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3.2.2 … aux représentations médiatiques

4.1.3 Le choix d’une structure ancrée dans le sport

Il est difficile, voire impossible, de prendre en compte dans une démarche historique, l’ensemble des titres en lien avec le groupe Amaury, mais aussi la totalité des déclinaisons de L’Equipe relevées supra (3.1.2). Dans le cadre de cette recherche, on se consacrera uniquement à la version papier.

Cependant la période couverte est longue (1946-2010) : en 64 ans, ce sont des milliers d’articles qui ont été publiés. Il est donc indispensable de sélectionner, puis de classer, dans la masse des articles, non seulement ceux qui sont consacrés au football, mais encore ceux qui traitent des thèmes que nous avons retenus et qui répondent aux critères permettant à l’analyse de se déployer.

Frais financiers 325 143 4 112 1 382 Produits financiers 297 563 9 488 619 Salaires et charges 52 358 52 112 53 557 54 136 Nombre d'employés 488 484 508 523

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4.1.3.1 Les thèmes récurrents

Deux thèmes récurrents qui posent d’une manière ou d’une autre la question des publics et dont l’importance quantitative et qualitative pour la presse et les publics varie conjoncturellement, traversent cette longue période :

- Les questions dites -souvent abusivement- « extra-sportives » et celles que l’on rassemble sous le terme générique homogénéisateur « les affaires ». Il s’agit des problèmes liés à l’argent (montant des transferts, salaires exorbitants de joueurs, corruption.…), au dopage, aux matchs « arrangés » et plus accessoirement liés à la relation football/politique dans ses dimensions internationales, nationales ou locales. Les discussions sur l’état des stades et de la pelouse, leurs capacités et les conditions d’accueil des publics qu’ils proposent peuvent relever de ces relations (Garcia, 2008).

- Les questions qualifiées fréquemment de « sportives » :

* Les compétitions proprement dites : elles sont nombreuses, surtout si on prend en compte les tranches d’âge, l’échelle (international, national, régional, départemental…), le sexe, le type (championnat, épreuve au long cours, et les différentes coupes qui se jouent selon le principe de l’élimination directe du perdant). Dans la presse sportive, mais aussi au niveau des publics ces compétitions n’ont pas le même statut, ne suscitent pas le même intérêt, n’occupent pas la même place dans les pages sportives et dans les discussions entre supporters105. * Le jeu, ses règles, ses systèmes, son déroulement pendant un match… * Les joueurs, leurs qualités, leurs défauts, leur condition physique,

leurs blessures, leurs arrivées et leurs départs…

* L’arbitrage, marronnier des discussions d’avant, pendant et après match…

Nous prendrons ces deux thèmes et leurs sous-thèmes « globalement » en compte en respectant la dimension diachronique et à condition que leur traitement par L’Equipe

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Nous prendrons pour exemple la Coupe de France qui concerne toutes les équipes premières masculines des clubs amateurs et professionnels français, puis la Coupe de la Ligue, réservée aux seuls clubs professionnels. La première, qui existe depuis 1918, est très populaire auprès des publics du football et perpétue l’image valorisante de la « France du foot ». Au contraire, la seconde est souvent perçue comme « la compétition de trop », celle qui a été créée tardivement par la Ligue Française de Football pour des raisons principalement financières (revenus provenant des « droits télé »).

105 concerne directement ou indirectement les publics. En même temps, il faut aussi s’interroger sur l’évolution de la place occupée par le football dans les pages du journal.

4.1.3.2 La place du football dans les pages de L’Equipe

L’espace matériel occupé par le football dans L’Equipe reflète d’abord plus ou moins celle occupée par ce sport à l’échelle sociétale. S’il n’est pas question d’insister sur un point que nous avons traité, qu’il nous soit permis de rappeler que dans les années 1940-1960, le football ne se détache pas véritablement dans le paysage sportif français, du moins par rapport au cyclisme, alors très populaire à tous les sens du terme, et au rugby. C’est en fait à partir des années 1970 qu’il commence à monter en régime (« épopée des Verts » de Saint-Etienne, accession de la France en demi-finale de la Coupe du Monde en 1982…). Mais c’est surtout dans les années 1990 qu’il devient le sport le plus médiatisé, non seulement en France, mais encore à l’échelle mondiale.

L’espace matériel occupé par le football dépend aussi de la politique éditoriale du journal. En effet, une Rédaction peut suivre, ne pas suivre ou mal suivre le rythme des objets sociaux qu’elle traite et cela pour des raisons « internes » de diverses natures (pratiques, idéologiques…), ou pour des raisons de positionnements par rapport à la concurrence d’autres journaux ou d’autres types de médias. Toujours est-il que pour

L’Equipe, le nombre d’articles et de pages concernant le football a considérablement

augmenté, passant d’une ou deux pages dans les années 1960, à près d’une dizaine dans les années 2000. De même, alors qu’ils étaient dans les années 1940-1960 souvent relégués en fin de journal (septième et huitième pages), les articles occupent désormais le plus souvent les premières pages, ainsi que la Une (parfois toute la Une, parfois une partie).

A partir des années 1970-1980, la description de chaque journée de championnat se fait match par match, avec des encarts de plus en plus grands et des commentaires de plus en plus longs et détaillés. Alors que dans le courant des années 1980, on peut compter sur une seule page jusqu’à cinq résumés et commentaires de matchs, dans les années 2000 un seul match peut monopoliser deux à trois pages, plusieurs articles et/ou interviews, des brèves, et des photos.

Cette évolution de l’espace matériel, ainsi que de la taille et du nombre des articles doit également être mise en rapport avec l’évolution de l’image de presse et plus exactement de son statut et de son « contenu ». En effet, avec la télévision et le nouveau rapport à l’image qu’elle développe, les photos prennent une place plus importante dans la presse écrite. La présentation de la Une change car les photos occupent désormais une place jadis occupée partiellement par le texte. La photo va en outre rendre compte de l’exceptionnel, là où la télévision filme le banal, l’arrêt sur image que n’offre pas la télévision, l’expression subjective du sport et du sportif. De sorte que l’organisation interne

106 des articles et les méthodes de traitement de l’information se modifient : édition de cahiers spéciaux, de suppléments abondamment illustrés, avec interviews et portraits.

Si le repérage et la critique, même rapide, des sources sont nécessaires à l’historien pour intégrer les documents dans un corpus susceptible d’être exploré diachroniquement en fonction d’une problématique, ils ne suffisent pas. Il faut encore définir un cadre pour accueillir, nommer et classer les documents de façon à les faire parler dans les conditions les plus rigoureuses et les plus précises possibles.