• Aucun résultat trouvé

3 1 Le Cénomano-Turonien nord-aquitain

3.1.7 Falaise de Piédemont (fig 2-10)

La falaise de Piédemont est un affleurement de près de 2 Km de long qui s’étend depuis la « piscine » de la commune de Port-des-Barques jusqu’à la jetée des Anses plus à l’est sur la commune de Piédemont. On peut y observer une succession continue allant du sommet des argiles A2 jusqu’au début des alternances de barres carbonatées et de niveaux argileux de B3. Elle peut être considérée comme une coupe de référence pour l’étude de B1 (et anciennement de B2 avant que la partie supérieure ne soit bétonnée) : toutes les subdivisions lithologiques existant dans la région sont visibles sur cette coupe. Il est de plus possible d’observer les changements lithologiques entre les différentes couches et ainsi de mieux appréhender la continuité ou la discontinuité de certains faciès et environnements.

Le sommet de A2 n’est visible qu’à marée basse et ce de manière très réduite. Moreau (1993) rapporte cependant que ce sont des argiles feuilletées contenant « …des paillettes de muscovite, des petits débris ligniteux, des concrétions pyriteuses et des nodules fortement indurés par la rouille ». Ce faciès est, d’après sa description, très proche des argiles basales de la Pointe St-Eulard (Ile d’Aix). L’analyse micropaléontologique qu’il a pu effectuer présente de nombreux pollens, spores et microplanctons traduisant un milieu laguno-continental.

La barre de calcaires gréseux sus-jacente marquant le début de B1 est en réalité composée d’un double banc. Elle apparaît très altérée et surtout très bioturbée par des Thalassinoïdes. La faune y est peu abondante, mais il est possible d’y rencontrer quelques Rhynchostreon suborbiculatum, des Trigonia, des Nerinea, des décimétrique… et de très nombreux bioclastes. Ce double banc s’est développé dans un milieu infralittoral inférieur (voir médian) mais dans un contexte très exposé. De plus, puisque entourée de part et d’autre par des argiles laguno-continentales, le milieu de dépôt est donc vraisemblablement très proximal. Cela témoigne donc de barrière sur le profil de dépôt.

Un premier niveau d’argile noire, très variable dans sa puissance (entre une cinquantaine de centimètres et 2 mètres), apparaît parfois en dépression entre deux blocs éboulés. Ces argiles feuilletées semblent analogues aux argiles laguno-continentales A2 bien qu’elles semblent dépourvues de lignite ou de nodules pyriteux.

Le banc sus-jacent est un calcaire bioclastique riche en éléments sablo-quartzeux. C’est un niveau composé de plusieurs corps métriques (jusqu’à quatre vers le milieu de la falaise), érosifs les uns sur les autres. Ils sont tous très semblables et arborent de nombreuses figures sédimentaires de haute énergie : HCS, sillons d’érosion, litages arqués… Ces niveaux sont riches en bioclastes. Les organismes les plus complets sont concentrés préférentiellement dans la partie supérieure de cette barre terminée par un hardground très bioturbé. Il s’y trouve notamment des huîtres (Rhynchostreon suborbiculatum, Ceratostreon flabellatum, Rastellum carinatum), des échinides (centimétriques, Archiacia….) et d’autres organismes tels que Nerinea, décimétrique, Cyclothyris, Calianacea…

Le niveau supérieur est toujours un calcaire bioclastique assez grossier mais nettement plus marneux que le précédent et d’une couleur plus rousse. C’est aussi un niveau de haute énergie à en juger par la présence de lamines sub-planes et de nombreux sillons d’érosion. Sa puissance peut varier d’une dizaine à une soixantaine de centimètres. La faune qui compose ce banc est assez similaire à celle de la barre sous-jacente. Seul les échinides qui s’y développent (Mecaster cenomanensis, Anorthopygus orbicularis, Holaster sp.) semblent inféodés à des milieux légèrement plus profonds (infralittoral inférieur), ce qui marquerait donc un maximum d’approfondissement à l’échelle du 3ème ordre.

Au-dessus apparaît un faciès d’environnement plus calme où sédimentait un calcaire bioclastique finement graveleux. Aucune figure sédimentaire n’y est observable. Il se termine par un nouvel arrêt de sédimentation colonisé par une faune riche et abondante, notamment en ostréidés (Rhynchostreon suborbiculatum, Rastellum carinatum), petits coraux solitaires, rudistes (décimétrique), gastéropodes (Nerinea), bryozoaires, Pholadomia…

Cet arrêt de sédimentation se termine brutalement par la progression d’une barre d’embouchure gréseuse à litages arqués. L’organisation très rythmée de ces litages vient confirmer la récurrence des influences tidales dans tous les affleurements de B1. L’arrêt de sédimentation reprend après le sommet de cette barre formant ainsi un nouveau hardground.

Celui ci ne diffère presque pas du précédent à en juger par la composition et l’organisation de la faune qui le colonise.

Un nouvel épisode argileux vient interrompre la sédimentation carbonatée. Ce banc est plus riche en micro-plancton et plus appauvri en débris ligniteux que les premières argiles feuilletées. Il représente vraisemblablement un milieu de dépôt légèrement plus distal.

La dernière barre de B1 est un petit banc calcaire massif terminé par un nouveau fond durci. Il est remarquable pour la qualité de préservation des terriers horizontaux et verticaux qui sont observables à sa base. Ce niveau se termine par un hardground important, développant une faune riche et diversifiée qui témoigne d’une forte condensation.

B2 est une série sablo-glauconieuse à alternances de petits lits argileux montrant par son organisation cyclique, l’influence de marées (« tidal-flat »). Cette série mesure près de cinq mètres d’épaisseur et est ponctuée par quatre passées plus carbonatées (B2a, B2e, B2g) ou plus sableuses (B2c). Quatre lumachelles principales à Rhynchostreon suborbiculatum viennent également s’implanter dans B2, mais indépendantes des changements lithologiques évoqués. Il est à noter que la présence de brachiopodes dans la première lumachelle indique que cette sous-unité peut être considérée comme un environnement marin franc beaucoup plus ouvert que les épisodes argileux précédents. La série B2 s’achève par une barre gréseuse glauconieuse, faiblement litée à sa base, plus massive à son sommet.

Sur la fin de cette coupe se met en place une série de barres carbonatées à orbitolines et rudistes caractéristique de la sous-unité B3. Les conditions d’affleurements sont très mauvaises car elles ne sont visibles que par marée basse et sont systématiquement recouvertes d’algues et de vase. Ces barres témoignent néanmoins de la mise en place d’environnements de plateforme carbonatée infralittorale médian relativement agitée aux vu des nombreux oolithes qui s’y trouvent.