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Chapitre II. Le renouvellement du programme : développement de la stratégie de l'exposition thématique développement de la stratégie de l'exposition thématique

B. Le croisement entre art plastique et architecture

Elle conclue en disant qu'en réfléchissant à l'artification : « On cherche à comprendre le sens de l’extension grandissante du domaine de la culture [démocratisation] et la tendance à la transformation infinie d’objets et d’activités en patrimoine culturel et/ou en art »269

.

B. Le croisement entre art plastique et architecture

En ce qui concerne la politique d'acquisition de la collection d'architecture, Dominique Bozo affirmait une politique d'achat ambitieuse aussi dans ce domaine. Cette création de la collection d'architecture a été proposée au Président Dominique Bozo par Alain Guiheux, qui était responsable de la collection architecture au CCI et on voit là justement l’intérêt de la fusion entre CCI et le MNAM qui a favorisé la pluridisciplinarité. Dans la collection d'architecture, le Centre Pompidou acquiert, par rapport à seulement 92 œuvres de 1977 à 1990, 296 œuvres en 1992, en particulier en ce qui concerne différents mouvements d'architecture, par exemple l'internationalisation des gratte-ciel, Archigram, hight-tech et le postmodernisme des années 1970-1990.

En 2014, les collections architecturale comptent 12588 œuvres. Dès 1976, Bernard Huet, le rédacteur en chef de la revue Architecture d'Aujourd'hui, écrit :

« Le fonctionnement du Centre Pompidou nous intéresse car, pour la première fois en France, un musée fait une place à l'architecture. Aujourd'hui, l'architecture ne peut plus se satisfaire d'être traitée en parent pauvre lorsque l'on connaît l'urgence que pose la sauvegarde du patrimoine architectural, de plus en plus menacé par la spéculation foncière, et la conservation des archives de l'architecture moderne »270.

266 Titre du livre d'Arthur Danto, Tranfiguration du Banal, 1981 (trad. Claude Hary- Shaeffer, Paris, Seuil, 1989 )

267 Roberta Shapiro, ''Qu’est-ce que l’artification?'', op.cit., p.2 268 Ibid., p.3.

269 Ibid., p.6.

270 Bernard Huet, Architecture d'Aujourd'hui, 1976, cité par Alain Guiheux, collection d'architecture du Centre Georges Pompidou, p.8.

En 1978, une réflexion sur le patrimoine architectural est abordée par l'académicien Pierre Nora, connu pour ses travaux sur le sentiment national et sa composante mémorielle et qui, en parlant des lieux de mémoire, souligne combien ce patrimoine fait partie de la mémoire collective : « il s’agirait de partir des lieux, au sens précis du terme, où une société quelle qu’elle soit, nation, famille, ethnie, parti, consigne volontairement ses souvenirs ou les retrouve comme une partie nécessaire de sa personnalité : lieux topographiques, comme les archives, les bibliothèques et les musées ; lieux monumentaux, comme les cimetières ou les architectures ; lieux symboliques, comme les commémorations, les pèlerinages, les anniversaires ou les emblèmes ; lieux fonctionnels, comme les manuels, les autobiographies ou les associations : ces mémoriaux ont leur histoire »271

. Cette réflexion montre aussi l’importance de la mission de transmission de la connaissance comme un des objectifs du Centre Pompidou et comment le musée peut utiliser un appel à la mémoire collective comme stratégie d’éveil de la curiosité des visiteurs.

De par leur taille, les bâtiments architecturaux eux-mêmes ne peuvent évidement pas entrer dans un musée, donc, l'importante collection actuelle du Centre, qui réunit des œuvres, dont la création se situe entre 1902 et 2014, se présente sous trois formes – dessins d'architecture, éléments d'architecture, maquettes d'architecture – qui témoignent de différents modes d’existence marqués par une généalogie de l'architecture et des progrès dans l'évaluation des conceptions et techniques. Il ne faut pas oublier cependant que le bâtiment même du Centre Pompidou, tant décidé lors de sa création, est une œuvre architecturale que le visiteur pourra voir d'un autre œil après être ressorti de l'exposition. (C'est encore un autre exemple du dedans/dehors ou dehors/dedans).

La mise en scène de l'architecture vise une transmission plus ouverte des connaissances sur les préoccupations de l'architecte, sur l’évolution de l'architecture et ses rapports avec le développement social et économique.

Pour sauver ce patrimoine, la collection architecturale est fondée sur une conservation de dessins, croquis, peintures, photographies et maquettes, qui témoignent des traces essentiels de l'architecture d'une époque et de ses besoins. L'intégration de l’architecture dans l'exposition thématique permet au visiteur de réfléchir et de prendre conscience des bouleversements radicaux de ses cadres de vie. Il peut observer une transformation sociale et une accélération de la croissance urbaine qui accompagne la crise du logement, la pollution, le désordre, les faits sociaux. Ces problèmes vont pousser l'architecture à s'adapter et à trouver des solutions.

271 Pierre Nora, « Mémoire collective » in Jacques Le Goff, Roger Chartier, Jacques Revel, La nouvelle

Pourquoi était-il important que le Centre Pompidou sauvegarde un patrimoine architectural ? Pourquoi et comment présenter le croisement entre l'art plastique et l'architecture dans le parcours thématique ? C'est ce qu'il faut voir à présent.

a. Les années Pop : exemple de sauvegarde du patrimoine architectural

Les temps changent. Les villes évoluent, se détruisent, se construisent, se transforment et changent d'aspect au fil de l'évolution de la société. L'exposition thématique intitulée Les années Pop permet au visiteur de 2001 de se faire une idée

des villes telles qu'elles étaient dans les années 60. Il est invité, à voir, dans une section intitulée clichés made in USA, des projections sur grand écran qui présentent

aussi bien les images du Disneyland à Anaheim en Californie (1955), que les projets

Guild House272

(1960-1963) de Robert Venturi et ses photographies, prises entre 1965 et 1966 et publiées dans Learning from Las Vegas. Ces œuvres et la mise en scène

présentent ces villes comme emblêmes de la consommation et du divertissement. Ces architectes proclament que « l'ornement n'est plus un crime, [...] l'artifice est une nécessité […] dans le sillage des prophéties de McLuhan, 'The medium is the message', l'impact culturel des machines, des images, des objets, ou encore qu'il n'y a plus de culture extérieure au phénomène de l'artefact urbain : 'Partout où ces médias arrivent, arrive la ville.' La production en série et la circulation de la marchandise créent une nouvelle condition urbaine, mobile et exportable partout. À la ville marchande correspond la ville spectacle »273

. Les œuvres architecturales témoignent de l'évolution de la culture populaire dans la société de consommation et deviennent des outils de communication en servant de supports publicitaires. Ils sont le reflet du contexte de la société de cette époque, l'identité locale dans son aspect mercantile.

Plus loin, le visiteur est invité à voir, dans la troisième séquence Rêve et Contestation, une sous-séquence architecturale, « Agit Pop », qui expose « une seconde génération d'architectes européenne, [dont] émerge une culture du nomadisme 'on the road' à travers casques, vêtements, capsules spatiales, mobile home... et celle du gonflable, sous toutes ses formes, y compris dans les happenings architecturaux symboles d'une société gonflée et de sa critique subversive »274

.

272  Venturi et Rauch, avec Cope et Lippincott, Guild House, 1960-1963, Philadelphie, Penn. Foyer pour

personnes âgées.

273 Communication de presse Les années Pop, Centre Pompidou, 2000, p.24.

274 Coop Himmelblau, Haus-Rucker-Co, Zùnd-up, Johanne et Gernot Nalbach, AngelaHareiter en Autriche, Archizoom, Superstudio, UFO, 9999 en Italie, Utopie en France, Communication de presse, l'exposition les années pop, 2000, p.7.

Le tableau Plug-in-City275

(1964) de l'architecte du groupe d'Archigram276

Peter Cook, représente une ville qui ressemble à une grande machine. Il reflète

les conceptions artistiques nouvelles : architectures fondées sur l'utilisation de

l ' i m a g i n a t i o n d e m a n i è re anarchique. La volonté de Peter Cook est de construire une utopie métaphysique, en créant des bâtiments modulables qui répondent à des fonctions essentielles pour résoudre les problèmes des grandes métropoles.

Cook et les architectes du mouvement Archigram veulent

briser les restrictions du style architectural traditionnel. Ils imaginent que l'homme n'a pas de résidence fixe et pourrait donc se déplacer librement dans des villes différentes, et même des pays différents grâce à cet habitat innovant ; il n'y a plus de frontière entre les territoires, les pays et les villes grâce à cette nouvelle conception de l'architecture. Cette tendance architecturale devenant tellement anarchique, « une seconde génération d'architectes, européenne, dont l'implication, dans ces années de contestation continue, les amène à prendre une distance critique par rapport à l'optimisme technologique et fun d'Archigram »277

.

L'architecture paraît en évolution permanente : l'aspect de la ville peut changer tous les jours. Cette conception imaginaire des formes évolutives de l'architecture permet aussi d'offrir une vision du monde différente, qui est une introduction de l'utopie au musée. Selon Alain Guiheux, responsable de la collection

d'architecture du Centre Pompidou: « l'architecture est un dispositif entre situation et fiction »278

.

Dans le parcours, les œuvres architecturales présentées vont si loin qu'elles peuvent parfois faire penser à de la science-fiction, car ces architectes imaginent comment la société pourrait évoluer. L'architecture contribue à la recherche de solutions pour sortir de la crise urbaine due en particulier à l'accroissement démographique urbain et aux nouveaux besoins.

275  Illustration n° 14 : Peter Cook, Plug-in-City. 1962-64 axonométrie 69,5 x 75,9 cm. The Muséum of

Modem Art, Gift of The Howard Gilman Foundation, photo : courtesy Dennis Crompton, Londres D.R. 276 En 1963, un groupe d'architectes anglais Archigram est constitué par Dennis Crompton, Peter Cook, David Greene, Michael Webb et Ron Herron, qui font de la recherche sur l'urbanisme dans les grandes villes.

277 Communication de presse, Les années pop, Centre Pompidou, 2000, p.7.

278 Alain Guiheux, Collection d'architecture du Centre Pompidou, Centre Pompidou, 1998, p.14. n° 14 : Peter Cook, Plug-in-City, 1964

L'exposition thématique permet la prise en conscience des préoccupations de l'architecte qui s'expliquent essentiellement par le fait que la construction devient une action symbolique qui illustre la relation entre l'homme et l'espace. La collection d'architecture, par l'évolution constante qu'elle présente, devient sujet de réflexion sur les modes de vie et les préoccupations sociales et économiques, un projet sur l'avenir et, comme l'a si bien dit Alain Guiheux, elle représente « une pensée en marche »279.

b. Les paramètres plastiques dans l’œuvre architecturale

Selon Alain Guiheux,280

la collection de maquettes et de dessins d'architecture « vise à penser contemporain et non pas à faire de l'histoire ; cela n'aurait pas de sens de parler d'un musée de l'architecture; notre ambition est de contribuer à une pensée en marche »281

. Il précise les critères d'acquisition: « les pièces doivent avoir une valeur d'enseignement indiscutable, par ailleurs, c'est davantage la collection des inventeurs que celle des artisans architectes »282

. Le but est donc non seulement de montrer un des nouveaux domaines se qualifiant pour prendre place dans un musée moderne, mais aussi de répondre à la vocation du musée Pompidou de démocratiser l'art en conduisant le visiteur à réfléchir sur son cadre de vie et à en apprécier l'évolution grâce à une approche didactique.

Par exemple, la scénographie de l'exposition Les années Pop est aménagée

pour « donner à l'espace un caractère paysager, illustrant un art à la croisée d'inspirations multiples puisées dans la ville, les médias, la publicité, le quotidien. […] elle répond ainsi à la grande diversité des besoins dans les différentes sections de l'exposition : espace <urbain> ouvert et permettant les vis-à-vis pour les 'nouveaux réalismes', espace plus muséographique pour les 'Pop arts', espaces synergiques pour l'architecture et le design »283

.

Premièrement, grâce à l'exposition des maquettes architecturales, des dessins ou des croquis, le visiteur peut apercevoir, dans leurs étapes préliminaires, les ébauches qui représentent les concepts d'école, les périodes du style de tendance moderne. Il peut non seulement s'intéresser à ce qu'il voit, mais aussi à la manière dont cela a été conçu.

Des plans architecturaux, que le visiteur peut découvrir sur les murs des salles du musée, lui permettent d'apercevoir aussi l'architecture dans son

279 Centre Georges Pompidou, numéro spécial de « Connaissance des Arts » n°146, 2000, p.32.

280  Responsable de la collection d'architecture du Centre Pompidou.

281 Centre Georges Pompidou, numéro spécial de « Connaissance des Arts» n°146, 2000, p.32.

282 Ibid., p.32

environnement (géographique, historique ou social), c'est- à-dire lui offrir un regard sur un contexte et sur le projet que l'architecte développe. La maquette Low cost-house284

(1962) de Johanne et Gernot Nalbach, présente un projet de solution pour loger

« les victimes du tremblement de terre »285 sous forme d'un « container pneumatique destiné à l'habitat d'urgence »286

. Ce projet, de plus, amène à penser la forme plastique non seulement dans sa fonction d'habitacle, mais comme une sorte de sculpture.

Les trois formes présentées dans l'exposition – Dessins d'architecture, Photographies d'architecture, Maquettes d'architecture – qui sont mises en scène permettent au visiteur non seulement de mieux prendre connaissance de cette discipline, mais aussi d'en avoir une expérience esthétique qui la relie aux arts plastiques. En 1923, Le Corbusier exprimait déjà ce lien entre l’architecture et les arts plastiques : « L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. Nos yeux sont faits pour voir les formes sous la lumière; les ombres et les clairs révèlent les formes; les cubes, les cônes, les sphères, les cylindres ou les pyramides sont les grandes formes primaires que la lumière révèle bien ; l’image nous en est nette et tangible, sans ambiguïté. C’est pour cela que ce sont de belles formes, les plus belles formes. Tout le monde est d’accord en cela, l’enfant, le sauvage et le métaphysicien. C’est la condition même des arts plastiques »287

. Si l'on en croit cette citation de Le Corbusier, l'architecture a sa place de plein droit dans un musée en tant qu'art et cet art peut être apprécié par chacun, quel que soit son âge ou sa culture.

Par une scène caractérisée comme une reconstitution d'un espace urbain et d'une situation intégrée dans le système de l'économie et la vie quotidienne, c'est souvent la photographie qui donne la perspective, le photomontage de la présentation

architecturale qui met en relief la réalité et les composantes plastiques ( les volumes, la lumière, les ombres et les clairs ) de l'architecture dans son processus de création

au fil du temps. Par exemple, la photographie Futuro House288

(1968-1970) de Matti

284 Illustration n° 15: Johanne et Gernot Nalbach, Low-cost house, projet de container pneumatique destiné à l'habitat d'urgence, 1962 maquette 40 x 40 x 40 cm photo Gernot & Johanne Nalbach, Berlin, Allemagne D.R. Crédit photographique : © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Bib. Kandinsky. 285 Dossier de presse de l'exposition Les Années Pop, Centre Pompidou, p.12.

286 http://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-fb277c55951bcba785b6a4 e5b85ea9&param.idSource=FR_O-d1a4a6cde2e517c2fef7f3d898b203d

287 Le Corbusier, Vers une architecture, Crès, Paris, 1923, p. 16.

288 Matti Suuronen, Futuro House, 1968-1970 photograhie collection Muséum of Finnish Architecture, Helsinki, Finlande Photo: C.G. Hagstrôm D.R.

n° 15 : Johanne et Gernot Nalbach, Low-cost house, 1962

Suuronen, présente une maison dans le style d'un vaisseau spatial ; le tableau Dyodon et constructions pneumatiques annexes289

(1967) de l'utopiste Jean-Paul Jungmann représente un paysage rempli de constructions architecturales gonflables ; ou le photomontage Monument aux Victimes de l'Holocauste290

(1964) d'Hans Hollein présente un bâtiment symbolique, à l'image d'un de ces wagons de chemin de fer qui emportaient les futures victimes vers la mort. L’architecte préconise que « tout est architecture »291. On voit ici l'importance de la représentation photographique, du photomontage ou de la peinture en tant que documents témoins d'une époque.

Dans l’œuvre architecturale, les paramètres plastiques pluriels (le choix des volumes, des couleurs, de la géométrie, de la perspective, de la structure et du style) en liant Art et Architecture, stimulent un regard innovant. On voit ici que la pluridisciplinarité n'est pas seulement le fait de faire voisiner des arts différents, mais aussi qu'elle aide à mieux comprendre certains aspects de la transformation sociale, économique et esthétique. Le parcours évoque des souvenirs, des images, des rapprochements entre l'art et la vie.

Ce tournant permet de penser l'architecture dans des relations avec les domaines sociologiques, culturels, politiques sociaux et artistiques. L’architecte est non seulement maître-bâtisseur, mais aussi il cherche à apporter des solutions pour la ville de l’avenir ou les espaces de vie, quête que le philosophe Martin Heidegger (1889-1976) voyait déjà en 1951 comme un problème de notre époque: « la véritable crise de l’habitation ne consiste pas dans le manque de logements. La vraie crise de l’habitation, d’ailleurs, remonte dans le passé plus haut que les guerres mondiales et que les destructions, plus haut que l’accroissement de la population terrestre et que la situation de l’ouvrier d’industrie. La véritable crise de l’habitation réside en ceci que les mortels en sont toujours à chercher l’être de l’habitation et qu’il leur faut d’abord apprendre à habiter »292

.

Les objets de la collection « Architecture» sont présentés dans un

sens narratif qui révèle les processus de création. L'architecture est devenue sujet de réflexion sur le monde, sur les modes de vie et les préoccupations sociales et économiques. Dans l'exposition thématique, l'architecture miniaturisée, par la présentation de maquettes en tant que dispositif didactique, permet de réfléchir aussi sur l'environnement, l'habitat, l'urbanisme, l'histoire et la géographie.

289 Jean-Paul Jungmann, Dyodon et constructions pneumatiques annexes, 1967 Perspective encre noire

réhaussée de crayon noir sur calque collection Centre Pompidou, Mnam/Cci

290 Hans Hollein, Monument aux Victimes de l'Holocauste, photomontage et crayon. 14,9x 29,2 cm,

MoMA.

291 Hans Hollein, ''Alles ist Architektur'', 1966-1967, dans ''Alles ist Architektur'', 1968.

292 Martin Heidegger, Essais et conférences, « Bâtir, habiter, penser », conférence à Darmstadt en 1951,

Le conservateur peut utiliser les caractéristiques formelles, symboliques, fonctionnelles des œuvres qui sont porteuses non seulement des préoccupations de l'artiste ou de l'architecte, mais aussi du discours social ou de l'approche anthropologique et philosophique sur la vie dans la nouvelle société.

C. Le croisement entre l'art et la photographie : l'exemple de l'exposition La

Révolution surréaliste, une vision sociale et culturelle

En 1977, l'exposition d'art moderne et contemporain qui se déroule tous les cinq ans à Kassel, présente Documenta 6 qui, cette fois-ci, s'interrogeait sur la place de

la photographie, du film et des vidéo dans le monde de l'art.

Selon le directeur du MNAM-CCI, Alfred Pacquement, « la Documenta 6 […]293

consacrait la photographie comme une technique centrale dans l'art contemporain, tout en replaçant son utilisation dans une perspective historique »294

.

Au début des années 1980, le Cabinet de la photographie est créé au Centre Pompidou sous la direction du conservateur du MNAM, Alain Sayag, et ensuite entre 2003 à 2012, est repris par Quentin Bajac, historien de l'art, spécialisé dans l'histoire de la photographie. En ce qui concerne la photographie, le Centre Georges Pompidou possède aujourd’hui295 46838 épreuves, représentant 1169 artistes. Bajac insiste sur la spécificité de cette collection : « Nous sommes dans l’une des rares collections où la photographie est représentée à coté des autres médias, la peinture, la sculpture, l’architecture. Bref, c’est une collection assez mixte qui s’intéresse à la façon dont la photographie joue et est influencée par les autres disciplines. C’est une des spécificités, une marque forte de la collection »296.

La photographie est démocratique, non seulement parce qu'elle est liée à la presse et aux média, que chacun connaît, et qui ainsi, par son introduction au musée permet au visiteur non-initié de se sentir plus facilement en quelque sorte « chez lui » (car chacun, en tant qu'être pluriel, est susceptible d'y retrouver des éléments de son expérience), mais aussi à cause de son caractère largement reproductif, qui offre à tout visiteur la possibilité d'acheter et d'emporter chez lui un livre sur l'art ou la reproduction d'une œuvre qui l'a intéressé ou qu'il a pu admirer, et ainsi qui permet aussi au musée de jouer encore plus pleinement le rôle de démocratisation que le

293 Documenta est une exposition d'art moderne et contemporain qui se tient tous les cinq ans, à