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Élaboration d’un jeu de simulation et proposition de scénarios pour une gestion concertée

3. Démarche méthodologique adoptée : couplage des SIG, d’un Système Interactif d’Aide à

3.4 Élaboration d’un jeu de simulation et proposition de scénarios pour une gestion concertée

Les approches fondées sur la simulation et la participation des acteurs constituent des alternatives pour l’évaluation d’une problématique environnementale avec la participation des parties concernées (Affisco 2000). Elles constituent des supports et outils d’appui à la participation des différents acteurs concernés (Le Grusse et al. 2012). Tels qu’utilisés dans ce Travail, les jeux de simulations visent à faire comprendre aux joueurs le fonctionnement technique et/ou économique d’un système qu’ils ont a` gérer (Carton et Karstens 2002). Dans le cadre de la gestion de la pollution diffuse et dans une démarche participative, nous avons conçu une plateforme de jeu : SimPhy (Simulation des Phytosanitaires) mettant les acteurs21 d’un territoire en situation de gestion des exploitations agricoles sous contraintes de réduction de phytosanitaires (quantité et toxicité) et soumis à des aléas de climat (types d’année de pression phytosanitaire. Les séances de simulation mettant en œuvre ce jeu ont eu plusieurs objectifs : tout d’abord en terme d’apprentissage et de compréhension des contraintes qui pèsent sur les différents systèmes de production, ensuite comme révélateur de différentes stratégies d’adaptation et de gestion du risque (en fonction du niveau d’aversion au risque), enfin comme expérience permettant de juger de la faisabilité d’objectifs réglementaires imaginés. Pour sensibiliser les acteurs nous présenterons les résultats sous forme spatiale.

Conclusion du chapitre III

Ce chapitre a été consacré à une analyse bibliographique de deux approches méthodologiques qui nous semblent convenir à une gestion concertée de la pollution phytosanitaires diffuse : la modélisation participative et l’évaluation par les indicateurs.

La modélisation participative est de grande utilité dans le domaine agricole. Elle constitue une méthode de recherche-intervention pour accompagner des décisions (Guérin-Schneider et al. 2011). La modélisation participative est basée sur une multitude d’outils d’aide à la décision. Ces outils sont interdisciplinaires. Trois grands groupes d’outils d’aide à la décision (SIG, SIAD et jeux de simulations) ont fait l’objet d’une analyse. Selon le type d’études à réaliser et le niveau de précision recherché, ces outils peuvent être utilisés individuellement ou ensemble. Ils conviennent à des problématiques peu structurées. Cependant, la difficulté de modéliser certains paramètres comme par exemples les risques liés aux produits phytosanitaires a poussé certains scientifiques à chercher une autre alternative. Ils ont eu

21 À cause du problème d’analphabétisme des agriculteurs, nous avons eu recours à des étudiants de l’IAV Hassan II et des techniciens et ingénieurs des ORMVA pour simuler les différents scénarios. Ils se sont mis dans une position d’acteurs ou d’agriculteurs qui gèrent leur exploitation agricole.

Chapitre III

53 recours à l’évaluation par des indicateurs. Ces dernières années un grand effort a été consacré au développement aux indicateurs agri-environnementaux. Ils sont même officialisés par les politiques internationales et nationales de nombreux pays. Dans le cas de la pollution phytosanitaire diffuse, les indicateurs ont été classés selon le rôle joué dans le processus d’évaluation (indicateurs de pression, indicateurs d’impact et indicateurs de réponse ou de suivi). Pour l’évaluation a priori des effets des pesticides, les indicateurs de pressions et d’impacts sont les plus appropriés pour relier les pratiques de l’agriculteur aux conséquences sur la santé humaine et l’environnement. Parmi les indicateurs de pression: l’Indicateur de Fréquence de Traitement (IFT) (Champeaux 2006; Pingault et al. 2009). L’IFT est utilisé en France pour la gestion de la pression phytosanitaire. Cet indicateur ne permet pas l‘évaluation des risques sur la santé et l’environnement liés aux phytosanitaires. En complément de cet indicateur, se sont développés de nombreux indicateurs d’impacts. La spécificité d’un grand nombre de ces indicateurs à un contexte précis, la complexité du processus de pollution phytosanitaire, la multiplicité des parties prenantes concernées et la grande étendue des territoires agricoles limitent cependant la performance de ces outils. Pour pallier aux inconvénients des deux méthodes, nous avons proposé dans la troisième partie de ce chapitre une méthode basée sur le couplage de la modélisation participative, des indicateurs et des jeux de simulation avec la participation des parties prenantes. Cette méthodologie se veut générique. Elle a permis à des parties prenantes la mise en place d’une stratégie de gestion concertée au niveau d’un bassin versant de grande taille (plus de 900 km2) dans un contexte où l’information est incomplète. Il s’agit d’une partie introductive à la deuxième partie de ce travail de thèse.

Conclusion de la première partie

54 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

L’analyse bibliographique réalisée tout au long des trois chapitres nous a permis une mise en contexte de notre travail. Les éléments analysés mettent en exergue la complexité de la pollution phytosanitaire d’origine agricole. Les produits phytosanitaires sont d’une grande nécessité pour la protection des productions végétales mais source de nombreux effets négatifs pour la santé humaine de l’applicateur et de son environnement. La prévention de ces effets négatifs constitue un champ interdisciplinaire où le travail coopératif entre la géographie et l’agronomie portera ses fruits. En revanche, le manque d’outils adéquats nécessite des efforts pour la mise en place de méthode générique avec la participation des parties prenantes au niveau d’un territoire commun.

LES PRODUITS PHYTOSANITAIRES A L’INTERFACE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ENVIRONNEMENT

L’analyse bibliographique, illustrée au chapitre I, nous a montré que les produits phytosanitaires paraissent être une nécessité pour l’agriculture moderne. Ils assurent la protection des cultures, l’augmentation des rendements et l'amélioration des qualités des produits agricoles. En revanche, il s’est avéré qu’ils sont à l’origine de nombreuses catastrophes (Carson 1962) et sources d’impacts négatifs sur la santé de l’applicateur et son environnement. Leur bioaccumulation dans les organismes vivants engendre une multiplication des risques d'atteinte de certaines maladies à court et à long terme, notamment des troubles biologiques. Ces effets se traduisent par des pertes économiques et agronomiques telles que, le coût élevé des traitements des eaux potables, la baisse de la valeur des produits agricoles sur le marché. Enjeux de grande importance, la pollution diffuse induite par les phytosanitaires a attiré l’attention des parties prenantes à l’échelle internationale, nationale et locale. Afin de mettre en place une politique de gestion de la pollution phytosanitaire diffuse, la prise en compte de l’environnement comme contrainte est obligatoire. Différentes dispositions ont été prises. Elles s’inscrivent dans différentes échelles géographiques, du local au mondial, avec reconnaissance d’autonomie des territoires. Cette situation laisse la question sur le territoire et des outils adéquats pour une gestion de la pollution phytosanitaire restent posée. Phrase à reprendre

ALLIANCE DE LA GEOGRAPHIE AVEC L’AGRONOMIE POUR LA MISE EN PLACE D’UNE METHODE GENERIQUE POUR UNE GESTION CONCERTEE DE LA

POLLUTION PHYTOSANITAIRE DIFFUSE

La confrontation des différents concepts de la géographie et de l’agronomie au chapitre II démontre que la géographie et l’agronomie constituent des « alliés » incontournables pour la gestion du fléau de la pollution phytosanitaire diffuse. Les deux disciplines ont largement traité des problématiques où le territoire, avec ses trois composantes (espace structuré, géré et perçu) et l’emboitement de ses échelles, de la parcelle au bassin versant, constituent des concepts transversaux. Il ressort de l’analyse bibliographique qu’une approche participative basée sur des représentations systémiques fédère le Travail interdisciplinaire des géographes et des agronomes. Elle nous permet d’analyser le territoire sous le concept de système de cultures, système de productions et système agraire par interaction des différentes unités spatiales entre elles, et avec l’extérieur, et par prise en compte des acteurs concernés, de leurs activités et de la perception de l’espace. Notre positionnement théorique offre ainsi une vision

Chapitre III

55 à la fois systémique et analytique de la problématique environnementale induite par la pollution phytosanitaire diffuse.

Cette approche permet de dégager des apports à la fois heuristiques et méthodologiques. Une évaluation a priori de politiques publiques et du problème de la pollution phytosanitaire, afin de trouver un compromis entre la rentabilité économique et l’efficacité environnementale des interventions politiques pour la réduction des usages phytosanitaires, peut avoir lieu.

Dans le chapitre III, nous avons essayé de faire le tour des outils qui semblent convenir à une gestion concertée d’une problématique environnementale dans un contexte interdisciplinaire. L’intérêt de connaitre l’origine, les raisons et les impacts de la pollution phytosanitaire diffuse sur la santé humaine et l’environnement a amené le développement et l’utilisation de nombreuses méthodes et outils. Nous avons eu recours à la modélisation participative et aux outils d’aide à la décision : SIG, SIAD, jeux de simulations... La découverte des lacunes et de la complexité des outils de la modélisation (calibrage des modèles, accès aux données d’entrée…) a amené les spécialistes à faire appel à l’évaluation de la pollution phytosanitaire avec des indicateurs agri-environnementaux. Les indicateurs permettent de pallier aux déficits de mesures directes. Leur utilisation permet de faire des évaluations a priori et a postériori. En revanche, la majorité de ces indicateurs sont conçu pour résoudre une problématique spécifique. Dans un contexte méditerranéen, caractérisé par une agriculture diversifiée et des connaissances incomplètes sur la pollution phytosanitaire, la construction d’une méthode basée sur le couplage des outils de la modélisation (SIG, SIAD) participative et des indicateurs agri-environnementaux semble une solution adéquate pour la mise en place d’une stratégie de gestion concertée de la pollution phytosanitaire diffuse avec la participation des parties prenantes.

La construction de cette méthodologie est l’objet de la deuxième partie de ce Travail de recherche.

Partie II

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PARTIE II. CONSTRUCTION D’UNE METHODE POUR LE

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