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CHAPITRE V. PARLER FRANÇAIS : ENTRE ASPIRATIONS ET

I. Pratiques langagières

I. 1. Choix linguistiques et variables

I.1.1. La variable sexe

Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à l’influence de la variable sexe, car différentes études sociolinguistiques, Labov entre autres, ont montré l’importance et l’impact de la variable sexe dans les pratiques, les estimations et représentations de la langue.

Au niveau du milieu familial qui est le foyer des premières pratiques linguistiques, la famille (la maison) est un lieu privilégié des pratiques, surtout pour la langue maternelle. Le tableau suivant, présente les choix et préférences linguistiques des sujets algérien interrogés, concernant les pratiques linguistiques dans leur milieu familial, et ce en fonction de la variable sexe.

Tableau 29. Pratiques langagières : Milieu familial/Sexe - Algérie

La dépendance est significative. chi2 = 8,65, ddl = 3, 1-p = 96,57%. Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique. Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes). Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 304 observations. Ce tableau est construit sur la strate de population 'Algérie' contenant 304 observations et définie par le filtrage suivant : Pays = "Algérie"

Nous remarquons, que sur l’ensemble des réponses, l’arabe dialectal est le plus utilisé avec (67,8%), le français à (25%), le berbère à (20,4%), et en dernier lieu l’arabe littéraire avec (2%). La même tendance existe entre les sexes, avec une spécificité pour le berbère (26, 1%) au détriment du français (16,2%) chez les étudiants. Les jeunes femmes, quant à elles, choisissent plus de parler français avec (30,1%). Ce qui marque une préférence des jeunes femmes pour utiliser la langue française dans leurs foyers.

Le tableau suivant regroupe les résultats concernant les réponses des sujets libanais, sur l’ensemble des réponses, l’arabe dialectal, comme pratique langagière, l’emporte à (84,9%) par rapport à (43,4%) pour le français et (17%) pour l’anglais, et (1,9%) pour d’autres langues, il s’agit en l’occurrence de l’arménien, par contre l’arabe littéraire reste complètement absent de ces pratiques.

A la maison Sexe

Homme Femme

TOTAL

en arabe dialectal en berbère en arabe littéraire en français TOTAL

66,7% ( 74) 26,1% ( 29) 2,7% ( 3) 16,2% ( 18) 100% (124)

68,4% (132) 17,1% ( 33) 1,6% ( 3) 30,1% ( 58) 100% (226) 67,8% (206) 20,4% ( 62) 2,0% ( 6) 25,0% ( 76) 100% (350)

182 Tableau 30. Pratiques langagières : milieu familial/Sexe - Liban

La dépendance est très significative. chi2 = 13,96, ddl = 3, 1-p = 99,70%. Les cases encadrées en bleu (rose) sont celles pour lesquelles l'effectif réel est nettement supérieur (inférieur) à l'effectif théorique. Le chi2 est calculé sur le tableau des citations (effectifs marginaux égaux à la somme des effectifs lignes/colonnes). Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 53 observations. Ce tableau est construit sur la strate de population 'Liban' contenant 53 observations et définie par le filtrage suivant : Pays = "Liban"

En fonction de la variable sexe, une différence subsiste, en effet, l’emploi de la langue française est plus marqué chez la majorité des hommes par rapport à l’arabe dialectal, marqué par une non-significativité (81,8%) et l’anglais avec (63,6%). Pour les jeunes femmes, l’arabe dialectal est le plus employé (85,7%), suivi du français (28,6%) en dernier lieu l’anglais avec un faible taux (4,8%) et l’arménien avec (2,4%). Les jeunes dans ce cas de figure marquent plus d’intérêt pour les langues étrangères.

L’étude des pratiques linguistiques entre les pairs est fort intéressante, car elle revêt une double importance, en premier lieu, c’est un milieu caractérisé par une certaine liberté et convivialité (parler jeune) et en second lieu, c’est un milieu où l’image présentée et souhaitée est sujette aux pressions de pouvoir et de prestige. Les résultats, pour les sujets algériens, en fonction de la variable sexe, à ce niveau, démontrent (voir tableau 31, annexe) que le même schéma subsiste avec la prédominance de l’arabe dialectal (62,2%), mais néanmoins une grande différence subsiste car, l’emploi du français augmente à (41,1%), notamment pour les étudiantes. L’utilisation du berbère reste cependant significative chez les étudiants (15,3%) par rapport aux jeunes femmes (5,2%) qui marquent une non-significativité. Pour les sujets libanais, les pratiques langagières entre amis, marquent une préférence pour l’arabe dialectal (86,8%) par rapport au français (66%), l’anglais (22,6%), l’arabe littéraire n’est pas choisi par cette population (voir tableau 32, annexe). En fonction de la variable sexe, la majorité des étudiants libanais optent pour l’utilisation du français, puis vient l’emploi de la langue arabe (90,9%) et en dernier l’anglais (72,7%) significativement. Les étudiantes, choisissent en premier lieu l’arabe dialectal (85,7%), puis la langue française (57,1%) puis l’anglais (9,5%). Nous remarquons que le recours à la langue française augmente plus dans cette sphère. L’université peut être considérée comme un lieu qui connait, à la fois, une certaine décontraction avec les ami(e)s et les camarades de classe, et une certaine formalité pour les relations avec les enseignants et l’administration. Pour ce qui est des sujets algériens qui de

A la maison Sexe

Homme Femme

TOTAL

arabe dialectal en français en anglais Autre TOTAL

81,8% ( 9) 100% (11) 63,6% ( 7) 0,0% ( 0) 100% (27)

85,7% (36) 28,6% (12) 4,8% ( 2) 2,4% ( 1) 100% (51) 84,9% (45) 43,4% (23) 17,0% ( 9) 1,9% ( 1) 100% (78)

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par leur spécialisation, l’utilisation du français reste dominante à (69,1%). Cependant, le recours à cette langue est beaucoup plus prononcé chez les jeunes femmes avec (73,6%) par rapport à (61,3%) pour les jeunes hommes. L’arabe dialectal connait une situation inverse où les étudiants marquent plus leurs choix pour l’utilisation de cette langue (41,4%), par rapport à (32,1%) des jeunes femmes. Le berbère est plus présent dans les pratiques des étudiants avec (3,6%). Les résultats sont regroupés dans le tableau 33 (voir annexe). Pour les sujets libanais, les réponses montrent que la langue française est largement utilisée (96,2%), suivie de l’arabe dialectal (49,1%), de l’anglais (13,2%), cependant l’arabe littéraire n’apparait pas dans les choix des pratiques langagières des sujets à ce niveau. En fonction de la variable sexe, tous les jeunes hommes optent pour la langue française, puis l’arabe dialectal (81,8%) et significativement l’anglais (63,6%). Les étudiantes marquent une préférence pour la langue française à (95,2%) et nullement pour la langue anglaise, pour ce qui est de choix linguistique nous remarquons que la langue française est le choix principal des jeunes femmes, tandis que les hommes oscillent entre le français et l’anglais, qui existe à très moindre proportion pour les étudiantes. (Voir tableau 34, annexe)

Que ce soit dans le cadre de leur futur emploi en tant qu’enseignant de français, ou de façon plus générale, les choix linguistiques des sujets algériens sur le lieu de travail se présentent comme suit : le français reste, sur l’ensemble, le plus utilisé à (59,2%), puis l’arabe dialectal à (25%). Mais cette tendance est inversée pour les jeunes hommes, qui préfèrent utiliser, significativement, l’arabe dialectal (45%) que le français (40,5%). Contrairement à eux, les jeunes femmes optent massivement pour le français (69,9%), et marquent une non-significativité pour l’arabe dialectal (13,5%) et très peu de berbère (1%). L’arabe littéraire, connait à ce niveau une progression, par rapport aux domaines précédents avec (5,9%). (Voir le tableau 35 en annexe). En ce qui concerne les sujets libanais, le français est le plus utilisé (79,2%), suivi de l’arabe dialectal (47,2%), de l’anglais (17%) et enfin de l’arabe littéraire (1,9%). Le même schéma subsiste en fonction de la variable sexe, cependant les étudiantes optent en grande majorité (58,9%) pour la langue française, pour l’arabe dialectal (28,6%), l’anglais (10,7%) et l’arabe littéraire (1,8%). Pour les jeunes hommes, il existe une proportion égale entre l’arabe dialectal et le français (43,5%), suivie de l’anglais avec (13%). Les résultats sont présentés dans le tableau 36 (voir annexe)

Les administrations sont des lieux qui revêtent une certaine officialité, les réponses des sujets algériens interrogés portant sur leurs choix linguistiques dans les administrations présentent le français comme étant largement choisi (67,8%), par rapport à l’arabe littéraire à (9,2%) qui

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est la langue officielle et l’arabe dialectal (28,9%). Les jeunes femmes optent principalement pour le français (75,1%) et pour l’arabe dialectal (21,2%), le berbère reste très peu utilisé par elles (1%). Contrairement à ces dernières, les jeunes hommes marquent une significativité pour l’emploi de l’arabe dialectal (42,3%) et une non-significativité pour le français qui reste statistiquement la plus utilisée par eux (55%). (Voir tableau 37, annexe). Les sujets libanais, quant à eux, choisissent en premier lieu l’utilisation de l’arabe dialectal (57,5%), du français à (49,1%), de l’arabe littéraire (5,7%) et enfin de l’anglais (1,9%). Les choix des jeunes hommes vont, à égalité, vers l’arabe dialectal et le français (90,9%), suivis de l’arabe littéraire (9,1%) et pour l’anglais. Les jeunes femmes choisissent en premier lieu l’arabe dialectal (71,4%), le français à (38,1%) et l’arabe littéraire (4,8%), nous remarquons qu’à ce niveau, l’arabe littéraire connait son plus grand taux, comme le montrent les résultats du tableau 38 (voir annexe).