• Aucun résultat trouvé

Chapitre 2. Cadre conceptuel et modèle théorique

2.2. La présence dans un contexte de formation appuyé par le numérique

2.2.2. Le concept de présence transactionnelle (Shin, 2002)

Pour Shin (2002), dans un contexte de FAD, la perception de présence d'un étudiant concernant les enseignants, les pairs et les services institutionnels va au-delà de la distance géographique (téléprésence) ou de la présence sociale. Cette perception reflète plutôt les besoins de connexion avec les ressources d'apprentissage et les sources de soutien vers lesquelles l’étudiant peut se tourner lorsque le besoin se fait sentir.

Pour les étudiants, les ressources professorales sont perçues, entre autres, comme des médiateurs culturels entre les étudiants et les institutions, des experts en la matière, des gardiens de la connaissance et des conseillers (Shin, 2002). D'autre part, les pairs étudiants sont perçus comme des collaborateurs qui facilitent l'acquisition et l’évaluation formative des connaissances et qui offrent un soutien moral basé sur une compréhension empathique. Les établissements, quant à eux, sont perçus comme des fournisseurs de ressources d'apprentissage et de services de soutien. Ainsi, pour Shin (2002), la perception de présence d'un étudiant dans un contexte de FAD concernant les enseignants, les pairs et les services institutionnels est représentée par la disponibilité (availability) des autres acteurs et par le sentiment d’être en relation avec eux

44

(connectedness). Ce concept de présence comprenant les sous-dimensions de « disponibilité » et de « connexion » est appelé par Shin (2002) « présence transactionnelle » (PT).

Shin (2002) définit la notion de « disponibilité » comme la possibilité d’obtenir sur demande ce qui est nécessaire ou souhaité, ce qui implique aussi la réactivité des relations interpersonnelles. Cette notion découle de l'idée que les enseignants, les pairs étudiants et l’établissement fonctionnent essentiellement comme des ressources pour les étudiants dans un cadre éducatif. Le sentiment de « connexion », quant à lui, se réfère à l’assurance qu'une relation réciproque existe entre deux ou plusieurs parties, impliquant un jugement subjectif de la part d'un individu sur l'étendue de l'engagement qui le concerne (Shin, 2002).

Le concept de présence a été étudié sous divers angles dans plusieurs domaines. Lombard et Ditton (1997) présentent six manières de conceptualiser le terme « présence » dans une situation de communication médiatisée:

1. La présence en tant que richesse sociale indique le degré avec lequel les individus perçoivent la sociabilité, l’affabilité, la sensibilité, la personnalité ou la proximité des autres.

2. La présence en tant que réalisme implique le fait que des objets, des personnes ou des événements « virtuels » puissent être perçus comme étant « réels ».

3. La présence en tant que transport, autrement dit, en tant qu’analogie par laquelle la perception des individus peut transcender les frontières de leurs réalités.

4. La présence en tant qu’immersion signale la perception d’existence physique, psychologique et perceptuelle dans un monde différent, grâce aux dispositifs techniques reliés à des supports de communication (p. ex. la réalité virtuelle).

5. La présence en tant qu'acteur social au sein du média caractérise des interactions « para-sociales » que les individus entretiennent avec des acteurs virtuels dans le média (p. ex. avec des personnages). 6. La présence dans le média comme acteur social désigne les interactions que les individus

entretiennent avec le média (p. ex. avec un ordinateur ou un logiciel).

Bien que chaque conceptualisation diffère au sujet de l’objet de la définition, l’essence du concept de présence dans une situation de communication médiatisée est la perception de « non-médiation » vécue par les individus (Shin, 2002). Parmi les six conceptualisations présentées par Lombard et Ditton, la notion de présence en tant que richesse sociale est probablement la plus pertinente dans le contexte de la comodalité, dans la mesure où

45

elle s’intéresse à la nature de la communication entre les individus. À partir de cette conceptualisation, Shin (2002) définit la PT comme étant le degré avec lequel un étudiant perçoit la disponibilité (availability) des autres acteurs dans une situation de formation et le sentiment d’être en relation avec eux (connectedness).

La PT permet de caractériser la perception qu'ont les étudiants des enseignants, des pairs et des institutions, et ce, dans un contexte de FAD. Telle que définie par Shin (2002), la PT est étroitement associée à la notion d'interaction, puisque ces deux notions (PT et interactions) concernent essentiellement les relations interpersonnelles; chaque concept peut cependant éclairer différentes dimensions des relations interpersonnelles. Alors que le concept de PT peut se référer aux perceptions d’un étudiant dans un contexte de FAD, le terme d'interaction se réfère aux activités qui se déroulent effectivement entre deux ou plusieurs parties.

Shin (2002) souligne que la présence n’implique pas nécessairement un contact présentiel. Le degré de présence est davantage en lien avec les caractéristiques de la relation globale entre l'enseignant et l'apprenant : la réactivité, la pertinence, l’individualisation et le soutien général, qu'avec la modalité d’interaction entre eux ou l’outil de communication utilisé. Par conséquent, dans un contexte de FAD, la PT se réfère à la mesure dans laquelle un étudiant perçoit la disponibilité des enseignants, de ses pairs et des services de l'institution, ainsi que la connexion avec ceux-ci. L'interaction, quant à elle, est considérée comme une activité qui peut résulter d'une perception élevée de PT.

Les étudiants ayant une perception plus favorable concernant la présence psychologique d'un enseignant ont tendance à s'engager davantage dans les tâches d'apprentissage et à obtenir de meilleurs résultats que ceux ayant une perception de PT plus faible de l’enseignant. Shin (2002) indique également que la PT peut être un prédicteur significatif de la réussite, de la satisfaction et de la persévérance des étudiants dans un contexte de FAD. Ainsi, l’utilisation d’outils synchrones et asynchrones pourrait supprimer l'absence de présence physique de l'enseignant. Étant donné l'implication générique des relations humaines dans les activités d'enseignement et d'apprentissage, le concept relationnel de PT offre une perspective pour l’analyse des discussions fréquemment documentées dans la littérature sur la FAD, à savoir : l'isolement, la distance psychologique, le manque de relations, le sentiment de connexion, ou le sentiment d'appartenance.

2.3. Les communautés médiées par les nouvelles technologies