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LES CARACTERISTIQUES DE LA CULTURE

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A- I LA CLINIQUE TRANSCULTURELLE

1.5 LES CARACTERISTIQUES DE LA CULTURE

1.5 LES CARACTERISTIQUES DE LA CULTURE

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Si en 1952, Kroeber et Kluckhonh ont recensé plus de trois cents définitions différentes du concept de culture, à aujourd’hui on compte presque autant de définitions que d’auteurs. Nous utilisons celles qui se rapprochent plus de notre pensée à ce sujet pour tracer les caractéristiques de la culture et la cerner pour la suite de ce travail.

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La culture est individuelle

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« La culture n’est pas réservée aux autres, elle vit en chacun de nous. (…) Elle est à l’inté-rieur de nous et autour de nous et elle remplit pour tous des fonctions d’humanisation et de structuration  » (Moro, 2004 ; 16). «  Il n’existe pas d’homme sans culture  » (Roheim, 1943). Ce qui définit l’homme en tant qu’être humain est d’être « possesseur de psychisme et de culture » (Devereux, 1953). « La culture met à la disposition de l’individu une grille de lecture du monde qui lui permet d’anticiper le sens de ce qui peut survenir et donc de maîtriser la violence de l’imprévu » (Moro et Baubet, 2003; 182). La construction du fonc-tionnement intrapsychique de l’individu passe nécessairement par la culture (Moro, 1998).

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La culture est collective

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Une culture est « la manière de vivre d’un groupe » (Maquet, 1949), ce qui organise toutes ses activités et structure sa vie sociale. La culture est partagée par le groupe et « définit des catégories qui permettent de lire le monde et de donner un sens aux événements. Se représenter c’est tailler dans le réel, c’est choisir des catégories communes pour percevoir le monde de manière ordonnée. Ces mondes fondent la pertinence des représentations pour un groupe donné » (Moro et Baubet, 2003; 182).

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La culture est plurielle

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Les cultures, les langues, les manières de faire, sont plurielles. Les cultures « ne constituent pas des essences séparées mais des formes d’expression différentes d’un (unique) universel » (Moro, 2004; 111). « La culture élargit la portée, la gamme, l'efficacité et l'appl-icabilité du comportement » (Devereux, 1953; 335).

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La culture est un système cohérent

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La culture est un système constitué d’interactions dynamiques entre plusieurs sous-sys-tèmes. Ses éléments constitutifs sont interdépendants et unis dans une cohérence. Tous sont formalisés par des représentations. « Un système culturel est constitué d’une langue, d’un système de parenté, d’un corpus de techniques et de manières de faire (la parure, la cuisine, les arts, les techniques de soins, les techniques de maternage…) » (Moro, 1994; 30). «  Tous ces éléments épars sont structurés de manière cohérente par des représentations» (Moro et Baubet, 2003; 182).

- La culture est un processus symbolique

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La culture est inscrite au plus profond de la psyché. Le vécu de la culture de chaque indi-vidu est singulier, complexe, multiple et mouvant (Moro, 1994). La culture est à la fois un cadre culturel externe et un cadre culturel intériorisé qui informe « le vécu, le perçu, le sen-ti » (Nathan, 1986). Ce cadre symbolique interne met à la disposition de l’individu une grille de lecture du monde (Moro, 1994). Pour cela il faut qu’il puisse s’appuyer sur un cadre cul-turel externe. « Les représentations culcul-turelles sont les interfaces entre le dedans et le de-hors, elles sont le résultat de l’appropriation par les individus de systèmes de pensée d’ori-gine culturelle. Elles permettent l’expérience subjective » (Moro et Baubet, 2003; 182).

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- La culture se transmet

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La culture est ce qui est transmis, acquis et incorporé pendant toute la vie d’un individu par chaque lien et relation avec l’autre. Avant même la naissance d’un bébé le processus de transmission culturelle est déjà en jeu (Patuard, 2007). Ce sont en premier les parents qui véhiculent cette transmission et ils le font de manière inconsciente et implicite. Kaës (1998) parle de deux modalités de transmission de la culture. Une serait non élaborative, passant par des « objets psychiques bruts » qui donnent lieux à la formation d’enclaves non élaborés. L’autre est une transmission transitionnelle qui permet l’appropriation subjective d’éléments élaborés dans un processus transformateur. Ce noyau culturel dur est appro-priée par chaque individu de manière syncrétique. La transmission culturelle, qui d’une génération à l’autre permet de l’identique, du même, concerne davantage les procédures et les logiques que les contenus (Moro, 1994). Elle se fait par des modalités spécifiques préco-ces qui passent par le corps, les soins à l’enfant, l’éducation, les modalités relationnelles établies.

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- La culture est explicite et implicite

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Les définitions de culture font souvent référence à la distinction entre « culture explicite » et «  culture implicite  » (Linton, 1945). La première (overt) comprend tous les éléments matériels et concrets de la vie d'un peuple : sa nourriture, son habitat, ses vêtements, ses armes, sa langue, ses danses, ses rites, ses réalisations artistiques, ses coutumes funéraires, etc. La deuxième (covert) est le système latent ou sous-jacent des représentations, des sen-timents, des valeurs et des normes qui donne son unité et son sens à la culture explicite. Les modèles de normalité et anormalité par exemple (Devereux, 1956-1970) sont pure-ment implicites, suivant une logique imposée par la culture. La culture, dans ces aspects

tant explicites qu’implicites, subit des modifications face à l’histoire, véhiculant les uns la transformation des autres.

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La culture est dynamique

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La culture est un « système instable et ouvert, en perpétuelle transformation et qui pour-tant d’une génération à l’autre semble transmettre suffisamment d’invariants pour que malgré les changements on retrouve de l’identique, du même  » (Moro, 2004, p.17). «  Le changement est le mode d’être de la culture » (Dahoun, 2005; 212). Dans ce processus de création continue «  le sujet incorpore les représentations culturelles, et, les retravaille à partir de ses propres mouvements, ses conflits internes et ses traits de personnalité  » (Moro et Baubet, 2003; 182). Psychisme et culture sont en rapport dy-namique, il s’agit d’un « processus de création continue » (Dahoun, 2005, 211).

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La culture est dispensatrice de modèles et de sens

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La culture prescrit des règles, des limites et des codes. Aussi elle indique le permis et l’inte-rdit (Ruiz Correa, 1998; 160). Dans chaque culture coexistent des “modèles de normalité ” et des “modèles d’inconduite” décrit par Linton (1936. In : Nathan, 1986; 105), c’est-à-dire « des manières normales d’être “normal” et des manières normales d’être “anormal” ». « La culture est un système logique qui permet les comparaisons et par là même, il est généra-teur de sens. Il permet de sortir du chaos et de l’absurde » (Moro, 2004; 17). « Elle propose un réseau d’énoncés, de croyances, de mythes, de légendes, de représentations et de chaînes associatives » (Rouchon, 2007; 20).

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