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l’instauration du diplôme de Cadre De Santé en 1995

1.3.9. Le référentiel de formation infirmier de 2009

Le dernier référentiel de formation issu de l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d'État d'infirmier découle, d’une part de l’universitarisation de la formation infirmière consécutive aux accords de Bologne en 1999 et d’autre part de l’évolution des besoins de santé de la population et de son impact sur la profession infirmière. La mission commune des professionnels de santé étant de répondre aux besoins de santé de la population.

Ceux de la population française se sont modifiés au fil du temps : l’augmentation de l’espérance de vie a fait évoluer les prises en charge de pathologies vers des prises en charge de polypathologies (liées à l’âge, à la dépendance et aux maladies chroniques). En lien direct avec l’augmentation de l’espérance de vie, les progrès de la science ont conjointement permis un accroissement exponentiel de nouvelles techniques de soins. Ces dernières apparaissent dorénavant aux soignants pendant leur exercice professionnel, donc à distance de leur formation initiale, et ils doivent être capables de les adopter, de se les approprier (Coudray &

Gay, 2009).

Les accords de Bologne signés le 19 juin 1999 par les Ministères de l'Éducation de vingt-neuf pays européens, dont la France, engagent ces derniers dans une restructuration des études supérieures, afin d’harmoniser celles-ci par le biais notamment de l’universitarisation. Cette dernière, qui pour le moment se situe au stade d’un partenariat avec l’Université, sera développée ultérieurement.

Depuis septembre 2009, le dernier programme de formation infirmière en date a donc été mis en place pour répondre à l’évolution des besoins de santé et à ses conséquences sur l’exercice infirmier tout en s’inscrivant dans un dispositif universitaire. Jusqu’en 2009, la

35 formation infirmière était « une formation professionnelle non universitaire, conçue autour de l’articulation entre apprentissage des connaissances et expérience de travail » (Noël-Hureaux, 2015, p. 3). Dorénavant, elle entre dans le système Licence, Master, Doctorat (LMD) avec un grade licence. Conséquence de l’universitarisation, un changement de paradigme au niveau des formations s’opère en passant d’une conception comportementaliste à une conception cognitiviste de la formation (Chauvigné & Coulet, 2010). En effet, la Pédagogie Par Objectifs (PPO) en vigueur jusque-là dans la formation infirmière (Fermon & Grandjean, 2015) est d’essence comportementaliste (Hameline, 1979) et s’inscrit donc en cohérence avec une vision taylorienne du travail. En visant des comportements observables à atteindre, tout en limitant « l’analyse de l’apprentissage à une performance mesurable » (Chauvigné & Coulet, 2010, p. 16), la PPO relève pleinement d’une conception behavioriste de la formation infirmière antérieure. L’Approche Par Compétences (APC), induite par l’universitarisation, est d’origine cognitiviste en s’intéressant « au traitement de l’information opéré par le sujet dans la conduite de son activité » (Ibid.). Il ne s’agit plus de reproduire des comportements appris, mais de

« développer des dispositions à générer des conduites adaptées face à des situations diverses et changeantes » (Ibid.) permettant ainsi de répondre à l’évolution des besoins de santé des populations et aux changements qui en découlent. L’APC a également pour cadre théorique le socioconstructivisme (Jonnaert, 2009). La formation infirmière évolue alors d’un paradigme essentiellement behavioriste vers un paradigme sociocognitiviste et socioconstructiviste (Boissart, 2017), impactant par là-même les formateurs.

Comme évoqué précédemment, ce programme est réparti en semestres, comme cela est le cas à l'Université, et il est bâti sur trois référentiels : un référentiel d’activités, un référentiel de compétences (construit à partir du référentiel d’activités), un référentiel de formation (construit à partir du référentiel de compétences). Il est constitué de six semestres, permettant l'acquisition de 180 ECTS (European Credits Transfer System) au total (soit 30 ECTS par semestre) par le biais de la validation d'Unités d'Enseignement (UE) reliées aux compétences infirmières, et de stages.

Ce référentiel de formation a donc été élaboré à partir d’un référentiel de compétences, lui-même élaboré à partir d’un référentiel d’activités. Ce dernier issu de l’arrêté du 31 juillet 2009, relatif au diplôme d'État d'infirmier, donne une nouvelle définition du métier : « évaluer l’état de santé d’une personne et analyser les situations de soins ; concevoir et définir des projets de soins personnalisés ; planifier des soins, les prodiguer et les évaluer ; mettre en œuvre des traitements » et, en décrit ses activités à travers une liste de neuf activités présentées comme non exhaustives :

36 1. Observation et recueil de données cliniques,

2. Soins de confort et de bien-être,

3. Information et éducation de la personne, de son entourage et d’un groupe de personnes,

4. Surveillance de l’évolution de l’état de santé des personnes, 5. Soins et activités à visée diagnostique ou thérapeutique, 6. Coordination et organisation des activités et des soins,

7. Contrôle et gestion de matériels, dispositifs médicaux et produits, 8. Formation et information de nouveaux personnels et de stagiaires, 9. Veille professionnelle et recherche.

Puis le référentiel de compétences a été construit à partir du référentiel d’activités et est également issu de l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État d’infirmier. Il définit les compétences infirmières qui sont au nombre de dix. Les cinq premières sont dites « cœur de métier » :

1. Évaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier ; 2. Concevoir et conduire un projet de soins infirmiers ;

3. Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens ; 4. Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique ; 5. Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs.

Les cinq suivantes sont dites « transverses », collaboratives avec certaines autres professions paramédicales ou médicales :

6. Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins ; 7. Analyser la qualité des soins et améliorer sa pratique professionnelle ; 8. Rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques ; 9. Organiser et coordonner des interventions soignantes ;

10. Informer et former des professionnels et des personnes en formation.

L’acquisition de ces dix compétences (qui se fera conjointement par la validation d’UE et par l’acquisition d’éléments cliniques reliés à ces compétences en stage) correspond aux 180 ECTS nécessaires à l’obtention du diplôme d’État d’infirmier. Après avoir relevé la place centrale des compétences et de leurs acquisitions, nous allons maintenant nous intéresser au référentiel de formation à travers son organisation et ses principes pédagogiques.

37 Le référentiel de formation issu de l’arrêté du 31 juillet 2009, relatif au diplôme d'État d'infirmier, repose sur l’alternance entre temps de formation théorique en IFSI et temps de formation clinique en stage. La formation comprend 1800 heures d’enseignements théoriques sous diverses formes auxquelles s’ajoutent 300 heures de temps personnel guidé. La durée des stages est de 2100 heures réparties sur six stages, un par semestre de durée variable. Ils deviennent plus longs mais moins nombreux. Quatre types de stage sont obligatoires et concernent les soins de courte durée (médecine, chirurgie, obstétrique), les soins en santé mentale et psychiatrie, les soins en longue durée et en soins de suite et de réadaptation et les soins individuels ou collectifs sur des lieux de vie. Les UE sont de quatre types : des UE dont les savoirs sont dits « contributifs » aux savoirs infirmiers, des UE de savoirs plus spécifiquement infirmiers, des Unités d’Intégration (UI) des différents savoirs et leurs mobilisations en situation, des unités de méthodologie et de savoirs transversaux. Ces UE ne sont plus comme les modules spécifiques du programme de formation de 1992 liées aux pathologies médicales. En lien avec le processus d’universitarisation, les soins infirmiers laissent la place aux sciences infirmières. Ce référentiel de formation qui est basé sur l’acquisition de compétences par l’étudiant place celui-ci en tant qu’acteur, voire auteur de sa formation en adoptant une posture réflexive.

La formation infirmière a ainsi évolué sur plusieurs décennies d'une logique de transmission de contenus à une logique d’acquisition de compétences, passant d’un paradigme behavioriste à un paradigme socioconstructiviste et sociocognitiviste (Boissart, 2017). Ceci devant permettre aux étudiants infirmiers « d’apprendre à apprendre », et d’être ainsi capables de s’adapter à toutes les évolutions qui surviendront après leur formation initiale. Parallèlement nous pouvons également remarquer que tout au long de l’évolution de la formation des cadres de santé, la spécificité a disparu pour laisser place à la polyvalence : en fusionnant le CAFIS et le CAFIM dans le CCI puis en créant le diplôme de CDS qui regroupe plusieurs professions paramédicales. Depuis le décret du 18 août 1995, la formation des cadres de santé n’a pas évolué et une réforme de celle-ci, longtemps annoncée, a été plusieurs fois reportée.

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