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Chapitre 3 – La stratégie de recherche

F. La méthode d’analyse

1. La démarche détaillée

Au préalable, tous les textes révisés (fichiers Word) et les questionnaires (fichiers PDF) ont été importés dans le logiciel QDA Miner (version 4.1.25), puis regroupés par réviseur participant (numérotés de 1 à 20).

En vue de déterminer dans quelle mesure les réviseurs participants maintiennent ou remplacent dans un texte des emplois qui peuvent les placer en situation de dilemme norme/usage (objectif 1), nous avons d’abord classé les interventions des réviseurs dans le texte. Toutes les interventions qui ne portaient pas sur les 12 emplois à l’étude ont été exclues. Pour cette classification, nous avons tenu compte des procédés de mise en relief et des particularités des emplois modifiés, le cas échéant. Il en est ressorti neuf codes répartis en trois catégories (voir le tableau 6).

Tableau 6 – Liste des codes utilisés pour l’analyse des interventions des réviseurs dans le texte

Catégorie Code

Emploi supprimé supprimé

Emploi maintenu sans mise en relief (italique ou guillemets) avec mise en relief (italique ou guillemets)

avec mise en relief (italique ou guillemets) précédé d’un emploi équivalent sans indication normative

Emploi remplacé par un emploi équivalent sans indication normative par un emploi équivalent, mais avec indication normative par un emploi non équivalent, mais sans indication normative par une périphrase

Nous avons aussi tenu compte de tous les commentaires laissés par les réviseurs dans le texte qui concernaient un des emplois à l’étude. Rappelons que les participants n’avaient pas à justifier leurs interventions dans le texte, puisqu’il s’agissait d’un mandat de révision professionnelle, qui est par nature pragmatique (voir la section A.1 du chapitre 1). Certains, toutefois, ont ajouté des commentaires qui sont révélateurs de leur façon de gérer les dilemmes norme/usage. Ainsi, chacun des commentaires a été classé en fonction de la raison qui le sous-tend (voir le tableau 7), y compris les deux raisons les plus fréquentes en RPUF

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(voir la section B.2.4 du chapitre 1), qui correspondent aux deux premiers codes dans le tableau ci-dessous.

Tableau 7 – Description des codes utilisés pour l’analyse des commentaires des réviseurs dans le texte

Code Définition

Commentaire pour prévenir le mandant

Le réviseur prévient le mandant de la raison pour laquelle il a

maintenu ou remplacé l’emploi, car celui-ci pourrait en être surpris ou se questionner.

Commentaire pour offrir un choix au mandant

Le réviseur offre deux possibilités au mandant à partir du contexte de communication, car il y a ambiguïté dans le texte.

Commentaire pour appuyer son intervention

Le réviseur justifie sa modification en précisant sur quoi il s’est appuyé.

Commentaire pour offrir une autre possibilité au mandant

Le réviseur offre au mandant une autre possibilité que celle qu’il a privilégiée dans le texte.

Commentaire pour faire une suggestion ou une

recommandation au mandant

Le réviseur suggère ou recommande au mandant de remplacer ou de maintenir l’emploi dans le texte.

Commentaire pour laisser le mandant trancher

Le réviseur fournit l’information nécessaire au mandant pour qu’il tranche lui-même le dilemme.

Quant aux données recueillies à l’aide du questionnaire, elles ont été analysées en trois temps. Il convient de rappeler que les réviseurs ont rempli le questionnaire une fois le texte révisé et que ce questionnaire ne portait que sur les 12 emplois à l’étude et non sur l’ensemble de leurs interventions dans le texte.

Premièrement, nous avons compilé toutes les données liées au parcours professionnel des réviseurs (questions 2 à 7) en vue de dégager un portrait général des participants. Les justifications des réviseurs ont été catégorisées à partir de la grille d’analyse présentée dans le cadre théorique (objectif 2), c’est-à-dire le modèle de l’IL d’Houdebine adapté à nos besoins de recherche (voir la section B.3.2). Il est important de signaler que la longueur des justifications fournies par les réviseurs participants varie grandement, allant d’un seul mot à une centaine. Ainsi, une justification peut comporter plusieurs arguments. Concrètement, chaque argument a été classé selon le type auquel il renvoie dans la grille d’analyse (d’ordre statistique, systémique, communicationnel, constatif, prescriptif ou émotionnel). Enfin, on a catégorisé les justifications des réviseurs qui mentionnent une indication normative d’une autorité linguistique en fonction de leur position par rapport à cette indication (objectif 3) : conformiste, neutre ou non conformiste (voir le tableau 8).

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Tableau 8 – Description des trois positions des réviseurs par rapport aux indications normatives d’autorités linguistiques

Position Description

Conformiste Le réviseur se conforme à l’indication de l’ouvrage

de référence consulté.

Neutre Le réviseur s’abstient de prendre position pour ou

contre l’indication de l’ouvrage de référence consulté.

Non conformiste Le réviseur ne se conforme pas à l’indication de

l’ouvrage de référence consulté.

Il arrive que les réviseurs justifient leur travail sans s’appuyer sur l’un des types d’arguments de la grille d’analyse. Ces raisons offrent tout de même des éléments de réponse à notre question de recherche. Dans la plupart des cas, elles se rapportent directement à la pratique de la profession et ont une incidence sur les choix que les réviseurs ont faits ou auraient faits en d’autres circonstances. Pour catégoriser ces raisons, nous nous sommes inspirée du modèle de révision de Bisaillon (2007) présenté dans le chapitre 1 (voir la section B.4). Il en est ressorti cinq catégories (voir le tableau 9).

Tableau 9 – Liste des codes utilisés pour la classification des justifications liées à la pratique de la profession

Raison Description

Écart non perçu Lors de sa relecture du texte, le réviseur n’a pas perçu cet emploi comme un écart potentiel.

Écart connu mais non relevé Le réviseur connaît cet écart, mais ne l’a pas relevé au cours de sa lecture du texte, par inattention.

Écart remplacé par habitude Lors de sa lecture du texte, le réviseur a perçu l’écart et a appliqué automatiquement une solution.

Écart maintenu avec regret Le réviseur regrette d’avoir maintenu l’emploi dans le texte après avoir découvert qu’il fait l’objet de critiques dans certains ouvrages de référence.

Dilemme résolu avec hésitation Face à un dilemme, le réviseur a hésité entre maintenir l’emploi ou le remplacer.

Un analyste différent a revu la codification des justifications en vue de limiter les erreurs d’interprétation, car il n’était pas toujours évident de classer chacune des justifications. Tous les écarts ont été soumis à l’arbitrage, et seuls les codages approuvés par les deux analystes ont été conservés.

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