• Aucun résultat trouvé

3 2 Le Campanien supérieur aquitain

3.3 Le Mio-Pliocène andalou

3.3.8 Las Roderas (fig 2-29)

La coupe pliocène de Las Roderas se localise dans le Bassin de Vera. Elle repose sur des niveaux marneux messiniens. Elle peut être divisée en deux grands ensembles. Le premier, appelé « Pliocène 1 » (Ott d’estevou et al., 1990), est composé de dépôts carbonatés silto- gréseux marins et le deuxième, appelé « Pliocène 2 », est composé de faciès très terrigènes à influences continentales.

Les marnes basales méssiniennes sont visibles sur une dizaine de mètres (non représenté dans leur ensemble sur la fig. 2-29) pour un puissance totale estimée à environ 100 mètres. Ces marnes grises sont très monotones et dépourvues de stratification. Aucune faune n’a pu être observé par nous, mais Ott d’estevou et al. (1990) rapportent la présence de quelques rares Amussium et Neopycnodonte navicularis. Cette faune est caractéristique d’un environnement circalittoral très calme.

Sur ces marnes viennent s’installer quelques patchs récifaux à Porites en place ou glissés, témoignant d’un paléotopographie pentue. Ces récifs sont les derniers vestiges de la série messinienne. L’un de ces blocs montre qu’il a servi de support à l’implantation d’une petite colonie d’huîtres (Ostrea lamellosa) pendant quelques cohortes. Latéralement apparaît un premier lit coquillier remarquable, essentiellement composé de térébratules. Les huîtres ne s’y sont pas développées alors qu’elles semblaient cependant s’épanouir latéralement sur le substrat ferme à Porites.

Le début du Pliocène est marqué par l’installation d’une série silteuse très monotone d’environ 7 mètres n’ayant qu’un petit horizon de débris coquilliers possiblement produit par une tempête. Ce type de faciès silteux constitue la trame de toute la série « Pliocène 1 ». Il sera par la suite interrompu à plusieurs reprises par des bancs plus carbonatés bioclastiques riches en faune :

- le premier est composé principalement d’algues calcaires et de quelques bioclastes de bivalves indéterminables ;

- le deuxième est une lumachelle à Pecten, Gigantopecten, spondyle, huîtres et Clypeaster altus ; l’assemblage d’huîtres ne pourrait être plus diversifié puisqu’il rassemble toutes les espèces et variétés d’ostréidés rencontrées dans le Pliocène de ce Bassin ; bien que l’abondante diversité de cette faune jette un discrédit sur l’autochtonie de toutes les espèces (en particulier des Neopycnodonte peu présentes et peu coutumières de ces environnements), elle indique un environnement infralittoral supérieur situé en proximité de formation récifale ; elle marquerait alors la fin d’un épisode régressif amorcé depuis le contact avec les marnes grises ;

- une série de lumachelles très riches en Ostrea lamellosa lamellosa et var. boblayei intervient brusquement après 2,5 m d’épisodes silteux quasi azoïques : trois bancs principaux sont identifiables mais la continuité latérale de chacun d’eux est variable : les deux bancs inférieurs se regroupent en un seul et perdent en densité de faune alors que le supérieur s’épaissit et se charge en rhodolites ;

- une deuxième série de trois à quatre bancs discontinus refait sont apparition ; si les Ostrea restent les mêmes (O. lamellosa lamellosa et var. boblayei), le reste de la faune est cependant très différent ; on trouve de nombreux gastéropodes (turritelles en base, Conus en sommet) ainsi que quelques panopées.

Dans les 6 mètres restant de silts jaunes terminant le « Pliocène 1 », il est possible de rencontrer quelques blocs allochtones dans lesquels sont emballées quelques petites Ostrea.

Le développement d’un important chenal gréseux vient marquer le début du Pliocène 2. C’est un corps massif de plus de 3 mètres de haut édifié en plusieurs épisodes. Quelques empreintes de faunes sont observables dans le banc inférieur (bivalves indéterminables), mais l’évènement important est la colonisation par de petites Ostrea lamellosa des surfaces d’arrêt de sédimentation (quand elles n’ont pas été ravinées…). Le reste de la coupe alterne des passées marno-silteuses, sablo-gréseuses et micro-conglomératiques à conglomératiques sans qu’aucun assemblage faunique ne soit identifiable. Seuls quelques fragments coquilliers d’huîtres indéterminables permettent de conclure qu’il s’agit bien encore d’un domaine marin.

3.3.9 El Pilarico (fig. 2-30)

Cette deuxième coupe pliocène peut également être divisée en deux ensembles, l’un du Pliocène inférieur, l’autre du Pliocène supérieur / Pleistocène (Ott d’Estevou et al, 1990).

La première partie de l’affleurement est composée essentiellement à sa base de marnes grises assez monotones et très peu stratifiées telles celles observées à la base de la coupe de Las Roderas.

Elle est interrompue brutalement par l’irruption d’une crachée conglomératique contenant des blocs de près de 2 mètres de Porites massifs (b). Ce récif provient du démantèlement de la bordure de la plateforme messinienne perchée vraisemblablement non loin de là à cette époque.

Cet évènement marque le début de perturbations récurrentes, de crachées décimétriques gréseuses à microconglomératiques granoclassées (c). La faune est pauvre et essentiellement composée de Neopycnodonte navicularis et de Pecten de plus en plus fréquents vers le haut de la coupe. Les crachées détritiques, bien que composées essentiellement de petites dragées de quartz, contiennent également des fragments coquilliers d’huître ou de Pecten.

Une série conglomératique (f) vient par la suite raviner ces marnes distales. Elle est composée de bancs d’un à deux mètres de puissance qui sont continus sur plusieurs centaines de mètres. Volk (1966) a pu remarquer qu’ils s’organisaient en strates obliques granoclassées (la surface terminale comporte une forte composante gréso-silteuse). Leur orientation ainsi que la présence de galets imbriqués permet de définir un sens d’écoulement d’ouest en est. Ces dépôts peuvent être interprétés comme un pied de cône deltaïque au vu des faciès et du mélange de faunes qui s’y opère. Le conglomérat contient majoritairement des N. cochlear, du même type que celles trouvées dans les dépôts marneux calmes (bien que légèrement plus abîmées), mais présente aussi des Ostrea lamellosa libres ou fixées sur des galets qui sont souvent très mal préservées. Les coquilles robustes de Ostrea lamellosa sont donc moins bien conservées que les coquilles fines de N. cochlear ce qui sous-entend que les premières ont été charriées dans le conglomérat. Les Ostrea lamellosa sont donc ici des formes peu profondes qui se retrouvent sédimentées dans un environnement profond mais assez proximal.

Chapitre III

Typologie des assemblages d’ostréidés et