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Chapitre 3 – La stratégie de recherche

D. La sélection et le recrutement des réviseurs

Les données sur les réviseurs professionnels au Québec sont très fragmentaires. À notre connaissance, seules les associations professionnelles dans le domaine des services linguistiques diffusent quelques données, qui demeurent à ce jour imprécises et incomplètes. Par exemple, en 2012, parmi les 411 personnes ayant participé à la première enquête de l’Association des travailleurs autonomes et micro-entreprises en services linguistiques49 (ATAMESL) sur les tarifs et les conditions de travail des langagiers, 48 ont déclaré se consacrer principalement à la révision unilingue (ATAMESL, 2014 : 8). Or, parmi ces membres, il est impossible de connaître la proportion de réviseurs faisant essentiellement de la révision unilingue française, tout comme il est impossible de connaître la proportion de réviseurs professionnels faisant essentiellement de la révision unilingue française et exerçant au Québec qui sont membres de cette association. Et les données sur la proportion de travailleurs salariés et autonomes sont très approximatives50. Toutefois, nous savons que, grâce à Internet, les réviseurs peuvent faire l’essentiel de leurs activités à distance. C’est pourquoi nous en avons tenu compte dans l’approche des participants.

1. La méthode d’échantillonnage

Devant l’impossibilité de constituer un portrait fidèle, précis et détaillé des professionnels pratiquant la révision unilingue française au Québec, les échantillons probabilistes ont été écartés. Nous nous sommes donc tournée vers les méthodes non probabilistes. L’échantillon par quotas n’a pas été retenu, car il serait hasardeux d’établir la proportion de chaque catégorie (hommes/femmes, travailleurs salariés/travailleurs autonomes), ayant trop peu de données sur la population ciblée. Par conséquent, la sélection des participants a été effectuée selon un échantillonnage auto-sélectionné, c’est-à-dire que les personnes sollicitées ont décidé elles-mêmes de faire partie de l’échantillon (Sterba et Foster, 2008; Jupp, 2006). Bien que cette méthode d’échantillonnage ne nous permette pas la généralisation, elle est celle qui est la mieux adaptée à la situation.

49. Depuis le printemps 2015, cette association se nomme le Carrefour des langagiers entrepreneurs/Language Entrepreneurs Forum (CLEF).

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Pour s’assurer de cibler uniquement des professionnels pratiquant la révision unilingue française au Québec, nous avons imposé deux critères de sélection : 1) exercer au Québec et 2) faire essentiellement de la révision unilingue française, celle-ci devant représenter au moins 75 % de la charge de travail du réviseur. Il nous semblait tout à fait logique de circonscrire la sélection des participants sur le plan géographique, puisque le phénomène de la variation linguistique, y compris la variation dans l’espace, se répercute sur le travail des réviseurs. Il nous semblait aussi primordial de préciser le type de révision, car il s’agit d’une activité aux multiples facettes pratiquée par beaucoup de langagiers, comme il en a été question au chapitre 1. D’ailleurs, pour notre stratégie de recherche, notre principal défi a été de choisir une terminologie précise (voir la section A.3.3 dans le chapitre 1). En effet, dans les milieux de travail, les termes révision (professionnelle) et réviseur (professionnel) sont souvent utilisés pour désigner respectivement la révision unilingue ou la révision bilingue, et le professionnel qui pratique l’une ou l’autre de ces activités. Donc, pour atteindre les réviseurs visés, nous avons utilisé les appellations révision unilingue en français ou révision

unilingue française dans les outils de collecte de données (annonce de recrutement,

formulaires de consentement et questionnaire).

2. Le recrutement

Comme Morin-Hernãndez (2009), nous avons choisi de faire appel aux regroupements professionnels dans le domaine des services langagiers pour le recrutement. L’annonce de recrutement (voir l’annexe III) a été publiée à l’intérieur du bulletin électronique mensuel de la section Québec-Atlantique de l’ACR51, de l’ATAMESL et de la Société québécoise de la

rédaction professionnelle (SQRP). Selon nous, cette méthode constituait la meilleure façon de joindre les professionnels de la révision, ces listes de diffusion étant un mode de communication utilisé par la communauté des langagiers. Cette méthode présente l’inconvénient d’exclure les professionnels qui n’adhèrent pas à ces associations, mais elle nous permettait de joindre des professionnels susceptibles de vouloir s’engager dans leur profession en participant à une recherche, par exemple, surtout si celle-ci vise à améliorer les

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connaissances de la profession. L’annonce de recrutement a été envoyée à deux reprises, à deux semaines d’intervalle.

Pour optimiser le recrutement, nous avons eu recours à deux autres listes de diffusion. Concrètement, nous avons sollicité des mandants pour lesquels nous travaillons à titre de réviseure professionnelle unilingue française et qui disposent d’une banque de réviseurs, soit les Éditions Grand Duc, les Presses de l’Université Laval, les Presses de l’Université du Québec et Hydro-Québec. Le responsable du service de révision de chaque entreprise a fait parvenir l’annonce de recrutement par courriel à ses réviseurs salariés et pigistes. Comme dans le cas des associations professionnelles, un rappel a été fait deux semaines après le premier envoi. Nous avons aussi fait appel à notre réseau de contacts pour recruter d’autres participants. Pour ce faire, des réviseurs et d’autres professionnels du milieu de l’édition, principalement des rédacteurs et des chargés de projet, ont fait parvenir l’annonce de recrutement par courriel à leurs relations, qu’elles soient salariées ou pigistes. Nous avons accepté tous les participants répondant aux critères de sélection jusqu’à ce que l’intérêt pour le projet de recherche s’estompe et jusqu’à l’épuisement des listes de diffusion. Nous avons obtenu un total de 20 participants52.