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3 1 Le Cénomano-Turonien nord-aquitain

3.1.8 Ile d’Oléron (fig 2-11)

Le Cénomanien d’Oléron se situe principalement sur la côte ouest de l’île. Certaines carrières signalées au centre de l’île semblent avoir aujourd’hui disparu (Chéreau et al., 1997). Cette coupe littorale présente cependant l’avantage d’être quasiment continue jusqu’au Turonien. La partie étudiée s’étale du Cénomanien inférieur (avec l’apparition sur la plage de la barre gréso-carbonaté B1) au Cénomanien moyen avec l’implantation successive de plusieurs épisodes à rudistes étudiés par Chéreau et al. (1997). Compte tenu de la paléogéographie de l’époque, avec l’ouverture du golfe de Gascogne au sud, cette série est théoriquement la plus distale de toutes celles présentées dans cette étude pour le Cénomanien.

La sous-unité B1 affleurant sur la plage de Chaucres est fortement réduite. Les argiles A2 observées en base de banc diffèrent des argiles feuilletées A2 « classiques ». Celles ci sont ocres, assez marneuses et contiennent du sable, des petits graviers et des concrétions carbonatées. La sous-unité B1 proprement dite est constituée à sa base de deux bancs mesurant entre 80 centimètres et 1 mètre de puissance. Ces barres très bioclastiques ont une stratification interne très diffuse de petits bancs décimétriques. La faune qui s’y trouve est composée de petits coraux solitaires, de bryozoaires, de grandes alvéolines, de débris décimétrique et de Callianassa. Si les dépôts carbonatés de la sous-unité B1 marquent généralement un environnement très proximal infralittoral supérieur, la forte maturation du sédiment présent dans cette barre témoigne de leurs remaniements. L’environnement correspondant à ce banc est donc probablement plus distal et légèrement plus profond (infralittoral médian). Un hardground faiblement marqué clôture cette double barre mais aucune faune ne la colonise réellement.

Un épisode d’argiles noires feuilletées, d’un mètre d’épaisseur, vient recouvrir ce niveau. Ce faciès argileux est semblable à celui qui peut être observé à la coupe de Piédemont avec en plus quelques rares fragments de lignite. De nouveau, de manière analogue à Piédemont, la série B1 s’achève par un nouveau petit banc (30-40 centimètres ) gréso- carbonaté semblable au précédent mais toujours appauvri en faune.

La série B2 est ici très dilatée et composée presque uniquement d’argiles feuilletées propres et assez grasses. De nombreuses concrétions ferreuses se sont développées au sein de cette formation, au moins dans la partie supérieure visible. En effet, ces argiles se situent sous la plage et seuls quelques évènements carbonatés plus indurés apparaissent en relief et servent de support au développement de récifs à hermelles actuelles :

- un premier banc induré s’implante quelques mètres au-dessus du B1 ; aucune faune n’y est cependant visible ; comme à Piédemont, l’implantation des lumachelles à ostréidés n’est pas synchrone de la charge du sédiment en carbonate ; il est à noter que quelques mètres en dessous ont été récoltés trois Ceratostreon flabellatum ;

- un deuxième banc plus important que le premier apparaît ; deux lumachelles à Rhynchostreon suborbiculatum peuvent être observées, l’une juste en

dessous dans un faciès assez sableux, l’autre réellement au cœur du banc ; C’est également un niveau repère riche en oursins de type Archiacia sandalina, Heteraster sp. et Gauthieria sp. ;

- une troisième barre composée d’un double banc, franchement carbonatée, montre une faune riche en huître (Rhynchostreon suborbiculatum et Rastellum carinatum), rudistes (Ichthyosarcolites), brachiopodes, spongiaires, Calianacea, Nerinea.

- Un dernier niveau de calcaires argileux apparaît quelques mètres avant la fin de la sous-unité B2. il contient d’importante bioturbations horizontales et des oursins spatangues (Mecaster) significatif d’un important approfondissement.

Toutes ces faunes témoignent ainsi du caractère marin de cette sous-unité B2. Néanmoins, compte-tenu de l’absence totale d’hydrodynamisme dans un environnement présagé comme infralittoral médian, il devait exister à l’époque une importante barrière pour protéger ces dépôts de la houle marine.

Une série de barres carbonatées massives vient ensuite marquer le début de la sous-unité B3. Elle ressemble fortement à celle de l’Ile Madame puisqu’elle est également constituée de cinq barres toutes colonisées par les rudistes Ichthyosarcolites triangularis et Sphaerulites foliaceus. Cet ensemble n’est cependant réduit qu’à environ 5 mètres d’épaisseur et est dépourvu de toute intercalation argileuse. Ces barres traduisent une sédimentation de plateforme carbonatée exposée, relativement distale (comme le marque la disparition des argiles) mais probablement peu profonde (infralittoral médian).

La base du Cénomanien moyen est marquée par l’apparition de Praealveolina gr. cretacea. Ce foraminifère est aisément repérable à l’œil nu sous formes de petites taches blanches et ovoïdes contrastant avec le calcaire gris/bleu qui le contient. Quatre barres carbonatées, globalement identiques au faciès de B3, correspondent ici à la sous-unité C1 (appelée unité A1 par Chéreau et al,. (1997)). La sous-unité suivante C2 (=A2 de Chéreau) est masquée par la plage. Les environnements de dépôts de ces deux sous-unités sont probablement très semblables à ceux de la sous-unité B3. les fluctuations environnementales sont ainsi fortement tamponnées par le caractère distal de cette coupe.

La suite de la coupe est caractérisée par une forte diversité de rudistes. Chéreau et al. (1997) ont pu mettre en évidence une récurrence dans ces assemblages de rudistes. Ces associations à rudistes peuvent être classées suivant les différents stades de développement :

(3) une phase d’implantation par des organismes colonisateurs très tolérants tel que Ichthyosarcolites triangularis ;

(4) une phase de développement avec la possibilité de créer quatre grands types d’associations en fonction du type d’environnement (à Ichthyosarcolites; à rudistes diversifié ; à biostrome de caprinidés ; à radiolitidés coloniaux)

(5) une phase de démantèlement, par ensevelissement ou destruction, lors des changements brusques d’environnements à la fin de chaque unité génétique.

Plusieurs séquences à rudistes, alternant période de construction en phase de progradation et démantèlement en phase de rétrogradation, ont ainsi été identifiées. Cependant, aucune huître n’a pu être rencontrée dans ces faciès de plateforme à rudistes (mis

à part une seule coquille de Pycnodonte vesicularis dans la phase de démantèlement de la troisième séquence).