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Efficacité du personnel : des résultats médiocres comparables pour les trois opérateurs

CHAPITRE 2. GENERALISATION DU SERVICE D’EAU : UN ECHEC A

IV. Efficacité du personnel : des résultats médiocres comparables pour les trois opérateurs

comparables pour les trois opérateurs

Les coûts du personnel sont d’autant plus élevés que le ratio « nombre d’employés/branchements » est élevé. Ce ratio est un bon indicateur concernant la performance du service. Il doit être assez faible.

Tableau 36 : nombre d’employés et nombre de connexions pour les trois opérateurs

Indicateurs WSD Nairobi* DAWASA Dar es Salaam LWSC Lusaka Nombre d’employés 1 767 1 480** 482

Nombre de connections à l’eau 137 861 100 000 34 514

Nombre d’employés/1000 connexions 13 15 14

Sources : compilation personnelle à partir de données précédemment mentionnées

*ALIGULA. E.M. Improving the Performance of Urban Water Infrastructure Services Delivery and

Management in Kenya; A case study of Nairobi City, Kisumu and Eldoret Towns, University of Dortmund,

Faculty of Spatial Planning, 1999, 252p.

** Entretien personnel avec M. Becker, responsable de Citywaters, septembre 2003.

Le ratio employé/facturation peut donner des indications complémentaires sur l’insuffisance (en nombre ou en qualification) du personnel, tandis que le ratio « recouvrement/personnel » est considéré comme un élément de performance.

Tableau 37 : quelques indicateurs de l’efficacité des employés de la LWSC

Nombre d’employés 482

Nombre d’employés/1000 connexions 14

Coût moyen par employé/mois en Kw 2 508 688

Facturation moyenne par employé/mois En Kw

72 000 000 Recouvrement par employé/mois

En Kw

48 000 000 Source : NWASCO. Urban and Peri-Urban Water Supply and Sanitation Sector Report, 2002-2003, Lusaka, 2003, p 23.

Les trois opérateurs présentent un ratio élevé « employés/connexions » et comparable d’un service à l’autre. Le WSD présente un ratio environ le double de ceux des distributeurs d’eau de deux autres grandes villes kenyanes, Kisumu et d’Eldoret, variant entre 12 et 13,5 selon les sources193. Pour le régulateur zambien, le nombre d’employés de la LWSC est trop élevé,

d’autant plus que leur efficacité est limitée. Pour une grande ville zambienne, un bon ratio « nombre d’employés pour 1000 connexions » serait de moins de 5, acceptable entre 5 et 8 et « inacceptable » au dessus de 8. Puisqu’il s’agit d’un ratio, on peut appliquer ces indications aux deux autres opérateurs et conclure globalement que leurs effectifs sont trop nombreux, surtout au vu de leur efficacité. Etant donné les économies d’échelle réalisables dans les réseaux d’eau, l’indicateur donné par le NWASCO pour la Zambie pourrait être encore plus bas pour les deux autres opérateurs.

Pour assombrir encore un peu le tableau, il faut également prendre en compte les emprunts, les factures impayées que les opérateurs ont eux-mêmes accumulés et qui viennent parfois

193 WORLD BANK. Review of the Water Supply and Sanitation Sector, Improving Urban Water Supply in Kenya : Demand, User

Perception and Preferences in Nairobi, Mombasa and Kakamega, a paper supporting the Aide Memoire of December 19, 2000, Nairobi,

51 p.

GOVERNMENT OF KENYA. A Study of Option for Private Sector Participation in the Water and Sanitation Services of Nairobi, PSP

« plomber » durablement leur budget, sans compter les arriérés de paiement très difficiles à recouvrer jusqu’à présent.

V.

Emprunts et arriérés de paiement : qui sont

réellement les « mauvais-payeurs » ?

Les trois opérateurs sont confrontés à des arriérés de paiement importants. Les premiers débiteurs sont souvent les institutions qui n’honorent pas ou peu leurs factures, et ce depuis des années. C’est l’un des aspects auxquels essaient de s’attaquer les plans de rationalisation gestionnaire mis en place. Cela passe par des campagnes de déconnexions, souvent très délicates lorsqu’il s’agit d’hôpitaux, d’écoles ou encore de résidences de fonctionnaires (comme les casernes de l’armée ou de la police). D’autre part, les opérateurs eux-mêmes sont débiteurs : auprès d’entreprises de sous-traitance réalisant des travaux, auprès des bailleurs de fonds ou encore tout simplement auprès des fournisseurs d’électricité.

Les emprunts du WSD se montent à 51,5 millions d'US$ en juin 2001. Si on y ajoute les intérêts et les arriérés de paiement, on atteint la somme de 152,5 millions d'US$. En outre, le NCC est encore en train de rembourser les emprunts liés au « Troisième Projet Eau et Assainissement de Nairobi », ce qui absorbe en grande partie les rentrées d’argent du service d’eau. Ce dernier ne peut honorer la dette à long terme atteignant 9,5 milliards de shillings194.

Les comptes n'ont pas été mis à jour depuis 1998, et les derniers audits internes datent de 1996. Ainsi, les données disponibles pour la gestion sont confuses et nuisent au bon fonctionnement du WSD. Du fait de l’intégration prolongée (même si cela est moins vrai aujourd’hui) du service d’eau au sein du NCC, il est difficile de savoir à qui échoit le service des dettes contractées par l’un et par l’autre. Cependant les rares données disponibles sont inquiétantes quant à la dette accumulée par le service.

A Dar es Salaam, les institutions sont parmi les plus mauvais payeurs et leurs impayés constituent, selon V. Messer195 une part importante du déficit de la société. En 2003, lors du

passage de pouvoir à Citywaters, la DAWASA devait 6 millions de US$ à TANESCO, le fournisseur d’électricité, ce qui représentait environ un an d’arriéré de consommation et correspondait à une consommation d’environ 500 000 US$/mois196.

La LWSC n’est pas non plus exempte de dettes, mais la situation se complique en raison du nouveau montage juridique. Suite au changement de statut de l’opérateur, la municipalité a été décrétée propriétaire des infrastructures, tandis que la LWSC n’en est que l’exploitant. Pour cette raison, celle-ci loue les infrastructures à la municipalité 1,5 milliard de kwachas par an. Cette somme a été fixée arbitrairement par la municipalité et la LWSC éprouve quelques difficultés à rassembler une telle somme. Par contre, les infrastructures construites après l’établissement de la LWSC appartiennent à cette dernière et non à la municipalité. Il y a donc une certaine confusion en termes de propriété.

En ce qui concerne les indicateurs financiers, un audit réalisé par un bureau indépendant197

(Klynveld Peat Marwick Goerdeler) pour l’année 2000 nous laisse penser que la LWSC n’est pas en excellente santé économique. L’audit révèle que le passif de l’entreprise est supérieur à l’actif pour l’année financière 2000 de plus de 3 milliards de Kws, ce qui s’inscrit dans une tendance à long terme. C’est pourquoi le cabinet d’audit émet des doutes quant à la viabilité financière de la société. Cependant, il est mentionné que des plans d’amélioration des performances ont été mis en place. Effectivement, la LWSC s’est fixé ses propres objectifs de niveau de service, de fiabilité, de taux de recouvrement, etc. D’après M. Werchota, en charge d’un projet d’appui institutionnel au régulateur pour la GTZ, tous les indicateurs de

194 Ibidem.

195 Cela m’a également été confirmé lors d’un entretien avec M. Becker, directeur du consortium de Citywaters, Dar es Salaam, septembre 2003.

196 Idem.

performance de la LWSC sont à la baisse depuis sa création. Selon le cabinet d’audit, les problèmes de liquidité de la LWSC sont dus à une sous-capitalisation et au faible taux de recouvrement des factures. Selon le cabinet, l’existence de la compagnie tient à l’aide financière accordée par le LCC (« Lusaka City Council », municipalité de Lusaka), certaines banques et autres bailleurs. Pourtant selon d’autres sources, les subventions de fonctionnement venant du gouvernement auraient été supprimées. La LWSC a établi des indicateurs de performance précis pour chacune de ses divisions. Des plans d’amélioration des performances ont été introduits depuis 1995 et fixent des niveaux de service à atteindre. Les mesures qui ont été prises pour améliorer la rentabilité sont les suivantes :

→ Diminution des dettes par échange de celles-ci avec la compagnie d’électricité et le gouvernement (la LWSC et ces deux organismes sont endettés mutuellement, environ 8 millions de Kws pour ZESCO).

→ Amélioration de la facturation grâce à un fichier-clients plus fiable

→ Amélioration du taux de couverture en compteurs (objectif : 65% des branchements)

→ Réduction de l’eau non-comptabilisée

→ Déconnections

Malheureusement, je n’ai pas trouvé trace d’un suivi concernant ces objectifs de performance. Le régulateur, le NWASCO, comme je l’ai mentionné, organise le « bench-marking » : nous verrons quelle en est l’efficacité (voir partie IV).