2" Les autres, pathologiques, indirectes, sont des
induc-I lions
ou
corollaires qui éclairent, suivantnous, quelques
I points de
médecine
clinique.l.
—
I'ropositions physiologiques.1. Les aliments azotés sont digérés par l'estomac; ils le
' sont aussi par le pancréas.
— M
4—
2.
Le
pancréas esl, pourainsi dire,un
organesupplémen-taire, dont l'action, ponr les repas copieux, vient s'ajouter à
celle de l'estomac.
La
nature des deux digestionsest semblable, en ce sensque chaque
aliment soumis, soità l'uned'elles, soit à l'autre, esl transformé en un produit alibile exactement semblable (l'albuminose ou peptone).II.
Le
sucpancréatique éprouve, sous l'influencede la cha-leur et de certains agents, des l'éaclions particulières quele suc gastrique n'éprouve polnl. dette diflërence dans les sucs se retrouvant après que, par la digestion, ils se sont chargés de peptones, on a pu croire, à tort, à une différence entre celles-ci; mais l'erreur possible, étant signalée, est facileà éviter.
5. Lorsqu'un aliment ou uneportion d'aliment azoté'a subi
complètement
la digestion gastrique, le suc pancréalique n'exerce plusaucune
action sur lui et ne le transforme pas enune
autre peptone.6. C'est sur la partie des substances albuminoïdes qui a quitté l'estomac avant d'avoir été transformée en albuminose
que
le pancréas est appelé à agir.7.
Dans
certains cas, lasomme
d'action du pancréas peut égalercelle de l'estomac.8. Si l'on n'avait égard qu'à la quantité des fluides
diges-tifs sécrétés, on croirait l'esloraac bien plus puissant, car le
suc gastriqueest dix l'ois plus abondant que le suc pancréa-tique; mais, par compensation, le suc pancréatique est dix fois plus riche en ferment (puncréatine).
9. Si l'action dusuc gastrique estaidée par un séjouret
un
brassage prolongés avec l'aliment, le suc pancréatiquejouitdu
grand privilège d'agir également bien à l'état alcalin.—
11s—
I neutre ou acide, et trois fois plus vile sur l'alimenl azoté.
10.
Tout
est disposé dans leduodénum pour que
le sucIpancréatique agisse aussitôt ([u'il rencontre l'aliment; tout
1 est disposé dans l'estomac
pour
f|u'unegrande
portion des:aliments soit transformée en peplone, et, de plus,
pour que
I l'autre portion soitau
moins
préparéeà subirtrèsrapidement
!la digestion pancréatique.
11. Cette préparation, qui varie avecla qualitéet la
quan-lUté, soitde l'aliment, soitdu
suc gastrique, etc., etc.,con-siste tantôten
une
simple imbibilion, tantôten une
dissocia-Ition
ou
enune
division extrême, tantôt enune
dissolution.La
digestion pancréatique, vu sa rapidité forcée, trouvedans
Icette préparation
un
aide utile, l'estomac jouant,dans
ceIcas, vis-à-vis
du
pancréas, lemême
rôleque
les dentsrem-I
plissent vis à-vis de ladigestion gastrique.
12. Toutefois, de
même que
le suc gastrique peut digérer iseul, le suc pancréatique est capable d'accomplir seul la digestion des aliments qui n'auraient pas subi cetteprépa-Iration
ou
division gastrique. Ainsi les matièresalbumi-•noïdes, direclemenl mises
en
fragmentsdans
l'intestin àl'étatde crudité, c'est-à-dire sans
aucune
préparation, y sontpar-ifailement etcomplètement
digérées; l'action estseulement
I plus lente.
Le
suc pancréatique exerce parlui-môme
la digestion desialiments azotés, sans qu'il ait besoin de l'adjonction
du
suc intestinal ou de la bilepour
acquérir la propriété digestive.Pratiquée à l'étuve dans des bocaux, avec
du
suc pancréa-tiqueou
de la pancréaline isolée, la digestion des aliments azotés se passecomme
dans leduodénum même.
13.
Lorsque
le suc gastrique et le suc pancréatique sont séparésetagissentsuccessivement,chacun
exercesa fonction—
116—
dans sa plénitude, et la quantité d'albuminose produite peut être ainsi doublée.
lli. Maisc'est
une
choseremarquable que si cesdeux
fer-ments
digestifs serencontrentà l'état pur,lesdeuxdigestions cessent de s'exercer aussi librement; loinque
le produit digéré soit doublé par cette réunion, au contraire il peut se réduireà rien, car danscettecirconstancenon
physiologique,la pepsine et la pancréatine s'entre-détruisent.
15.
Dans
l'état normal, la nature prévient ce conflit par troismoyens
: 1° le pylore, qui sépare lesdeux
ferments; 2° la digestion gastriquemême
par laquelle la pepsine, en formantla peptone, s'épuiseet s'abolit; 3°la bile, qui, ainsi que l'adémontré Pappenheim,
anéantit l'activité du ferment gastrique.16. La bile ne précipite pas la peptone produite par
l'in-fluence de l'estomac, de sorte
que
la digestion soit détruite et à refaire; au contraire, c'est la bile elle-même qui est précipitée par l'acidedu
suc gastrique ou duchyme.
17.
La
nature de l'aliment azoté influebeaucoup
sur la quantité de peptone que, au profit de l'économie, lesdeux
digestionssuccessivespeuventproduire. Ainsi dans nos expé-riences, tandisque
la musculine, la caséine, fournissaient près de30 grammes
de peptone parfaite, l'albumine ou le tissu gélatigène, quoique donnés à quantité égale, en pro-duisaientà peine15 grammes.
18.
La
digestion, soit gastrique, soitpancréatique, efface d'abord dans les diverses substances albuminoïdes leurs pro-priétés les plus caractéristiques; elle liquéfie les insolubles, enlèveà l'albuminesa coagulabilité, à la caséine la propriété de secailler par la présure, à la gélatine cellede se prendre en gelée, à la musculine celledese précipiter parle chlorurede
sodium,
elc; enfin elle les transforme tontesen
albumi-nosesou
peptones.Les
albuminoses,pour
avoir des réactions individuellesbeaucoup moins prononcées que
les matières albuminoïdes dontellesémanent,
n'en conservent pasmoins
descaractères différentiels.19. La
nature des peptones variecomme
les substances azotées dont elles proviennent, cette variétérépondant
ainsi à des besoins (plastiques?) différents de l'économie.20.
Les albuminoses ou
peptones qui ont le plus d'ana-logieet sont les plus difficiles à distinguer entre elles sont :U'albuminpeptone,
la musculin-peptone, et, choseremar-Iquable, lagélatin-peptone,
comme
si les aliments dont elles(émanent
étaient entreeux moins
différents qu'onne
croit.ILa fibrin-peptone, la caséin-peplone, se distinguent
mieux
«entre elles et des précédentes.
De
ces faibles différences entre les nutriments azotésou
1peptones résulte, chez eux,
une
espèce d'équilibre instable1favorable
au
travail d'assimilation exercé par les tissus.21.
Les
peptones ontpour
caractères génériques qu'elles irestent toujours solublesdans
l'eau, soit acide, soit neutre, ssoit alcaline,ce quiassureune
facile circulationdans
l'éco-momie. La
chaleurne
les coagule pas; l'acétatede plomb ne
fprécipite pas laplupart d'entreelles.Les
peptones,d'ailleurs, ésistent, en général,mieux que
les matières azotéesalimen-ires
aux
combinaisons métalliques insolubles.22.
Les
peptones formentun
genre aussi bien caractérisé ue le genre albnminoïde; il est évident, toutefois,que
les progrèsde
la science détermineront leur nature d'unema-ière bien plus précise qu'on
ne
peut le faire aujourd'hui.23.
Quelques
physiologistes persistentdans
cette erreurCOHVISART. 9
—
118—
singulièrede croire
que
l'esloinac ne faitque
gonfler ou di-viser les aliments sans les dissoudre. Quelle dénégation ap-porter à la balance quimontre
que,pour un
poids considé-rable,chaque
aliment albuminoïde, soumis à l'estomac, estnon
pas divisé,maisdissous, passe à travers lefiltre, est ab-sorbé parlesmembranes?
2/i. D'autres ontsoutenu
que
le suc gastrique, opérant sur les alimentsazotés, neproduitque de lagélatine, sans songer queles caractères qui fontdela gélatineune
espèce albumi-noïde particulière n'ont jamaispu
être reconnus dans lechyme, même
neutralisé, aprèsune
digestion de fibrine, de caséine, de musculine, d'albumine, etque
la gélatineelle-même
perd dé/înitivemenl ses caractères spécifiques, c'est-à-dire se digère dans le suc gastrique.25. Enfin, d'autres, poursuivant cette hypothèse ancienne que l'albumine du sang n'est
que
la matière digéréeelle-même,
veulent qu'en cessant d'être acides, c'est-à-dire étant neutralisées, les peptones se résolvent en albumine; l'erreur n'est possibleque
si, à l'exclusion des autres aliments, on n'envisageque
l'albumine ou la fibrine, dontune
digestion incomplète prête à l'équivoque.En
effet, l'albumine crue échappe toujoursenpartie à la digestion gastrique; la fibrinemal
digérée ne se transforme qu'en albumine (caséiforme): hors ces deux cas, si l'on expérimente le produitrégulière-ment
digéré par l'estomac de l'albumine concrète (et lavée),dela caséine, de la musculine, de la gélatine, il n'y a plus accès au doute. Ces peptones gastriques ne renferment
ja-mais d'albumine.
26. Les peptones repues ou produites par le suc pan»
créatique ne forment point
non
plus d'albumine nouvelle, et, qu'elles soient primitivement ou consécutivement acides,—
119—
jalcalines
ou
neutres,n'augmentent
pas d'un poids appré-cciable l'albumine coagulableque
le suc pancréatiquepur
et isans peptone contientnormalemeint
.
27.
Pendant
lestrois premières heures quisuiventlerepas,tépoque
à laquelle la dissolution, la transformation et l'ab-ssorption digeslives sont trèspeu
avancées, lesang de laveine iporte(comparé
au sang veineux général)ne
s'enrichit point (d'une quantité sensible de matériaux azotés par absorption cdigestive; d'un autre côté, dans l'intestinou
à l'étuve, sous n'influencedu
suc pancréatique alcalin, les élémentsdu
ssang, globules, fibrine, se transformenten albumine
(caséi-Iforme), parun commencement
de digestion.28. Or, si l'on considère
que pendant
les trois premières Iheures de la digestion : l°le suc pancréatique versé dans lei
duodénum
y reste à l'étatpur
et actif; 2° qu'il peut passer idans la veine porte, car l'absorption par les veinesmésen-Itériquesn'est pas
suspendue
; 3°que
lesuc pancréatique peut«exercer son action digestive dans
un
milieu alcalincomme Ue
sang. Si l'on considère, d'autre part, que, précisément, [pendant ces trois premières heures,une grande
partie des jglobules etde la fibrinedu sang
dela veine porte se transfor-iraentdans cette veine,à poids
égal,en albumine (commen-jcement
de transformation pareil à celui qu'ils eussent subi«dans l'intestin sous l'influence dece
même
suc pancréatique),iilestdifficilede reculerdevant cettehypothèse,
que
jeformule
inettement, d'une véritable digestioninlra-veineuse.29.