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PARTIE III. UNE EXPERIENCE DE CO-CONSTRUCTION D’UN MODELE

1. Diversité des itinéraires techniques et des assolements

1.1 Cultures sucrières : la canne et la betterave à sucre

Au niveau du bassin versant de la Merja Zerga les cultures sucrières pratiquées sont la canne à sucre et la betterave à sucre. L’analyse des enquêtes de terrain a révélé que 5 exploitants sur les 65 enquêtés pratiquent la culture de la betterave à sucre et 11 agriculteurs pratiquent la culture de la canne à sucre, soient respectivement 8 % et 17 % de l’effectif d’agriculteurs enquêté. En revanche aucun d’entre eux ne pratiquent les deux cultures en même temps. Le taux plus élevé d’agriculteurs pratiquant la culture de la canne à sucre est due à la non- maitrise des traitements, en ce qui concerne la betterave à sucre, contre une gamme de maladies et ravageurs en l’occurrence le Cléon Mendiant. Cela peut aussi être expliqué par les conditions pédoclimatique. Sur des sols lourds, la canne à sucre réalise des performances techniques considérables en comparaison à la betterave à sucre. La betterave à sucre est sujette aux risques d’asphyxiées en cas de forte pluie après une irrigation.

Chapitre IX

171 1.1.1 Conduite technique et consommation en pesticides

Les betteraves sucrières sont caractérisées par une croissance lente et une fermeture tardive des rangs. Il est donc important que la concurrence des adventices reste faible entre le stade 2 et 6 feuilles de la betterave sucrière. Des pertes totales peuvent survenir si aucune mesure de contrôle des adventices n’est appliquée en raison de la faible capacité de concurrence de la betterave sucrière au stade juvénile. Au niveau du bassin versant de la Merja Zerga, la lutte contre les adventices se fait manuellement par une main d’œuvre salariale ou familiale. Les besoins en main-d’œuvre pour la lutte manuelle contre les adventices sont l’élément décisif de la rentabilité économique de la culture de betterave à sucre. Pour minimiser le coût de la main d’œuvre un des cinq agriculteurs a recours à des traitements herbicides.

En revanche les insectes et les maladies fongiques exigent des traitements phytosanitaires. Les altises, les tipules, les limaces, les dégâts de casside et le pied noir sont les plus grands problèmes dans le domaine de la protection phytosanitaire de la betterave à sucre. Selon les modalités de conduites de la betterave à sucre trois types de produits phytosanitaires (insecticide, fongicide et herbicide) sont utilisés. Suivant l’utilisation des phytosanitaires, l’analyse des itinéraires techniques pratiqués par les agriculteurs enquêtés montre que la culture est conduite suivant deux types: un ITK à bas intrants représenté par ITK du BAS 11 et un ITK à fort intrant représenté par le BAS 19 (annexe 5).

En comparant les ITK de la betterave à sucre à celle de la canne à sucre on constate qu’elle nécessite peu de phytosanitaires, essentiellement des herbicides. Ceci est le résultat d’un recours à des résistances variétales (Allali et Enahari 2001; Aabad 2008). Les produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs enquêtés sont au nombre de quatre : un fongicide avec deux matière actives (Carbendazime et Flutriafol) et trois herbicides dont leurs matières actives sont 2_4 D, MCPA_sels d'amine et Florasulman. Selon les pratiques phytosanitaires, la culture de la canne à sucre est pratiquée suivant trois ITK. Parmi les itinéraires techniques recueillis lors des enquêtes de terrain, trois peuvent représenter la typologie des ITK. Il s’agit de l’itinéraire CAS 8 comme itinéraire à bas intrants, celui de CAS 40 comme itinéraire à moyen intrants et le CAS 40 comme itinéraires à fort intrants (annexe 5).

1.1.2 Rentabilité des cultures sucrières

Au niveau de la région du Gharb-Chrarda-Bni-Hssen ainsi que du bassin versant de la Merja Zerga, les cultures sucrières jouent un rôle important dans le développement local à travers la dynamique qu’elles créent, tant sur le plan agricole (culture locomotive en matière de transfert de nouvelles technologies) que socio-économique (amélioration et sécurisation des revenus des agriculteurs, garantie de l’écoulement par le biais de la COSUMAR, création de l’emploi, contribution à l’alimentation animale, etc). Elles sont considérées par les agriculteurs comme des cultures de sécurité, la commercialisation est assurée (contrats avec COSUMAR). Elle permet à l’agriculteur d’avoir un encadrement technique, des avances de semences, de produits phytosanitaires, une marge brute suffisante et des avances financières pour la gestion de l’exploitation.

Chapitre IX

172 Selon les conditions pédoclimatiques et l’itinéraire technique, la betterave à sucre génère une marge brute de l’ordre de 8600 DH/ha de pour un rendement 45 T/ha de conduit suivant un ITK bas intrant et de l’ordre de 9623 DH/ha pour un rendement de 50 T/ha suivant un ITK à fort intrant (Tableau 42). La faiblesse de la marge est due au coût de la main d’œuvre. La culture de la betterave est très exigeante en main d’œuvre (138 jours de travail par hectare). Elle peut entrer en compétition avec les autres activités en particulier l’élevage. Lorsque la superficie allouée à cette culture dépasse un hectare, la main d’œuvre familiale s’avère insuffisante. Nos résultats se rapprochent des résultats de Harbouze (2009) d’après son étude économique effectuée au niveau de la zone centrale sur des productions de betterave à sucre conduite sous irrigation par aspersion. D’après cet auteur un hectare de betterave à sucre produit 48 tonnes et génère une marge de l’ordre de 10 428DH/ha (Harbouze 2009). Sous irrigation gravitaire la culture de betterave à sucre peut s’avérer de grande productivité. Son rendement peut atteindre 90 à 100T/ha et 120T/ha sous irrigation localisée.

Tableau 42. Rentabilité de la betterave à sucre suivant le type d’ITK

BAS

Rendements (T/ha)

Marge brute (DH/ha)

Marge Brute moyenne de la culture (DH/ha)

ITK bas intrant 45 8600 9111

ITK fort intrant 50 9623

Source : Travail sur Olympe, Ayadi H., 2012

L’analyse du coût de la production montre que le coût des phytosanitaires constitue plus que la moitié des charges opérationnelles, soit 56 % pour la betterave à sucre de l’exploitation 11 et 52 % de la betterave à sucre de l’exploitation 19 (Figure 54).

Figure 54. Part des charges phytosanitaires dans les charges opérationnelles des différents ITK de la betterave à sucre (Source : Travail sur Olympe, Ayadi H., 2012)

En revanche, la canne à sucre peut s’avérer plus importante au sein des systèmes de production, du fait qu’elle est peu exigeante en main-d’œuvre (sauf pour la récolte qui absorbe environ 57 jours/ha).

Chapitre IX

173 Suivant les modalités de conduite technico-économique, la canne à sucre peut générer une marge brute à l’hectare de 4445 DT/ha pour 80 T/ha issu d’un ITK bas intrant à 7886 DH/ha pour un rendement de 120 T/ha issu d’un ITK à fort intrant (Tableau 43). La comparaison des résultats à d’autres issus de la littérature montre que les rendements sont élevés mais qui génèrent des marges relativement faibles. Selon Harbouze 2009 un hectare de canne à sucre conduit sous irrigation par aspersion produit 70 T et génère une marge brute de l’ordre de 7600DH/ha.

Tableau 43. Rentabilité de la canne à sucre suivant le type d’ITK

CAS Rendements (T/ha) Marge Brute (DH/ha) Marge Brute moyenne de la culture (DH/ha) Coût phytosanitaire en (%) des charges opérationnelles

ITK bas intrant 80 4445

5994

16 ITK moyen

intrant 110 5650

2

ITK fort intrant 120 7886 11

Source : Travail sur Olympe, Ayadi H., 2012

L’analyse des charges opérationnelles montre une discordance entre la pression phytosanitaire et les prix des produits phytosanitaires. Les charges phytosanitaires de l’ITK à bas intrant présentent 16% des charges opérationnelles alors que pour l’ITK moyen intrant les charges phytosanitaires sont de 2% (Tableau 43 et annexe 5).

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