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CHAPITRE 2. GENERALISATION DU SERVICE D’EAU : UN ECHEC A

III. Les différents postes de dépense des opérateurs

A)

La DAWASA limite ses dépenses de personnel

Pour Dar es Salaam, les structures budgétaires de dépenses sont connues188. Les dépenses se

répartissent ainsi :

Tableau 33 : ventilation du coût de production de l’eau potable pour la DAWASA par postes de dépense

Poste de dépense Contenu % des

dépenses totales Production et

amortissement des infrastructures

Electricité essentiellement, produits chimiques pour le traitement de l’eau

70*

Frais administratifs Salaires du personnel, frais de fonctionnement (véhicules, téléphone, entretien des bâtiments, etc.)

20 Maintenance du réseau,

coûts de fonctionnement, extension

Par exemple, service de facturation Moins de 10

(dont 2% pour le service de facturation) Source : compilation personnelle, d’après des données de V. Messer

*pour l’exercice 1996/1997 189.

Les dépenses salariales semblent modérées, moins de 20% des dépenses totales (si toutefois les autres rubriques n’en recouvrent pas une partie), ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème de main-d’œuvre. En effet, la DAWASA compte de trop nombreux employés non- qualifiés190, qui ne touchent donc pas de gros salaires mais qui représentent un coût final

quand même trop élevé en termes d’efficacité gestionnaire. Au total en 2003, à l’arrivée du consortium Citywaters, la DAWASA compte 1480 employés191. Cela rappelle le rôle qu’a joué

la NUWA après l’Indépendance, comme nombre d’institutions publiques : fournir massivement des emplois à une population noire jusque-là laissée pour compte, au détriment de la rentabilité qui n’était pas l’objectif premier.

B)

Le « flou » le plus total règne au WSD

Pour Nairobi, je ne possède aucun tableau représentant l’ensemble de dépenses et leur répartition par postes. Le cabinet de consultant Halcrow, pourtant mandaté pour réaliser un audit du WSD, ne présente aucune donnée de ce genre. Ce manque de données ou du moins leur absence de publication, est à imputer au manque de transparence des comptes de la mairie et à leur totale confusion : on ne sait pas vraiment si les recettes réalisées par le service d’eau sont placées sur un compte séparé, comme la mairie le prétend, ou si elles sont reventilées entre les différents services. Il est de notoriété publique que le WSD a été incapable de présenter des comptes clairs à l’association de citadins qui le réclamait192. De

même, on ne sait pas par quels mécanismes les dépenses du WSD sont honorées. Rappelons qu’une partie des recettes est reversée en salaires mais surtout en primes occultes pour les conseillers municipaux…

188 MESSER. V. La gestion de l’eau à Dar es Salaam (Tanzanie) ; Défaillance institutionnelle et réponses citadines, thèse présentée à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, sous la direction de J.L. Piermay, Laboratoire Image et ville, Strasbourg, novembre 2003, p 183. 189 HUMPHREY. H. 1995. p 280, mentionné dans MESSER. V. Idem.

190 Entretien personnel avec M. Becker, directeur du consortium de Citywaters, Dar es Salaam, septembre 2003. 191 Idem.

192 DAILY NATION. Thursday, November 6, 2003. Talking Point. « Why the delay in forming an independent water provider ? », by E. LOWE, Karen and Langata District Association, Nairobi.

Tableau 34 : contribution des dépenses salariales aux dépenses totales, moyennes annuelles pour les périodes 1990-1991 à 1994-1995

Indicateurs Ksh

Dépenses annuelles moyennes (Ksh) 424 275 400

Dépenses salariales moyennes 137 040 954

Dépenses salariales (en % des dépenses annuelles moyennes) 32,3

Source : ALIGULA. E.M. Improving the Performance of Urban Water Infrastructure Services Delivery and

Management in Kenya; A case study of Nairobi City, Kisumu and Eldoret Towns, University of Dortmund,

Faculty of Spatial Planning, 1999, 252p.

Je ne peux pas tirer de conclusion globale au vu de ces données, si ce n’est que la proportion du coût salarial du WSD représente environ 1/3 des dépenses totales du service, ce qui est « dans la norme » pour un opérateur de service d’eau.

C)

Les dépenses salariales absorbent la moitié des dépenses

totales de la LWSC

Les postes de dépenses de la LWSC à Lusaka se répartissent de manière très différente de ceux de la DAWASA.

Tableau 35 : ventilation du coût de production de l’eau potable pour la LSWC par postes de dépense, en millions de Kw/an, pour l’exercice 2002-2003

Postes de dépense En millions de Kw/an En % du coût total

Coût du personnel 14 510 48

Coût des traitements chimiques

1 181 4

Coût de l’énergie (électricité) 8 226 27

Autres coûts 6 475 21

Coût total 30 392 100

Source : NWASCO. Urban and Peri-Urban Water Supply and Sanitation Sector Report, 2002-2003, Lusaka, 2003, p 25.

Le plus gros poste de dépenses est celui du personnel. Entre 2001-2002 et 2002-2003, ce coût a augmenté de près de 74%. Le coût mensuel moyen par employé est d’environ 2,5 millions de Kw en 2002-2003, contre moins de 1,5 millions en 2001-2002. La LWSC est l’opérateur de service d’eau zambien présentant le coût salarial moyen le plus élevé après la compagnie AHC-MMS, récemment privatisée. En moyenne, sur la période 2002-2003, tous les fournisseurs d’eau zambiens ont connu une forte hausse du coût du personnel (+66%). Ce sont les fournisseurs commercialisés les plus tôt qui ont un coût/employé le plus élevé (aussi avec AHC opérateur privé). Pour l’ensemble des distributeurs d’eau, le coût moyen par mois par employé est passé d’1 million de Kw pour la période 2001-2002, à 1,5 millions de kw en 2002-2003. Cela inquiète le régulateur NWASCO. De l’avis du régulateur, cette proportion est trop élevée et rien n’explique cette augmentation subite. Il est certain que les postes de dépenses respectifs d’un service d’eau à un autre ne peuvent pas être directement comparables : les systèmes de pompage et de distribution de l’eau ne sont pas les mêmes, ce qui par exemple entraîne des dépenses en énergie inégalement élevées. De même, les coûts salariaux varient en fonction du nombre d’employés, mais aussi de leur qualification et donc de la structure salariale même. Si les structures des dépenses des deux opérateurs, la LWSC et la DAWASA, ne sont pas directement comparables, on note toutefois que la proportion des fonds alloués aux coûts d’amortissement et d’investissement est minime dans les deux services.