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4.2 Les trois mécanismes du système de contrôle cognitif et deux concepts clés sous-jacents : le superviseur attentionnel et les deux plans du système

CHAPITRE 3 : MODÈLES MENTAUX ET REPRÉSENTATIONS

4. Les structures conceptuelles

4.5. L'approche logique revisitée

Suite aux limites de la notion de prototype, deux caractéristiques de l'approche logique sont revisitées par certains chercheurs. Il s'agit de la définition intensionnelle des concepts et de la structure des catégories en réseau.

Concernant la définition intensionnelle des concepts, Rips, Shoben et Smith (1973) (cités par Meunier, 2009) ne s'appuient plus sur une liste de propriétés nécessaires et suffisantes mais préfèrent traiter les notions de typicalité et de prototype émises par Rosch (cité par Meunier, 2009) par l'intermédiaire d'un modèle de traits. Ces chercheurs différencient des propriétés essentielles donc nécessaires pour la prise de décision de l'appartenance à une catégorie des propriétés caractéristiques à savoir des propriétés fréquentes mais non obligatoires. Pour ce faire, les chercheurs comparent les propriétés de l'exemplaire aux propriétés de la catégorie afin de vérifier l'appartenance à une catégorie. Cette méthodologie du modèle de comparaison des traits permet :

de s'apercevoir que les jugements concernant les exemplaires typiques sont plus rapides ;

d'expliciter que certains exemplaires soient plus à proximité de la catégorie donnée que d'autres exemplaires et ce, par l'intermédiaire d'une tâche d'évaluation de similarité et d'une méthode d'analyse des résultats multidimensionnelle représentant un plan de l'ensemble des jugements de similitude. Sur ce plan, les exemplaires proches de la catégorie sont considérés comme des prototypes de cette catégorie. Or, ce type de calcul semble nécessaire pour la catégorisation de nouveaux éléments mais l'usage de la relation entre les concepts stockés en mémoire apparaît moins coûteux cognitivement pour les concepts familiers (Meunier, 2009, pp. 90-92).

Concernant la structure des catégories en réseau, Collins et Loftus (1975) (cités par Meunier, 2009) proposent le passage d'une représentation prenant la forme d'un arbre hiérarchique à un réseau de relations. En effet, les arcs correspondent à la proximité

138 sémantique qui rapproche ou sépare les concepts en fonction de leur longueur. S'agissant de la nature des relations entre les concepts au sein d'un réseau, le modèle de diffusion de l'activation s'ouvre notamment à l'appartenance catégorielle, aux relations de possession, aux relations de capacités ainsi qu'aux relations négatives c'est-à-dire exceptionnelles. Ainsi, le traitement d'un concept engendre son activation et également celle des concepts de proximité sémantique. Cependant, cette activation décroît progressivement avec l'éloignement du concept initial (Meunier, 2009, pp. 92-93).

5. Le modèle "Landscape" (van den Broek et al., 1996, 1999)

Selon Blanc et Brouillet (2006, pp. 160-163), le modèle "Landscape" peut capturer les processus de compréhension de textes de manière synchrone (pendant la lecture) et exprimer le contenu de la représentation finalisée qui se situe en mémoire. En tant que processus cyclique, la compréhension écrite dépend de l'activation de ses unités (concepts, idées) évoluant de cycle en cycle (c'est-à-dire d'une phrase ou d'une proposition à une autre), tout en considérant la linéarité de la lecture. Or, certaines unités du texte sont maintenues activées bien que les ressources attentionnelles soient limitées. De même, au cours de l'évolution de l'activation des concepts, quatre sources d'activation peuvent être mises en oeuvre lors de chacun des cycles de traitement à savoir : la partie du texte dont le traitement est en cours de réalisation, le contenu du cycle de lecture antérieure, la réactivation par le lecteur des concepts déjà traités (c'est-à-dire la représentation "épisodique" du texte qui s'élabore) et enfin l'accès aux connaissances antérieures. Chaque nouvelle unité activée s'additionne au réseau de noeuds relatif à la représentation épisodique du texte qui se conçoit. Si une entrée d'information est déjà en place, elle est alors réactivée en mémoire et dotée d'un renforcement de sa position. Si des unités sont activées en même temps, les connexions entre ces unités sont alors renforcées. La représentation épisodique comporte les unités textuelles, les inférences établies, une connexion de ces unités entre elles à partir de relations sémantiques variées (relations causales, relations référentielles, etc.).

A cela s'ajoutent deux types de mécanismes qui accompagnent l'accès à ces quatre sources d'activation à savoir :

l'activation de cohorte est un mécanisme passif reposant sur le fonctionnement de la mémoire qui signifie que lors de l'activation d'une unité durant la lecture,

139 les unités activées en même temps s'associent à celle-ci. Ainsi, la connexion entre les unités forme une cohorte ;

l'activation stratégique est vouée à la recherche de signification c'est-à-dire contrôlée par l'individu et complémentaire au premier mécanisme. Ce second mécanisme peut provoquer diverses actions :

une portion antérieure du texte lui-même peut être réactivée, ou une partie de la représentation épisodique en cours d'élaboration, ou encore des connaissances antérieures de l'individu (Blanc & Brouillet, 2006, p. 162).

De plus, la récupération d'une unité dépend de la structure de la représentation à l'instant de la récupération c'est-à-dire :

qu'elle dépend des propriétés individuelles des unités (c'est-à-dire du nombre de fois où une unité est mentionnée, sa saillance), de la force d'activation de ces unités et de la force de leurs connexions. Van den Broek et al. (1966, 1999) introduisent notamment la possibilité de connexions asymétriques entre les noeuds du réseau [...] (Blanc & Brouillet, 2006, p. 163).

Il s'agit de "liens bidirectionnels" dont la force exprime le sens qui s'impose au sein de la relation. Ainsi, la représentation est conçue dans son ensemble et non par unités ou bien par connexions individuelles (Blanc & Brouillet, 2006, p. 163).

En outre, selon Blanc et Brouillet (2006, pp. 163-167) le modèle "Landscape" concernant l'activité cognitive de compréhension de textes est implémenté dans un modèle informatique. Cette implémentation computationnelle s'appuie sur six règles qui transposent de façon numérique (par l'intermédiaire de nombres) le niveau d'activation des unités appartenant au réseau représentationnel pour parvenir à la construction d'une matrice d'activation des unités tenant compte de paramètres (auxquels il est donné une valeur par défaut) tels que :

l'effet de la cohorte, l'effet d'apprentissage avec l'accélération du rythme de lecture à mesure que l'individu progresse dans le texte, du

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seuil minimum d'activation des unités et du seuil de récupération qui détermine le nombre d'unités qui peuvent être récupérées (Blanc & Brouillet, 2006, p. 164).

Pour conclure sur le modèle "Landscape" : il prédit la difficulté d'insertion d'une information dans la représentation qui s'élabore ; il s'avère que l'importance de la force de connexion d'une information amoindrit son temps de traitement ; il indique la probabilité de la participation de chaque information d'un texte à sa compréhension et donc au contenu de la représentation finalisée. Ce modèle connaît aussi des insuffisances telles que le fait de faire émerger les connaissances singulières de l'individu à partir desquelles sont élaborées les inférences (Blanc & Brouillet, 2006, p. 168).

6. La compréhension et la mémoire, l'organisation et les limites des

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