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APPROCHE SYSTEMIQUE DU DESSIN D’ENFANT

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A- II : LE DESSIN D’ENFANT 7

4. APPROCHE SYSTEMIQUE DU DESSIN D’ENFANT

4. APPROCHE SYSTEMIQUE DU DESSIN D’ENFANT

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Les pionniers de la thérapie familiale systémique donnaient beaucoup d’importance aux jeux d’enfant et avec l’enfant. Ainsi, Gregory Bateson (1956-1972-1979) voyait dans le jeu un espace « d’entrainement » des capacités méta-communicatives. À la base du jeu il y au-rait un paradoxe : tous les messages échangés dans le cadre communicatif ainsi crée, ne correspondent pas à la réalité. Tout ce qui est dit et fait dans le contexte de ‘’ceci est un jeu’’ a une signification qui consiste à communiquer sur quelque chose qui n’existe pas. Dans le

jeu, les enfants agissent dans un monde qui fait référence à une réalité fictive, celle de leur imagination, où ils se portent comme si ce monde était vrai. Salvador Minuchin (1974) a repris les idées de Bateson dans sa pratique avec les familles. Pour jouer avec les enfants, il s’assoit par terre avec eux et il établit, de ce fait, un contact corporel de proximité tout en montrant un modèle possible aux parents. Ainsi pratiquait Virginia Satir (1964) dans ses séances suggestives avec les familles. Elle joue avec les enfants en valorisant les émotions, utilisant le corps et le contact physique, les gestes d’affections à transférer à tout membre de la famille. Elle focalise sa théorie sur l’idée que le non-verbal (le jeu par exemple) est l’une des composantes les plus importantes pour aider à communiquer en un langage al-ternatif plus adapté pour exprimer des sentiments très profonds. Carl Whitaker (1984-1989) dans son utilisation du jeu en séance, va encore plus loin. Il rentre en relation avec les en-fants à travers la créativité, notamment l’absurde. Pendant les séances familiales, il « nor-malise » (Ackerman, 1938*) et valorise les symptômes des enfants puisqu’ils offrent la pos-sibilité d’en comprendre le monde affectif. Ainsi, le jeu est le lieu d’observation des échan-ges et des liens familiaux par excellence. Maurizio Andolfi (1977-2009), fondateur de l’école romaine de thérapie familiale, a donné une importance particulière à la sécurité d l’enfant. La famille est pour lui un système émotionnel qui a une histoire sur au moins trois généra-tions. L’histoire individuelle du symptôme ne prend valeur qu’à travers l’histoire pluri-géné-rationnelle du symptôme même. L’analyser et la jouer en séance permet d’en élaborer les significations et libérer l’enfant de l’insécurité qui pèse sur lui. Il insiste tout particulière-ment sur la nécessité de prendre position et de se rapprocher avec une certaine chaleur des patients, pour « faire tomber les murs » (Andolfi et al., 1982; 27*). Ainsi, il donne une place centrale à l’enfant et à ses productions, pour lui permettre de s’exprimer. Andolfi (2009) parle de « langage magique » des enfants. Un « bon thérapeute » doit alors se ren-dre disponible pour accueillir les composantes « symboliques/magiques » du jeu enfantin. Selon cette approche, l’enfant est une ressource indispensable dans le cadre de la séance. Il est « l’expert des relations de couple, avec ses oppositions silencieuses ou manifestes, avec le chaos qu’il génère, avec les commentaires inattendus quand il semble pris par autres ac-tivités, avec son langage accessible à tous, avec son non verbal éloquent » (Pratelli, 2012; 17*). En thérapie familiale, c’est l’enfant qui ouvre aux thérapeutes les portes du roman fa-milial, lui qui dévoile les secrets et exprime les désirs les plus indicibles (Ibid.). En fait, selon certains auteurs, l’enfant serait souvent « piégé dans la toile tissée par les liens fa-miliaux  » (Sameroff et al., 2004; 49*), à tel point qu’il est obligé de crier à l’aide à sa manière. Ce cri, explicite ou étouffé, s’exprime par des signaux de malaise ou par des

véri-tables symptômes. Dans tous cas, la demande d’aide de l’enfant est toujours la voix qui con-tient les émotions du mal-être du système entier (Sameroff et al., 2004).

Selon cette approche, le travail avec la famille ne peut que passer par le jeu, besoin irrem-plaçable de l’enfant. Les différents spécialistes ont théorisé de nombreux outils, comme le bac de sable (sand play therapy, Kalff, 1966), ou d’autres matériaux ludiques (graphiques, ludiques, poupées et peluches, jeux de construction ou de ‘’maison’’, animaux, personnages, etc.). Ils ont ainsi tracé des grilles d’observation pour évaluer le jeu de l’enfant et de la famille pendant les séances. Ainsi, l’analyse du jeu ne passe pas forcement par les disloca-tions d’objets ou les significadisloca-tions des formes. L’observation se focalise davantage sur les « liens symboliques du jeu en lui-même, les émotions et les contenus qu’il amène » (Pratel-li, 2012; 58*). Ces observations tiennent compte de la chorégraphie, de l’analyse descriptive, des composants affectif, cognitif et symbolique (Kernberg, 1994). Tous ces indicateurs sont utilisés par les thérapeutes pour poser un diagnostic sur le degré de souffrance de l’enfant et de la famille ainsi que pour établir des objectifs thérapeutique adaptés. Les jeux utilisés selon l’approche systémique sont nombreux. Certains sont préconçus, d’autres sont inven-tés par les thérapeutes dans l’ici et maintenant de la séance. Le travail avec les enfants est avant tout un «  travail d’imagination  » où le clinicien met sa fantaisie à disposition de l’enfant (Pratelli, 2012; 72*). Le dessin fait partie des jeux possibles, le matériel pour dessiner est toujours disponible dans la salle thérapeutique. Pour l’enfant, le dessin tout comme le jeu, est précieux puisqu’il est « un espace libre à remplir, qui accueillie et con-tient, qui permet de montrer ses compétences et de tisser le lien aux autres, qui raconte expériences et émotions » (Pradelli, 2012; 91*).

Si parfois, en thérapie systémique, le dessin libre est utilisé, le plus souvent il est dirigé (dessin de la figure humaine (Machover, 1949), dessin de l’intérieur de la maison, dessin de la famille (Porot, 1952 et Corman, 1967), le dessin conjoint (Cigoli, 1998), le dessin du cou-ple). L’analyse du dessin, selon cette approche, n’utilise pas une méthode particulière. L’in-terprétation consiste à formuler des hypothèses sur l’enfant en les adressant à la famille. Dans ces restituions, la production enfantine est toujours appréciée pour mettre en valeur le processus et la modalité exécutive. Le dessin libre, produit pendant la séance, offre plusieurs points intéressants à la communication thérapeutique (Pratelli, 2012; 93*). Il permet de faire exprimer l’enfant par la parole, pour raconter ce qu’il a dessiné. Il lui per-met aussi de s’exprimer sans la parole, pour discuter avec les parents des significations des dessins et analyser les associations libres de chaque membre de la famille sur les produc-tions enfantines. Le dessin en séance, offre aussi la possibilité à l’enfant de s’exprimer en passant par le thérapeute qui analyse le dessin pour dire quelque chose à la famille.

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