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Chapitre 2 – Les principaux outils des réviseurs : les ouvrages de référence

A. Les cinq ouvrages de référence les plus utilisés par les réviseurs

1. La présentation des ouvrages et leur approche

1.3. Le Grand dictionnaire terminologique

Créé en 1974, le Grand dictionnaire terminologique (GDT) – tout comme la Banque de dépannage linguistique (BDL), qui sera présentée au point suivant – est l’un des produits développés par l’Office québécois de la langue française (OQLF), une importante autorité en matière de langue au Québec.

L’OQLF « est un organisme d’État dont la mission est tracée par la Charte [de la langue française] et les règlements qui régissent son application » (OQLF, 2014 : 7). Il « veille à ce que le français soit la langue normale et habituelle du travail, des communications, du commerce et des affaires dans l’Administration et les entreprises » (Québec, 2016 : art. 161). De par sa mission, il est le seul organisme du Québec à pouvoir « recommander ou normaliser des termes et expressions » (Québec, 2016 : art. 116.1). Une fois que ces termes sont diffusés dans la Gazette officielle du Québec, « leur emploi devient obligatoire dans les textes, les documents et l’affichage émanant de l’Administration ainsi que dans les contrats auxquels elle est partie, dans les ouvrages d’enseignement, de formation ou de recherche publiés en français au Québec et approuvés par le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport » (Québec, 2016 : art.118). Par conséquent, les ouvrages de référence produits par l’OQLF jouissent d’une autorité particulière en matière de langue, qui est reconnue par les autres autorités linguistiques au Québec. Le Multi, Antidote et Usito sont parmi les ouvrages de référence qui citent, reprennent ou mentionnent le GDT, par exemple, dans certains de leurs articles.

Le GDT « est une banque de fiches terminologiques rédigées par l’OQLF ou ses partenaires » (OQLF, 2015 : 1). Cette banque recense des centaines de milliers de fiches, la plupart en français et en anglais, « dans une multitude de domaines de l’activité humaine, particulièrement dans les secteurs scientifiques et techniques » (OQLF, 2012 : [s. p.]). Puisqu’« il existe des sphères du savoir qui chevauchent les terminologies et la langue usuelle » (Boulanger, 1996 : 139), le GDT comprend aussi un certain nombre de mots de la langue courante. Les termes « sont classés par domaines d’emploi » et « parfois explicités au moyen d’une définition, de notes ou d’une illustration » (OQLF, 2015 : 1). Outre la définition, chaque fiche comporte une vedette – c’est-à-dire le terme français que l’OQLF considère comme le plus adéquat pour désigner le concept –, le ou les domaines (génériques et

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spécifiques, le cas échéant), le ou les auteurs ainsi que la date de création ou de dernière modification de la partie française de la fiche (OQLF, 2015 : 14).

Le GDT, il importe de le préciser, puise à différentes sources, c’est-à-dire que les fiches n’émanent pas uniquement de l’OQLF. Dans un article portant sur cet outil, on précise que le GDT est « enrichi par les vocabulaires spécialisés produits à l’interne, par le stockage de terminologies d’organismes internationaux et nationaux, privés et gouvernementaux, et […] par le travail quotidien des terminologues » (Turcotte, 2014 : 132). Il en est de même du traitement des québécismes, puisque les orientations de l’OQLF concernant la prise en compte des particularités lexicales du Québec dans le GDT ont évolué au fil du temps. Le GDT privilégie, dans le traitement des données qu’il diffuse, « une certaine ouverture – pour ne pas dire une ouverture certaine – aux particularités lexicales du français québécois » (Turcotte, 2014 : 134-135). C’est pourquoi il est important de prendre en compte l’ensemble des informations contenues dans les fiches, notamment l’auteur et la date de création ou de dernière modification de la partie française de la fiche.

De par son mandat, le GDT s’inscrit dans une approche normative. Dans les fiches signées par l’OQLF (voir la figure 4), « des indications sur l’usage […] sont données au moyen de pictogrammes, d’un code de couleurs (vert, jaune, rouge) et d’intitulés explicatifs » (OQLF, 2015 : 15). La zone verte est réservée aux termes privilégiés, la zone jaune aux termes utilisés dans certains contextes, et la zone rouge aux termes déconseillés. Grâce à ce code de couleurs, les réviseurs savent rapidement le jugement que porte l’OQLF sur un emploi.

Comme l’explique l’OQLF sur son site Web, « la vedette est le terme dont l’Office préconise l’emploi dans toutes les situations de communication de langue standard. Les termes privilégiés – dont la vedette fait partie – sont jugés adéquats pour désigner le concept; les termes à usage restreint sont considérés comme acceptables dans certains contextes; les termes déconseillés sont jugés inadéquats pour désigner le concept » (OQLF, 2012).

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Figure 4 – Fiche collimage tirée du GDT

Il arrive aussi qu’il y ait des étiquettes associées aux termes. Présentées en bleu, ces étiquettes donnent diverses indications sur leur usage, par exemple sur l’aire géographique (ex. : QUÉBEC), sur le degré de spécialisation (ex. : LANGUE COURANTE, qui signifie que le degré

de spécialisation est faible), sur le registre de langue (ex. : FAMILIER ou SOUTENU) et sur la

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indiquer que le terme a fait l’objet d’une officialisation par l’OQLF (RECOMMANDÉ PAR L’OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE ou NORMALISÉ PAR L’OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE)ou par un autre organisme (ex. : RECOMMANDÉ OFFICIELLEMENT PAR LA COMMISSION GÉNÉRALE DE TERMINOLOGIE ET DE NÉOLOGIE (FRANCE)). Enfin, toute note

exposée sous la définition, que ce soit dans une zone verte, jaune ou rouge, fournit des renseignements supplémentaires permettant de mieux comprendre le concept ou les raisons pour lesquelles l’OQLF déconseille un terme ou en restreint l’usage dans certains contextes.