• Aucun résultat trouvé

La théorie de l’autodétermination

b. Les théories descendantes (bien -être subjectif)

F. L’échange Leader-Membre

4.3.1. La théorie de l’autodétermination

La théorie de l‟autodétermination adopte le concept de l‟eudémonie, - concept développé précédemment- comme critère d‟existence de bien-être. Elle suggère que les humains ont des

138 R Eisenberger, R. Huntington, S. Hutchison et D. Sowa (1986), Perceived organizational support, Journal of Applied Psychology, vol. 71, p. 500-507.

139 P.D. Lynch, R. Eisenberger et S. Armeli (1999), Perceived organizational support : inferior versus superior performance by wary employee, Journal of Applied Psychology, vol. 84, n°4, p. 467-483.

140 Idem B. Charles-Pauvers, N. Commeiras, D. Peyrat-Guillard, P. Roussel (2006).

besoins psychologiques fondamentaux et que lorsque ces besoins sont satisfaits, l‟organisme connaît la vitalité, la congruence interne et l‟intégration psychologique.

 Selon l‟approche hédoniste, c‟est le but en lui-même qui procure le bien-être ;

 Selon la théorie de l‟autodétermination, seul un but qui satisfait un besoin de base procure le bien-être authentique.

La notion de besoins est centrale dans cette théorie. Les trois besoins psychologiques fondamentaux sont :

L’autonomie qui suppose que la personne décide volontairement de son action qui émane du « vrai soi » et qu‟elle soit elle-même l‟agent qui réalise cette action. Il ne suppose pas nécessairement qu‟on soit individualiste ou indépendant ;

La compétence qui réfère à un sentiment d‟efficacité sur son environnement ;

L’être en relation à autrui, c‟est à dire le sentiment d‟être relié à des personnes qui sont importantes pour soi.

Ces besoins sont considérés comme essentiels à la croissance psychologique, à l‟intégrité et au bien-être de l‟humain. Cette théorie prédit que, s‟ils sont négligés, il y aura, dans tous les contextes, un impact négatif sur le bien-être. Elle prédit aussi que si la satisfaction de l‟un de ces besoins est compromise, une diminution de bien-être se fera sentir, de même que si un besoin entre en conflit avec un autre besoin (exemple : renoncer à l‟autonomie pour conserver ses relations à autrui).

L‟humain tend donc naturellement à satisfaire ses besoins d‟autonomie, de compétence et de relation à autrui. Les milieux qui répondent à ses besoins conduisent au bien-être, ceux qui les négligent causent des problèmes de santé.

L‟intention d‟une personne par rapport à un but peut différer selon que la source de cette intention est autonome ou qu‟elle est contrôlée de l‟extérieur.

Celui qui s‟engage dans une action d‟une façon autonome procède d‟une source interne de causalité, tandis que celui qui est plus contrôlé se sent influencé et poussé à agir par l‟extérieur et est alors soumis à une source de causalité externe.

Ainsi, pour la théorie de l‟autodétermination, il est donc important de préciser aussi bien la source d‟un but que sa nature si on veut prévoir l‟impact de ce but sur la santé et sur le bien-être.

Un comportement intrinsèquement motivé implique l‟engagement actif d‟un sujet dans une tâche qu‟il trouve intéressante sans que ne soit nécessaire une récompense autre que l‟activité elle-même. Il est associé à un meilleur apprentissage, une meilleure performance et un bien-être plus grand141

Toute récompense contingente et tangible affaiblit la motivation intrinsèque. Les échéances, les menaces, la surveillance et l‟évaluation sont associés à une diminution de la motivation

141 E. L. Deci, et R. M. Ryan (1987), The support of autonomy and the control of behavior, Journal of Personality and Social Psychology, 53, 1024-1037.

intrinsèque, Enfin, un feedback négatif alimente le sentiment d‟être incompétent, donc diminue la motivation intrinsèque.

A l‟opposé, l‟attention portée à ce que vit intérieurement le sujet et la possibilité d‟exercer un choix sont au contraire associées à une plus grande autonomie et à la motivation intrinsèque.

Finalement, le fait pour un individu de sentir une relation de confiance et l‟appui de l‟autre permet d‟investir ses énergies dans des domaines qui l‟intéressent vraiment.

Mais plusieurs de nos actions sont extrinsèquement motivées. En ce sens, elles visent à produire un résultat distinct du plaisir de l‟action elle-même. Pour la théorie de l‟autodétermination, la motivation extrinsèque n‟est pas une catégorie de motivation. Les comportements extrinsèquement motivés sont plutôt considérés comme pouvant varier grandement selon le degré d‟autonomie, de prise en charge et de congruence qu‟ils peuvent comporter.

Il existe donc un lien entre les buts poursuivis d‟une façon plus autonome et une meilleure réalisation du potentiel humain, une plus grande satisfaction personnelle et un meilleur bien-être.

Il apparaît que les individus qui poursuivent des buts extrinsèques comme le succès financier (argent), la reconnaissance sociale (popularité), l‟apparence (image) connaîtront un niveau inférieur de bien-être psychologique comparativement à ceux qui accordent plus d‟importance aux buts intrinsèques comme l‟affiliation, l‟implication dans la communauté (générativité), la bonne condition physique (santé) et l‟acceptation de soi (croissance).

Source : J. G. Laguardia, R. M. Ryan (2000), Buts personnels, besoins psychologiques fondamentaux et bien-être : théorie de l‟autodétermination et applications, Revue québécoise de psychologie, vol. 21, n° 2

Tableau 6 : Taxonomie de la motivation et de la régularisation de soi selon la théorie de l’autodétermination

Sur une longue période de temps, le bien-être est amélioré seulement lorsque des buts intrinsèques et concordants avec le soi sont atteints. Par buts concordants, il faut entendre les buts qui satisfont les besoins psychologiques fondamentaux.

Dans les milieux de travail, des chercheurs ont trouvé dans un échantillon de travailleurs que la valeur donnée par les employés et les superviseurs à la satisfaction de leurs besoins était significativement reliée à leur satisfaction au travail, à leur santé psychologique en général et à leur estime de soi, et ce, indépendamment de leurs conditions salariales et de leur statut dans ce milieu de travail.

En conclusion, comme schématisé dans la figure 4, la théorie de l‟autodétermination décrit les processus psychologiques qui facilitent la santé et le fonctionnement optimal. Elle met en lumière l‟importance de se référer aux besoins fondamentaux dans la poursuite des buts, et ce, également dans des contextes de travail.

Figure 4 : Modèle intégrateur de recherches sur la théorie de l’autodétermination appliquée au travail

Source : J. Rojot, P. Roussel et C. Vandenberghe (2009),. Comportement organisationnel, volume 3, De Boeck, p223

On note ici que les effets de la satisfaction des trois besoins décrits par la théorie de l‟autodétermination sont, d‟une part, la performance et, d‟autre part, le bien-être psychologique.

En 2004, Baard, Deci et Ryan ont exploré l‟idée selon laquelle la satisfaction des trois besoins puisse être reliée au bien-être et à la performance simultanément. Les résultats de l‟étude ont permis de démontrer que c‟est la satisfaction des trois besoins psychologiques qui permettait d‟expliquer la conciliation bien-être/ performance.

L‟attention portée à ce que vit intérieurement un sujet est donc primordiale pour obtenir une meilleure réalisation du potentiel humain. Le fonctionnement optimal d‟un individu conduirait donc d‟une part à la performance et d‟autre part au bien-être psychologique.

Antécédents Variable médiatrice Motivation Conséquences

Leadership et relations interpersonnelles

Organisation du travail

Récompenses

Satisfaction des besoins : 1/Autonomie 2/Compétence 3/Affiliation sociale

Motivation autonome (intrinsèque et

identifiée

Motivation contrôlée (introjectée et

extrinsèque)

Performance – intrarôle – extrarôle Bien-être psychologique et

santé mentale Engagement organisationnel

Avec la théorie de l‟autodétermination, nous avons vu qu‟un comportement intrinsèquement motivé implique l‟engagement actif d‟un sujet dans une tâche qu‟il trouve intéressante sans que ne soit nécessaire une récompense autre que l‟activité elle-même. Cette théorie constitue un véritable lien entre le bien-être et la performance. Poursuivons maintenant nos recherches de liens au moyen d‟autres théories.