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b. Les théories descendantes (bien -être subjectif)

D. Les illusions positives

Selon plusieurs chercheurs, le haut niveau de bien-être que rapporte la plupart des enquêtes provient d‟un facteur subjectif puissant : une perception biaisée de la réalité. Ce n‟est pas parce que les gens ont atteints leurs buts et leurs aspirations qu‟ils sont heureux, mais parce qu‟ils exagèrent leurs succès et leurs chances et qu‟ils minimisent leurs échecs et leurs malchances.

Ceci contribue à expliquer pourquoi la majorité des gens semblent plus heureux que ne le laissent supposer les circonstances objectives.

Taylor et Brown112 amènent des résultats qui démontrent que certaines illusions contribuent à l‟adaptation et au bien-être. Ils ont défini l‟illusion positive comme : « un patron général et persistant d’erreurs, de biais et de perceptions sélectives dont l’usage systématique permet aux gens de maintenir une vision favorable de la vie. »

Ils ont indiqué que les gens normaux et bien adaptés recourent à trois types d‟illusions :

 Ils ont une conception positive exagérée d‟eux-mêmes ;

 Ils exagèrent le contrôle qu‟ils exercent sur leur vie et sur le résultat de leurs actions ;

 Ils entretiennent un optimisme irréaliste lorsqu‟ils projettent ce qui leur arrivera dans le futur et lorsqu‟ils estiment la probabilité d‟occurrence des bons et des mauvais événements.

Nous allons les détailler ci-dessous.

La perception positive de soi est un important déterminant du bonheur113. Argyle indique :

« Les gens qui se sentent bien à propos d’eux-mêmes, qui se donnent de la valeur, qui se croient compétents et aimés vivent des émotions positives et sont satisfaits de leur vie » ;

« Par contre, ceux qui ont une faible estime d’eux-mêmes, qui ont l’impression d’être sans valeur et qui ont des doutes à propos de leurs compétences sont malheureux et déprimés. »

112 S.E. Taylor et J.D. Brown (1994), Positive illusions and well-being revisited: Separating fact from fiction. Psychological Bulletin, 116, 21-27.

113 M. Argyle et M. Martin (1991), The psychological causes of happiness. In. F. Strack, M. Argyle et N. Schwarz (Éds), Subjective well-being: An interdisciplinary perspective (pp. 77-100). New York : Pergamon.

Deux grands moyens sont répertoriés pour favoriser une perception positive de soi114 :

L’auto gratification : « une tendance à penser et à agir qui permet de se sentir bien à propos de soi-même. » Elle implique plusieurs stratégies qui visent toutes à exagérer les aspects favorables de soi :

 Utiliser plus d‟adjectifs positifs que négatifs pour se décrire ;

 Juger son comportement comme plus désirable que celui des autres ;

 Se souvenir de ses performances comme étant meilleures qu‟elles ne l‟étaient ;

 Entretenir des croyances plus positives à l‟endroit de ses relations qu‟à l‟égard de celles des autres.

L’autoprotection : « garder une conception favorable de soi en ignorant ou en discréditant l’information négative à propos de soi. » Les stratégies consistent, par exemple :

 À prendre crédit pour les succès et à nier sa responsabilité pour les échecs ;

 À se comparer à d‟autres moins chanceux ;

 À oublier ou minimiser ses erreurs passées.

Argyle (1991) indique qu‟il y a des limites à la perception favorable de soi : les perceptions trop réalistes et trop magnifiées de soi sont nuisibles. Il suffit d‟avoir un jugement modérément exagéré de ses qualités pour se sentir bien.

Le sentiment d’avoir le contrôle de sa vie et la maîtrise des résultats de ses actions sont également associés au bien-être115. Selon Diener, même une petite zone de choix ou de contrôle peut faire une différence. Rodin et Langer116 ont fait une expérience dans une maison de retraite. L‟expérience consistait à donner une plante aux résidents. Pour la moitié de l‟échantillon, on leur a demandé de s‟occuper de leur plante. Pour l‟autre moitié, il n‟avait rien à faire. Les résultats indiquent que ceux qui avaient la responsabilité de la plante ont été beaucoup plus actifs, plus heureux, faisant preuve d‟un taux de mortalité plus bas que ceux qui n‟avaient pas de contrôle sur la plante.

D‟autres recherches indiquent qu‟il n‟est pas nécessaire d‟exercer un contrôle réel pour profiter de ces bénéfices117. L‟illusion du contrôle suffit. Croire faussement en la possibilité de fuir une situation stressante permet de ressentir moins d‟inconfort que de vivre la même situation en croyant qu‟il est impossible d‟y échapper.

L’optimisme irréaliste se définit comme : « la tendance à croire que des événements positifs futurs sont plus susceptibles de nous arriver qu’aux autres, tandis que des événements négatifs sont moins susceptibles de nous arriver118. »

114 Idem C. Finkenauer et R. F. Baumeister (1997)

115 Idem E. Diener, E.M. Suh, R. E. Lucas, et H. L. Smith (1999)

116 J. Rodin et E. Langer (1977), Long-term effects of a control-relevant intervention with the institutionalized aged. Journal of Personality and Social Psychology, 35, 897-902

117 Idem C. Finkenauer et R. F. Baumeister (1997)

118 N.D. Weinstein (1980), Unrealistic optimism about future life events. Journal of Personality and Social Psychology, 39, 806-820

En effet, de manière générale, les gens se sentent relativement intouchables face aux infortunes comme le fait d‟être victime d‟un crime, d‟être gravement malades ou d‟avoir un accident d‟automobile. De la même manière, les personnes s‟imaginent qu‟il y a moins de chance que ces malchances arrivent à elle qu‟aux autres. Par contre, elles croient que les bonnes choses ont plus de chances de lui arriver.

La notion de bien-être étant une notion subjective, abstraite, ses déterminants peuvent sembler difficiles à identifier. S‟agissant de la performance, notion qui renvoie à des idées économiques, les choses semblent plus faciles, plus concrètes.

Nous allons à présent identifier les déterminants de la performance individuelle.

4.2. Les déterminants de la performance individuelle

Chaque propriété comportementale de la performance que nous avons décrite plus haut grâce au modèle de Campbell, peut renvoyer à un déterminant psychologique ou à une compétence individuelle.

Campbell a décrit les types de comportements qui induisaient de la performance : la capacité à maîtriser des tâches (compétences dans les tâches), à communiquer (communication écrite et orale), à s‟engager et à rester motivé (efforts dans l‟activité), l‟auto discipline (maintien d‟une discipline personnelle), soutenir et aider des collègues (contribution à la performance de l‟équipe), savoir influencer (supervision) et allouer des ressources, organiser et contrôler (management).

Nous allons voir maintenant que plusieurs déterminants psychologiques peuvent agir sur chacun de ces comportements pour tendre vers plus de performance.

Brigitte Charles-Pauvers, Nathalie Commeiras, Dominique Peyrat-Guillard et Patrice Roussel (2006) ont classé ces déterminants en deux catégories qui relèvent d‟une part de la relation qu‟entretient l‟individu avec son travail et son organisation, et d‟autre part de la relation d‟échange perçue par l‟individu entre lui et autrui.

4.2.1. La relation entre l’individu et son travail

Nous allons détailler dans cette première partie cinq déterminants de la performance individuelle qui renvoient au lien entre l‟individu et son travail. Nous verrons comment les traits de personnalité, affects, émotions au travail, motivation, satisfaction et implication peuvent influencer la performance individuelle.

Nous verrons ensuite dans une deuxième partie comment d‟autres déterminants renvoient au lien d‟un individu avec les autres personnes de l‟organisation. Nous verrons alors comment les comportements de citoyenneté organisationnelle, du contrat psychologique, de la confiance interpersonnelle, de la justice, du soutien organisationnel et de l‟échange leader-membre peuvent également influer sur la performance individuelle.