• Aucun résultat trouvé

Le statut du français dans le contexte algérien

DESCRIPTION DU CONTEXTE PLURILINGUE ALGERIEN

1. Le statut du français dans le contexte algérien

Dans la mesure où le terrain que nous avons choisi pour effectuer notre recherche fait partie du terrain plurilingue algérien, nous avons donc estimé utile que sa description peut nous fournir des informations quant à la nature et la spécificité du contexte auquel appartiennent nos apprenants. En effet, les différentes invasions (phénicienne, carthaginoise, arabe, turque et enfin française) par lesquelles a passé l'Algérie n'ont disparu sans laisser derrière elles des traces. Traces qui se manifestent dans les paroles des habitants à travers les différentes formes linguistiques qu’ils produisent : un mot est emprunté d’une langue, une expression de l’autre, … En d’autres termes, les conquérants une fois arrivés en Algérie accompagnés de leur (s) variété (s) de langue, ces dernières commencent, d’abord, à côtoyer, peu à peu, celles des autochtones, puis à se mélanger les unes avec les autres pour donner , enfin, naissance à de nouvelles variétés linguistiques se caractérisant alors par des traits de variétés

Description du contexte plurilingue algérien

des habitants originaux et des traits de variétés des occupants. Amel Bellouche va dans le même sens et affirme que :

"les différentes variétés de langues qui ont existé sur le terrain algérien font épreuve. En effet, elles se sont superposées à la langue locale des autochtones qu'est le berbère ou le tamazight

qui à son tour englobe d'autres variétés: le kabyle2, le chaoui3, le m'zab4, cela se manifeste à travers les pratiques langagières des locuteurs algériens qui n'utilisent aucune de ces variétés

à part entière, mais un mélange de toutes ces variétés linguistiques ou un code swiching, selon Gumperz"(2006:3).

A côté de ces conquêtes, la colonisation française, en particulier, a joué son rôle et entraîné par conséquent un changement radical quant aux différents statuts qui ont été accordés aussi bien au parler algérien, à l'arabe scolaire qu'à la langue du conquérant (le français) pendant l'occupation et même après l'indépendance.

1.1. Pendant la colonisation française: de 1830 à 1962

Dès leur arrivée en Algérie, la langue arabe était exclue du terrain algérien et l'ont même considérée, comme une "langue étrangère en Algérie". Ainsi, selon Abdnour Arezki, dans un de ses articles, toutes les mesures avaient été prises pour détruire les infrastructures scolaires qui ont existé à cette époque. Quant au français, il a été considéré comme le seul moyen pour accéder à la civilisation moderne, au détriment de la langue arabe considérée comme incapable quant à l'expression.

L’auteur déclare dans le même article :

"Le français était alors la langue dominante pourtant il n'était parlé que par une partie très réduite de la population algérienne", et il ajoute :" Comme les français n'ont ménagé aucun effort pour analphabétiser le peuple algérien, ce dernier s'est éloigné de plus en plus de la langue arabe qui n'était réservée à cette époque qu'à une élite religieuse pour faire apprendre

2Le kabyle: dialecte berbère utilisé en Kabylie.

Description du contexte plurilingue algérien

le Coran aux enfants. Quant aux dialectes arabes et berbères, ils étaient permis seulement au niveau de la pratique orale pour la majorité de la population "

(

Abdnour Arezki : 21-23).

1.2. Après la colonisation française: tentative de réarabisation De 1962 à 2000

Une fois que les algériens ont eu leur indépendance, la langue arabe a connu un nouveau statut et elle a rétablit sa position comme étant la langue officielle et nationale au lieu du français.

C’est ce que Aicha Meherzi fait constater dans son article :

"autant de mesures ont été prises afin d'atteindre cet objectif. Ainsi, la généralisation et l'utilisation de la langue arabe ont été imposées non seulement dans les établissements scolaires, dans l'administration, mais aussi dans les secteurs économiques et culturels. En

outre, certains ouvrages scientifiques sont importés puis arabisés afin de permettre aux apprenants de suivre l'actualité et d'approfondir leurs connaissances dans toutes les

disciplines"(p. 35-37).

Cependant, la longue absence de la langue arabe sur la scène algérienne dans tous les domaines économique, politique et socioculturel de plus d'un siècle a fait que les algériens l'ignoraient complètement. D’après la même auteure :

"elle (la langue arabe) fut considérée comme un instrument de rupture entre deux tendances opposées: les arabisants conservateurs qui croyaient que la langue arabe eut un passé glorieux et fut le principal véhicule des sciences et des technologies à l'heure où la langue française n'existait même pas et les francisants modernistes qui considéraient la langue arabe

comme porteuse de sous-développement et son impossible adaptation à la modernité"

(Ibid :36).

En outre, le manque d’enseignants maitrisant l’arabe à cause de son exclusion du terrain algérien ainsi que l’absence d’une politique linguistique sérieuse quant à la tentative de réarabisation ont fait que la présence de cette langue était extrêmement réduite et elle n’était pas répandue largement sur le territoire

Description du contexte plurilingue algérien

maitrise de l’arabe n’étaient pas satisfaisants. Ainsi, selon le même article toujours :

" L’inexistence d’enseignants maitrisant l’arabe, c’est-à-dire, l’absence de qualification pédagogique réelle (certains d’entre eux étaient cordonniers, vendeurs et professionnels non enseignants) , cela a conduit les gouvernants algériens a demandé de l’aide de certains pays de l’Orient qui n’ont pas envoyé eux aussi des enseignants compétents, ainsi que le manque d’un travail sérieux quant à l’organisation de la démarche d’arabisation ont fait que l’arabe

n’est pas répandue sur tout le territoire algérien et dans tous les cycles d’enseignement"

(p.37-38).

A côté de la tentative d’arabisation qui a échoué, il y a eu une autre tentative d’exclusion du français sur le terrain algérien, mais celle-là aussi n’a pas pu atteindre ses objectifs car il y avait à cette époque une tendance qui le considère comme le seul moyen qui peut conduire vers le développement et qui a tout fait pour que le français ne disparaisse sur la scène algérienne. Fadia Bejaoui et Rym Allal l’affirment :

" Vers les années 1975, l'on a assisté à la volonté d'exclure le français étant donné qu'il symbolise le colonialisme et la soumission, et le remplacer par l'anglais comme étant la langue la plus utilisée dans le monde, vu aussi l'absence de conflit entre cette langue et la

langue arabe. Néanmoins, le taux d'adhésion à cette proposition était très réduit car la culture anglaise était très éloignée de la culture des algériens dans la mesure où la culture

peut entraver ou favoriser l'apprentissage de la langue de cette culture"

(Article non paginé).

L’apparition alors de ces deux tendances opposées en Algérie, l’une soutenant l’arabe et l’autre le français, a fait que les algériens n’ont pas pu maitriser ni l’arabe ni le français. Autrement dit, l’absence d’une véritable réflexion quant à l’enseignement/apprentissage de la langue arabe et le regard négatif envers le français comme étant le symbole du colonialisme ont fait perdre les algériens une richesse linguistique qu’ils auraient pu en tirer profit pour accéder à de nouvelles langues du monde.

Description du contexte plurilingue algérien

1.3. La réforme de 2000: ouverture sur le monde

Après la décennie tragique vécue par les algériens, l'Algérie a montré sa volonté de s'ouvrir sur le monde, une ouverture qui ne peut l'être que par le biais des langues étrangères. C’est ce que Fatiha Fatma FERHANI dans son article intitulé "Algérie, l’enseignement du français à la lumière de la réforme" (2006), tente d’éclairer à travers la déclaration du président de la république Abdelaziz Bouteflika qui a affirmé, lors de l’installation de la Commission Nationale de Réforme du Système Éducatif (Mai 2000), que:

"(…) la maîtrise des langues étrangères est devenue incontournable. Apprendre aux élèves dès leur plus jeune âge, une ou deux autres langues de grande diffusion, c’est les doter des atouts indispensables pour réussir dans le monde de demain. Cette action, comme chacun peut le comprendre, aisément, par l’intégration de l’enseignement des langues étrangères dans les différents cycles du système éducatif pour, d’une part, permettre l’accès direct aux connaissances universelles et favoriser l’ouverture sur d’autres cultures et, d’autre part, assurer les articulations nécessaires entre les différents paliers et filières du secondaire, de la formation professionnelle et du supérieur".

Ce nouveau statut attribué au français s’est manifesté non seulement dans les textes officiels, mais un changement au niveau des méthodes de son enseignement ainsi qu’aux contenus ont été introduits. L’apprenant y est le responsable sur la découverte des savoirs alors que l’enseignant n’y est qu’un guide.

Nous constatons alors qu'avec la réforme le français a eu un statut plus ou moins clair par rapport à celui de la période de réarabisation et il a été considéré au sein de l'ensemble des langues étrangères. Ainsi,

" étant donné le facteur historico-linguistique et l'expansion du français sur le plan économique et social, la réforme de 2000 a accordé à cette langue le statut de première

Description du contexte plurilingue algérien