duodénum,
lavé et parfaitementpur
de suc gastrique,AO grammes de
fibrine naturelle représentant10 grammes
(1) Onva voir aussi que, par celleréaction, nousdislinguerons l'albumino de la flbnne digérée parlesuc pancréatique.
—
36de fibrine sèche, les
deux
extrémités de l'organe et le canal cholédoqueavaientétéliés;l'animalavaitmangé
quelques mi-nutes avant l'opération, et l'estomac contenait les aliments.Douze
heures après, je tuai l'animal; son pancréas était sain, sonduodénum
renfermait, défalcation faite de l'eau apportée par la fibrine,110 grammes
de liquide pancréa-tique, d'aspect sirupeux , absolument neutre, dans lequella presque totalité de la fibrine avait été dissoute; le filtre,
en elTet, ne retint
que lR^50
de résidu sec.Un
autre chien demême
poids fut opéré dans lesmêmes
conditions , mais il reçut
75 grammes
de fibrinehumide
représentant plus de48 grammes
de cet aliment simple à l'étatsec.Je trouvai douze heures après , dans son
duodénum
,
4
50 grammes
de fluide pancréatique; celiquidene laissasur le filtre qu'un résidu sec de 2'''",10 de substance sèchenon
digérée.Enfin, d'autresexpériences
me
montrèrentque
la quantitémoyenne
defibrinedissoute parune
digestion duodénaleest,dansces circonstances, de
50
à60 grammes.
L'enseignement
que
la digestion dans l'intestin del'ani-malvivantpeut donner étant acquis, je cherchai à compléter l'examen en soustrayant
complètement
l'aliment au liquide intestinal de manière à connaître l'action tout àfait isoléedu
liquide pancréatique sur la fibrine.11
pancréas des chiensmêmes
qui servirent aux expé-riences de cemémoire
ayant été infusés dansune
quantité variable d'eau, mais ne dépassant jamais50 grammes,
et les liqueurs d'infusion (1) ayant été mises avecde la fibrine(1) Quelques-unes desinfusions furent précipitéesparl'alcool, leprécipitéfutrepris p»rl'eau, eta\ecluiladigestion delàfihrine selitégalement bien.
— 37 —
à l'étuve, pendant six heures
; je trouvai, avec
une presque
constante uniformité, qu'elles avaient opéré la dissolution de près de50 grammes
de fibrine; ces résultats, constatés pardeux
sortes d'expériences, étaientconformes
àceux que
j'avais observés avec l'albuminede
l'œuf.Une
diiïérence doitcependant
attirer l'attention, car si,dans nos expériences,
un
pancréas demouton
digéraitautant d'albuminequ'un
pancréas de chien, je constataique
l'infu-siond'un pancréas dece Carnivore peut digérer50 grammes
de fibrine, alors
que
cellede
lamême
glande d'unmouton en
digère à peine20 grammes.
La
digestion pancréatique de l'herbivoreaccusedonc une
faiblesse digestive relative sur les aliments fibrineux.
Lafibrine dissoutedans le liûuidepancréatique esttransformée; le produit de la transformation a une grande analogie avec la fibrin-peptone qui prend naissance pendant la digestion gastrique.
Dans une
expérience, ayant introduitdans
l'intestinune
quantité de fibrine équivalenteà10 grammes
à l'état sec, tué l'animal à ladouzième
heure,je recueillis lecontenu du
duo-dénum
: il s'élevait à IIO'"'";en
faisant bouillirla liqueurpour
en séparer la pancréatine, enmême temps que
la fibrinenon
entièrement digérée et encore coagulable, je visque8sr,50 au moins
de la fibrine avaient été dissous et transformés, car jene
recueillis sur le filtreque Is^SO
de matière sèchenon
digérée.
Mais, de plus,
une grande
partie de la fibrine avait été ab-sorbée aussitôt après avoir été transformée par le suc pan-créatique, si bien que, lorsqueje voulusrecueillirdans
lali-queur
lesSs^SO
quiyavaientétédissous, je neles y retrouvai plus :la dessiccation n'y accusaque 2
gr. de matière solide.La
suite demes
expériences,en
effet,me montra
que, à—
38—
partir de la cinquième heure, plus tôton vient arrêter l'ab-sorption en tuant l'animal, plus on trouve encore de fibrine dissoute ettransformée dans la liqueur pancréatique.
• Mais ce qu'il importe le plus de savoir, c'est
que
les ca-ractères de la fibrine digérée dans leduodénum
y sont lesmêmes,
bienque
la quantité puisse varier.En
effet, prend-onle réactif Longet (sucre et liquide cupro-potassique) , on voit qu'en
masquant
la réaction glycosique, la substance nouvellerévèle le cachet des substances digérées, qui
man-que
absolument à la fibrine seulementdissoute(1).Tel estavec la dissolution
un
premiercaractère dela diges-tion pancréatique qui se manifestedans
leduodénum,
malgréla présence de la pancréatine coagulable et des traces da sang exsudé après la vivisection.
Ce
caractère persiste d'ailleurs lorsque la coagulation a(1) M.Bernardreconnaîl, commel'adécouvertM.Lonjet,queles mnlièresalbumi-noïdcs di^rccs entraventla réduction cupro-polassiquo;mais ilajoute qu'il n'y a paslàde propriclé caractéristique des matièresdigérées, car t la gélatine possède cecaractère àun haut degréquand on a soin d'en mettre une qunntilé jutCsanle. » Cette manière de juger n'est pas très rigoureuse; dirait-on que l'eaujouit àun haut degré de masquer la réaction glycosique, parce qu'étantmise en très grande quantité relativement au sucre, celui-ci n'oxercc plus son pouvoir réducteur? La question estcelle-ci: Toutes conditions égalesd'ailleurs, l'albumine,lafibrine,etc., digérées,masquent-elleslaréactioncupro-potassiqueautrementquecesmatières albu-minoïdcs seulement dissoutes?Laquestionainsi poséeest facileà résoudre,carsil'on prendquatre solutionsconcentrées aumômedegré(soità40/0):lapremière; degélatine pure; ladeuxième, d'albumined'oeuf;latroisième,d'albumin-peptono; la quatrième, de fibrin-peptonopure,et qu'àchacune d'elles on ajoute'tour à tour une trace de glycoseet de liquide cupro-potiissique, les premiersbouillonsréduironttoutlecuivre danslesdeuxpremières...Les solutions de peptone, c'est-ii-dire, lesdeuxdernièra», resteront limpidesetviolettes, àmoins que toutesles liqueursno conlien«ont éga-lement trop de sucre,etmême dans ce cas l'aspect dessolutions digestives sera fort différentde celui des autres, lesquellesfournirontun précipité cuivriquerouge, grenu, tombant au fond dutube, tandisqueles peptones présenterontdesflocons et {iretquepointdeprécipité.
—
39—
dépouillé la substance digérée de la
majeure
partie de ces matériaux étrangers.On
le retrouveégalement quand,
à l'aide de la pancréatine,on
transforme la fibrine parune
digestionartificielleà l'étuve.La
fibrine digérée parla pancréatine, soitdans
leduodé-num, au
sein de l'organisme vivant, soit à l'étuve, présente,en
outre, sous l'influencede la chaleur,une
analogie nouvelle avec l'albuminose produite par la digestion gastrique.On
se rappelle, en effet, que,sil'onmet
delà fibrineen
di-gestion dans l'estomacou
à l'étuvedans du
suc gastrique,mais que
laquantitéde l'alimentsoit trop grande, ce dernier, bienqu'il soitdéjà dissous,n'estpascomplètement
transformé en fibrin-peptone. Aussi, lorsqu'on fait bouillirun
telmé-lange digestifquiest acide, il se
forme un coagulum ou
plutôtun
réseau gris élastique, caractéristique de la fibrine incom-plètementdigérée.Or même
chose semontre
si la fibrine,quoique
dissoute, n'a pasétécomplètement
digérée parla pancréatineou
lesuc pancréatique alcalin, et l'ébullition fait paraître lemême
réseau caractéristique d'une digestionincomplète de fibrine.
N'est-ce point
un
sujet digne d'attirerau
plushaut
degré l'attentionque
lesphénomènes communs aux
digestions gas-trique et pancréatique; l'une et l'autre digèrent l'albumine ; l'une et l'autre la transforment enalbuminose
; l'une et l'autre dissolvent la fibrine,mais peuvent
n'en fairequ'une
digestion imparfaite etdonner
naissance à cettealbumine
caséiformeque M.
Mialhe a révéléedans
la digestion gas-trique , etque
je signaledans
la digestion pancréatique;enfin le produit de l'une et l'autre digestion jouit
de
cette propriété siremarquable
découverte parLonget
, celle demasquer,
sans le détruire, le sucremis en
présencede
la réaction cupro-potassique.—
40—
Toutefois, dans l'étude de ces analogies, arrêtons-nous où ellesne sont plus aussi complètes.
La
fibrin-peptone n'est pas absolument semblable à la fibrine digérée par le suc pancréatique ,comme
le tableau suivant va le montrer.Pour
nous rapprocher le plus possible de l'état de pureté, nous avons fait la digestion dela fibrine àl'étuve, à l'aide dela pancréatine pure , séparée par l'alcool;
nous
avons évité ainsi la présence du sang et de tous matériaux étrangers versésdansleduodénum.
Toutes les solutions digeslives dont les réactions sont in-diquées plus bas renfermaient
2
pour100
de fibrinedigérée, évaluée sèche, et étaientparfaitementfiltrées.La
partie de la pancréatine coagulable par la chaleur,et leproduit intermé-diaire de la digestion, dontnous avonsparlé ci-dessus,avaient étééliminés par quelques secondesd'ébullition.RÉACTIFS.
Rcnclif Longet. . Neréduit pas. Neréduit pas. Ne réduit pas.
Rien. Rien. Rien.
Acide nilrique. . Rien. Trouble. Trouble.
Sulfatu (l'illumine Rien. Trouble. Trouble.
Bicliloriircde
Acidc picrique. . Précipite. Précipite. Précipite.
Ce
tableaumontre
que la fibrine digérée par le suc pan-créatique diffère de la fibrin-peptone : en effet, le sulfate d'alumine et l'acide nitrique y font naître un trouble.Je rappellerai
que Valbuminose
gastrique provenantspé-(
I
—
41—
cialement d'une
albumine d'œuf
coaguléau
milieu de l'eau^et
non
dans sa coque, présente, par l'acide azotiqueun
trouble semblable.
La PANCRÉATINE OU LE SUC PANCRÉATIQUEJOUISSENT DE LA PROPRIÉTÉ REMARQUABLE D'OPÉRER LADIGESTION DES CORPS ALBUMINOÏDES AUSSI BIEN lorsqu'ils sont ALCALINS QUELORSQU'ILS SONT NEUTRES OU ACIDES ; EM SORTE QUE LA DIGESTIONDES ALIMENTS EST ASSURÉE,QUEL QUESOIT L'ÉTÀT DANSLEQUELL'ESTOMAC LESVERSE DANS LE DUODÉNUM.
Les
physiologistes se sontpeu
accordés sur la réaction propreau duodénum,
lesuns
la disant acide, les autres alca-line.On
a cru juger la question en reconnaissant l'état le plussouvent alcalindans
lequel est sécrétélesuc pancréati-que, mais la raison n'est pas suffisante. L'intestin, en effet, n'est point astreint à conserverau
suc pancréatiqueune
réaction alcaline, caravantd'avoir manifesté son action pro-pre, cedernier ferment digestifpeut subir le contact
du
suc gastriqueou du chyme
très acides (1); car ceux-ci sont versés dans leduodénum
enmême temps que
la liqueurdu
pancréas y arrive.J'aibien nettement constaté,
dans mes
expériences,que
lorsque je liais le pylore
pour
isoler lesdeux
digestions, je trouvais, dans leduodénum
la fibrineou
l'albumine dissoutes et transformées en peptone, alorsque
lemilieu était alcalin,ou
neutre,ou
légèrement acide.Il arriva
que
la réaction était souvent très acidequand
le pylore n'avaitpointétéliéetladigestion se trouvait encore très bien faite.
(1) Onsaitquelesalimenlseux-mêmes, soitparleurnatureouleur traiisformation, peuventajouterencore àl'acidilédusuc gastrique.
—
4S—
Ces faits m'ayant frappé, j'examinai avec soin si, en pre-nantl'infusion de pancréas soit cljez le chien , soit cliez le
mouton, l'acidificalionoul'alcalinisation
du
feraient pancréa-tique apporteraitune
différence dans l'énergieou
les carac-tèresdelà
digestion, orje puis dire que j'aiconstamment
observéque
ces réactions n'innuençaient eu rien le résultat.En
edet, le produit digéré , sa quantité , ses caractères chimiques restaient semhlahles ; le ferment conservait toute sa vertu , toute sa liberté d'action dansun
milieu alcalin,
acide, neutre.