• Aucun résultat trouvé

3 "Les théories cognitives de la perception"

CHAPITRE 2 : L’IDENTIFICATION PERCEPTIVE

1. Distinction de cinq tâches en étroite relation avec l’identification perceptive

1.2. De la discrimination à l’estimation

1.2.1. Les trois critères déterminants de la discrimination

Lors d’une situation expérimentale, une présentation d’un "stimulus standard" et de "stimuli de comparaison" est faite au sujet. Le sujet énonce alors si chaque stimulus de comparaison lui apparaît comme différent ou identique au stimulus standard (cela permet la discrimination). La perception par le sujet de la plus petite différence entre les deux types de stimulus mesure le "seuil différentiel". Quant à la valeur déclarée pertinente pour la moitié des cas en faveur du stimulus de comparaison par rapport au stimulus standard, elle se nomme le "point d’égalisation subjective". Il est à noter que peut être présent, lors de la détermination du seuil différentiel, un intervalle d’incertitude (Streri, 2001, pp. 122-123). En effet, le seuil différentiel peut varier selon l’amplitude du stimulus ou encore l’état du sujet. La "loi de Weber"73 indique alors la valeur constante (la "fraction de weber"74) à ajouter au stimulus standard pour obtenir la variation donnée (Streri, 2001, p. 123).

Streri (2001, p. 123) se pose une série de trois questions concernant :

la délivrance de message à proximité du seuil de détection et la présence du bruit ;

l’incertitude de sa réponse par le sujet ;

ce sur quoi repose la décision du sujet par rapport par exemple à l’entente positive ou négative d’un son.

La réponse à ces questions repose sur la "théorie de la détection du signal" (TDS) qui correspond à l’étude du seuil de détection des sujets ainsi qu’à leur décision lors de leur réponse. La situation expérimentale toujours relative au son est la suivante : l’expérimentateur déroule un son dont toutes les fréquences ont la même intensité (bruit blanc) et y ajoute ou non un signal. Dès lors soit la présence du signal est détectée par le sujet ("détection 71 Par rapport à la méthode en escalier, la méthode d’ajustement est due à la modification de la direction de la série par le sujet lui-même (Streri, 2011, p. 120).

72 Un nombre fixé à l’avance de stimulations perceptibles et imperceptibles est présenté selon un mode aléatoire et ce, à plusieurs reprises dans un ordre différent (Streri, 2011, p. 120).

73 ∆I = KI ce qui signifie la grandeur du seuil différentiel (∆I) est égale au produit de l’intensité du stimulus standard (I) et de la constante (K).

63 correcte"), soit la réponse est positive malgré l’absence du signal ("fausse alarme"), soit la réponse est négative en présence du signal ("omission"), soit l’absence du signal est détectée par le sujet ("rejet correct"). Il s’agit bien ici d’une tâche de discrimination reposant sur la différenciation entre un signal et un bruit blanc par le sujet (Streri, 2011, p. 123). Or, la fausse réponse ou l’omission peut être due à l’influence des aspects non sensoriels comme par exemple les effets provoqués par l’attente ou encore les gains et les coûts attribués par l’expérimentateur afin de faire varier les comportements des sujets. Par contre, en l’absence de stimulus, les systèmes sensoriels produisent un "bruit sensoriel" dont les variations ont pour origine des processus physiologiques, attentionnels, sensoriels, etc. (Streri, 2011, p. 124). La théorie de la détection du signal (TDS) se sert d’une figure portant sur la distribution des probabilités pour effectuer une représentation de ces variations (Streri, 2011, p. 125). Au sein de cette figure est disposé le critère de décision du sujet c’est-à-dire la valeur menant le sujet à un accord probable sur la présence du signal. Dès lors, on remarque que dans le cas où le niveau d’activité sensorielle est en dessous de ce critère de décision, la réponse du sujet est négative alors que si le niveau d’activité sensorielle est au dessus de ce critère de décision, la réponse du sujet est positive (Streri, 2011, p. 125).

Quant au temps de réaction, c’est une mesure de la durée entre la présentation du stimulus par l’expérimentateur et le début de la réponse du sujet. Elle concerne donc le comportement du sujet lors de tâches de discrimination ou encore de détection. Il existe deux types de temps de réaction dénommés :

"temps de réaction simple" lorsque le sujet effectue une pression et un relâchement sur une clé en cas de détection d’un stimulus ;

"temps de réaction de choix" lorsque le choix de la réponse du sujet est en corrélation avec un type de présentation du stimulus (Streri, 2011, p. 126). En ce qui concerne les deux types de temps de réaction :

l’intensité du stimulus écourte le temps de réaction ;

la proximité entre le stimulus et le seuil de détection allonge le temps de réaction (Streri, 2011, p. 126).

Si l’on compare les deux types de temps de réaction lors de tâches de discrimination ou d’identification, le temps de réaction de choix est généralement plus long que le temps de réaction simple (Streri, 2011, p. 126).

64 La tâche d’estimation correspond à la valeur de la "grandeur d’un stimulus, d’une sensation ou de variables psychologiques complexes". Elle se mesure grâce à une "échelle" qui attribue des nombres à des objets, à des événements (Streri, 2011, p. 126) ou encore à des sensations.

Selon Streri (2011, pp. 126-127), il existe divers types d’échelle :

l’échelle nominale est un appariement entre un nombre et une chose, ce qui ne permet pas la quantification ;

l’échelle ordinale attribue des rangs à des items, elle permet la quantification ; l’échelle d’intervalle évalue des événements de façon quantitative ainsi que les

intervalles entre ces événements ;

l’échelle arithmétique (ratio scale) permet de déterminer des comportements selon les propriétés des nombres ;

une échelle de sensations qui attribue des nombres selon l’intensité de la sensation peut être élaborée selon deux procédures distinctes : une procédure d’évaluation directe incite les sujets à donner des valeurs selon la force de la sensation éprouvée ; une procédure d’évaluation indirecte porte sur les capacités de discrimination des sujets. Fechner (1801 - 1887) (cité par Streri, 2011), un philosophe et psychologue allemand, utilise une procédure d’évaluation indirecte pour décrire le lien (la "loi de Fechner"75) entre les variations de l’intensité du stimulus et les variations de l’intensité de la sensation. Pour Fechner (cité par Streri, 2011), les grandeurs subjectives de tous les seuils différentiels (selon la loi de Weber) sont identiques. Ainsi, l’intensité de la sensation augmente rapidement pour des valeurs de l’intensité du stimulus faibles alors qu’elle augmente plus lentement pour des valeurs de l’intensité du stimulus fortes. Quant à Stevens (1906 - 1973) (cité par Streri, 2011), un psychologue américain, souhaitant valider la loi de Fechner par le biais d’une procédure d’évaluation directe, il n’obtiendra néanmoins pas des résultats semblables à ceux de Fechner (cité par Streri, 2011). L’expérimentateur attribue une valeur à un stimulus standard. Lors de la présentation de chacun des stimuli, le sujet assigne une valeur en fonction de celle du stimulus standard. De fait, Stevens (cité par Streri, 2011) en déduit une

75 S = W log I, S étant la grandeur de la sensation, I la grandeur physique du stimulus et W la constante relative à la valeur de la "fraction de Weber".

65 nouvelle équation76 décrivant le lien entre l’intensité d’un stimulus et l’intensité de la sensation.

Outline

Documents relatifs