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public en question

2.2.2 De quelques « nouveaux » profils de spectateurs

Comme pour la période de 1946 à 1960, nous allons essayer de rendre compte des typologies construites par L’Equipe.

On constate d’abord que certaines, élaborées précédemment, ne sont pas obsolètes. Ainsi, les femmes et les enfants restent largement exclus et quand ils sont rendus visibles, c’est d’abord en tant « suiveurs » tels que nous les avons définis dans la section précédente. Les représentations restent majoritairement masculines. Cependant on peut relever que la fonction des femmes et surtout des enfants se modifie : de simples éléments plus ou moins exotiques et quasiment muets d’un décor et simples accompagnateurs d’un individu de sexe masculin « familialement dominant » ils acquièrent parfois (et donc non systématiquement) le statut de « dédramatiseurs » des enjeux du match :

« Les enfants crient, chantent, hurlent, plus fort que les supporters pour ce dernier match de championnat », (L’Equipe, 11 septembre 1961) ;

« Au milieu de cette foule, des dizaines d’enfants chahutent sans se préoccuper du match ou de son résultat », (L’Equipe, 5 mai 1974).

Ce que l’on remarque surtout, c’est la mise en évidence de trois nouveaux profils dégagés par rapport au critère de l’implication (dans le football, dans le club, dans le match, cf. supra, même chapitre, section 1) : le flâneur, le connaisseur (ou initié) et le fan, catégorie plus engagée de supporter. Cela ne veut pas dire que ces catégories n’existaient pas précédemment, mais cela signifie que L’Equipe ne les faisait pas ressortir du « lot », peut-être parce que leurs membres n’étaient pas assez nombreux, ou assez voyants.

Le « flâneur » vient compléter le « curieux »37 que nous avons mentionné dans la section précédente dans la catégorie de ceux qui sont les moins impliqués. S’il n’est pas comme le curieux un spectateur occasionnel ou accidentel, il n’est pas pour autant un initié et encore moins un spectateur enthousiaste, engagé et capable non seulement de « déchaînements », mais également de comportements altruistes envers son club. Il se caractérise essentiellement par une attitude distante envers l’équipe de sa ville ainsi

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Compléter et non remplacer, car le curieux existe toujours : « Nous pouvons voir des spectateurs venir visiter le stade comme on visite une église, sans pour autant savoir qui joue aujourd’hui » (L’Equipe, 11 octobre 1973). Et il sera encore présent dans la période suivante et construit comme tel par le quotidien sportif.

165 qu’envers le match. Il ne paye pas sa place pour soutenir financièrement une équipe qui n’est pas vraiment la sienne, mais parce qu’il pense qu’il est de bon ton de se montrer dans un stade ou de suivre un club qui gagne ou qui est « en haut du tableau ». Il est finalement assez proche du « spectateur désengagé » de Catherine Bertho-Lavenir (2008) auquel nous avons fait référence (chapitre 1, section 3, 3.3.2.3 « Typologies des publics »).

En outre, il vient seul, se méfie des effets de foule et ne cherche pas le contact avec d’autres spectateurs :

« Aujourd’hui certains viennent seuls au stade, pas supporters, pas fanatiques, juste pour profiter de l’animation que propose le football », (L’Equipe, 11 octobre 1973).

Il a un comportement essentiellement individuel, pour ne pas dire individualiste. Il n’éprouve aucune difficulté à axer son intérêt, voire à diriger ses encouragements d’abord vers une équipe (a priori celle qui porte les couleurs de sa ville), puis vers l’autre pour peu que la seconde mérite son attention. Il peut aussi perdre provisoirement ou définitivement tout intérêt pour le football au profit d’un autre sport :

« Je suis là aujourd’hui, mais dimanche prochain je serai peut-être au rugby », (L’Equipe, 5 mai 1974).

Certains flâneurs pourraient être définis comme des intellectuels, ou plutôt comme des esthètes du football dans la mesure où ils semblent en saisir plus que d’autres les finesses. En conséquence, ils aiment « venir voir au stade les artistes du ballon rond »

(L’Equipe, 18 janvier 1965), ce qui les éloigne du stade dès lors que ceux-ci ne figurent

pas dans la composition des équipes. Ces flâneurs-là seraient en quelque sorte des dandies

du football reconnaissables plus à un raffinement (du comportement, du vocabulaire…) qu’il font tout pour faire apparaître qu’à leur tenue vestimentaire somme toute commune et par conséquent non « distinctive ».

Le second « nouveau » profil est celui du connaisseur, voisin de l’initié, sorte de témoin-analyste très au fait des choses du football et éventuellement repéré comme tel par d’autres spectateurs « assidus », voire par des journalistes, que nous avons nous-mêmes défini dans notre typologie générale des publics sportifs (chapitre 1, section 3,

3.3.2.3 « Typologies des publics ») et que nous rencontrerons à nouveau dans le chapitre 3

sous les traits de « l’expert » non-journaliste et non-consultant.

Une des caractéristiques du sport en général et du football en particulier est que tout un chacun peut non seulement se faire un avis, une opinion sur le football, les joueurs, les équipes, les actions de jeu, l’arbitrage (…), mais aussi peut éprouver le besoin de donner avis et opinion à tout moment et n’importe où (au stade et en en dehors du stade). D’autant

166 que les médias se demandent désormais assez souvent si le match ou le comportement d’une équipe, d’un joueur ont répondu aux attentes des spectateurs et parfois posent la question à quelques-uns, faisant alors d’eux les juges du spectacle38. Mais si tous les spectateurs disposent de connaissances à partir desquelles ils émettent des avis, tous ne sont pas des connaisseurs.

Les avis du « véritable » connaisseur sont pertinents, argumentés et formulés avec les « mots qu’il faut », certains étant puisés dans le vocabulaire technique. Il est celui qui, selon le CNRTL « se connaît à, en quelque chose (…) est compétent, versé dans »39. Bref, il est acculturé à la technique, à la culture, à l’histoire et à l’actualité du football, sans être pour autant un fanatique, même quand il soutient son équipe et même s’il peut à l’occasion verser dans l’esthétisme : le connaisseur étant aussi, selon le CNRTL, « celui qui apprécie

les bonnes ou les jolies choses » (ibidem). Il s’agit ici d’un ensemble de gestes et d’actions

propres au football qualifiés par L’Equipe de « gestes de grande classe » (L’Equipe, 8 mai 1977) ou encore de gestes traduisant une « technique hors pair » (ibidem). Le plaisir esthétique peut également se mesurer au nombre de buts marqués, surtout quand ce sont des « beaux buts ». Il s’agit donc pour lui de voir du football de qualité pratiqué par de « belles équipes » et non pas juste de venir au stade pour soutenir ses favoris, surtout quand ils jouent mal.

Une autre caractéristique du connaisseur, est qu’il réagit avec mesure comportementale et langagière aux injustices (par exemple arbitrales) ainsi qu’aux gestes violents sur le terrain ou dans les tribunes. Plus que l’intérêt d’une équipe, il défend l’intérêt général du football, pour ne pas dire l’intérêt commun du sport. Et c’est à ce titre qu’il pourfend la violence gratuite et la bêtise. Ses paroles peuvent d’ailleurs se trouver en porte à faux avec celles du quotidien sportif à qui il arrive, sans pour autant « demander du sang », de s’en accommoder quand il coule (à condition qu’il ne coule pas trop…) et à excuser la violence sur le terrain quand elle répond à une violence non légitime, voire dans les tribunes quand le public est exaspéré par un arbitrage manifestement « nul »40. Elles

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Dans L’Equipe, les réponses, retravaillées par le journaliste, peuvent être rapportées dans un article ou encore dans un encadré mis en regard avec l’article faisant le compte rendu (cf. chapitre 3).

39 CNRTL http://www.cnrtl.fr/definition/connaisseur On notera aussi qu’il peut « faire le connaisseur » sans l’être vraiment, en « s’en donnant l’air » comme le souligne le CNRTL (même référence). Il est alors un cuistre.

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Par contre, L’Equipe est souvent très sévère vis-à-vis des violences venant des tribunes, qu’elle qualifie sans état d’âme de « gratuites » et/ou de « stupides ». Le commentaire de la visite « peu

167 sont aussi souvent décalées par rapport au vocabulaire militaire et guerrier couramment employé par les journalistes sportifs, peut-être parce qu’il semble « coller » au récit épique41.

En fait, les journalistes de L’Equipe commencent à s’intéresser à eux car leurs paroles donnent de l’épaisseur, de la vie au récit du match : un dribble, un passement de jambes, un déboulé le long de la touche, le tir d’un coup franc (…) font plus « vrais » et sont plus « admirables » quand ils sont évoqués par quelqu’un qui peut en parler à la fois sans excès langagier et avec compétence. La déception est également plus « palpable » quand Dominique Rocheteau ou Hervé Revelli, joueurs emblématiques et « performants » de l’AS Saint-Etienne, n’ont pas eu le geste attendu, et plus « compréhensible » quand un connaisseur donne une explication crédible à leur échec et à laquelle ils n’ont pas pensé car elle est en dehors de leur champ de compétence. Ce faisant, le connaisseur est un acteur de la construction des représentations médiatiques du match, des équipes, des joueurs, et aussi des spectateurs.

Dernier profil à se dégager, celui du « fan », autrement dit de « l’admirateur

enthousiaste, passionné de quelqu'un, de quelque chose » (Dictionnaire Larousse)42. Tiré

de l’anglais « fan », qui signifie « fanatique », ce terme n’est pas immédiatement accepté en France, notamment par les médias qui lui préfèrent « adepte », « partisan », « passionné » et presque pas du tout -en tout cas dans les années 1960- par la presse sportive qui continue à parler de supporter (et à la rigueur d’aficionado dans le Sud-Ouest

amicale » au Parc des Princes, lors d’un match amical, des supporters du club anglais de Reading en est un exemple. Le journal explique que l’arrivée massive de supporters anglais fortement alcoolisés « a jeté un froid parmi les spectateurs » et occasionné de la gêne : « Les insultes et les hurlements des Anglais font que l’on n’entend plus qu’eux dans le stade », « l’ambiance n’est pas celle d’un stade français » (L’Equipe, 16 août 1969). D’ailleurs il marque la différence utilisant le mot « supporters » pour les anglais et le terme « spectateurs » pour les français, ce qui crée un décalage entre les représentations des publics français et des publics étrangers. Les spectateurs sont ici des révélateurs involontaires de la transformation du sport et de certaines conséquences de l’internationalisation du football.

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On relèvera sans s’y attarder car cette question se situe en dehors de notre projet d’étude, que les commentaires journalistiques sportifs puisent largement dans ce vocabulaire, y compris lorsque la discipline n’est pas à proprement parler un sport de combat : soldats, troupes, camp, guerre, opérations, hostilités, manœuvres, attaque, agression, repli, conquête, occupation, quadrillage, zone, infiltration, boulet, munitions, rafales (…) appartiennent bien aux mots ordinaires du football. Ils sont d’ailleurs largement utilisés par les joueurs, les techniciens et les spectateurs.

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168 de la France, en raison du nombre d’amateurs de corridas) mais qui est très gênée pour qualifier cette nouvelle génération de supporters qu’elle voit poindre et prospérer. Faute d’utiliser le mot, elle décrira le fan par ses comportements, ses pratiques et ses paroles.

On remarquera en outre que dans les années 1960 le fan apparaît dans plusieurs domaines d’activité, un des premiers et des plus importants étant sans doute celui de la musique et plus précisément de la musique dans laquelle se reconnaît massivement la génération du « baby boom ». Il n’est alors pas très bien accepté par la société, mais aussi par les sciences humaines et sociales françaises qui semblent alors plus promptes à lui appliquer une analyse normative qu’à comprendre ses pratiques, contrairement aux

Cultural studies britanniques. Il faudra en fait attendre les années 1990 et 2000 pour que

les recherches se réorientent vers des études empiriques et compréhensives (Segré, 2002, 2003, 2007 ; Le Guern, 2002, 2007 ; Le Bart, 2004). S’agissant des fans de football, outre les travaux de Christian Bromberger et de Patrick Mignon plusieurs fois cités (et utilisés) ici, on peut retenir : Bernache-Assolant, 2006 ; Lestrelin, 2006 ; Bousquet, 2010 ; Bartolucci, 2012. On retiendra surtout ici que « pour comprendre qui sont les fans, il est

important de repérer leurs pratiques » (Le Guern, 2007, 250).

A l’instar du supporter traditionnel évoqué par L’Equipe dès la fin des années 1940 (et, rappelons-le, apparu bien avant), le fan se rend au stade en groupe, arbore volontiers les couleurs de son équipe (davantage par des drapeaux et fanions que par ses vêtements, même si les écharpes font leur apparition) et manifeste bruyamment son soutien et sa solidarité envers son club et son équipe. Mais s’il recherche la présence des autres, surtout ceux qui lui ressemblent, c’est avant tout parce qu’elle est, d’une part, une reconnaissance de sa qualité de « fan », d’autre part, une condition d’apprentissage de son « savoir être fan » (Le Guern, 2002, 213) et donc de sa socialisation. Par ailleurs, il est souvent dans l’exagération, l’outrance verbale et comportementale, ce qui ne veut pas dire qu’il est violent, et il donne une dimension personnelle à l’objet de sa passion, ce qui le conduit à pratiquer des activités qui le placent toujours à proximité de cet objet. S’il s’identifie étroitement à son club, il ne le fait pas, ou en tout cas pas seulement, pour des raisons culturelles ou traditionnelles. L’identification au club a une triple dimension, exclusive (c’est lui et pas un autre, pour ne pas dire rien d’autre, alors que le supporter traditionnel peut avoir plusieurs objets de passion), financière (il soutient son club pour qu’il ait de meilleurs résultats, par exemple en achetant de meilleurs joueurs) et consumériste (en consommant, il est conscient de participer à la santé financière de son équipe et donc à son avenir, et en achetant des produits dérivés43, il se situe au plus près de sa passion) :

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169 « A l’entrée du stade les drapeaux se vendent à une vitesse folle »,

(L’Equipe, 8 octobre 1974) ;

« Tout bon fan se doit de venir au stade avec le bon équipement »,

(L’Equipe, 1er septembre 1975)

L’identification étroite à un club et à une équipe se double fréquemment de l’identification à quelques joueurs44. D’ailleurs, il connaît tout des joueurs de son équipe, et surtout de ceux qui ont le statut de « célébrités », de « vedettes » ou encore mieux de « stars » car ils sont reconnus comme tels par le milieu sportif et les médias et surexposés en conséquence dans leur vie tant professionnelle que privée. Il collectionne les portraits, les autocollants, achète des maillots -surtout celui de ses idoles- regarde à la télévision les émissions spécialisées et lit l’Equipe à la recherche des dernières informations45 :

« Voilà le fan typique des Girondins de Bordeaux avec sa casquette, son écharpe et bien entendu, L’Equipe sous le bras »,

(L’Equipe, 27 mai 1979).

Le fan est bien entendu en attente de l’exploit ou du « geste » technique ou « esthétique » de son joueur favori :

« Le fan de Michel Platini a apprécié cette frappe de la 75éme minute », (L’Equipe, 1er septembre 1970).

Et il attend aussi beaucoup de son club et peut donc être déçu lorsque cette attente ne se réalise pas :

« L’ASSE et ses fans attendent beaucoup de ce match de Coupe de France », (L’Equipe, 30 mai 1970).

Loin d’être passif et manipulé comme certains médias et analystes tendent souvent à le présenter, le fan est actif, voire créatif, dans la mesure où il donne du sens aux objets matériels et symboliques dont il s’entoure et qu’il s’approprie.

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On relèvera que des fans peuvent s’attacher non pas à l’équipe qui représente le territoire qu’ils habitent, mais un club situé ailleurs. Ils sont alors habités par ce territoire.

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Contrairement à des pays du nord de l’Europe (en particulier l’Angleterre), les fanzines -magazines destinés aux fans et souvent produits par des fans- ne sont guère présents en France, surtout dans cette période.

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2

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Nous avons souligné que dans la période allant de la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à la fin des années 1950, la ville en tant que territoire incluant ses périphéries jouait un rôle important dans la caractérisation identitaire des publics du football, et que cette caractérisation était en partie le fait de L’Equipe, et au-delà des rubriques sportives de la presse nationale, et bien entendu, locale. Et cela même si l’européanisation émergente du football commençait à produire des effets.

Dans cette seconde période, force est de constater un changement d’échelle ou si l’on préfère un effet de seuil, avec la montée en régime de « l’Europe du football », notamment sous la forme de compétitions européennes de plus en plus prisées par les médias et les publics. Une conséquence imprévue de ce phénomène est le renforcement de la dimension spectaculaire du football donné à voir par la télévision car nombre de rencontres sont de « haut niveau » alors même que le haut niveau est rare dans les compétitions hexagonales, et par suite de la qualité technique de joueurs n’évoluant pas, ou pas encore, en France. Le regard et les pratiques des clubs, des médias et des publics français sur les équipes, le jeu et les joueurs s’internationalisent (Colomb, Niemeyer, Ramoneda, 2009)46. De sorte que le principe « un club, une ville » qui avait cours dans les années 1950 est peu à peu remis en question. Tout comme, dans les territoires géographiques et symboliques du football, la prédominance de la ville stricto sensu

enfermée dans le carcan de ses limites administratives.

La « région », qui ne correspond pas nécessairement au découpage administratif de la France, occupe peu à peu un espace plus important (il sera central dans les années 1990-2000) dans le positionnement identitaire des clubs professionnels, tandis que les publics potentiels et empiriques dépassent largement les limites de la métropole (ou de la grande ville) et de son immédiate périphérie, pour relever de zones plus reculées (Pfeil, 2010). La plupart des régions possèdent au moins une équipe professionnelle, dont un « club phare » qui attire plus spécialement l’attention des institutions politiques territoriales, des

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L’internationalisation n’empêche pas les pratiques et les discours communautaires, quelquefois repris par la presse : « Grâce au Toulouse Football Club, tous les Pieds-noirs du Sud-Ouest revivent le passé des matchs algérois de Saint-Eugène et du RUA ou des duels oranais de Bel Abbés et d’Aïn Témouchent » (L’Equipe, 11 mai 1975). Un joueur comme Christian Lopez (Saint-Etienne, Toulouse), Pied-noir d’origine, est le représentant et le symbole d’une communauté qui va au stade pour retrouver un peu de cette identité qu’elle ne veut pas perdre.

171 financeurs, des médias et des publics. Et c’est bien souvent ces clubs qui regardent vers l’Europe, ses compétitions, ses joueurs, ses téléspectateurs et les recettes qu’elle permet d’engranger, dont des « droits télés » supplémentaires :

« Le club (Olympique de Marseille) et les spectateurs souhaitent intégrer l’élite européenne », (L’Equipe, 1er septembre 1975) ; « Saint-Etienne intègre le cercle très fermé des meilleurs équipes d’Europe », (L’Equipe, 15 septembre 1975) ;

« Saint-Etienne et sa région aux portes de l’Europe », (L’Equipe, 10 juin 1975).

Toujours situé dans la métropole ou la grande ville, le stade est un lieu important de manifestation de l’identité régionale (Ravenel, 1998). Le stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne qui porte le nom du fondateur de l’entreprise Casino est un bon exemple des liens qui unissent histoire économique, culture régionale et football au-delà de la ville qui a vu naître l’entreprise et qui héberge le « club phare » de la région (Merle, 2004) :

« Un stade Geoffroy Guichard chargé d’histoire : celle d’un club, celle d’une ville, mais aussi d’une région », (L’Equipe, 2 mai 1974) ;

« Comme un symbole, le stade de Saint-Etienne, retrouve sa couleur verte et l’âme de sa région », (L’Equipe, 28 mai 1980).

Certaines « régions » peuvent être représentées par deux villes proches, chacune ayant son stade (Lyon et Saint Etienne, Lens et Lille, Nantes et Rennes, Metz et Nancy,