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Le caractère saisonnier du tourisme croate

Carte 2 : Les arrivées touristiques internationales en 2004 dans le bassin méditerranéen et

C. Le caractère saisonnier du tourisme croate

Alors que nous venons de montrer l’importance de la fréquentation des touristes internationaux en Croatie, quels sont les rythmes sur lesquels elle s’établit ? Le pays est-il attractif tout au long de l’année ou peut-on constater l’existence d’une saison touristique plus ou moins étalée ? Il s’agit donc de déterminer les principales caractéristiques de la modulation de la fréquentation touristique en Croatie.

1. Une activité touristique concentrée sur la saison estivale

En 2007, la moyenne "théorique" mensuelle du nombre d’arrivées touristiques (c’est-à-dire le nombre théorique de touristes obtenu avec une répartition mensuelle équivalente) est de 930 000. Mais, elle n’est dépassée qu’entre juin et septembre inclus. Le diagramme en bâtons de la figure n°13 montre très nettement ce pic estival, caractéristique d’une fréquentation touristique saisonnière.

Figure 13 : Répartition des arrivées de

(Source : Ministère du tourisme,

a. La haute saison touristique

La haute saison touristique croate, comprise entre juin et septembre, correspond à 74 % du nombre annuel des arrivées

rendent en Croatie durant les mois d’été. La que quatre mois.

De plus, les mois de juillet et août représentent, à eux deux, 49 % du total annuel

des arrivées avec, respectivement, 23,7 % en juillet (soit 2,6 millions) et 25.3 % en août

(soit 2,8 millions). La montée

qui lui fait suite, sont ici très franches touristes supplémentaires qui sont accueillis

d’août et celle de septembre est de près de 1,5 million

Le tourisme est donc fortement saisonnier. Cette très forte saisonnalité pose d’énormes problèmes : la Croatie a

touristiques aussi concentrés

une saison aussi courte ? Comment assurer le coût d’équipements surdimensionnés et sous productifs ?

b. L’avant et l’arrière saison

On observe, en effet, une activité importante respectivement 601 000 et

touristes qui se sont rendus en Croatie en octobre Alors que l’avant-saison montre une augme dernière chute brutalement lors de l’arrière

moins importants que ceux générés pendant l’été, ils forment une avant et une arrière saison nettes, notamment si on l

0 500 1000 1500 2000 2500 3000

en milliers Basse saison

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: Répartition des arrivées de touristes en fonction des mois

: Ministère du tourisme, - http://www.mint.hr/UserDocsImages/080702-turizm La haute saison touristique

La haute saison touristique croate, comprise entre juin et septembre, correspond à

74 % du nombre annuel des arrivées: autrement dit, ce sont trois touristes sur quatre qui se

rendent en Croatie durant les mois d’été. La saison touristique ne compte donc réellement De plus, les mois de juillet et août représentent, à eux deux, 49 % du total annuel arrivées avec, respectivement, 23,7 % en juillet (soit 2,6 millions) et 25.3 % en août

. La montée en régime encadrant le pic estival, ainsi que la

t suite, sont ici très franches: entre juin et juillet, ce sont près d’un million de

touristes supplémentaires qui sont accueillis; de même, la différence entre la

mbre est de près de 1,5 million.

Le tourisme est donc fortement saisonnier. Cette très forte saisonnalité pose

: la Croatie a-t-elle les infrastructures capables de recevoir des flux

ues aussi concentrés ? Comment rentabiliser ces infrastructures touristiques sur

Comment assurer le coût d’équipements surdimensionnés et sous

L’avant et l’arrière saison

On observe, en effet, une activité importante pendant les mois d’avril

000 et 882 000 touristes en 2007). De même, ce sont près de 500

touristes qui se sont rendus en Croatie en octobre et seulement 208 000 en novembre 2007.

saison montre une augmentation progressive de la fréquentation, cette

dernière chute brutalement lors de l’arrière-saison. Toutefois, même si les flux sont bien

moins importants que ceux générés pendant l’été, ils forment une avant et une arrière , notamment si on les compare aux faibles fréquentations (moins de

Haute saison

Arrière-saison Avant-saison

Basse saison

touristes en fonction des mois - année 2007

turizm-07-hr.pdf, p. 21)

La haute saison touristique croate, comprise entre juin et septembre, correspond à : autrement dit, ce sont trois touristes sur quatre qui se

saison touristique ne compte donc réellement De plus, les mois de juillet et août représentent, à eux deux, 49 % du total annuel arrivées avec, respectivement, 23,7 % en juillet (soit 2,6 millions) et 25.3 % en août

encadrant le pic estival, ainsi que la décroissance

: entre juin et juillet, ce sont près d’un million de

; de même, la différence entre la fréquentation

Le tourisme est donc fortement saisonnier. Cette très forte saisonnalité pose alors

elle les infrastructures capables de recevoir des flux es infrastructures touristiques sur

Comment assurer le coût d’équipements surdimensionnés et sous-

s mois d’avril et mai (soit

000 touristes en 2007). De même, ce sont près de 500 000

000 en novembre 2007. ntation progressive de la fréquentation, cette , même si les flux sont bien

moins importants que ceux générés pendant l’été, ils forment une avant et une arrière-

es compare aux faibles fréquentations (moins de 200 000

Basse saison saison

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touristes) de la période comprise entre décembre et mars inclus. Cette dernière période constitue une basse saison du point de vue du tourisme.

Au total, la Croatie appartient à un type élémentaire de destination touristique : celui qui, de façon très classique, n’a qu’une seule saison et paraît donc peu évolué. Ce type pose alors des problèmes en termes de gestion des infrastructures, notamment ceux qui concernent les coûts de fonctionnement. Cela devrait donc conduire à une évolution avec le développement du tourisme sur l’avant et l’arrière-saison, en posant également la nécessité d’une diversification (qui privilégierait, par exemple, le culturel et le tourisme urbain). Cela suppose, en fait, une meilleure maîtrise de l’activité et donc des revenus touristiques. A l’heure actuelle, la Croatie est un pays qui ne connaît qu’un simple tourisme estival et qui est dépendant, de fait, de la seule offre balnéaire (cf. chap. 4). Or, la demande pour ce type de produit touristique est saturée, du fait d’une offre pléthorique, au moins à l’échelle du bassin méditerranéen. De surcroît, la dépendance saisonnière croate peut être considérée comme très forte par rapport à d’autres pays touristiques.

2. Une saison touristique croate plus marquée que pour d’autres destinations

La saisonnalité du tourisme en Croatie peut être comparée (cf. figure n°14 ci- dessous) à celle d’autres destinations. Pour cela, nous avons défini le pourcentage de touristes reçus chaque mois par celles-ci. Les données sont celles de 2008. La Croatie est comparée à quatre autres destinations : la Grèce, la Tunisie (caractéristiques de destinations balnéaires méditerranéennes), la Hongrie et la République Tchèque (caractéristiques de l’Europe centrale).

Figure 14 : Répartition du pourcentage mois par mois des arrivées touristiques de l’année

2008 pour la Croatie, la République Tchèque la Hongrie, la Grèce et la Tunisie

(Source : Bureau statistiques nationaux)

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%

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Il est d’abord possible de remarquer que la plupart des destinations ici représentées ont le même profil de courbe, avec une saisonnalité toujours sensible. Le graphique n°14 montre également la spécificité exacerbée de la Croatie, pour laquelle la saison estivale et, plus particulièrement, les deux mois de juillet et août concentrent l’essentiel des arrivées touristiques. Les autres destinations ont des courbes où les variations mensuelles des arrivées touristiques sont bien moins marquées, avec un meilleur lissage des arrivées sur le graphique.

Ainsi, les deux destinations d’Europe centrale ont une saisonnalité nettement moins tranchée et s’acheminent vers une certaine régularité. La République tchèque, surtout, qui se caractérise par un tourisme urbain et culturel, avec de courts séjours (notamment un tourisme de week-end), montre nettement que la fréquentation touristique est répartie de façon plus régulière : aucun mois ne concentre plus de 13 % du nombre total de touristes.

Le même constat peut être effectué pour la Hongrie où l’on remarque cependant une plus forte concentration des flux touristiques sur les mois de juillet et août, représentant chacun 15 % du total. Au total, à peine un tiers des touristes se rendent en Hongrie pendant ces deux mois, ce dernier pouvant s’expliquer par le tourisme lacustre, notamment sur les rives du lac Balaton. Ces deux destinations d’Europe centrale montrent donc que l’hégémonie de la haute saison estivale peut être corrigée par la diversification des formes touristiques qui renforce l’avant-saison puis les mois creux.

A côté, les deux exemples de destinations balnéaires méditerranéennes, la Grèce et la Tunisie, montrent encore nettement l’influence du tourisme balnéaire sur la saisonnalité.

La Grèce est ainsi une destination assez comparable à la Croatie, avec une situation plus atténuée cependant. Les deux mois d’été accueillent 34 % du total des touristes et la saison estivale (de juin à septembre) cumule plus de 60 % des arrivées annuelles. Les mois de janvier, février, novembre et décembre représentent une sorte de "hors-saison" (moins de 6 % des arrivées chaque mois) caractéristique de beaucoup de destinations balnéaires méditerranéennes.

La Tunisie est aussi caractéristique de ce groupe (avec une saison estivale cumulant près de 50 % des arrivées touristiques). Mais, elle est également un exemple d’une certaine diversification touristique. Les niveaux de fréquentation des mois de basse saison (janvier, février, etc.) sont assez comparables à ceux de la République tchèque et de la Hongrie. Ils prouvent l’existence, en Tunisie, d’un tourisme urbain en hiver (avec un tourisme de congrès à Tunis), culturel avec des festivals et intérieur avec l’exploitation des oasis de la montagne et du "Sahara" tunisien.

En comparaison, la saison touristique croate est donc excessivement courte et apparaît, de ce fait, caractéristique des destinations balnéaires que l’on peut qualifier de première génération, c’est-à-dire celles qui se sont développées sur une mono-activité touristique, liée à des conditions climatiques particulières comme, dans le cas de la Croatie, l’ensoleillement. Cette très courte durée de la saison touristique est donc classique d’une destination méditerranéenne peu évoluée qui n’attire qu’en raison de son climat privilégié,

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en été seulement, et qui n’a pas su (ou pu) encore diversifier son activité notamment grâce à des atouts culturels. On peut donc considérer que le tourisme est encore, en Croatie, "naissant" et mono-centré et que les différentes politiques touristiques actuelles devraient être conçues dans l’optique d’améliorer la fréquentation de l’avant et de l’arrière-saison. Cette situation est encore très courante dans le bassin méditerranéen : on peut même considérer qu’elle est typique de toutes les destinations qui ne sont pas sorties de la seule activité balnéaire. Par contre, les destinations bénéficiant d’autres formes de tourisme (culturel ou autre), comme l’Egypte ou Malte, voient leur saison s’étaler, confirmant ainsi une tendance générale.

En conclusion, cette très courte durée de la saison touristique positionne la Croatie comme un pays qui a gardé les caractéristiques d’un développement touristique trop conventionnel, purement balnéaire et estival.

Se pose dès lors la question de savoir si l’offre touristique croate, et notamment sa valorisation par le biais de la promotion touristique actuelle, peut modifier la trop grande saisonnalité touristique et si elle peut mettre en avant d’autres formes de tourisme que le traditionnel « sea, sand and sun » des destinations méditerranéennes des années 1960 (cf. partie IV).

III. UNE PROVENANCE DES TOURISTES PUREMENT EUROPEENNE

Les précédentes conclusions nous ont montré que les arrivées internationales étaient déterminantes (en volume et dans le temps) pour le tourisme en Croatie. Il convient alors de s’interroger sur la provenance de ces flux touristiques importants et concentrés. En effet, si la Croatie est, en été, essentiellement réceptrice, d’où sont originaires les touristes qui y séjournent ? Quelle est la place des Européens par rapport aux autres grands foyers d’émission mondiaux ?

Pour répondre à ce questionnement, nous chercherons à analyser les arrivées touristiques autant en fonction de la nationalité des touristes que de l’évolution des flux. Pour cela, nous nous sommes appuyé sur les données diffusées par le bureau central des statistiques de Croatie. Le tableau n°25-2 fourni dans le Statistical Yearbook, édité en 2009, nous a ainsi permis de réaliser un graphique de répartition puis une carte montrant les principaux foyers émetteurs du tourisme.