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techniques au Burkina Faso

5- La reconnaissance en conception au Burkina Faso

Nous allons voir maintenant comment ces théories de la reconnaissance peuvent être mobilisées pour étudier des situations spécifiques, telle que l’activité de conception d’équipements agricoles dans les pays en développement notamment au Burkina Faso. Nous verrons, plus précisément, comment elles s’articulent à la question de la production et de la circulation de connaissances et de savoir-faire dans le monde de la conception de machines. Nous verrons notamment comment la circulation du savoir est fortement conditionnée par la confiance mais aussi par l’intensité du sentiment d’injustice ou de la suspicion.

Le monde de la conception regroupe par définition plusieurs types d’acteurs collaborant et interagissant afin de produire des connaissances et de définir les caractéristiques précises d’artéfacts à produire. Il s’agit notamment de chercheurs relevant d’organismes publics et parapublics, d’ONG, d’organisation étatiques de valorisation de la recherche, de concepteurs privés, d’artisans (notamment les forgerons) et enfin d’usagers. Ces acteurs, quoique différenciés par leur statut social, travaillent en général sur des artéfacts communs au domaine de la conception d’objets techniques, à usage agricole ou agroalimentaire.

Nos enquêtes au Burkina Faso révèlent que ces acteurs dénoncent régulièrement (mais à des degrés variables) l’insuffisance récurrente de reconnaissance de leur travail et/ou de leur personne. A ce jeu de dénonciation les concepteurs, aux connaissances et compétences formelles et référencées, issus d’un cursus scolaire et académique classique sont les plus virulents. Leurs attentes vis-à-vis des institutions nationales et internationales sont nettement plus grandes que celles de leurs confrères forgerons ou autres artisans métalliers ne possédant pas de référentiel officiel de compétences. Cet état de fait est révélateur de deux choses : la première, c’est la réelle et forte différenciation des acteurs dans le monde de la conception

d’artefacts face à la question des compétences référencées (donc reconnues à des niveaux institutionnels divers) ; la seconde et qui est directement liée à la première, c’est le rôle de l’Etat pour renforcer cette différenciation, en n’ayant qu’une approche globalisante des métiers et secteurs d’activités, qui n’établit aucune différence entre les acteurs en termes de politique d’intervention et de reconnaissance. Tous sont logés indifféremment dans le secteur de l’artisanat sans hiérarchisation des niveaux de technicité, des degrés de formalisation des référentiels de compétences, ou des capacités financières des entreprises artisanales, ui ne permet donc pas de rendre lisibles les besoins et/ou attentes d’accompagnement de ces acteurs fort diversifiés.

Toutefois on l’a déjà signalé, quelques institutions nationales existent aujourd’hui telles que le Forum National de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques (le FRSIT), l’Agence Nationale de la Valorisation des Résultats de la Recherche (ANVAR), la Direction Nationale de la Production Industrielle (DNPI), aux côtés d’institutions régionales (inter-africaines), telles que l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI). Elles ont produit et proposent différents dispositifs et outils de reconnaissance qui peuvent varier selon les acteurs et artefacts concernés ; mais leurs actions et leur visibilité sur le terrain sont en fait encore peu perceptibles. Elles ne semblent toujours pas en mesure de donner aux concepteurs le sentiment d’être soutenus, voire reconnus en tant que personnes et professionnels car : elles ne proposent en fait ni statut ni catégorie nouvelle formalisés d’une part ; la confusion règne encore pour traduire ces dispositifs et outils institutionnels en faits ou objets et symboles concrets ; car enfin, ces organisations peinent à faire mieux (re)connaître du public leur périmètre d’action et marges de manœuvres (on pense ici notamment à l’OAPI) ; leurs missions, fonctions, outils restent encore largement méconnus, la communication vers le grand public – qui toucherait alors largement les artisans – reste faible, aussi bien du côté de l’Etat que du côté de ces organisations elles-mêmes.

De ce fait ce qui a été montré en sociologie des sciences semble ne pas marcher dans le domaine de la conception d’artefacts techniques dans les pays en développement de l’Afrique de l’Ouest, et notamment au Burkina Faso. En effet ici, on n’observe pas de phénomène de capitalisation de la reconnaissance qui tient notamment à la stratégie des acteurs. Cette différence de comportement pourrait s’expliquer d’une part par la nature fortement différenciée des cursus de formation des acteurs et des processus de production, d’acquisition, de transmission et de diffusion du savoir et d’autre part par le dysfonctionnement des institutions d’encadrement et de reconnaissance des acteurs de la conception et de leurs produits, dont les actions sur le terrain restent pratiquement invisibles.

L’approche monolithique d’un métier très atomisé qu’est celui de la conception ne permet pas aux institutions de saisir de façon spécifique les différents mondes de la conception.

Ce dysfonctionnement institutionnel qui n’attribue aucun statut ni catégorie aux concepteurs rend du même coup caduque leur expression publique de reconnaissance. Or, les modèles qu’analyse la sociologie des sciences s’inscrivent dans des cadres institutionnels que les chercheurs ont construit eux-mêmes, et qui permettent du coup aux acteurs de la conception plus fortement liés à la Recherche qu’en Afrique, de développer des stratégies fortes pour asseoir leur reconnaissance. Autrement dit, c’est l’existence d’un cadre institutionnel maîtrisé qui permet aux protagonistes de déployer des stratégies et de mobiliser les outils ou dispositifs existants pour se faire connaître et reconnaître des autres.

Cependant, si l’on se place maintenant à une échelle plus localisée d’une de nos études de cas par exemple,, celui des interactions quotidiennes des concepteurs burkinabé avec des pairs ou avec des usagers, on constate que les concepteurs bénéficient de formes concrètes de

reconnaissance qui s’inscrivent dans un régime de proximité et forment la trame d’un réseau social d’échanges et d’apprentissages entre concepteurs et avec les utilisateurs. L’individu concepteur peut y être reconnu comme porteur d’une innovation, en particulier lorsque des pairs ou des usagers s’adressent à lui afin de mieux maîtriser une technologie ou une innovation en cours, grâce aux savoirs qu’il est en mesure de mobiliser, de produire et de mettre à disposition. Mais, nos enquêtes révèlent aussi qu’à ce niveau encore, les relations de défiance ou la faible intégration des usagers dans les activités de conception rendent problématique cette quête de reconnaissance interrelationnelle ; l’une de nos études de cas le montre d’ailleurs. La proximité des réseaux ne garantit donc pas automatiquement l’existence de dispositifs et formes de reconnaissance. On a vu aussi que les concepteurs locaux dénoncent notamment dans leurs quotidiens et dans leurs échanges, la réputation de produits, de savoirs venus de concepteurs étrangers en somme, ils dénoncent l’ingérence d’autrui (tolérée par les instances étatiques) dans leurs réseaux et institutions localisés.

Ce déficit de reconnaissance qu’expriment nos différents interlocuteurs a des conséquences sur la fluidité de leurs échanges et sur la circulation des savoirs nous l’avons déjà évoqué dans les chapitres précédents. Ce constat nous conduit donc à penser qu’il devient urgent de réfléchir au rôle et au statut des concepteurs dans un pays comme le Burkina Faso, sans quoi la dynamique d’innovation, à l’échelon national, et avec elle tout le processus de développement tant attendu par les bailleurs de fonds et les agences d’aide, risque d’être éternellement ralentie, handicapée. Il y a bien un enjeu local, social mais aussi national, à faire reconnaître les individus porteurs et producteurs de savoirs et de compétences en conception : car c’est par l’intensité des échanges, des formes de circulation des savoirs dans des réseaux et cadres institutionnels maîtrisés et reconnus, que s’opère la construction et l’évolution des compétences. En étant ignorés du grand public comme des organismes d’appui venus de l’étranger, et sans maîtriser les quelques cadres institutionnels nationaux de leur possible reconnaissance professionnelle, nos concepteurs locaux sont facilement directement évincés ou concurrencés par des acteurs extérieurs portés eux, par des dispositifs de reconnaissance institutionnalisés qui les habilitent à exporter leurs innovations.

Au Burkina Faso, l’absence de reconnaissance dont les acteurs de la conception sont bien conscients, est pourtant peu exprimée, extériorisée : ils ne manifestent pas leur frustration ou leurs attentes. Ils n’en parlent que lorsque la question leur est adressée mais jamais de façon spontanée alors que « transpirent » dans leurs propos comme dans leurs actions la méfiance et de nombreuses difficultés à s’engager dans une collaboration avec autrui.

Cette absence de reconnaissance est perçue comme un véritable déni de reconnaissance lorsque l’Etat adopte des politiques d’encadrement, de promotion et de valorisation des innovations et inventions locales à travers le FRSIT et l’ANVAR mais continue d’acheter dans le même temps des services, des équipements agricoles à l’étranger alors que ces derniers sont aussi fabriqués et disponibles sur le marché local. C’est le cas par exemple des décortiqueurs et broyeurs à céréales que les projets d’Etat importent de la Chine et d’Inde notamment. Mais personne n’exprime son désaccord face à ces processus d’importation qui dénient toute capacité locale à créer de semblables artéfacts.

Nos investigations dans le domaine de la conception des équipements agricoles et agroalimentaires au Burkina Faso montrent que ce « silence » des concepteurs burkinabé est bien plus lié à l’absence d’organisation, d’espace public qui permette leur expression, qu’à une éventuelle crainte, individuelle et collective de s’exprimer dans l’espace public : il n’existe pas au Burkina de cadre de concertation, voire d’association où les concepteurs pourraient se rencontrer, discuter et échanger sur des façons de travailler ou de s’équiper, de

vendre ou de faire connaître, de promouvoir ou de se faire reconnaître… La création d’un ou de plusieurs cadres d’expression pour les concepteurs, pourrait donner aux acteurs des occasions de mieux se connaître et ce faisant de faire émerger leurs spécificités, leurs attentes. D’ailleurs, nombre d’entre eux nous ont exprimé le désir de se connaître, de se regrouper par affinités. Dans le monde scientifique, des regroupements et des associations de recherche existent bien mais la reconnaissance des chercheurs passe ici comme en Europe par des dispositifs et canaux normalisés à l’échelle internationale (les revues scientifiques, les commissions de recrutement, les organismes d’allocation de ressources). Dans le milieu de la conception faiblement lié aux scientifiques (certains organismes de recherche, instituts technologiques, centres artisanaux...), les quelques groupes d’affinité existants pourraient peut-être, s’ils étaient soutenus ou mieux informés, évoluer vers ce que Bruno Latour nomme des « cercles de crédibilité » dans l’optique d’assurer une meilleure visibilité des métiers et compétences et leur crédibilité auprès du public comme de l’Etat, en vue de leur reconnaissance institutionnelle.

Il n’existe pas non plus de leaders nationaux, ou des collectifs de concepteurs capables de porter sur la place publique le sentiment de déni de reconnaissance pour le traduire dans une action collective apte à faire émerger un mouvement de lutte pour la reconnaissance. Cette situation est sans doute à rattacher aux contextes historiques et cadres normatifs de la société, où les collectifs et leurs porte-parole, sont encore pour la majorité, pensés en référence à des classes d’âge, à des catégories sociales bien distinctes où chacun est affecté au cours de sa vie, à des organisations lignagères ou territoriales plutôt qu’aux métiers.

Mais pour comprendre plus en détails la situation des acteurs de la conception au Burkina Faso, nous proposons de nous pencher maintenant sur leurs discours révélant les rapports qu’ils entretiennent avec leurs pairs mais aussi avec diverses institutions (de gestion des activités d’invention et d’innovation) et enfin avec des usagers. Ces analyses essentiellement tirées de discours nous permettront de mettre en évidence plus empiriquement qu’on ne l’a fait ci dessus, les enjeux d’une meilleure reconnaissance des concepteurs.

5-1 La reconnaissance par les pairs

Ce qui apparaît d’emblée lorsque nous nous penchons sur l’activité de conception et les relations entre pairs au Burkina Faso, c’est, nous l’avons vu, le sentiment presque général d’un monde en proie aux suspicions de tous genres, aux accusations réciproques de vol d’idées ou de technologies, de copies illégales, etc. où là encore « l’étranger » est le premier coupable. Ce climat délétère, de méfiance et de défiance, paralyse les collaborations et les processus d’innovation ; il condamne du même coup l’activité de conception à la routine. La violence des dénonciations est évidente :

« le domaine dans lequel moi j’évolue je ne vais pas aller exposer ça au FRSIT hein ! des concasseurs, des broyeurs de minerais, tu sais tout de suite que si ça marche, ton marché n’est pas le grand public. Si tu vas exposer tu fais entrer très rapidement les loups dans la bergerie ; ils attrapent ça ; d’autant plus qu’il n’y a plus de recherche à faire et ils vont s’attaquer directement au produit

Et un autre de renchérir :

« la directrice du projet karité en 99 est venue avec deux ou trois Chinois ici disant qu’ils voulaient nous aider parce que nous avions la technologie la plus prometteuse en matière d’extraction du beurre de karité. Ils sont venus, on s’est entretenu mais tout de suite le représentant Chinois me dit « non on ne veut pas rester ici ; il faut nous

amener sur la presse ». Puisque moi je leur donnais des informations d’ordre général sur le prix et consort, ça ne les intéressait pas. Ce qui les intéressait : est-ce qu’il y a de la conception officielle dedans c’est ça qui les occupait ; bon finalement quand on est allé à l’atelier il ne fallait pas voir ce qu’ils ont fait : il y a un qui a sorti un mètre, il mesure ici je l’attrape là, il y a l’autre qui en sort, un qui mesure de l’autre côté…il fallait voir : c’était du pillage pur et dur. Le jour là j’étais vraiment en boule et j’ai dit tout ce que je pensais de mauvais d’eux. Ils sont partis, eux aussi n’étaient pas contents ; c’était la force brute. C’est cette expérience qui fait que je me méfie ; je sais que les Chinois s’ils s’alignent sur ton domaine tu es foutu. Ils peuvent aller là bas faire ça à moindre prix et revenir nous inonder le marché. Moi j’ai dit ok : le jour où j’entends que le projet karité vend une presse je me plains directement ; ça c’est une plainte que je vais déposer ».

Mais comment articuler dénonciation, suspicion ou confiance et reconnaissance : nous proposons de considérer que la confiance est d’abord en lien étroit avec la coopération comme nous l’avons mentionné plus haut en introduction à ce chapitre. Les extraits d’entretiens expriment en effet des déceptions dans des tentatives de collaboration. Les échecs à collaborer y sont justifiés par l’opportunisme de certains protagonistes dans un processus possible ou attendu, de collaboration, sources de méfiance qui rompt toute possibilité de collaborer à nouveau. La méfiance peut être alors pensée comme un mode de reconnaissance « en négatif », il s’agit finalement d’un déni de reconnaissance justifié. Et inversement, la confiance peut donc être envisagée comme une forme discrète, non institutionnalisée, de reconnaissance sociale. Ainsi considérée, nous pouvons alors affirmer que confiance et reconnaissance constituent deux « attributs » sociaux indissociables, confondus, qu’un individu ou collectif affecte à d’autres, qui fondent la possibilité de coopérer ensemble (on le voit bien au travers des extraits d’entretiens, des cas d’échecs de coopération) et qui, dans la succession possible des expériences réussies de coopération, permettent en fait de renforcer, d’officialiser, voire d’institutionnaliser cette reconnaissance distinguée alors de la confiance entre pairs proprement dite.

L’observation et l’analyse fines sur le terrain ont aussi permis de déceler que la reconnaissance par les pairs dans le monde de la conception au Burkina Faso s’exprime de manière tacite et se confond bien avec la confiance : elle se lit en filigrane au travers des quelques réseaux de coopérations constitués et réguliers, qui se sont construits par le biais de relations d’affinités ou suite à des échanges de dons contre-dons notamment dans les passations réciproques de marchés.

« Quand quelqu’un vient et il me demande une presse à karité, je n’en fabrique pas ; je suis obligé de chercher un atelier, par exemple ADMGA, qu’est-ce que je fais, ADMGA me fait son prix puisqu’on se connaît déjà et moi je vais majorer ce prix pour livrer au client pour avoir ma petite part dedans »

explique le directeur d’un atelier de conception.

Pour l’essentiel dans notre univers de concepteurs burkinabé on constate aussi que les signes d’une reconnaissance entre pairs consistent essentiellement à s’honorer et à se témoigner mutuellement de l’estime (Hénaff, 2002 ; Mongin, 2002). Cette reconnaissance mutuelle permet de concrétiser et de valider une estime de soi-même dans des collectifs que l’on pourrait qualifier de « communautés épistémiques » (Roth, 2008) au sens de Knorr Cetina (1982).

5-2 La reconnaissance institutionnelle

Mais si la reconnaissance entre pairs peut être assimilée à la confiance (elle en est une issue, elle en est indissociable) et nous renvoie à des registres sociaux de proximités, d’affinités normatives ou électives, on sait par ailleurs qu’à d’autres échelles d’interactions, la question de la reconnaissance revêt aussi une dimension plus politique. Il ne suffit pas que les concepteurs se reconnaissent et s’estiment « entre eux », ou dans des réseaux de collaboration restreints et réguliers, il leur faut aussi être reconnus par des instances publiques : on l’a vu, dans le domaine de la conception d’équipements agricoles, les concepteurs burkinabè s’estiment en effet peu ou pas du tout reconnus dans leur « métier » par les autorités publiques.

« Par exemple si on pouvait faire comme à Accra au Ghana là ; chez eux tous les équipements agroalimentaires sont fabriqués sur place et entreposés dans les magasins de l’Etat pour être vendus. Ça veut dire que leur Etat reconnaît ses artisans mais ici chez nous l’Etat ne reconnaît pas ses artisans. C’est ça le défaut. Actuellement les moulins et les décortiqueurs que nous fabriquons sont meilleurs à ceux importés d’Asie ; parce que ceux qui viennent de l’Asie là c’est en fonte or ce que nous on fait ici c’est plus dur c’est en fer. Mais l’Etat continue à acheter ces équipements là en Asie et nous on est là assis »

exprime un concepteur spécialiste des broyeurs et décortiqueurs de type Engelberg. Beaucoup de concepteurs sont ainsi convaincus comme lui que ce n’est pas la qualité intrinsèque de leur technologie qui pose problème mais bien la politique étatique qui ne fait aucune promotion de leur savoir-faire ou de leurs produits. Selon eux, l’Etat devrait donc mieux encadrer les artisans concepteurs non seulement en leur fournissant des cadres publics d’expression mais aussi en se positionnant comme l’un de leurs clients ou de leurs interlocuteurs majeurs. Derrière cette absence de reconnaissance du métier et des produits de conception, ce sont aussi les savoirs développés localement qui sont jugés et implicitement dévalorisés, ce qui n’incite ni à leur développement ni à leur mobilisation.

Derrière ces plaintes à l’encontre de l’Etat, c’est l’accès aux ressources institutionnelles qui fait problème. En effet, quand on fait le bilan des institutions ou dispositifs existant, quand on observe les éventuelles articulations entre concepteurs et institutions étatiques d’encadrement de promotion ou de valorisation des innovations technologiques, il nous semble que les