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3. Hypothèses et orientations de recherche : territoires et approches d’évaluations de la

3.1 Le territoire d’évaluation de la pollution phytosanitaire diffuse

Le territoire n’est pas un concept spécifique à la géographie. Il s’agit d’une approche transdisciplinaire, utilisée par de nombreux acteurs économiques, sociaux et politiques (Leile 1986). En revanche. L’espace est l’entrée principale des géographies au territoire notamment pour les partisans de la logique de l’analyse spatiale (Colin 2000), de l’organisation de l’espace géographique (Brunet et al. 1992), d’aménagement de l’espace (Leile 19986).

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26 L’analyse du territoire, en tant qu’espace structuré, géré et perçu par des acteurs permet une évaluation de la pollution phytosanitaire diffuse d’origine agricole.

3.1.1 L’espace structuré, dimension matérielle du territoire

Notre vision de l’espace comme dimension matérielle du territoire correspond à celle du géographe. L’espace géographique est défini comme « un tout complexe formé d’éléments visibles: les lieux, les réseaux, les espacements et d’éléments invisibles, les inter-relations entre les lieux qui constituent sa structure (Voiron et Chéry 2005). De cette vision, il ressort que l’espace est un objet réel où interagissent des écosystèmes naturels et des systèmes d’activités agricoles (Deffontaines et al. 1996). Cet espace présente des caractéristiques naturelles, climat, hydrographie, topographie, géologie, pédologie, etc. Ces particularités matérielles du territoire sont des déterminants des pratiques agricoles et ainsi de la pollution phytosanitaire diffuse. Ce territoire dont l’espace géographique est une composante fondamentale est une entité mesurable « Espace à métrique topographique » (Levy et Lussault 2003) qui peut être découpé en unités spatiales (parcelle, bassin versant, etc) dont les propriétés géométriques notamment les coordonnées géographiques (latitude et longitude), les formes varient selon les types de spatialisations. Ce territoire en tant qu’espace métrique est un élément qui occupe une place importante dans les travaux de géographie, notamment ceux d’analyse des formes des paysages agraires, de description des outils de productions agricoles, de l’utilisation du sol et des systèmes de productions agricoles (Renard et Picouet 1993), ainsi que dans les travaux sur les fonciers comme composante fondamentale de l’exploitation agricole et déterminant des pratiques spatiales (Croix 1993; Brunet 2000 ;Croix, 1993 ; Brunet 2000 et Levy et Lussault 2003). Mais un territoire est composé d’une approche spatiale et d’une approche sociale (Levy et Lussault 2003). Le territoire est aussi un espace géré par des acteurs.

3.1.2 Le territoire est un espace géré par des acteurs

On retrouve sur le territoire des lignes, des points et des surfaces, représentatifs de la composante spatiale, mais aussi des acteurs, réunis au sein de la composante sociale. Ce sont souvent les acteurs qui déterminent le territoire (Lévy 1999). D’après cette vision, il ressort que le territoire est aussi un espace organisé autour des éléments structurants où interagissent des acteurs sociaux régis par des rapports de forces, de hiérarchie, de complémentarité, etc, donnant ainsi une dimension organisationnelle au territoire. En d’autres termes, l’espace géré peut correspondre aux systèmes d’activités, aux méthodes de gestion et d’aménagement de l’espace géographique qu’il soit continu ou dispersé. Cet espace géré peut être organisé en réseaux « un tel espace est un ensemble de relations sociales spatialisées » (Frémont 1984). Dans ce sens le territoire est un espace d’expression et de dialogue entre différents types d’acteurs pour faire des accords ou gérer des conflits dus à des rapports de force ou d’iniquités spatiales et sociales.

La mise en place de nouvelles stratégies de gestion est le résultat d’un processus participatif qui se réalise suite à des concertations et des négociations entre différents acteurs du territoire. Cependant « l’espace géographique est fait de superpositions, d'interférences plus que de limites». Ce qui pose le problème de limites d’un territoire à gérer, du fait que tout espace délimité n’est pas forcément un système territorial ou lieu de décision. Les processus de décentralisation, déconcentration et développement local conditionnent les systèmes de gestion et de planification des activités sur le territoire. L’espace géré est celui des unités administratives de l’État décentralisé (Sack 1997). Ces limites administratives ne

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27 correspondent toujours pas aux limites topographiques de l’espace géré. Ainsi le territoire est une représentation. Cette nouvelle vision du territoire nous amène au paragraphe suivant : le territoire est un espace perçu et représenté.

3.1.3 Le territoire est un espace perçu et représenté

Comme le précise (Di Méo 1998) « le territoire est souvent abstrait, idéal, vécu et ressenti plus que visuellement repéré ». D’après cet auteur, le territoire constitue un système issu des représentations faits d’acteurs suivant leurs perceptions d’un paysage ou d’une organisation spatiale (Fourny 1995). Ces représentations permettent aux acteurs d’avoir « le sentiment d’appartenance et d’adhésion à un projet » (Poulle et Gorgeu 1997). Cela induit une appropriation de l’espace par les acteurs. Les deux phénomènes de l’appartenance et de l’appropriation sont indissociables dans la conception d’un territoire comme système d’acteurs: « le monde est institué par les individus en fonction de leurs actions et de leurs intentions » (Debarbieux 1999). Dans ce cas, le territoire peut se réduire à des réseaux d’acteurs (Lévy 1999). Dans le cas de la pollution diffuse d’origine agricole les réseaux d’acteurs impliqués dans une action territoriale sont nombreux et diversifiés : État, collectivités locales, agriculteurs, etc. Cette conception du territoire comme espace représenté a été utilisé par les géographes dans des analyses socio-écologiques des rapports des sociétés à leur milieu (Auriac 1986; Bonnamour 1993). Ces représentations ont permis de révéler le rôle des acteurs dans la production sociale et le rôle du milieu sur l’interprétation faite par ces acteurs (Soulard 1999). Notre étude nous permettra de comprendre les logiques et les stratégies des agriculteurs dans la gestion des exploitations et des pratiques phytosanitaires. De ces définitions du territoire, il ressort que celui-ci est une construction intellectuelle (Le Moigne 1984). Il s’agit d’un tout complexe (De Rosnay 1975) et rétroactif, composé de sous- systèmes (espace géographique, système social). Brunet (1997) précise que « le territoire tient à la projection sur un espace donné des structures spécifiques d’un groupe humain, qui incluent le mode de découpage et de gestion de l’espace et l’aménagement de cet espace. Il contribue en retour à fonder cette spécificité, à conforter le sentiment d’appartenance ». Dans le sous-système espace géographique les unités spatiales emboitées nécessite une analyse pour savoir si le territoire est composé d’une unité spatiale ou une intégration de nombreuses unités spatiales emboités ?

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