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Différenciation spatiale des conditions climatiques au niveau du bassin versant par les précipitations

PARTIE III. UNE EXPERIENCE DE CO-CONSTRUCTION D’UN MODELE

2. Espace structuré par des conditions naturelles et des aménagements hydro-agricoles

2.5 Différenciation spatiale des conditions climatiques au niveau du bassin versant par les précipitations

Les conditions climatiques conditionnent les pratiques phytosanitaires ainsi que la dégradation des composés phytosanitaires. Il s’agit principalement des précipitations, de la température, de l’ensoleillement et du vent (Bodelle et Margat 1980).

Comme toute la région du Gharb, le bassin versant de la Merja Zerga se caractérise par un climat méditerranéen tempéré aux hivers humides et aux étés torrides avec une influence atlantique favorable au développement d'une large gamme de cultures. La pluviométrie est concentrée pour 80 % entre le 15 octobre et le 15 avril et reste largement inférieure à l'évapotranspiration. Les températures sont tempérées par le voisinage maritime et varient, en moyenne, de 13°C en hiver à 23°C en été. Durant les périodes du chergui (vent chaud de Sud- Est d'origine saharienne), des valeurs maximales proches de 50°C peuvent être enregistrées. L’évapotranspiration annuelle avoisine 1200 mm. Elle excède ou compense la pluie entre novembre et mai. En revanche, ces moyennes annuelles cachent des grandes variabilités spatiales et intra-annuelles. Afin de pouvoir distinguer ces variations spatiales et intra- annuelles nous allons examiner des données météorologiques recueillies au niveau des Centres de Développement Agricole (CDA) de Lalla Mimouna, Mnasra, Souck Larbâa, Allal Tazi. Malheureusement, nous ne disposons pas de données couvrant la même période d’observation.

L’analyse des précipitations annuelles moyennes (Tableau 17), nous montre une variation spatiale des précipitations. Les moyennes des précipitations annuelles varient de 551 mm sur la zone côtière du bassin versant (station Mnasra) à 506 mm au centre (Sidi Allal-Tazi) et de 486 mm à l'intérieur de la plaine (Souck Larbâa). On note un net gradient pluviométrique décroissant de l'Ouest à l'Est. Ceci reflète l'influence océanique qui va en diminuant plus on s'éloigne de la côte. Par contre, il n’y a pas de grande différence entre le sud et le nord du bassin versant.

Tableau 17 : Précipitations annuelles moyennes, maximales et minimales

Station Période d’observation Moyenne (en mm) Maximales annuelles (en mm) Minimales annuelles (en mm) Mnasra 1973-2009 551 912 (2008-09) 282 (1994-95) Allal Tazi 1973- 2009 506 690 (1976-77) 322 (1974-75) Souck Larbâa 1973-2009 486 748 (2008-09) 224 (1994-95) Lalla Mimouna 1974-2003 570 875 (1995-96) 370 (1994-95) Source:(ORMVAG 2011 )

Au cours de l’année, la période pluvieuse dure du mois d'octobre au mois d'avril (Figure 36). Les mois de juin, juillet, août, et septembre sont pratiquement secs avec des moyennes mensuelles presque toujours inférieures à 5 mm. Le mois de mai présente une moyenne non négligeable de 20 mm.

Au cours de la période pluvieuse, les précipitations sont réparties d'une manière irrégulière et aléatoire d'une année à l'autre. Le nombre moyen de jours de pluie est de l'ordre de 70 jours/an.

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127 Figure 36. Précipitations moyenne mensuelle (Source : Stations de Souck Larbaâ et de Mnasra sur la période 1973-2009) (Réalisation : Ayadi H., 2012)

Le mois le plus pluvieux est le mois de décembre avec une moyenne de 110 mm à Mnasra, et 90 mm à Souck Larbâa. Il est suivi de très près par les mois de novembre, janvier, février, puis par les mois de mars, avril, octobre et mai.

En plus des précipitations, les températures jouent un rôle primordial dans la répartition des cultures et le développement des parasites.

Pour l’évaluation des températures nous ne disposons pas d’observations pour l’ensemble des stations météorologiques du bassin versant de la Merja Zerga. Nous ne disposons que des observations de la station de Lalla Mimouna au nord et de celle de Mnasra sur la côte. Les températures moyennes des stations considérées sont présentées dans le Tableau 18.

Tableau 18. Températures moyennes mensuelles et annuelles sur la période 1973-2009 Station Sep Oct Nov Dec Jan Fév Mar Avril Mai Juin Jul Août Total Lalla

Mimouna 21,2 18,5 15 12,7 11,6 11,8 13,5 13,6 17,1 20,6 22,3 22,8 16,7 Mnasra 21,5 19 15,3 12,8 11,6 12,8 14,6 15,8 17,7 20,7 22,7 22,9 17,3

Source : ORMVAG, 2011

Les températures moyennes annuelles du bassin versant suivent un gradient ouest. La zone côtière est soumise à l’influence maritime. En revanche les températures moyennes annuelles suivent un gradient nord-sud avec 16, 7°C à Lalla Mimouna et 17,3°C à Mnasra. Les deux zones côtières présentent un relief plus accentué vers le nord du bassin, adouci le bioclimat. Les moyennes mensuelles suivent la même trajectoire que les moyennes annuelles avec des variations intra-annuelles. Les mois les plus chauds de l’année sont juillet, août et septembre où les températures moyennes maximales avoisinent 28oC. Les mois les plus froids de l’année sont décembre, janvier et février avec des températures moyennes minimales de l’ordre de 7oC.

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128 Les températures maximales, dépassant 38°C, ne sont observées que dans 5 % des cas. Ces températures sont constatées surtout lorsqu’il y a des vents d’Est (chergui). La température et l’ensoleillement peuvent jouer un rôle, en particulier sur la dégradation des substances actives, mais le manque de connaissances ne permet pas d’utiliser ces critères dans le cadre d’un diagnostic à l’échelle d’un bassin versant (Bodelle et Margat 1980).

De cette analyse du contexte climatique du bassin versant de la Merja Zerga nous distinguons deux zones climatiques :

- La zone côtière (CDA Lalla Mimouna, CDA Sidi Mohamed Lahmar et CDA Mnasra) bien marquée par l'influence océanique, appartenant à l'étage bioclimatique subhumide à hiver tempéré, avec une moyenne des précipitations annuelles de l'ordre de 551 mm, des humidités de l'air très élevées, des amplitudes thermiques moins marquées et des vents fréquents venant de l'Ouest.

- L'intérieur de la plaine (CDA Allal Tazi, CDA Souck Tlet et Souck Larbâa) est moins marqué par l'influence océanique, appartenant à l'étage bioclimatique semi- aride (limite supérieure) à hiver tempéré, avec des précipitations de 400 à 500, mm des amplitudes thermiques plus élevées, une humidité de l'air moins élevée que la zone côtière, des gelées plus fréquentes. Ces dernières ont atteint un niveau alarmant en 2005 et 2011 et 2012 (- 7oC) ce qui a causé des dégâts importants pour certaines cultures, particulièrement le bananier, l’avocatier, l’oranger et le fraisier. Il a suffi d’une nuit de froid intense pour que 80 % de la production attendue des cultures sous serre et de l’arboriculture du Gharb soient perdus (ORMVAG 2012). Cette variabilité spatiale induit logiquement des contraintes diverses qui apparaissent dans la perception différenciée de la pluviométrie et des températures par les agriculteurs. Alors que certains voient dans l’humidité permanente un atout majeur, préservant l’activité de la sécheresse susceptible de causer des dégâts majeurs, d’autres y perçoivent une contrainte induisant le développement de parasites. En maraîchage, les champignons, bactéries ou nématodes sont à l’origine de dégâts comme la nécrose et la galle des racines, les fontes de semis et la pourriture du collet et les maladies vasculaires. Par ailleurs, les adventices30 connaissent une croissance importante régulière faisant ainsi concurrence à la culture en place. La variabilité des conditions climatiques est aussi à prendre en compte lors des traitements phytosanitaires. Il faut éviter les traitements lors de périodes de sécheresse, qui limitent la pénétration du produit dans la plante et privilégions la pulvérisation en début ou fin de journée. Le Tableau 19 présente les pertes par volatilisation en fonction de l’humidité relative de l’aire pour une température de 25°C et pour une taille moyenne des gouttes de 230 microns. La volatilisation du produit phytosanitaire diminue avec l’augmentation de l’humidité relative de l’aire. Il faut donc prendre cela en considération lors des traitements.

30 Adventice désigne, pour les agriculteurs et les jardiniers, une plante qui pousse dans un endroit où on ne souhaite pas la voir se développer (champs, massifs...) car elle risquerait d'entrer en concurrence avec les plantes cultivées (http://fr.wikipedia.org/wiki/Adventice).

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129 Tableau 19. Pourcentage de perte par volatilisation de pesticide

Conditions expérimentales Humidité relative Perte par volatilisation

Taille moyenne des goutes : 230 microns Température : 25°C 32 % 9,6 % 57 % 4,8 % 78 % 4,3 % 100 % 2,6 % Source : http://www.syngenta-org.fr

La perte peut être même totale. Elle peut entrainer un nouveau traitement, notamment en cas de pluie directement après l'application avant ressuyage.

Outre les facteurs d’ordre naturel et spatial auxquelles doivent prendre en compte les agricultures dans leurs stratégies agricoles et phytosanitaires, la superposition des fonctions assignées à un même territoire engendre parfois des conflits d’usage de l’espace. C’est là un nouvel aspect contraignant tant pour le fonctionnement des exploitations que pour l’aménagement de l’espace et la gestion de la pollution phytosanitaire diffuse que nous abordons dans la suite de ce chapitre.

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