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Les Amazones-épouses, un autre motif à succès

3. Le mariage de la travestie

3.1. Les Amazones-épouses, un autre motif à succès

Au miroir de la lutte armée entre le guerrier et la travestie se reflète la lutte érotique, les deux s’affrontant dans un duel amoureux qui se conclut, si la rencontre aboutit, par leur union. Une ambivalence de la lutte où semblent se révéler les liens entre eros et thanatos, une relation ancienne qui est attestée dès l’époque archaïque.

Au cœur du chant guerrier par excellence se retrouve cette ambivalence de la lutte, sans être propre à l’opposition du guerrier et de la travestie. En effet, dans l’Iliade apparaît nettement une forme d’érotisation du combat et de la mort : les hommes ont la peau belle (kalê), délicate (hapalê), douce (tereina), blanche (leirioessa), qualificatifs qui féminisent les héros, semblables à une parthenos, rendant compte de leur propre fragilité tout en révélant également le potentiel érotique de ces guerriers, devenant eux-mêmes ces objets d’admiration à conquérir . Premier parallélisme entre la guerre et la rencontre amoureuse qui est renforcé 472 par l’usage du terme hê oaristus : si le terme est construit sur le verbe oarizô, « causer, jaser », le substantif renvoie à la rencontre, autant amoureuse que guerrière. Le verbe est en effet employé au chant VI, à la suite des adieux du couple d’Andromaque et Hector sur les remparts de Troie, le héros s’éloignant « de l’endroit où il avait causé avec sa femme (oarize gunaiki) » , appelant ainsi à son sens intime, renvoyant à la 473 rencontre des amant·e·s . Pour autant, le substantif est également employé au chant XIII, au cours d’une 474 conversation entre Idoménée et Mérion, durant laquelle sont vantés les mérites de Mérion qui se bat, loin d’être lâche, parmi les « camarades des guerriers des premiers rangs (meta promakhôn oaristun) » , 475 renvoyant dès lors aux guerriers qui vont sans détour à la rencontre, cette fois, guerrière. Ainsi l’Iliade mêle, au cœur du combat, le langage érotique, créant une ambivalence entre deux luttes qui se terminent par la soumission de l’autre, soit par la violence armée soit par la violence sexuelle . Une ambivalence qui ne 476 s'incarne aussi spectaculairement que dans un épisode déjà invoqué de multiples fois : la rencontre du héros et de l’Amazone.

Celle-ci porte en elle toute l’ambivalence de la guerre et de l’érotisme, en cela qu’elle répond à l’ambivalence inhérente à la nature de l’Amazone. Un motif qui apparaît également dès l’époque archaïque avec le mythe d’Achille et Penthésilée : si l’œuvre de l’Éthiopide nous est perdue, nous connaissons le 477 mythe grâce au Pseudo-Apollodore qui raconte comment Achille, après avoir tué l’Amazone Penthésilée, tombe amoureux d’elle. Il est intéressant de voir que, dans ce récit, se réunit à la fois la rencontre guerrière, les deux adversaires se battant en tant qu’égaux (virils) sur le champ de bataille, et la rencontre amoureuse, puisque, une fois morte, le corps (féminin) révélé, apparaît le potentiel érotique de Penthésilée. Néanmoins, autour de la question de la maîtrise de la travestie, le mythe de Penthésilée se place nettement du côté de la

Hélène MONSACRÉ, Les larmes d’Achille : Le héros, la femme et la souffrance dans la poésie d’Homère, Paris, Albin

472

Michel, 1984, p.65.

HOMÈRE, Iliade, Chant VI, v.516.

473

Un usage confirmé également au chant XIV de l’Iliade, lorsque Héra demande la ceinture d’or d’Aphrodite qui

474

enferme la tendresse (philotês), le désir (himeros) et les entretiens trompeurs (oaristus parphasis) afin de séduire son époux Zeus, et le tromper pour pouvoir aider les Achéens ; elle-même se rend ainsi à un entretien intime, qui prend toutefois des allures de lutte, un combat sexuel où la femme s’arme de ses parures et de ses charmes pour vaincre, cf.

HOMÈRE, Iliade, Chant XIV, v.166-221.

HOMÈRE, Iliade, Chant XIII, v.291.

475

Hélène MONSACRÉ, Les larmes d’Achille : Le héros, la femme et la souffrance dans la poésie d’Homère, op. cit.,

476

p.66.

cf. Supra p.33-34.

477

mise à mort, vaincue par l’arme de bronze. Mais déjà s’entrevoit le pendant érotique de la mise sous contrôle : une fois la nature de femme révélée aux yeux du héros, nous passons du côté de l’eros, et dès lors aurait pu se dérouler une maîtrise par le mariage et l’union — il est toutefois trop tard pour Penthésilée.

Cependant, d’autres Amazones passent par ce nouveau joug (sexuel), et notamment Antiope.

Nous avons déjà précisé qu’Antiope incarne, à nos yeux, ce nouveau paradigme de l’Amazone : elle est 478 d’abord inscrite dans sa féminité, étant moins perçue comme une guerrière « égale aux hommes » qu’une potentielle épouse et mère de famille. Ce mythe apparaît plus tardivement que celui des Amazones antianeirai de l'Iliade ou de Penthésilée, se développant au courant du VIe siècle avant J.-C., et s’ancrant pleinement dans la mémoire collective au cours du Ve siècle avant J.-C. — devenant mythe de propagande athénienne à la suite des guerres médiques. En cela se marque une rupture progressive avec la morale épique, permettant ce nouveau développement de l’Amazone — érotisée et épousée — qui s’incarne dans le mythe d’Antiope . Et si cette dernière est encore caractérisée, notamment chez Diodore de Sicile , dans son 479 480 ambivalence d’Amazone virile, elle prend peu à peu des allures de plus en plus féminines. Et lorsque l'on se tourne vers le Ier siècle après J.-C., du côté des biographies légendaires écrites par Plutarque, et plus particulièrement celle de Thésée, il est intéressant de noter que la transformation d’Antiope est complète.

Dans sa Vie de Thésée, Plutarque écrit une biographie du héros légendaire d’Athènes, compilant différentes sources de manière à « obliger la fable, épurée par la raison, à se soumettre à elle et à prendre l’aspect de l’histoire ! » Ainsi, lorsqu’il raconte l’enlèvement d’Antiope, il rapporte différentes versions 481

— tout en portant un jugement de valeur sur chacune. Si, d’une part, Thésée récupère Antiope au cours de l'expédition d’Héraclès contre les Amazones en tant que don pour honorer sa valeur , Plutarque préfère, 482 d’autre part, la version des historiens selon laquelle « Thésée partit avec une flotte à lui et fit prisonnière l’Amazone. » Il rapporte également une troisième version, attribuée à Bion, selon laquelle : 483

[Thésée] l’enleva par la ruse : d’après [Bion], les Amazones, qui aiment naturellement les hommes (tas Amazonas philandrous), loin de s’enfuir quand Thésée aborda dans leur pays, lui envoyèrent même des présents d’hospitalité ; il engagea celle qui les lui apportait à monter dans son vaisseau et, dès qu’elle y fut montée, il gagna le large (anakhthênai). 484

Il est ici intéressant de voir comment apparaissent les Amazones : loin sont les Amazones antianeirai de l’Athènes classique, « hostiles à l’homme », encore plus loin sont les Amazones qui « n’étaient guère accueillantes ni respectueuses des lois » d’Apollonios de Rhodes. Au contraire nous faisons face ici à des 485 Amazones accueillantes pour les étrangers, mais plus encore, « [aimant] naturellement les hommes », sous-entendant leur goût pour l’union sexuelle, cherchant naturellement à s’accomplir en tant qu’épouse et mère.

Nouveau paradigme de l’Amazone, l’enlèvement d’Antiope s’inscrit pleinement dans cet accomplissement en tant que gunê : en effet, le fait qu’il la capture par la ruse, qu’il l’enlève à sa patrie, n’est qu’une

cf. Supra p.34-36.

478

Josine Henriëtte BLOK, The Early Amazons : Modern and Ancient Perspectives on a Persistent Myth, op. cit., p.422.

479

cf. Supra p.35-36.

480

PLUTARQUE, Vie de Thésée, 1, 5.

481

cf. Ibid., 26, 1.

482

Ibid., 26, 1.

483

Ibid., 26, 2.

484

APOLLONIOSDE RHODES, Argonautiques, Chant II, v.987.

485

ritualisation du mariage, la violence du rapt intégrant les représentations classiques du mariage grec dans les mythes . Ainsi nous avons un prélude au mariage de Thésée et de l’Amazone qu'il vient d’enlever, Antiope 486

— prélude confirmé par l’emploi du verbe anagô qui se traduit par « conduire par la mer », mais derrière lequel se cache également une seconde traduction, « emmener une femme », qui vient ajouter la tonalité de l’union, l’homme emmenant la femme loin de sa terre pour l’intégrer à la sienne, à son oikos. Le texte de Plutarque présente dès lors Antiope dans une attitude purement féminine, avant tout passive, et qu’elle soit 487 une Amazone n’empêche pas Thésée de l’enlever.

Le reste du récit ne se départ pas de cette Antiope féminine : au contraire, le charme de l’Amazone

— encore que se pose la question de savoir si elle est en toujours une — frappe encore, provoquant le désir d'un compagnon de Thésée, selon le récit d'un certain Ménécratès. Et tandis que le secret de cet amour est dévoilé à Antiope, « celle-ci [repousse] vivement cette tentative de séduction, mais [prend] la chose avec prudence et douceur et ne la [révèle] pas à Thésée. » Non seulement elle est qualifiée par le désir qu’elle 488 provoque, le charme qu’elle dégage — qui l’ancrent pleinement dans la féminité —, mais en plus s’ajoutent des qualités pleinement féminines, telles que la prudence (sophrosunê) et la douceur (praôs). En cela Antiope est moins une Amazone que la femme de Thésée, enlevée par celui-ci, maîtrisée par ce héros auquel elle appartient maintenant. Si ce récit de l’amour de Soloïs pour Antiope est un mythe étiologique, racontant l’origine du nom du fleuve Soloïs — le jeune homme s’étant suicidé en se noyant à la suite du refus d’Antiope —, il vient également ancrer Antiope dans ce nouveau paradigme de l'Amazone, épouse et mère.

Vivant dès lors une vie rangée de femme, Antiope disparaît des combats : bien que son enlèvement soit à l'origine de la bataille d'Athènes contre les Amazones, Antiope n’y tient qu'un rôle limité, apparaissant à la fin de la guerre. Un chapitre complet est destiné au récit de la guerre contre les Amazones et, alors que celles-ci se battent virilement, la femme de Thésée intervient au moment de signer la paix entre les deux partis. Passive, elle sert de lien entre les Amazones et sa nouvelle patrie, elle qui est maintenant désignée comme « l’Amazone qui vivait avec Thésée (tê tô Thêsei sunoikousan) » — encore faut-il noter que, en 489 grec, le terme « Amazone » n’est pas utilisé dans cette périphrase. Plutarque associe Antiope à un rôle pacifiste, en tant qu’épouse du roi, loin de la virilité armée des Amazones archaïques. Et il semble bien plus valoriser les versions où la femme de Thésée est confinée à un rôle passif :

D’aucuns disent que cette femme (tên anthrôpon), combattant dans l’armée de Thésée, fut tuée d’un coup de javelot par Molpadia, et que c’est sur sa tombe qu’est placée la stèle qu’on voit près du sanctuaire de la Terre Olympienne. Au reste, dans des événements si anciens, ces incertitudes de l’histoire n’ont rien d’étonnant. 490

S’il rapporte une version où Antiope s’arme, renouant avec ses origines d’Amazone, pour se battre parmi l’armée de Thésée, il semble y accorder peu de valeur, mettant en doute sa véracité, d’autant qu’elle sied peu à l’image traditionnelle de la femme — d’ailleurs, l’usage du terme anthrôpos et non gunê laisse voir une Claude CALAME, L’Éros dans la Grèce antique, op. cit., p.136. Voir notamment : Hymne homérique à Déméter où

486

est raconté le récit de l'enlèvement de Coré par Hadès, paradigme du mariage et de ses rites (et violences).

Notons que l’attribution de ce récit à Bion de Smyrne nous permet de dater cette version du IIIe siècle avant J.-C.,

487

remontant au moins à l'époque hellénistique.

PLUTARQUE, Vie de Thésée, 26, 4.

488

Ibid., 27, 5 : ici, Antiope est nommée Hippolytè, car Plutarque suit une version de Clidémos selon laquelle la femme

489

Amazone de Thésée se nomme Hippolytè.

Ibid., 27, 6.

490

neutralisation du genre de l’Amazone, ho anthrôpos désignant indifféremment les hommes et les femmes.

Au contraire, tout le texte de Plutarque et les versions choisies tendent à vider Antiope de sa substance d’Amazone, son ambivalence première du masculin et du féminin, pour ne lui laisser qu'une féminité, somme toute, traditionnelle. Ainsi elle est une femme, capable de provoquer le désir de l'homme, belle, douce et prudente, enlevée selon les schémas mythiques traditionnels du mariage, devenant dès lors la femme de Thésée. La violence de ces pratiques maritales traduisent pleinement la violente répression de l’Amazone, soumise à l’homme, celui-ci maîtrisant la travestie pour la faire rentrer dans le canon féminin grec : une épouse et une mère.

Plutarque remet finalement en doute toutes les versions faisant d’Antiope une Amazone virile, jusqu’à celle de sa mort par le bronze :

D’après l’auteur du poème de la Théséide, la cause de l'entrée en guerre des Amazones aurait été le mariage de Thésée avec Phèdre, et Antiope, avec ses Amazones, aurait attaqué Thésée pour se venger de lui, mais elles auraient été tuées par Héraclès. Ce récit est manifestement une fable (muthô), une pure fiction. Thésée n’épousa Phèdre qu’après la mort d’Antiope, dont il avait un fils, Hippolytè, que Pindare appelle Démophon. 491

En rejetant cette dernière version du côté du mythe, du récit mensonger, Plutarque nie à Antiope tout recours à sa virilité d’Amazone possible. Au contraire, l’ellipse autour de sa mort laisse une image finale d’Antiope comme une gunê accomplie par son mariage avec Thésée, l’ayant rendu mère d’Hippolyte. Si elle finit sa vie sans gloire héroïque, du moins elle finit sa vie en tant que femme, replacée dans les voies traditionnelles de la féminité par ce mariage de l’Amazone et du héros.

Un nouveau paradigme qui ne date toutefois pas du Ier siècle après J.-C., apparaissant en même temps que le développement du mythe d’Antiope. Néanmoins, nous le retrouvons également attesté au-delà de celui-ci, dans un texte du Ve siècle avant J.-C., où sont mises en scène des Amazones dans un récit pourtant dit historiographique : Hérodote, au cours de son Enquête, s’intéresse à un peuple, les Sauromates considéré·e·s comme les descendant·e·s des Amazones antiques . Derrière la description des Amazones de Scythie 492 s’énonce clairement l’arrière-plan mythologique des Amazones antianeirai493. Ainsi nous renouons avec les femmes viriles bien connues, peuple de guerrières armées, peu enclines à vivre avec les hommes, capables d’exploits virils à l’égal des grands héros masculins. Le récit débute avec la bataille des Grecs contre les Amazones au Thermodon où, vaincues, les femmes sont enlevées par les hommes — peut-être se dévoile ici une première tentative pour maîtriser l’Amazone par le mariage ; toutefois, une fois sur le bateau, les Amazones viriles massacrent les hommes ; s’ensuit un naufrage, celles-ci ne sachant naviguer, arrivant dès lors en terre scythe où, armées, elles se mettent à piller les terres . Une agression qui engage une réponse de 494 la part des Scythes, une réaction intéressante du fait qu’elle intègre la notion de double maîtrise de la femme virile. En effet, Hérodote raconte comme telle la suite des événements :

PLUTARQUE, Vie de Thésée, 28, 1-2.

491

D’ailleurs, c’est à cause de cette ascendance qu'iels gardent des rites de travestissement, notamment dans le cadre du

492

mariage de la jeune fille, cf. Supra p.78-79.

Violaine SEBILLOTTE CUCHET, « Femmes et guerrières, les Amazones de Scythie (Hérodote, IV, 110-117) », art. cit.,

493

p.173.

cf. HÉRODOTE, Enquête, IV, 110.

494

Les Scythes ne pouvaient s’expliquer l’événement, car ils ne connaissaient ni la langue ni le costume ni le peuple des Amazones, et ils se demandaient avec étonnement d’où elles venaient. Ils les prenaient pour des hommes du même âge, et engagèrent contre elles le combat ; mais, s’étant, à l’issue du combat, emparés de cadavres, ils reconnurent que c’était des femmes. Ils se consultèrent donc, et décidèrent de ne plus les tuer en aucune façon, mais d’envoyer vers elles les plus jeunes d'entre eux, autant qu'il leur sembla y avoir de ces femmes […]. Les Scythes prirent cette décision, parce qu’ils voulaient voir naître d'elles des enfants. 495

Faisant face à des êtres virils, la première réaction des Scythes est de prendre les armes, se battant sur le champ du masculin. Ils prennent les Amazones pour des hommes et, de fait, s’explique leur réponse : à une nature masculine s’oppose l’arme masculine. Néanmoins, dès le corps dévoilé, reconnaissant (à partir des cadavres) des femmes, la réponse à ces intruses change : en tant que telles, elles sont dès lors perçues sous l’angle de la féminité, c’est-à-dire sous l’ordre du corps érotique, du désir et surtout, de la procréation . À 496 partir de là, les Scythes abandonnent les armes et, pour conquérir les Amazones, ils engagent une forme de parade nuptiale : campant à proximité, ils les fuient si elles les attaquent, ou restent à côté si elles ne font rien. Lente séduction, ou plutôt lent apprivoisement, les Amazones finissent par se laisser approcher, et même séduire . Dès qu’elles s’unissent aux hommes, elles intègrent un ordre commun : celui du foyer 497 marital, renouant avec les voies de la féminité . 498

Dans ce dernier exemple, il est intéressant de voir la modification du rapport de l’homme face à la femme virile. Perçue dans sa nature masculine, armée et virile, celle-ci appelle une réponse armée, l’homme assurant sa supériorité en la mettant à mort, néanmoins, dès qu’elle est perçue dans sa nature féminine, son corps devient désirable — en tant que corps érotique mais également en tant que corps procréateur —, appelant dès lors à une domination d’ordre sexuel, à la domestication par le mariage. En cela, l’homme fait réintégrer la travestie dans l’ordre dit naturel des choses, dans la voie de la gunê, de l’épouse et de la mère.

Une maîtrise par le mariage qui éclaire dès lors de nombreux mythes de travesties.