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Chapitre I : Les acteurs de la conception au Burkina Faso

2- Description sommaire du secteur artisanal aux Burkina Faso

2.1- Bref panorama du monde artisanal au Burkina Faso15

Malgré l’importance que les autorités politiques lui reconnaissent, les statistiques relatives au secteur artisanal restent encore partielles et de surcroît surannées. Nous présentons donc les chiffres officiels avec prudence, comme de simples indicateurs (dont rien nous dit comment ils ont été construits d’ailleurs) mobilisés par l’Etat ensuite pour justifier une action ou une politique. Le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) en 1985 dénombrait 528 490 artisans dont 306 783 femmes contre 221 707 hommes qui pratiquaient l’artisanat comme occupation principale ou secondaire. Parmi ceux-ci, on distingue 446 621 artisans ruraux contre 81 869 artisans urbains, 94 071 artisans à temps plein contre 434 419 à temps partiel. Plus récemment, le diagnostic de l’UEMOA sur le Programme de Promotion de l’Artisanat (PPA) dénombrait en 1999, 960 000 artisans qui contribuent pour 20% au PIB. Mais il n’existe pas de liste nationale nominative des artisans au Burkina Faso.

La base de données de la Fédération Nationale des artisans du Burkina Faso (FENABF), une organisation artisanale faîtière, est incomplète. Elle couvre en effet 12 des 13 régions que compte le pays (voir carte du découpage régional du Burkina Faso à l’annexe 1), regroupe officiellement 40 000 membres dont seulement 1 600 figurent effectivement dans le répertoire.

L’Union des Artisans du Gulmu (UAG) quant à elle compte 5 000 membres et la Coordination des Associations des Artisans du Burkina (CAAB) 7 000 adhérents.

Il est important de noter que ces différents chiffres ne spécifient ni les types d’artisanat dont il s’agit ni la nature des métiers concernés. On peut donc s’interroger sur ce qui différencie ces trois différentes structures (FENABF, UAG, CAAB).

Dans le cadre de la récente mise en place de la CMA-BF (Chambre des Métiers de l’Artisanat du Burkina Faso) en tant qu’institution de gestion et de régulation des métiers de l’artisanat au Burkina Faso, un recensement général des artisans est en cours qui pourrait fournir à terme des statistiques et une base de données fiables, une photographie et une répartition géographique plus exacte du secteur artisanal.

En termes d’exercice professionnel, le secteur de l’artisanat regroupe des métiers que l’on classe généralement d’abord en artisanat rural ou urbain, en artisanat de production ou de service. On peut citer comme artisans ruraux les fileuses de coton, les tisserands, les dolotières16, les vanniers, les potiers, les forgerons, les bouchers, les cordonniers, les teinturiers, les meuniers, les puisatiers, les sculpteurs. L’artisanat urbain comprend des fabricants et de nombreux prestataires de services dont les plus présents sont : les mécaniciens

15 Pour plus de détails sur le contexte institutionnel des innovations technologiques au Burkina Faso se référer au chapitre 7

16 Les brasseuses locales de la bière de sorgho, appelée dolo, une boisson alcoolisée très consommée en ville comme en campagne en Afrique subsaharienne.

réparateurs (engins à deux roues), les tailleurs, les menuisiers, les tôliers, les coiffeur(se)s, les boulangers, les électriciens, les peintres, les réparateurs de radios TV (et autres appareils) électriques, les bijoutiers, les plombiers, les photographes, les réparateurs de montre, les tapissiers et les garagistes. De nos jours, on distingue aussi un artisanat d’art qui s’est développé en milieu urbain induit par l’évolution de certains métiers très anciens (forgerons, potières, peintres sur batik, etc.), mais aussi suite à l’introduction de nouvelles techniques et technologies (teintures industrielles, tour de poterie, nouveaux métaux, informatique notamment) et en dernier essor par l’évolution des goûts des consommateurs. Cette catégorie nouvelle de l’artisanat d’art est en fait très large, s’agrandit de nouveaux métiers régulièrement tels que le « design », la sérigraphie, le dessin, la peinture (sur papier), la céramique, le « batik », la caricature, le dessin assisté par ordinateur. Il constitue selon certains auteurs la forme la plus évoluée de l’artisanat (Yaméogo, 2005), sans doute du fait de sa proximité à des clientèles urbaines et touristiques très exigeantes, à la recherche de nouveautés et de changement, qui incitent ces artisans à innover sans cesse (par emprunt de nouveaux matériaux ou modèles entre autres).

Malgré cette liste exhaustive des métiers de l’artisanat au Burkina Faso, le concept d’artisanat reste flou et ses contours difficiles à délimiter. En effet, la Zatu (loi) n° AN VII-048/FP/PRES du 25 Juillet 1990 portant réglementation de la profession d’artisan stipule en son article premier que « l'activité artisanale consiste en l'extraction, la production, la transformation des biens et ou prestations de services grâce à des procédés dont la maîtrise requiert une formation notamment par la pratique. Cette activité qui est civile ou commerciale doit ressortir du secteur des métiers artisanaux ». La même Zatu dit en son article 2 que « le mode de production artisanal est principalement manuel. Il peut cependant inclure l’utilisation de machines et outillages mécaniques qui n’occasionnent pas une production en série ». De plus la chambre des métiers de l’artisanat du Burkina Faso (CMA-BF) intègre tous les métiers de la fabrication dans l’artisanat, et ce quel que soit le niveau technique ou le type de technologie mobilisés par les artisans.

Telle que stipulée dans ladite Zatu ou adoptée dans la CMA-BF, cette grille de définitions ne permet ni de cerner le nombre des artisans, ni de souligner l’importance de l’activité de conception dans ces activités artisanales multiples17, encore moins de comprendre les dynamiques professionnelles propres au secteur artisanal en général sinon le fait qu’il s’agit de travaux manuels à petite échelle. Enfin, la conception et la fabrication des équipements agricoles et agroalimentaires entrent dans cette vaste catégorie des artisans mais les grilles de définition officielle ne nous permettent pas de savoir dans quelles catégories les intégrer. Nous reviendrons plus tard sur ce point lorsque nous qualifierons les entreprises du secteur, en particulier les ateliers de mécanique (voir 4.2. « les entreprises dédiées à la conception »). Par conséquent, il conviendrait d’imaginer une autre grille d’analyse du secteur de la conception au Burkina Faso. En adoptant une perspective de description de la trajectoire des concepteurs-artisans que nous avons pu rencontrer, il nous semble qu’il serait pertinent de les classer suivant deux critères : le type et le niveau de formation classique (cursus scolaire et académique) ou professionnelle (non formelle ou sur le tas) d’une part, et le niveau d’équipement technique (la possession d’outils de travail) d’autre part. Ces critères permettent en fait d’établir un croisement instructif avec deux secteurs de l’activité économique

17 Néanmoins et à titre d’exemple lors des expositions scientifiques le nombre de concepteurs en agroéquipement participant à la biennale du FRSIT ne dépasse guère la dizaine.

notamment le secteur formel et le secteur informel18 (activités artisanales, semi industrielles ou industrielles). Par ailleurs, l’avantage de ces critères c’est qu’ils offrent un éclairage intéressant sur les dynamiques sociales qu’il y a en amont de l’activité de conception et de fabrication en nous obligeant à nous intéresser aux trajectoires des artisans ainsi que l’organisation de leurs ateliers de travail.

Intéressons-nous maintenant au type de connaissances acquises par ces artisans, aux types d’apprentissages qui leurs sont offerts.

2.2- La formation professionnelle

Il existe une pluralité de dispositifs éducatifs au Burkina Faso. Ouédraogo (2007) en distingue trois, l’éducation formelle, l’éducation non formelle et l’éducation informelle.

• L’éducation formelle19 relève de la compétence de l’Etat, qui organise et surveille le cadre de son fonctionnement institutionnel. Les enseignants sont formés par l’Etat et les objectifs, contenus, méthodes et outils d’enseignements sont prédéfinis par l’Etat. Les programmes d’enseignement sont organisés en formation générale, technique et professionnelle.

• L’éducation non-formelle s’intéresse à l’ensemble des activités d’éducation et de formation organisées et structurées en dehors du cadre scolaire. S’adresse à toute personne désireuse d’avoir une formation spécifique dans une structure d’éducation non scolaire20. Elle est structurée en Centres Permanents d’Alphabétisation et de Formation (CPAF) ; Centres d’Education de Base Non Formelle (CEBNF) ; et Structures de formation et d’encadrement.

• L’éducation informelle s’adresse aux activités d’éducation et de formation non structurées. Elle a lieu dans la sphère de la famille, du village, des médias, des activités sociales et politiques, du milieu de travail, des cercles d’amis, etc.

Mais comme le remarque judicieusement Ouédraogo (2007), cette distinction conceptuelle est a priori théorique car « l’observation minutieuse de la pratique éducative révèle des failles dans les limites conceptuelles. En effet, les frontières qui délimitent le formel, le non formel et l’informel peuvent s’avérer poreuses dans une situation de formation encadrée par des structures et des programmes étatiques. Il y a de l’informel dans le système formel. Dans tout processus d’éducation ou de formation formalisée, il existe une part d’informel qui échappe à la programmation et à l’objectivation » Ouédraogo (2007 ; pp.58-59).

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Nous reconnaissons néanmoins que cette classification du secteur de l’artisanat en termes de formel et informel est très problématique. En effet, elle n’est valable que dans le cas des rapports entre les acteurs économiques et les agents de l’administration publique ; du reste, au Burkina Faso, les artisans relevant du secteur informel bénéficient de la contribution du secteur informel (CSI) qui est un impôt simple et acceptable ; au moins 80% des artisans en bénéficient (Anon., 1999)). Hors de ce champ, la distinction ne tient plus (Rubbers, 2005) ; en effet, les notions d’informel et de formel sont intrinsèquement liées à la reconnaissance officielle. Or, dans le cas du secteur artisanal au Burkina Faso, il existe des textes de reconnaissance officiels le réglementant en termes d’organisation, de statut, de professions. De ce fait, on peut considérer que les activités artisanales sont formelles.

19 Elle est définie par la Classification Internationale Type de l’Education (CITE) comme tout « enseignement dispensé dans le système des écoles, des collèges, des universités et des autres établissements éducatifs formels. Ils constituent normalement une « échelle » continue d’enseignement à plein temps destiné aux enfants et aux jeunes, commençant en général entre cinq et sept ans et se poursuivant jusqu’à vingt ou vingt-cinq ans »

20 Burkina Faso, 1996, Loi d’orientation de l’éducation, notamment le chapitre 2, article 8, p. 9. Voir http://www.meba.gov.bf/SiteMeba/documents/textes/index.html

Pour Lewandowski (2007), au Burkina Faso, « les dispositifs formels concernent généralement les écoles pour les enfants, et le non formel les dispositifs de formation pour les jeunes et les adultes. Le formel est géré principalement par l’État ; le non formel est généralement géré par des opérateurs comme des ONG » Lewandowski (2007 ; pp.62-66). Pour notre part, nous nous intéressons exclusivement à la formation professionnelle. Nous relevons ainsi que deux types de formations professionnelles ont cours au Burkina Faso, la formation professionnelle (académique) et la formation professionnelle dite non formelle puisque ne suivant pas les cursus officiels de formation édictés par le système éducatif national. En dehors de l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE), cette dernière formation, à l’instar l’éducation non formelle, est généralement prise en charge par d’autres acteurs que l’Etat et ses structures académiques d’enseignement.

2.2-1 La formation professionnelle non formelle

Ce type de formation professionnelle est fortement valorisé au Burkina Faso et est reconnu comme faisant partie intégrante du système national de formation professionnelle. Cette formation professionnelle est en fait considérée comme un relais et un moyen sûr d'insertion socioprofessionnelle des flux de déscolarisés issus de l’enseignement primaire et secondaire, des non scolarisés et des néo-alphabétisés, généralement issus de migrations rurales, particulièrement fortes on le sait dans tous les pays d’Afrique de l’ouest.

Cette formation « informelle » est prioritairement offerte par des centres de formation professionnelle (CFP21) de l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE)22 et par des centres privés non conventionnels de promoteurs individuels, par des Organisations Non Gouvernementales (ONG), mais aussi par des Associations, des institutions religieuses et des partenaires internationaux au développement : cette grande diversité d’offre de formation reflète l’importance du public potentiellement concerné, un flux immense de jeunes arrivant régulièrement sur le marché du travail.

Mais cette profusion de centres de formation présente de grandes divergences : la qualité des enseignements n’y est jamais garantie, les programmes de formation sont conçus hors de toute concertation, aucune norme n’existe en matière de sécurité, de respect humain, de qualité des contenus. L’observation montre que ces centres sont en général sous équipés et manquent de compétences réelles pour dispenser les enseignements et les formations pratiques attendues. En effet, sur les deux cent cinquante six (256) organisations recensées en août 2008 par le programme de renforcement de la formation professionnelle (PRFP)23, cent soixante huit (168) ne disposaient pas de matériels d'aide aux enseignements théoriques et de démonstration (tableaux muraux, rétroprojecteurs, ordinateurs, maquettes de démonstration). De plus dans la quasi-totalité des CFP, les formateurs sont des techniciens ou des professionnels avec ou sans qualification reconnue. Quand ils ont une qualification reconnue, le diplôme possédé ne dépasse guère le bac professionnel. Ils ont en général un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) et quelques fois le Brevet d'Etude Professionnel. De fait, la multiplicité des acteurs de la formation professionnelle non formelle au Burkina Faso confère à ce type de formation un caractère extrêmement varié et rend difficile le contrôle de sa qualité et par conséquent sa

21 La plupart des filières enseignées dans les CFP sont propres à des métiers existants déjà sur le marché de travail (Soudure-Menuiserie, Soudure Métallique, forge, électricité, construction bâtiment, mécanique auto, mécanique générale…)

22 L'agence dispose aujourd'hui de treize (13) centres régionaux et sept (7) centres provinciaux de formation professionnelle (Tougan, Diébougou, Koupela, Boromo, Solenzo, Sindou), tous placés sous la tutelle administrative et technique du Ministère de la Jeunesse et de l’Emploi (MJE).

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prise en compte dans les stratégies de développement de la valorisation des professionnels en général, des artisans en particulier.

Dans le contexte du Burkina Faso, marqué par la pauvreté et des taux élevés de chômage des jeunes en milieu urbain et de sous emploi en milieu rural, la formation professionnelle apparaît quoi qu’il en soit comme un puissant levier pour lutter contre ces phénomènes sociaux , d’où l'engouement et le regain d’intérêt qu’elle suscite au niveau national et international. Signalons que la formation professionnelle d’une manière générale est devenue un objectif prioritaire des grands textes de politique internationale pour l’Afrique. A ce propos, les conclusions du groupe international de réflexion IAASTD contenues dans le résumé analytique du rapport de synthèse spécifiaient expressément que « pour que les CSTA (Connaissances, Sciences et Technologies Agricoles) contribuent à une plus grande équité, il importe d’investir dans le développement de technologies adaptées aux conditions locales et de faciliter l’accès des agriculteurs et des populations rurales en général à la formation professionnelle et à l’enseignement formel et informel. Ce n’est qu’en alliant les sciences et technologies modernes aux connaissances locales et traditionnelles que les CSTA peuvent améliorer, dans le sens d’une plus grande équité, les conditions auxquelles différents producteurs et gérants de ressources naturelles ont accès aux technologies » (IAASTD, 2008 ; p.7).

En observant maintenant les niveaux de qualification professionnelle dans le secteur artisanal, on constate que bon nombre d’employeurs se plaignent : la formation technique non formelle laisse à désirer. Selon des études récentes, seulement 6% des artisans ont été à l'école ; par ailleurs, leur faible qualification technique est souvent liée à une rupture de l’apprentissage, par l’effet d’une migration (sortie de la famille et du groupe professionnel) ou par l’effet d’un désistement volontaire de l’apprentissage auprès d’un « maître apprenti », la formation professionnelle suivie éventuellement après ne palliant pas aux carences initiales de l’apprenti24. Or, cette faible qualification actuelle des artisans – notamment urbains - est un véritable obstacle à la compétitivité de leurs produits et au maintien de leurs activités.

Il n'existe pas à l'heure actuelle, de système national homogène et cohérent en matière de formation professionnelle. Les CFP25 par exemple, constituent un dispositif qui évolue dans un cadre juridique et réglementaire26 insuffisamment élaboré et peu propice au développement de la formation professionnelle en général et à la promotion de l'artisanat en particulier. Les programmes y sont peu structurés et il n'y a pas d'harmonisation dans les méthodes d’enseignement.

24 Ces informations sont issues des échanges entre membres du programme ANR-SYSAV dont nous sommes actuellement membre, travaillant dans différents pays d’Afrique sur ces questions de qualification et d’apprentissage en milieu urbain et rural.

25 Selon l'enquête du Programme de Renforcement de la Formation Professionnelle, en août 2008, les régions du centre et des hauts bassins se repartissent plus de cinquante pour cent (50%) des centres de formation professionnelle.

26 Des décrets et des arrêts ministériels existent mais sont faiblement appliqués ce sont notamment le décret n° 2008-351/PRES/MJE/MEF du 24 juin 2008 crée auprès du Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi la commission nationale de certification et des programmes de formation professionnelle dans le cadre de la certification des formations professionnelles ; l'arrêté N° 2005-006/MJE/SG/ANPE du 19 juillet 2005 portant organisation et attributions des services de l'ANPE définit en ses articles 50 et 51 les attributions respectives des centres régionaux et spécialisés ; l'arrêté n°002/MJE/SG/DGFP du 6 février 2007 du secrétariat général du Ministère de la jeunesse et de l'emploi portant création de la commission de contrôle des compétences professionnelles (CCCP) ; les arrêtés numéros 006, 007 et 008 du Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi, datés du 13 décembre 2006 portant autorisation définitive d'ouverture de centres privés de formation professionnelle non formelle ; l'arrêté n° 009/MJE/SG/DGFP/DFPA du 13 décembre 2006 portant cahier de charges applicables aux centres privés non formels…

Par ailleurs, malgré le nombre élevé et diversifié des acteurs, aussi bien publics que privés, l'offre de formation reste en deçà de la demande et demeure majoritairement assurée par les CFP initiés par des promoteurs privés. Leur capacité d'accueil est limitée. Les qualifications acquises dans les CFP sont peu valorisées sur le marché de l'emploi. En effet, la majorité des formations qui sont dispensées dans ces centres ne font l'objet d'aucune reconnaissance officielle de la part de l'Etat. C'est pourquoi, la plupart des CFP ne délivre que des attestations de fin de formation, peu explicites dans leurs contenus.

Une fois sur le marché de l'emploi, les promus ont bien du mal à valoriser leur qualification sur papier, celle-ci ne faisant pas référence auprès des recruteurs et des entreprises qui ne perçoivent pas ou refusent de reconnaître le niveau de qualification auquel renvoie l’attestation délivrée, encore moins à quel positionnement professionnel et catégoriel il correspond.

Cependant, récemment, des progrès ont été réalisés. En effet, grâce à l’action concertée des services de la coopération suisse, autrichienne, allemande et de l’Agence Française de Développement27, une Cellule d’Appui à la Formation Professionnelle (CAFP)28 a été créée en 1996 dans l’objectif de disposer d’une instance prenant en charge les questions liées à la formation professionnelle des artisans et dont l’aboutissement final aujourd’hui est la mise en place en 2006 du Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) reconnu par le Ministère de la Jeunesse et de l’Emploi comme diplôme officiel au même titre que ceux des cursus classiques, académiques.

La CAFP a depuis été transférée à l’Etat qui l’a faite évoluer en Commission Nationale de la Certification/Programme de Formation (CNC/PF), organe qui délivre de nos jours les CQP. La CNC/PF a créé à son tour des Comités Techniques d'Homologation des Titres (CTHT) selon les corps de métiers (Industrie, Bâtiments et Travaux publics, Tertiaire).

Le CQP est un titre professionnel qui confère à l'individu le niveau d'ouvrier qualifié. Il constitue de ce fait, une base officielle solide de reconnaissance des niveaux et des formations offertes dans les CFP.

En créant ainsi ce Titre nouveau, homologué et national, les organismes d’appui et l’Etat après eux ont d’une certaine manière fait passer certaines formations du statut d’informel à formel ; même si elles ne suivent pas les standards académiques, elles entrent désormais dans

27 L’initiative de créer un cadre de concertation des structures d’appui à l’artisanat au Burkina Faso est née en 1993. Une structure informelle dénommée Concertation fut mise au point par ces 4 services de coopération avec