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2.2 Déterminants du coping et exemples dans les auditions de Yoshida

2.2.2 Les facteurs en jeu lors du stress-coping

Plusieurs facteurs influencent le mécanisme stress-évaluation-coping. Ceux-ci peuvent être d’origine personnelle ou contextuelle, mais ne prennent sens que dans la relation transactionnelle entre l’individu et la situation.

Les facteurs d’origine personnelle

Les convictions et les motivations personnelles sont des variables individuelles qui entrent en jeu lors de l’évaluation d’une situation. Celles-ci peuvent encourager les individus à sacrifier ou à mettre en péril une partie de leur bien-être en vue de satisfaire leur système de croyances ou atteindre leurs objectifs. Ainsi, la croyance en une fatalité ou un destin pousse à accepter plus facilement certaines épreuves. D’autre part, la croyance en la capacité de contrôle d’un individu le mène à chercher à résoudre le problème qui se pose à lui (Paulhan, 1992). La culture de l’individu influence également les processus d’évaluation et de coping. Le contexte culturel joue un rôle dans le type de stresseurs qu’on peut rencontrer et dans la manière d’évaluer l’événement stresseur. Il intervient aussi dans le choix des stratégies de coping ou fournit des mécanismes institutionnels pour faire face à une situation stressante (Aldwin, 2004). Ainsi, la culture influence à la fois notre appréciation psychologique des événements en tant que stresseurs et peut nous fournir des mécanismes prêts à être mobilisés pour le coping.

Les facteurs d’origine situationnelle

Les caractéristiques contextuelles impliquent également des processus d’évaluation différents. Si une situation est totalement nouvelle et que l’individu ne la relie pas à un gain (ou à une perte), il ne l’évaluera pas comme un défi (ou une menace). Néanmoins, les individus ont recours à l’inférence pour interpréter les issues probables de la situation. Mais, plus la situation propose des particularités inédites, plus l’interprétation a de chances d’être fallacieuse. Et si l’individu en est conscient, le sentiment d’être en face d’une menace grandit. L’incertitude favorise le sentiment de stress. L’individu a de grandes difficultés pour mobiliser des stratégies

67 La sociotropie est une caractéristique des individus qui s’engagent de façon excessive dans les relations sociales,

69 anticipatoires, étant donné l’incompatibilité entre les stratégies pour anticiper l’occurrence et celles pour anticiper la non occurrence d’un événement. Par ailleurs, la confusion générée par la nécessité de considérer deux alternatives contradictoires augmente le sentiment de menace et d’anxiété ; et altère la capacité de faire face des individus. L’incertitude temporelle quant à l’occurrence de l’événement favorise la vigilance des personnes qui mettent en place des stratégies d’évitement.

La temporalité est l’un des éléments les plus importants à prendre en compte concernant l’évaluation des situations (Lazarus and Folkman, 1984). Ainsi, l’imminence des événements ou de leur effet influence les individus, notamment si ces effets sont négatifs. Le processus d’évaluation devient plus rapide et beaucoup moins complexe. La prise de décision est alors fondée sur le minimum d’informations disponible et toutes les possibilités d’agir ne sont pas investiguées. Les personnes qui doivent réagir dans l’urgence ont plus de chances de paniquer que de développer des stratégies à même de les rassurer.

La durée de l’événement doit également être prise en compte. D’une part, les situations chroniques ou longues dans le temps (comme certaines maladies) affaiblissent les individus psychologiquement et physiquement, comme le montrent les observations de Selye. Les processus d’évaluation et de coping vont toutefois évoluer au cours de cette période. D’autre part, d’un point de vue émotionnel, la fréquence des événements produit généralement une habitude chez les personnes, qui développent de nouvelles aptitudes pour faire face ou qui deviennent moins enclines à y réagir (Ibid.).

Pour résumer, plusieurs éléments rentrent en jeu concernant l’évaluation des événements et des stratégies de coping. L’efficacité de ces dernières est par ailleurs entièrement déterminée par les spécificités de la situation et par les caractéristiques de l’individu qui les met en œuvre.

L’efficacité du coping

Plusieurs études ont porté sur la mesure de cette efficacité, notamment dans l’impact sur la santé. Cette dernière est envisagée à la fois concernant des stratégies plus efficaces que d’autres (en prenant en compte la situation dans laquelle ils sont déployés), et concernant l’efficacité d’un coping par rapport à un autre. Ainsi, des auteurs s’interrogent sur les variables impactant le plus l’efficacité du coping entre le comportement ou la personnalité (Pearlin and Schooler, 1978). Des chercheurs ont montré que les stratégies « évitantes » ont une efficacité moindre lorsqu’elles ne sont pas accompagnées de contrôle. De même, les stratégies passives seraient davantage corrélées à un impact négatif sur la santé, au contraire des stratégies actives (INSERM, 2011).

Or, ces conclusions vont à l’encontre de la théorie de Lazarus, affirmant que les stratégies ne peuvent être considérées comme efficaces en elles-mêmes. En effet, dans plusieurs cas de maladies graves, des stratégies centrées sur l’émotion permettent l’amélioration de l’état psychologique des malades (Lazarus and Folkman, 1984). Dans ce sens, il démontre que malgré

70 le danger que représente le déni pour la santé mentale et physique des individus, il peut se révéler bénéfique dans des conditions très spécifiques et limitées dans le temps (Lazarus, 1983). Dans une autre optique, des publications concernent les caractéristiques des situations et leur influence sur les stratégies de coping. Par exemple, l’importance de l’information qu’ont les individus de la situation dans laquelle ils se trouvent se révèle décisive quant à l’efficacité de certaines stratégies (Muris et al., 1994). En effet, les individus observés ayant des informations suffisantes sur les caractéristiques de la situation réduisent efficacement leur anxiété grâce à des stratégies de coping « vigilant ». A l’inverse, les stratégies « évitantes » se montrent plus appropriées lorsque les informations sont insuffisantes (INSERM, 2011).

Les propensions à choisir une stratégie de coping par rapport à une autre obéit à plusieurs facteurs. Les croyances, l’endurance (la résistance aux exigences externes), la tendance à l’anxiété font partie des caractéristiques personnelles qui entrent en jeu concernant la perception d’une situation stressante. Les spécificités de la situation – et notamment sa contrôlabilité – et les ressources sociales de l’individu sont des variables personnelles influençant l’évaluation des capacités de contrôle (Paulhan, 1992).