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Les autres formes de tourisme : une partition qui se joue en mode mineur

Carte 11: Fréquentation des îles croates en 2008 en milliers de nuitées.

B. Les autres formes de tourisme : une partition qui se joue en mode mineur

Une fois analysés le tourisme balnéaire et son hégémonie, nous pouvons ensuite aborder les rares autres formes de tourisme présentes en Croatie. L’essentiel de cette étude consiste donc à savoir si ces dernières ont la capacité de générer des flux touristiques notables et indépendants du tourisme balnéaire. A côté se pose la question de savoir quelle est la place de l’intérieur par rapport au littoral.

Notre analyse ne portera pas, de façon exhaustive, sur toutes les formes de tourisme qui peuvent exister, mais bien sur celles qui ont un impact certain, en termes de flux. Ainsi, des formes comme le tourisme industriel ou le tourisme d’affaires (qui sera, quant à lui, cependant juste évoqué lors de l’analyse du tourisme à Zagreb) ne seront pas étudiées, du fait de leur très faible attraction. De même, nous n’avons pas, non plus, identifié, dans le pays, de véritables centres de tourisme religieux aptes à créer des pèlerinages importants, tels ceux qui ont lieu en Bosnie voisine, à Medjugorje. Les statistiques croates indiquent pourtant, en 2005, 710 000 pèlerins auxquels peuvent être ajoutés 3 764 visiteurs dans les monastères. Si le premier chiffre peut sembler important, le deuxième (extrait des registres d’entrée dans les différents monastères) montre la faible ampleur du phénomène et nous paraît mieux correspondre à la réalité de Croates se rendant, pour la journée, sur un site religieux à l’occasion d’une cérémonie. De ce fait, ils ne peuvent être considérés comme des touristes.

Nous chercherons d’abord à décrire le poids du tourisme urbain, puis celui des sites naturels, avant de nous intéresser aux formes mineures, mais lisibles.

1. Le tourisme urbain, seconde forme de tourisme en Croatie

D’après les statistiques nationales, le tourisme urbain est la deuxième forme, tant en nombre de touristes que de nuitées, mais il est essentiellement le fait de Zagreb. Ainsi, la capitale apparaît comme la seule ville capable d’attirer des touristes. Pourtant, certains choisissent aussi la côte croate, pour la richesse patrimoniale de ses villes et nous aborderons le tourisme sous cet angle dual. Ainsi, dans un premier temps, nous nous

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consacrerons au tourisme urbain côtier, puis nous analyserons le tourisme de Zagreb, et enfin, le tourisme dans quelques centres urbains intérieurs.

a. Un tourisme urbain côtier omniprésent

Selon le recensement de 2001, la Croatie compte 420 communes et 124 villes officielles, qui regroupent 54,3 % de la population nationale ; dans les faits, la majorité de ces villes sont situées sur la côte. Cette littoralisation du phénomène urbain est très visible, et ce depuis l’Antiquité, en Dalmatie et en Istrie. Il y a donc une confusion de facto qui s’installe entre tourisme balnéaire et urbain, puisqu’il est très difficile de pouvoir clairement distinguer si les touristes viennent, dans ces villes du littoral, pour les visiter ou pour y pratiquer des activités balnéaires. En fait, bien souvent, les deux motifs sont indissociables.

Isoler l’attractivité des centres urbains littoraux du tourisme balnéaire pur n’est donc pas aisé. La méthodologie utilisée s’appuiera essentiellement sur les richesses culturelles et artistiques de ces villes. Il s’agit, en effet, d’essayer ici de comprendre quels sont les fondements à l’origine de flux touristiques typiquement urbains.

- a.1/ Des villes-musées : architecture et monuments

Le tourisme urbain sur la côte croate est largement lié aux héritages architecturaux, issus des différentes influences qui ont pénétré la côte : ainsi peut-on souligner l’importance des héritages romains ou encore vénitiens.

 Les bases du tourisme urbain liées aux héritages romains

Les principales villes de la côte croate ont toutes des héritages architecturaux, plus ou moins importants, liés à l’antiquité romaine. Pula, mais aussi Split ou Zadar étaient des colonies importantes de l’Empire romain au début du premier millénaire, la Croatie étant alors incluse dans les possessions romaines (cf. annexe n°X). Cette appartenance n’est toutefois pas une singularité croate : elle se retrouve sur une grande partie du pourtour méditerranéen, ce qui nuance fortement l’argument de l’originalité du patrimoine architectural de la Croatie.

Pourtant, de la simple ruine, vestige de bâtiments plus importants, aux palais ou bâtiments complexes, les villes de la côte adriatique offrent de nombreux sites à visiter. Leur importance et leur intérêt sont toutefois fort divers : entre le palais ou l’amphithéâtre très bien conservés et la simple colonne en plus ou moins bon état, la différence est de taille. Aussi considérons nous que seules deux villes peuvent véritablement jouir d’un atout touristique sérieux du fait de l’intérêt de vestiges de l’époque romaine : Split et Pula.

Split est, certainement, la ville la plus atypique de toute la côte croate du fait de la construction d’habitations à l’intérieur même d’un ancien palais romain dont certains éléments sont remarquablement bien conservés. Elle a, en effet, été bâtie à partir du palais que Dioclétien avait souhaité aux bords de l’Adriatique. La construction a débuté à l’époque romaine et elle a donné à la ville son profil actuel. Aujourd’hui les vestiges antiques correspondent principalement aux murs d’enceinte du palais mais également au mausolée de l’empereur transformé en cathédrale.

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De même, Pula bénéficie de solides atouts liés à son passé de colonie romaine. Ses héritages, souvent en très bon état de conservation, sont toutefois plus dispersés qu’à Split et se retrouvent dans tout le centre de la ville. La photographie n°1 montre ainsi l’amphithéâtre qui est l’un des vestiges romains les mieux sauvegardés du pays et l’un des plus importants du monde méditerranéen. Il est l’un des rares monuments pour lesquels les touristes doivent payer un droit d’entrée, ce qui confirme bien la volonté d’exploitation touristique et de sauvegarde de tels vestiges de qualité.

Les autres villes de la côte ont également des monuments à présenter aux touristes mais ceux-ci ne suffisent pas, en eux-mêmes, à attirer des visiteurs. Les vestiges n’ont souvent rien de suffisamment original qui puisse les distinguer de ceux des nombreuses autres anciennes colonies romaines du pourtour méditerranéen et si certains ont été exploités touristiquement, d’autres restent encore délaissés. Ainsi le forum de Zadar est une vaste place dont l’intérêt et la mise en valeur touristique peuvent laisser sceptiques, même si les touristes peuvent y déambuler au milieu de quelques colonnes. En somme, dans la plupart des cas, ces héritages peuvent, tout au plus, être considérés comme une offre complémentaire au tourisme balnéaire, et sont, par exemple, l’occasion d’agréables visites les jours où le temps ne permet pas la baignade.

Quoi qu’il en soit les héritages romains constituent donc bien, mais dans quelques cas seulement, un atout culturel touristiquement exploitable, comme partout ailleurs sur le pourtour méditerranéen romanisé. De plus, la mise en tourisme ne se fait, le plus souvent, que si les touristes sont déjà là et elle n’apporte qu’une activité de complément.

 Les bases du tourisme urbain liées à l’ancrage vénitien de la côte adriatique

De même que les villes de la côte adriatique ont été marquées par leur appartenance à l’empire romain, elles ont également été soumises, entre le XIème et le XVème siècle, à la domination de Venise. Cette dernière acheva, en effet, la conquête de toute la côte adriatique et des îles dalmates en 1205. Ces territoires furent brièvement reconquis en 1358 par Louis Ier d’Anjou, roi de Hongrie et de Croatie, puis repris par la Sérénissime jusqu’à la première moitié du XVème siècle. Seule Dubrovnik resta alors en dehors de la tutelle directe de la république de Venise mais elle entretint avec elle des rapports étroits, proches de ceux d’un protectorat. Ces derniers firent de l’ancienne Raguse une petite Venise croate, tant par l’architecture de ses bâtiments que par le style de gouvernance qui s’y établit. La Sérénissime servit en effet de modèle et marqua encore le territoire de sa puissance colonisatrice, d’où le développement d’un grand nombre de ports et de forts.

Du fait de cette domination vénitienne sur le littoral dalmate (cf. annexe n°XIII), les échanges commerciaux et culturels furent nombreux avec Venise. La quasi-totalité du littoral de l’actuelle Croatie était alors sous cette domination, ce qui explique que les influences de la Sérénissime se retrouvent aujourd’hui tant en Istrie qu’en Dalmatie.

Sur la photographie n°2 de la vieille ville de Rovinj apparaît le campanile qui domine la ville et se situe au sommet de la colline, à côté de la cathédrale. Il est une copie, très convaincante, de celui de la place Saint-Marc. En général, ces similitudes architecturales s’expliquent par le fait que les donneurs d’ordre, comme les architectes,

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étaient très souvent d’origine italienne ou qu’ils avaient vécu en Italie et avaient souvent effectué leur formation auprès de maîtres italiens. Beaucoup d’artistes croates se rendaient, en effet, en Italie (le sculpeur dalmate Franjo Vranjanin44 passa ainsi une partie de sa vie à Naples et en Sicile, le sculpteur Ivan Duknović45 fut formé à Rome, Juraj Klović46 profita de la protection des Grimani à Venise). A côté de cela, certains artistes italiens réalisaient d’importantes œuvres en Croatie : ainsi les portails gothiques de Dalmatie, dont ceux des cathédrales de Zadar et de Šibenik, tout comme l’autel de la cathédrale de Split (réalisés par Bonino di Jacopo de Milan) attestent-ils une influence lombarde.

De même la photographie n°3, réalisée à Dubrovnik, et représentant le palais Sponza, bâtiment des douanes, puis hôtel de la monnaie, atteste d’une influence toute italienne par sa façade caractéristique des palais vénitiens.

- a.2/ Une étude de cas : Dubrovnik, cité fortifiée sur les bords de l’Adriatique Parmi toutes les villes du littoral croate, Dubrovnik apparaît comme un symbole qui a su définir et mettre clairement en valeur ses caractéristiques patrimoniales et culturelles, fondements du tourisme urbain (qui l’anime simultanément avec le tourisme balnéaire). Son étude peut donc être considérée comme un modèle pour les nombreuses villes où les pratiques touristiques (balnéaires et visites culturelles) sont mêlées.

Avec ses remparts et ses toits de tuiles orange, la capitale dalmate reste, en effet, la référence du tourisme urbain côtier en Croatie. La vieille ville a su profiter de son architecture renaissance pour devenir un des éléments phares du tourisme urbain dans le pays.

 Un riche patrimoine architectural

La ville est, essentiellement mais pas uniquement, connue pour ses fortifications qui ont été construites à partir du XIIème siècle, puis continuellement renforcées jusqu’au XIVème siècle, pour protéger ses habitants et lutter contre la pression ottomane. Comme l’essentiel des bâtiments de la ville, ces remparts, élevés sous la houlette d’architectes italiens, présentent ainsi une nette influence vénitienne. En effet, dès la fin du Xème siècle, Venise, en pleine expansion, a établi ici un véritable protectorat. Acquérant, toutefois, dès le XIVème siècle une certaine autonomie, Raguse va devenir une république libre et profiter de ce statut pour s’enrichir grâce au commerce.

Grâce aux richesses issues de ses activités commerciales, la ville acquiert un patrimoine architectural dense et diversifié : elle est donc, aujourd’hui, en elle-même, une attraction, un véritable musée à ciel ouvert. L’essentiel du bâti date, cependant, du XVIIIème siècle, ce qui s’explique par le tremblement de terre qui détruisit une grande partie de la ville en 1667. Quelques édifices, dont les remparts et le palais des Recteurs, constituent toutefois des héritages architecturaux antérieurs.

Le Stradun, représenté sur la photographie n°5, est la rue la plus touristique de la ville. Bordé par les plus grandes maisons, appelées - tout comme à Venise - « palais »,

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Franjo VRANJANIN, (XVème siècle), aussi connu sous le nom de Francesco Laurana, est originaire de Zadar. Sculpteur de la Renaissance, il est connu, entre autres, pour la décoration de l’Arc triomphal érigé à l’entrée du Castelnuevo de Naples et pour celle d’un autel de la cathédrale de Šibenik.

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Ivan DUKVONIĆ, (XVème siècle), sculpteur qui a exercé son art en Dalmatie, en Italie et en Hongrie. On peut admirer certaines de ses œuvres dans la ville de Trogir.

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c’est un axe incontournable pour le touriste, quelle que soit la porte par laquelle il entre dans la cité. De plus, cette rue cumule de nombreux commerces et boutiques touristiques tout comme certains des principaux sites touristiques de la ville (musées et édifices). Cet axe constitue donc une artère touristique majeure entre, d’un côté, la porte du Pile (où se trouvent la fontaine Onafrio, mais aussi l’accès principal aux remparts) et, de l’autre, la porte de l’horloge qui permet aux touristes de se rendre au vieux port (cf. photographie n°4). Ce dernier est désormais consacré à la navigation de plaisance et à la pêche côtière alors que le port de commerce et de croisière est, lui, situé un peu plus au nord, à Gruz. Défendu par le fort Saint-Jean, visible à gauche sur la photographie n°4, ce port montre bien la position de vassale de la Sérénissime qu’a été pendant longtemps celle de Raguse, considérée d’abord comme une place forte.

 Une fréquentation de masse

Les seules données à notre disposition sont celles du Bureau Central des statistiques, fournies par le Ministère du tourisme et ne différenciant pas les touristes étrangers des touristes domestiques. Elles indiquent 1 790 000 nuitées réalisées dans la ville, en 2007, par 501 000 touristes.

Nous avons précédemment décrit la place que cette ville a prise dans le tourisme de croisière (voir infra – le tourisme de croisière cf. p.171), se positionnant comme premier port d’escale du pays, ce qui souligne l’attrait de la ville. Au total, du fait de sa fréquentation de masse, Dubrovnik est donc le centre, par excellence, du tourisme urbain sur la côte. Il est le seul qui puisse véritablement exister, sans dépendre de la présence des touristes du balnéaire.

 Les bases classiques d’un tourisme urbain européen

Le tourisme urbain s’explique, à Dubrovnik, tout d’abord, par la présence, à l’intérieur des murailles de la ville, d’une architecture très riche : les bases de ce tourisme sont donc les monuments et les ensembles architecturaux. A côté des multiples restaurants, offrant aux touristes des menus de type méditerranéen, les boutiques de souvenirs et de services y sont nombreuses. Mais il ne faut pas oublier non plus une saison culturelle dense. Ainsi, un festival y a lieu de mi-juillet à fin août et accueille, chaque soir, divers spectacles (pièces de théâtre, ballets, concerts, etc.). Toutefois, les dates mêmes de ce festival montrent que les organisateurs ont privilégié la saison estivale, considérant de facto le tourisme urbain comme une offre complémentaire au tourisme balnéaire, alors que, dans une optique de management et d’allongement de la saison touristique, ils auraient pu l’inscrire dans l’avant ou l’arrière-saison. Nous considèrons donc que les activités culturelles proposées par la ville de Dubrovnik - tout comme celles des autres villes côtières - ne sont pas encore dégagées de la prégnance du balnéaire.

Au total, les multiples influences architecturales, romaines et vénitiennes, auxquelles on pourrait ajouter l’influence byzantine, que nous apercevons, par exemple, avec l’église Saint-Donat de Zadar et qui est encore plus visible à Poreč dans la basilique euphrasienne, ont permis de donner de solides atouts à certaines des villes de la côte adriatique de la Croatie, en en faisant de véritables "musées à ciel ouvert" qui attirent des milliers de touristes chaque année. Toutefois, ce tourisme urbain côtier est encore trop lié

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au tourisme balnéaire et, même dans une ville comme Dubrovnik qui dispose d’indéniables atouts, le tourisme urbain côtier semble toujours s’inscrire comme une offre complémentaire au tourisme balnéaire. Qu’en est-il, alors, pour les villes de l’intérieur ? Assiste-t-on au développement d’un tourisme urbain réellement autonome ? La capitale zagreboise, par exemple, est-elle en mesure de générer, par elle-même, des flux touristiques ?

b. Zagreb, le seul pôle urbain touristique de l’intérieur

Zagreb constitue, en effet, un foyer touristique urbain non négligeable, ce qui est dû à sa position de capitale économique et politique du pays. Notre analyse nous amènera, tout d’abord, à essayer de comprendre ses atouts en nous intéressant à l’offre, tant en termes de capacité d’accueil qu’en termes d’activités pratiquées par les touristes.

- b.1/ Une capitale qui attire de plus en plus de touristes

Fournies par le Bureau central des statistiques, les statistiques que nous utilisons dans le graphique ci-dessous (figure n°22), ne font pas la différence entre touristes internationaux et touristes domestiques. Toutefois, pour l’année 2007, sur les 949 000 nuitées réalisées dans la capitale, 755 000 l’ont été par des touristes internationaux, soit 80 %.

La courbe des nuitées effectuées à Zagreb montre une croissance régulière depuis 2000, même si, à la différence de la situation que nous avons observée pour le littoral, il n’y a pas encore eu de retour à la situation d’avant 1990.

Figure 22 : Evolution du nombre de nuitées réalisées à Zagreb entre 1975 et 2007

(en milliers)

(Source : Bureau central des statistiques)

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2007

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L’évolution du tourisme dans la ville de Zagreb diffère, en effet, quelque peu de celle du tourisme balnéaire. Une première période, comprise entre 1975 et 1990 comme pour le littoral, peut être individualisée. Elle correspond à une croissance du tourisme dans la capitale. Il s’agit là des conséquences du tourisme de masse yougoslave des années 1980. Il est toutefois intéressant de souligner qu’à cette époque la ville n’était encore qu’une capitale "régionale" et que le pouvoir politique, et bien souvent économique, était concentré dans la capitale fédérale, Belgrade. En somme, si le tourisme d’affaires peut expliquer en partie cette évolution, il ne peut justifier à lui seul une telle croissance. Par contre, les relations entre les différentes républiques de la Yougoslavie peuvent induire cette forte augmentation, le tourisme domestique étant, en effet, inclus dans les statistiques. Or, les touristes de la République yougoslave (de Serbie notamment), dont le nombre était considérable, et des "pays frères" de l’ancien bloc d’Europe de l’Est (voir chap. 6, p.323 et suivantes), utilisaient Zagreb comme porte d’entrée en Croatie, soit par l’autoroute de la fraternité reliant Zagreb à Belgrade, soit via l’aéroport pour les liaisons avec les pays d’Europe de l’Est. Dans ce cas, le tourisme zagrebois pouvait dès lors être considéré comme surévalué, puisque non-dépendant directement des attraits de la ville elle-même.

La période de la guerre (1990-2000) est fortement marquée, le nombre de nuitées ayant alors diminué de plus de moitié. La guerre de la fin de la Yougoslavie interrompt donc brutalement la croissance du tourisme urbain dans la capitale. Si Zagreb a, en effet, connu quelques bombardements, ce sont essentiellement les flux des autres Républiques yougoslaves qui se sont taris. Cette hypothèse est confirmée dans la période suivante, avec le non-retour de ces mêmes touristes après 2000 et un nombre de nuitées dans la capitale inférieur à celui de 1975 (voir supra chapitre 3 - la perte de la clientèle serbe). Cette absence de redémarrage du tourisme urbain à Zagreb est une différence majeure avec l’évolution du tourisme balnéaire. Même si la croissance est notable, elle est bien moins marquée et la capitale ne retrouve toujours pas, en 2007, son niveau antérieur à la guerre.

En somme, cette relance du tourisme, nettement plus faible que pour le littoral, et des masses bien moindres semblent montrer que Zagreb a perdu de son attractivité. Alors même que son nouveau statut de capitale nationale (et non plus de capitale d’une république fédérée) aurait dû amener au dopage de sa fréquentation, ne serait-ce que par le