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Chapitre 2 – Les principaux outils des réviseurs : les ouvrages de référence

A. Les cinq ouvrages de référence les plus utilisés par les réviseurs

1. La présentation des ouvrages et leur approche

1.4. La Banque de dépannage linguistique

La Banque de dépannage linguistique (BDL) est élaborée par l’OQLF et disponible en ligne. Étant continuellement mise à jour et enrichie, cette banque consiste essentiellement en un ouvrage de difficultés à visée pédagogique :

La BDL […] est un outil pédagogique en constante évolution qui propose des réponses claires aux questions les plus fréquentes portant sur la grammaire, l’orthographe, la syntaxe, le vocabulaire, les anglicismes, la ponctuation, la prononciation, la typographie, les noms propres, les sigles, abréviations et symboles, la rédaction et la communication. […] Ces informations sont résumées, vulgarisées et expliquées à l’intérieur d’articles rédigés dans une langue simple et elles sont accompagnées d’exemples clairs qui en facilitent la compréhension (OQLF, 2002a : [s. p.]).

La grande majorité des articles ont la même structure (voir la figure 5) : « la difficulté est d’abord présentée dans sa généralité, puis dans ses cas particuliers, et elle est illustrée par des exemples » (OQLF, 2002b : [s. p.]).

Comme dans le GDT, les positions normatives de l’OQLF sont évidentes : les emplois jugés fautifs sont en rouge, et les emplois jugés corrects, en vert.

Il s’agit d’un outil pratique pour le réviseur en quête d’informations sur l’usage actuel d’un emploi, car la BDL offre un développement contextualisé des difficultés de la langue. De plus, l’information contenue dans les articles est vulgarisée. Le réviseur peut donc relayer l’information telle quelle au mandant pour appuyer une intervention.

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Figure 5 – Article académique tiré de la BDL

1.5. Antidote

Depuis le lancement de sa première version, en 1996, l’outil électronique Antidote connaît une grande popularité au Québec. Au fil des ans, l’entreprise derrière cet outil a su bien adapter son produit aux changements technologiques et aux besoins des usagers. La plus récente version, Antidote 9, est compatible avec les principaux systèmes d’exploitation, s’intègre à une trentaine de logiciels et moteurs de recherche et est offerte en version mobile (cellulaire ou tablette). De plus, Antidote intègre des images (Visuel intégré) et des hyperliens (GDT, Termium, Wikipédia et Google). Comprenant un correcteur avancé avec filtres intelligents, dix dictionnaires de langue (définitions, synonymes, cooccurrences, etc.) et divers guides linguistiques (rédaction, style, typographie, etc.), Antidote a été conçu pour être à la portée du plus grand nombre, ce qui n’en fait pas moins un outil pratique pour les langagiers.

Le correcteur d’Antidote en est un grammatical, c’est-à-dire qu’il peut détecter des erreurs d’orthographe et de grammaire. Bien qu’il soit aussi capable de détecter certains contresens, il n’est pas un correcteur sémantique et ne se substitue pas à un « correcteur humain ». Cela dit, les réviseurs peuvent, par exemple, s’en servir comme premier ou dernier relecteur ou

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encore pour repérer les coquilles et les écarts de typographie (ex. : omission de la ligature ou présence indue de l’espace).

Antidote traite de nombreux aspects de la langue : l’orthographe, le vocabulaire, la grammaire, la syntaxe, la ponctuation, la typographie, la phonétique, le style, etc. Il traite aussi de l’histoire de la langue, notamment en abordant la classification des langues et la formulation du vocabulaire français. Parmi les divers guides linguistiques d’Antidote, il y a

Points de langue, qui rassemble des chroniques linguistiques publiées sur le site de Druide

informatique. Ces chroniques abordent toutes sortes de difficultés de la langue, en détaillant de façon claire et simple chaque difficulté, accompagnée d’exemples, et en proposant des solutions.

À la manière du GDT, Antidote puise à différentes sources, dont Internet. Dans le guide d’utilisation d’Antidote HD, il n’est pas précisé d’où provient la nomenclature de chaque dictionnaire et guide. La bibliographie, cependant, présente 144 ouvrages de toutes sortes, du dictionnaire de langue générale au glossaire, en passant par le guide de rédaction. Certains sont très connus et reconnus, notamment le PR, Le Trésor de la langue française informatisé,

Le Bon Usage, Le Ramat de la typographie, le Dictionnaire de l’Académie française, le Dictionnaire historique du français québécois et Le français au bureau. L’entreprise a

également sa propre équipe de spécialistes de la langue, comme on peut le lire sur son site : Druide possède sa propre équipe permanente de linguistes et lexicographes qui, servis par de puissants outils informatisés et appuyés par un réseau d’experts et de sources terminologiques de grande qualité, a établi la nomenclature30 de 127 000 mots français ainsi que 94 000 mots anglais qui forme la base des nombreux dictionnaires d’Antidote (Druide, 2016 : [s.p.]).

En matière de corpus, donc, Antidote innove, car il est non seulement constitué à partir d’ouvrages linguistiques, mais aussi à partir d’un grand nombre d’attestations de mots dans le Web : sites journalistiques, banques de données, documents numériques, etc. De plus, l’ensemble des ressources d’Antidote (correcteur, dictionnaires et guides) sont réunies en une interface de consultation et de recherche facile à utiliser (voir la figure 6).

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Dans la partie droite de l’interface, plusieurs renseignements peuvent être utiles aux réviseurs, comme l’indice de fréquence. Il s’agit d’un nombre entre 0 (rare) et 100 (fréquent), calculé logarithmiquement pour la plupart des noms, des adjectifs, des verbes et des adverbes, qui « indique la fréquence relative de ces mots dans le corpus de plusieurs milliards de mots » (Druide, 2015 : 74).

Comme tout outil de la langue, Antidote n’est pas dépourvu d’indications normatives, mettant en garde l’utilisateur contre les emplois pouvant faire l’objet de critiques ou contre certains usages jugés fautifs. Dans la version HD, les indications sur l’usage d’un emploi sont données de deux façons, selon que l’emploi fait l’objet ou non d’un article. Lorsque la recherche d’un emploi ne mène pas à un article, mais que l’emploi fait l’objet d’un commentaire normatif, une zone d’alerte s’affiche au bas de la fenêtre (voir la figure 7).

Figure 7 – Article émoticon dans Antidote

Comme on peut le lire dans le guide d’utilisation d’Antidote :

[c]ette zone a pour mission de [...] mettre [l’utilisateur] en garde contre l’emploi de mots à proscrire en français. Anglicismes (rebooter), impropriétés lexicales (corrigeable) ou erreurs courantes (infractus) la feront apparaitre, quel que soit le dictionnaire invoqué. L’alerte vous indique alors les termes corrects (redémarrer; corrigible;

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Lorsque la recherche d’un emploi mène à un article, les indications relatives à l’usage de l’emploi, y compris les indications normatives, s’affichent à droite de la fenêtre sous formes de notes et sous les mentions USAGE ou À PROSCRIRE (voir l’exemple de l’emploi académique, présenté à la figure 6).

1.6. Bilan

Les ouvrages de référence n’adoptent pas tous la même approche normative. Si certains se montrent ouvertement prescriptifs, comme le Multi, la BDL et le GDT, d’autres, au contraire, se veulent plutôt descriptifs, comme le PR et Antidote, tout en étant implicitement prescriptifs. Car ils se situent tous sur un continuum de normativité. Par ailleurs, chacun de ces ouvrages tient compte à sa façon des particularités du français en usage au Québec. La diversité des portraits de la langue qu’ils offrent se reflète dans les indications.