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Le Centre d'art et de culture Georges-Pompidou est aujourd'hui connu dans le monde entier. Il possède maintenant la plus grande collection d’art moderne et contemporain en Europe ; et avec le Tate à Londres, et le MoMA à New York, il conserve l'une des trois plus grandes collections d'art moderne et contemporain du monde.

La première partie de cette thèse a été consacrée à la création de ce grand projet culturel et au développement de ce Centre, dont nous avons voulu étudier les aspects très divers et les efforts déployés pendant ses premiers années pour sa réalisation.

Sa création est due au Président Pompidou, homme très cultivé et grand amateur d'art moderne et surtout contemporain, qui désirait pouvoir créer un lieu qui serait « un musée et un centre de création où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les livres, la recherche audio-visuelle »337. Le projet du président devait s'inspirer du MoMA de New York dont la politique muséale était novatrice.

Son projet, avec l'appui du ministère de la culture, est lancé et, lors d'un conseil restreint, le 11 décembre 1969, le Président choisit le plateau de Beaubourg, situé au cœur de la capitale. Cet endroit ayant déjà été prévu pour la Grande Bibliothèque d'Information (qui devait désengorger la Bibliothèque Nationale), il fut décidé en 1970 de réunir les deux projets, Musée et Bibliothèque, car selon lui, cela présentait l'avantage que les lecteurs de la bibliothèque seraient ainsi attirés assez facilement vers le musée d'art.

Si, à l'origine, le projet devait seulement comprendre le musée d'art moderne, la bibliothèque (BPI) et le centre de création industriel (CCI), en 1971 le Président Pompidou décida d'y inclure le centre de création musicale (devenu par la suite l'IRCAM). Grâce à l'union de ces différents lieux de culture et à leur proximité, le Centre put plus facilement développer la pluridisciplinarité dans ses expositions.

En décembre 1970, un concours international d'architecture est lancé en vue de construire le Centre. En juillet 1971, le jury, présidé par Jean Prouvé, choisit le projet de trois jeunes architectes, Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini, qui veulent créer un bâtiment ouvert sur la ville, un lieu de vie. Les travaux durent de 1971 à 1977 pour aboutir à une œuvre monumentale répondant à une esthétique

industrielle, « high-tech », tellement d'avant- garde, avec son aspect métallique, ses couleurs, ses « tripes au dehors », qu'elle est fortement critiquée. Le Centre est inauguré

le 31 janvier 1977 (ouvert au public début février ) en présence de Mme Pompidou. Le président Georges Pompidou étant mort le 2 avril 1974, le Centre Beaubourg reçoit le

nom de son « créateur ».

En dépit des critiques, cette œuvre fut menée à bien et le succès fut immédiat et au premier janvier 2014, le nombre de ses visiteurs était de 5,2 millions338

.

Qu'est-ce qui a permis la réussite de cette Grande Œuvre ? Plusieurs

conditions y ont contribué. D'abord la volonté du Président Pompidou de moderniser, ainsi que son goût pour l'art moderne et contemporain. Ensuite, le fait que le rayonnement de la culture a toujours été apprécié en France, qui a eu le premier ministère de la culture créé en 1959 par le général du Gaulle pour Malraux (suivi plus tard par d'autre pays). Surtout les événement de mai 1968, une révolte de nature à la fois culturelle, sociale et politique contre la société traditionnelle, ont changé les mentalités, en particulier avec la jeunesse qui avait pris d'assaut les lieux de culture,

la Sorbonne, le théâtre de l'Odéon, avec comme slogan « il est interdit d'interdire »

(qui pourrait s'appliquer parfaitement à la création d’œuvres d'art modernes et contemporaines). Enfin, un élément qui a joué aussi en faveur du succès du Centre est l'avènement de la société des loisirs, du tourisme et de la consommation, qui a pu développer chez beaucoup de gens le goût et le temps pour la lecture, les spectacles et les arts.

A côté de la démocratisation de l'art et de la pluridisciplinarité, un autre grand désir du Président Pompidou était de faire retrouver à Paris sa place de leader dans le monde de l'art et c'est pour cela que nous avons choisi d'étudier les expositions mises en place dans ce but : Paris -New York en 1976, Paris-Berlin en 1978, Paris-Moscouen 1979, Paris-Paris en 1981, première étape d'une série d'expositions donnant

une vision géo-culturelle des échanges avec les États-Unis et les grandes capitales artistiques occidentales et destinées à établir solidement la place de Paris ; puis les

expositions géo-culturelles qui s'ouvraient sur d'autres parties du monde ( Japon des avant-gardes en 1986, Magiciens de la terre en 1989, Alors, la Chine ? en 2003 et Africa Remix en 2005) et qui faisaient de Paris un initiateur et un novateur en matière d'art.

Les expositions Manifeste, en 1992, et Manifeste, une histoire parallèle, 1960-1990, en 1993 servent comme une sorte d'intermédiaire pour passer de « Paris

Centre du Monde » à d'autres expositions qui formeront une seconde étape à partir

de 1997 avec Made in France 1947-1997 : l'exposition « Manifeste » de 1992 est une

immense exposition qui ne dure que trois mois, mais sert à montrer, par la richesse des collections, tous les domaines artistiques du Centre qui serviront à renforcer la pluridisciplinarité. Manifeste, une histoire parallèle, en 1993, est une beaucoup plus

338 Le Centre Pompidou a accueilli 209 millions de visiteurs de son ouverture à 2013. En 1977, le Centre a reçu 6000 000 visiteurs.

petite exposition qui n'occupe qu'une seule galerie339

, mais termine la réflexion du

premier « Manifeste » sur l'accrochage muséal. Ces deux expositions « manifestent »

aussi la réaffirmation d'un projet voulu comme pédagogique pour un vaste public dont le parcours est facilité par tous les renseignements et les scénographies.

Ensuite au cours de cette seconde étape nous avons voulu étudier une

série d'expositions : Made in France en 1997, Les années Pop en 2001, La Révolution surréaliste en 2002, Le Mouvement des images en 2006, parce qu'elles soulignent

l'importance et la force du design, de l’architecture, de la photographie, de la vidéo et du cinéma, en somme de tous les nouveaux média qui sont intégrés maintenant dans

les musées et qui font partie du monde artistique actuel. Si dans « Made in France »

ces média étaient présentés dans une salle à part, à partir de Les années Pop, ils sont

intégrés dans toutes les expositions au même degré que les arts plastiques. Cette seconde étape est donc encore une réflexion plus poussée sur la pluridisciplinarité et sur l'organisation d'un musée moderne.

Nous nous sommes aperçu aussi que, si ces premières années du Centre pouvaient être considérées comme une période où le Centre cherchait à évaluer ses richesses, à montrer au public les différents aspects de l'art moderne et contemporain tout en mettant en place une méthodologie muséale, nous nous sommes rendu compte d'un nouveau phénomène, l'artification, qui a permis l’entrée au musée, des arts mineurs, du design, de l'architecture, de la photographie et de la vidéo, revelant ainsi un territoire de plus en plus élargi des domaines de l'art.

Le Centre a donc cherché à créer des moyens qui facilitent au visiteur dans ses parcours et ses rencontre avec l'art. La réussite du Centre est due aux efforts déployés par les organisateurs (architectes, directeurs, conservateurs, commissaires et études des sociologues) pour satisfaire au mieux le public en tenant compte du fait que chaque être est pluriel, avec des motivations et un vécu qui lui sont propres.

Dans cette première partie nous avons aussi pu voir que le renouvellement de la muséographie a pu se faire grâce à des approches tissées avec les sciences humaines (l'anthropologie sur le décloisonnement des disciplines artistiques ; l'étude sociologique sur le comportement du visiteur et l'artification ; la psychologie en rapport avec la scénographie ).

Donc nous avons voulu étudier dans cette première partie toute cette série d'étapes et de moyens mis en place qui constituent l'immense travail que le Centre a dû effectuer pour assurer son renom, pour attirer le public et lui faire connaître les différents aspects de l'art moderne et contemporain.

Cette première partie peut donc être considérée comme ce qu'il nous a semblé nécessaire de montrer (comment le Centre a été créé, et comment il a été mis en

339 Cette exposition dure du 23 septembre au 23 Décembre. Le reste du musée étaient exposés ''Dominique Bozo, Un regard'', ''L'ENVERS DES CHOSES'' , '' La plus belle maison du monde ''.

marche en plusieurs étapes), avant pour nous de passer à la deuxième partie de cette thèse qui analysera des expositions thématiques importantes Big Bang, qui explique

comment l'art contemporain s'est créé, elles@centrepompidou, qui traite d'un problème