’assemblage, en nombre presque infini, révèle la globalité, ce qui induit l’identification des objets (Cadet, 1998, p. 131).

Pour ce faire, a lieu une comparaison entre les informations issues de l’identification des géons ainsi que des interactions de ces mêmes géons au sein de leur organisation et les informations stockées en mémoire. Or, la procédure de reconnaissance intègre tant les propriétés invariantes78 vis-à-vis de modifications de position, d’échelle ou de contexte que les "régularités actuelles"79. Il est à préciser que sont privilégiées en ce qui concerne l’identification des géons, l’analyse des contours des objets plutôt que la taille, le poids et la couleur. L’identification des divers géons assemblés fait naître l’objet à étudier (Cadet, 1998, pp. 131-132).

1.3.1.3. D’un ensemble de descriptions du visage à la génération d’un nom (Bruce & Young, 1986)

Bruce et Young (1986) (cités par Cadet, 1998), deux psychologues britanniques, modélisent de manière fonctionnelle la reconnaissance et la perception des caractéristiques tant permanentes que temporaires des visages en décomposant sept catégories d’informations (ou encore codes) :

l’encodage structural dont le résultat est "un ensemble de description du visage présenté" se compose de données actuelles centrées sur la vision et de caractéristiques "indépendantes de l’expression" que l’on pourrait qualifier de conceptuelles ;

un système d’analyse de l’expression faciale comprenant des états émotionnels ;

un système d’analyse du discours facial comportant, par exemple, la lecture labiale ;

un système de "traitement visuel dirigé vers la recherche de caractéristiques particulières" ;

des références générales émanant des unités de reconnaissance faciale (FRU), unités dotées de codes structuraux stockés qui décrivent l’un des visages connus d’une personne ;

78 Il existe cinq propriétés d’invariance à savoir : "la courbure, le parallélisme des points, la terminaison commune, la symétrie et la colinéarité" (l’alignement des points) qui instituent des relations d’invariance entre les stimuli et les patterns (Cadet, 1998, p. 131).

79 Il s’agit des informations constantes indépendantes des circonstances particulières. Biederman parle de "géons non-accidentels" (Cadet, 1998, p. 131).

69 des références à une personne singulière connue par l’intermédiaire des nœuds d’identification personnelle (PIN) qui permettent de définir l’identité de cette personne ;

l’opération précédente invite à la génération d’un nom, l’identification aboutit ainsi (Cadet, 1998, p. 132-134).

1.3.1.4. Vers des similarités dans la planification des opérations cognitives de la reconnaissance des objets, des visages et des mots

Bruce et Young (1986) (cités par Cadet, 1998) effectuent une comparaison entre les reconnaissances des objets, des visages et des mots. Il ressort de cette comparaison quatre phases similaires dans les trois activités de reconnaissance impliquant des informations traitées de nature différente pour chacune de ces activités :

"une phase d’entrée-codage d’information" (c’est-à-dire l’input) composée de formes spécifiques pour la reconnaissance des objets, de structures pour la reconnaissance des visages et de l’orthographe pour la reconnaissance des mots ;

"une phase de reconnaissance des unités" : les formes spécifiques sont transcrites en pictogènes80 (reconnaissance des objets), les structures sont transcrites en unités de reconnaissance faciale (FRU) (reconnaissance des visages), l’orthographe (c’est-à-dire la forme scripturale des mots) est traitée grâce à des logogènes81 (reconnaissance des mots) ;

"une phase d’identification sémantique des représentations"82, phase qui

contient les procédures de catégorisation et la prise de décision ;

" une phase de codage des noms" prenant une forme orale ou écrite (Cadet, 1998, pp. 134-136).

1.3.2. Selon Streri (2011), la relation entre l’identification perceptive et la théorie de

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