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3.1.1.3 3D Multi habitat time averaged assemblage (assemblage 3D victime d’un amalgame temporel de populations issues

3.1.2 Assemblages 3D de faunes allochtones

3.1.2.1 Définition et propriétés

Le dernier type d’assemblage 3D présenté est celui constitué de faunes allochtones. Dans ce type d’assemblage, la totalité ou la majorité des faunes constituant l’assemblage n’a pas été produit in-situ et ne reflète donc pas l’histoire environnementale du site étudié. Il

s’agit même bien souvent d’un assemblage entièrement composite sans aucune signification paléoenvironnementale.

Les facteurs responsables de la genèse de tels assemblages sont sensiblement les mêmes que ceux introduisant de l’amalgame temporel. Ils peuvent ainsi avoir une origine biotique et/ou abiotique. Cependant, les facteurs abiotiques restent majoritaires dans la création de faunes allochtones. L’origine biotique des concentrations d’ostréidés est souvent indirecte. Il ne s’agit au final que de création d’infractuosités ou d’espaces particuliers dans lesquels viennent se piéger les huîtres mais sous l’action directe des courants. Mise à part l’exception particulière du Quaternaire où l’on retrouve des « cavités poubelles » remplies d’huîtres par l’homme (ex : sites gallo-romains), les huîtres ne connaissent pas de prédateurs capables de tels actes. Le rôle des facteurs biotiques chez les huîtres reste donc minime comparé aux micro-mammifères et à leur concentration dans les karsts au travers des pelotes de régurgitation ou des coprolithes de poissons mangeurs d’échinides et d’astérides.

Les lumachelles ont souvent classées abusivement dans ce type de catégorie. La désarticulation de quelques individus ou le mauvais état de préservation de quelques autres ne traduit pas forcement la réalité de tout un assemblage. Sauf cas exceptionnels, les assemblages dits « allochtones » sont rarement composés d’organismes entièrement allochtones, tout comme à l’inverse, les assemblages dits « autochtones » contiennent toujours quelques organismes allochtones. Même les assemblages les plus remaniées peuvent apporter quelques informations sur les conditions paléoenvironnementales (importance du courant, proximité des organismes allochtones,…), tout comme il est possible de tracer l’origine des autres éléments (quartz, feldspath, glauconie,…) composant l’unité biosédimentaire étudiée.

Les exemples d’assemblage 3D allochtones sont fréquents chez les ostréidés. Si certains spécimens encroûtants peuvent être préservés de ces aléas, la majorité des individus se présentent sous formes libres et ne peuvent y échapper.

3.1.2.2 Facteurs abiotiques

3.1.2.2.1

Exemple 1 : Les lumachelles cénomaniennes de Port-des-

Barques

Les facteurs généralement responsables d’accumulations coquillières sont les processus liés aux dépôts de tempêtes. Ils sont souvent invoqués pour expliquer la présence de nombreuses lumachelles mais l’exemple de la falaise de Port-des-Barques (unité « G1 » du Cénomanien supérieur ; fig. 3-9) souligne que de telles interprétations doivent être envisagées avec prudence.

Dans le Cénomanien supérieur de Port-des-Barques se développe une série de six lumachelles d’huîtres, globalement très semblables. Les quatre premières sont composées exclusivement de Rhynchostreon suborbiculatum et les deux dernières voient l’implantation progressive de Rastellum carinatum.

Plusieurs critères permettent de mettre en évidence l’allochtonie de ces quatre premiers assemblages :

- si les individus présentent souvent leurs deux valves, ils sont cependant souvent fracturés sur leur pourtour ;

- les diagrammes de distribution des tailles (fig. 3-4) adoptent une forme gaussienne très symétrique voire négative, ce qui témoigne d’un tri par les courants ;

- de nombreuses figures sédimentaires de types HCS et SCS, synonymes de dépôts de tempêtes, sont visibles au sein même de ces lumachelles.

Il y a eu un transport des coquilles et la création de bancs composites d’individus issus d’assemblages allochtones.

A l’inverse, tous ces critères ne se retrouvent pas dans les deux dernières lumachelles. Ces assemblages présentent même une organisation verticale des espèces, caractéristique d’un « assemblage 3D census » : chacun des bancs montre un relais progressif dans sa composition faunique (remplacement graduel de Rhynchostreon suborbiculatum par Rastellum carinatum). Ces derniers bancs sont donc révélateurs de conditions environnementales précises alors que leur forte ressemblance générale avec les premières lumachelles les aurait écartées de tout usage paléoécologique.

3.1.2.2.2

Exemple 2 : les obliques à huître de Talmont église (C

VIb, Campanien supérieur)

Les environnements de la coupe de Talmont église se situent à un période charnière du Campanien supérieur, caractérisée par une baisse significative du niveau marin. Ces environnements sont intermédiaires entre les environnements de vasières carbonatés profondes antérieurs (infralittoral inférieur voire circalittoral) et les environnements à rudistes sus-jacents (infralittoral supérieur/inférieur).

Il est alors possible de voire apparaître au seins de cette coupe (pour la première fois dans le Campanien supérieur) d’importantes figures sédimentaires tels que des lamines sub- planes ou des litages arqués. Les faunes d’huîtres contenues dans ces corps sont alors emballées dans une matrice très bioclastique, composée de nombreux autres individus remaniées (astérides, bryozoaires, lamellibranches, échinides, spongiaires, Orbitoides, rhynchonelles…). La progradation de ces corps sous-marins témoigne donc de l’allochtonie des faunes. L’analyse du contenue paléontologique de ces bancs ne serait donc être révélateur des conditions paléoécologiques de ce site.

3.1.2.2.3

Exemple 3 : le conglomérat basal de Los Yesos

Un autre facteur abiotique source de production d’assemblages de ce type correspond aux apports d’individus allochtones par les chenaux lors de crues. Les conglomérats situés en base de la coupe de Los Yesos (Messinien, Bassin de Sorbas) en sont un exemple caractéristique. Ce conglomérat est très variable dans sa puissance (de 0 à 5 mètres d’épaisseur) et dans son extension latérale (sur quelques centaines de mètres). Il est constitué d’une série de bancs décimétriques à métriques correspondant à autant d’épisodes de crues. Ces dernières devaient être importantes étant donné les galets décimétriques qui furent charriés. Ce système de chenaux se développe au sein d’une série calme silto-grèseuse contenant pour unique faune d’ostréidés des Neopycnodonte navicularis très bien préservés. Le conglomérat contient quant à lui une majorité de Neopynodonte navicularis légèrement abîmées, à très abîmées mais aussi des Ostrea lamellosa souvent très mal préservées. La majorité des formes sont libres mais certaines de ces Ostrea lamellosa peuvent être fixées sur des galets. Ces dernières auraient pu pousser dans le conglomérat mais la très mauvaise qualité de préservation (fracturation et érosion) de ces huîtres pourtant très robustes indique qu’elles ont voyagé pendant une longue période avant de se déposer. A contrario, les Neopynodonte navicularis sont moins endommagées bien qu’elles aient un test beaucoup plus fin. Cela signifie qu’elles ont été incorporées plus tard, au fur et à mesure de la progression du chenal. Ces deux espèces peuvent donc être considérées comme allochtones dans ces chenaux bien que les Neopynodonte navicularis proviennent d’une zone amont relativement proche et donc probablement du même type d’environnement que celles situées en marge du conglomérat dans le faciès silto-grèseux.

3.1.2.3 Facteurs biotiques

3.1.2.3.1

Exemple 1 : la barre à Thalassinoïdes B1 de Fouras Bois-

Vert (Cénomanien inférieur)

La barre carbonatée bioclastique étudiée provient de la première plate-forme carbonatée de « B3 » du site de Fouras « Bois vert » (Cénomanien inférieur, fig. 3-10).

Elle présente dans sa partie inférieure d’intenses bioturbations de type Thalassinoïdes et dans sa partie médiane des laminations sub-planes significatives d’importants courants de

fonds. Les huîtres présentes dans ces niveaux sont majoritairement des Rhynchostreon suborbiculatum. Leur petite taille rend leur remaniement très facile : si les individus sont distribués de manière homogène dans la partie médiane, ils sont au contraire concentrés au fond des infractuosités des bioturbations. Jamais ces huîtres n’auraient pu s’y développer compte tenu du transit de sédiment en surface. Ces bioturbations de type Thalassinoïdes ont donc servi de pièges pour les individus en transit de la partie médiane. Aucune interprétation paléoécologique ne serait donc possible à partir de la simple analyse de distribution paléoécologique des ostréidés.

3.1.2.3.2

Exemple 2 : le Porites de la coupe du Cerro Mandras

(Messinien)

Si aucune huître n’a pu jusqu’alors être rencontrée au sein même d’une bioconstructions à Porites des coupes du Bassin de Sorbas, il est cependant possible d’en apercevoir quelques-unes sur leur pourtour. Celles-ci peuvent être soit majoritairement contenues dans les interstices laissés libres en sommet de construction ou alors parfois encroûtantes en périphérie. Elles marquent ainsi la fin de l’épisode récifal puisque la cémentation d’une huître sur un récif nécessite au préalable que celui ci soit mort.

Les huîtres fixées sont évidemment bien en place, mais il n’en est pas de même pour celles localisées entre les dernières branches des colonies de coraux. Cet assemblage diversifié (Ostrea lamellosa, Crassostrea gryphoides et Neopycnodonte navicularis) présente des individus souvent peu roulés mais très fracturés, quasiment toujours renversés ou basculés. De plus, ces huîtres ont pour encaissant un faciès très bio-détritique, produit de démantèlement du récif. Dans le banc silto-gréseux situé juste au-dessus, la densité des coquilles d’huîtres est nettement inférieure, ce qui laisse présager que les nombreuses coquilles fracturées et renversées ont bien été piégées par la bioconstruction à Porites. L’assemblage des ostréidés rencontrés peut être considéré comme majoritairement allochtone. Toute interprétation environnementale basée sur l’abondance ou la diversité des faunes d’ostréidés serait erronée.

3.2 Assemblages 2D

Les huîtres ont pour particularité de pouvoir former des assemblages en 2 dimensions. Grâce à leur aptitude à se cémenter sur le substratum, elles peuvent ainsi coloniser les surfaces marqueurs de discontinuités sédimentaires. Les huîtres surligneront d’ailleurs d’autant mieux ces discontinuités que ces dernières seront importantes. C’est une caractéristique importante de ce groupe, qui se révèle intéressante si l’on s’intéresse aux modalités d’enregistrement des lacunes sédimentaires. Tout comme leurs homologues 3D, ces assemblages peuvent permettre de caractériser des environnements paradoxalement non préservés. Tous les assemblages 2D n’ont cependant pas la même valeur. Il paraît alors important de répertorier différents cas d’assemblages 2D et d’appréhender les propriétés.