• Aucun résultat trouvé

Les foyers émetteurs des touristes de Croatie

Carte 2 : Les arrivées touristiques internationales en 2004 dans le bassin méditerranéen et

A. Les foyers émetteurs des touristes de Croatie

Considérer le fait touristique comme un déplacement entraîne une distinction désormais classique entre les foyers émetteurs (à l’origine des flux) et les centres dits récepteurs (les destinations touristiques). Comme nous l’avons vu, la Croatie est un pays récepteur et, même si la destination reste encore modeste en nombre d’arrivées, l’analyse des principaux flux, ainsi que celle de leurs variations dans le temps, peut permettre de comprendre les rouages de la formation d’une image touristique.

En effet, l’origine des touristes est une donnée essentielle pour qui cherche à créer une image induite, puisque d’elle découlent des stratégies promotionnelles différentes.

139

Cette origine est aussi un présupposé à la création de l’image (voir le chapitre 7 – partie IV). Mais, cette répartition en fonction de la nationalité des touristes est, également, une conséquence du travail de la promotion et de l’image que les Croates cherchent à se donner.

1. Répartition des arrivées touristiques par nationalité d’origine a. Un pays récepteur pour les Européens

Le graphique de la figure n°15, ci-dessous, distingue les touristes d’Europe occidentale et ceux d’Europe orientale et centrale. Nous faisons également apparaître une catégorie « autres pays européens », regroupant tous les pays européens émettant de faibles flux et dont le total cumulé correspond à 6 % des touristes. Enfin, une catégorie « autres continents » regroupe tous les flux des pays non européens.

Figure 15 : Les grands pôles émetteurs des touristes de Croatie

(Source : Bureau statistiques nationaux)

Tout d’abord, on peut noter l’hégémonie du foyer émetteur européen pour la Croatie. En 2008, 94 % des touristes étrangers sont, selon les statistiques croates, européens. Les touristes d’Europe occidentale sont les plus nombreux, avec plus de 5,2 millions de touristes (soit plus de 55 % du total des arrivées). L’Europe orientale et centrale correspond au deuxième foyer émetteur, avec près de 33 % des touristes. A cela s’ajoutent les pays de l’Europe septentrionale et méridionale qui représentent 6 % des flux. A côté, les autres continents ne représentent donc qu’une très faible proportion des touristes : les "non-Européens" ont été moins de 600 000 à se rendre en Croatie, ce qui correspond à environ 6 % du total des touristes internationaux. Parmi ces derniers, les Etats-Unis d’Amérique, le Japon et l’Australie occupent une place plus importante que tous les autres, à savoir 5 % à eux trois.

0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000

Europe occidentale Europe orientale et centrale Autres pays européens Autres continents

55 % 33 % 6 % 6 %

Nombre de touristes (en milliers)

140

Au total, le tourisme en Croatie, comme dans tous les autres pays méditerranéens, est donc très dépendant du marché européen, principalement occidental. Il s’agit là d’une conséquence à la fois de la proximité, de l’accès à l’héliotropisme et de l’attraction des stations balnéaires.

b. Les principaux états émetteurs de chaque foyer

Une analyse plus fine, à l’échelle des états, peut être entreprise à l’intérieur de ces grands pôles. La figure n°16 divise ainsi les deux grands foyers européens en fonction de la nationalité des touristes. Le pourcentage y est précisé pour chaque nationalité, excepté lorsque ce dernier est inférieur à 1 %. Une catégorie « divers » a été créée afin de regrouper, d’un côté, tous les Etats européens non intégrés dans les deux pôles principaux et de l’autre, tous les Etats non-européens.

Figure 16 : La nationalité des touristes étrangers en Croatie en 2008

(Source : Statistical Yearbook, 2009, p.409)

Un constat s’impose au sujet de quatre nations nettement plus représentées que les autres : à savoir l’Allemagne (16 %), l’Italie (12 %), la Slovénie (11 %) et l’Autriche (9 %). A eux quatre, ces pays fournissent plus de quatre touristes sur dix. Si on rajoute les touristes tchèques (7 %), français (5 %) et hongrois (4 %), ces sept nations ont émis plus de six touristes sur dix en 2008. Au total, l’origine des touristes en Croatie est donc très concentrée et quelques nationalités seulement représentent la plus grande majorité des flux.

11% 7% 4% 4% 3% 3%

16% 12% 9% 5% 3% 3%2%

12%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Divers Europe orientale et centrale Europe occidentale

Slovénie République Tchèque Pologne Hongrie

Slovaquie Bosnie-Herzegovine Serbie Allemagne

Italie Autriche France Pays-Bas

Royaume-Uni Espagne Suisse Belgique

141

En conclusion, on peut rappeler que l’essentiel du tourisme est européen et qu’il se fait, quasi-uniquement, à partir de quelques états. La cartographie de cette répartition et l’analyse de l’évolution de la fréquentation sur les dix dernières années (soit à partir de 1999, première année après la fin officielle du conflit) peuvent permettre d’affiner l’importance relative de ces principaux foyers et d’en donner les principales raisons

2. Evolution des foyers émetteurs vers la Croatie (entre 1999 et 2008)

Si l’on représente les arrivées sur une carte du continent européen (cf. p.142 carte n°3), on note très clairement que le centre de l’Europe (y compris l’Italie) est le principal foyer émetteur de touristes en Croatie. Trois types de pays émetteurs peuvent, dès lors, être distingués en combinant la masse de touristes émise par chaque pays avec l’évolution des flux entre 1998 et 2008.

a. Les émetteurs "classiques" vers la Croatie

Tout d’abord, un premier groupe rassemble les pays du "cœur de l’Europe", qui apparaissent comme des foyers émetteurs traditionnels vers la Croatie

En effet, pour ceux-ci, la Croatie est un "débouché" touristique naturel sur la Méditerranée. C’est notamment le cas pour les pays d’Europe centrale (au sens de "Mitteleuropa" et en incluant l’Allemagne), dépourvus de littoraux. Parmi eux, la Slovénie est le seul état à en posséder un, mais ce dernier est très peu étendu et peu varié, comparé à celui de la Croatie. Ainsi, l’attraction résulte donc, en premier lieu, de la proximité : les pays les plus proches sont également ceux qui fournissent le plus de touristes. L’importance des transports peut dès lors être soulignée (cf. chap.5 – analyse des moyens de transport).

Mais cette explication doit être combinée à d’autres facteurs, ce qui permet d’ailleurs de justifier certaines différences entre états proches. Ainsi les pays issus de l’Empire austro-hongrois, en particulier l’Autriche et la République tchèque, apparaissent comme de grands foyers émetteurs. L’histoire commune (que nous soulignerons dans le chapitre 6), peut participer à l’explication de ces fortes émissions. De même, l’ensemble des autres pays de l’ex-Europe de l’Est constitue le second foyer majeur d’émission de touristes ; leur poids est considérable, en nombre de touristes émis, comparé à celui des pays de l’ex-bloc de l’Europe de l’Ouest. Enfin, l’Allemagne et l’Italie ont une tradition touristique certaine vers l’Adriatique qui est accentuée par le niveau de vie élevé de leur population mais également, pour l’Allemagne, parce qu’elle est, à la fois, le premier foyer de peuplement en Europe et le premier pays au monde pour l’émission de touristes.

Au total, la proximité géographique mais également culturelle (tout comme les liens tissés sous l’empire austro-hongrois et pendant la période socialiste) semble bien être primordiale (cf. chap.6).

Ces pays émetteurs traditionnels (ou historiques) ne présentent toutefois plus, depuis 1998, une grande évolution. Cette dernière faiblesse peut être justifiée par l’importance du nombre de touristes déjà émis par ces pays. Certains de ces Etats (ceux qui, après la seconde guerre mondiale, avaient emprunté la voie du développement

142