• Aucun résultat trouvé

Bref historique de la recherche scientifique nationale en relation avec le monde des innovations technologiques

Chapitre I : Les acteurs de la conception au Burkina Faso

3- Bref historique de la recherche scientifique nationale en relation avec le monde des innovations technologiques

Après avoir présenté l’univers professionnel de l’artisanat, passons maintenant à la présentation de l’autre grand registre de formation et d’activité professionnelle pertinent au regard de l’activité de conception qui nous concerne.

Le Burkina Faso est devenu aujourd’hui une référence pour tous les pays de l’Afrique de l’ouest en matière d'organisation, de fonctionnement et de stratégie de recherche scientifique qu'il a su mettre en place. L’histoire de la science institutionnalisée à l’échelon national, au Burkina Faso, remonte au premier quart du siècle, avec l’implantation, en 1923, de la station expérimentale de recherche agronomique de Saria (Mazzucato, 1994 ; Khelfaoui, 2001). Les activités de recherche ont été ensuite progressivement élargies à d'autres domaines d’abord par les politiques coloniales puis par celles de l’Etat indépendant.

Relativement réduit, tant du point de vue des structures que des ressources humaines39, le système de recherche scientifique du Burkina Faso compte aujourd’hui parmi les mieux construits et les plus anciens du continent africain. Bien établie dans les sciences médicales, vétérinaires et agro-pastorales, la recherche scientifique en est toutefois à ses premiers pas dans le domaine des sciences et des technologies appliquées. Le CNRST est composé aujourd’hui de quatre instituts de recherche : l’Institut de l’Environnement et des Recherches Agricoles (INERA) organisé en cinq départements scientifiques ; l’Institut de Recherche en Science de la Santé (IRSS) dont les activités s’articulent autour de cinq grands thèmes de

39 Le Centre National de la Recherche Scientifique et Technique (CNRST) comprend un millier d’employés dont un tiers de chercheurs.

recherche ; l’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT) qui compte quatre départements ; et l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) qui comporte cinq départements.

Tableau 6: Dénombrement du personnel du CNRST en 2003

Fonction Direction

centrale

INERA IRSS IRSAT INSS Total

Directeur de recherche 00 02 02 00 00 04 Maître de recherche 00 03 02 00 01 06 Chargé de recherche 00 42 10 12 14 78 Attaché de recherche 00 45 07 02 12 66 Ingénieur de recherche 00 66 09 18 - 93 Technicien de recherche 00 192 19 27 05 243

Autre personnel intervenant dans les activités de recherche

00 18 03 07 01 29

Personnel administratif et de gestion 44 48 07 13 06 118 Personnel d’appui et de soutien 45 192 22 18 15 292

Total 89 608 81 97 54 929

Source : Dossier d’adhésion du CNRST à l’Agence Universitaire de la Francophonie, 15 octobre 2003

Une statistique récente des effectifs de chercheurs du CRNST fait apparaître un effectif d’à peine plus de 300 chercheurs, tous instituts confondus.

Tableau 7: Population des chercheurs du CNRST (30 novembre 2009)

Groupe d’âge Masculin Féminin Total % masc % fém.

-30 1 0 1 0,3 0,0 30-34 14 3 17 4,6 1,0 35-39 22 3 25 7,3 1,0 40-44 48 11 59 15,8 3,6 45-49 68 14 82 22,4 4,6 50-54 52 10 62 17,2 3,3 55-59 45 3 48 14,9 1,0 60 + 9 0 9 3,0 0,0 TOTAL 259 44 303 85,5 14,5

Source : Direction du Contrôle et de la Coopération Scientifique (DCCS) du CNRST

La ventilation de cette population fait apparaître qu’elle est composée globalement pour moitié de chercheurs titulaires ; l’autre moitié regroupant les chercheurs attachés et les ingénieurs.

Tableau 8: Répartition par statut des chercheurs du CNRST (30 novembre 2009)

CHERCHEURS TITULAIRES ATTACHES ET INGENIEURS

Groupe d’âge Masculin Féminin Groupe d’âge Masculin Féminin

-30 0 0 -30 1 0 30-34 0 0 30-34 14 3 35-39 6 1 35-39 17 2 40-44 19 4 40-44 29 7 45-49 35 5 45-49 33 9 50-54 34 4 50-54 17 6

55-59 32 2 55-59 13 1

60 + 8 0 60 + 1 0

TOTAL 134 16 TOTAL 125 28

Source : Direction du Contrôle et de la Coopération Scientifique (DCCS) du CNRST

Mais parmi ces chercheurs et techniciens de recherche seuls ceux de l’IRSAT et quelques-uns de l’INERA interviennent dans la conception mécanique et l’innovation agroalimentaire. Cela représente au mieux une centaine de personnes pour le pays.

A côté du CNRST, le Burkina Faso compte quatre universités publiques qui sont : les Universités de Ouaga I et Ouaga II (ces deux universités de Ouagadougou comptent environ 800 enseignants dont un nombre important de Professeurs et de Maîtres de Conférence), l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso et l’Université de Koudougou. A ces universités publiques, il faut ajouter les universités privées notamment l’Université Saint Thomas d’Aquin (USTA), l’Université Libre du Burkina (ULB), l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO), l’Institut International d’Ingénierie de l’Environnement et de l’Eau (2IE).

On peut aussi mentionner quelques centres de recherche nationaux et internationaux qui travaillent aussi dans le domaine de la recherche et des innovations. Ce sont notamment le Centre Muraz, le Centre National de la Semence Forestière (CNSF), le Centre national de recherche et de Formation sur le Paludisme (CNRFP), le Centre National de Recherche en Santé de Nouna (CRSN), le Centre Ecologique Albert Schweitzer /Burkina Faso (CEAS-B), l’Union Africaine / Bureau de Recherche et de Développement sur les Cultures Vivrières dans les Zones Semi-arides d’Afrique (UA-SAFGRAD), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), le Centre International de Recherche Développement sur l’Elevage en Zone Sub-humide (CIRDES), le Centre canadien de Recherche pour le Développement International (CRDI). Ces différents centres dans leur ensemble coopèrent ponctuellement avec le CNRST.

La recherche coloniale a contribué à ancrer des traditions scientifiques au Burkina Faso. La continuation et la capitalisation de cette expérience ont permis de faire valoir assez tôt l’idée que la science peut être d’une contribution décisive à la résolution des problèmes du développement. Nous allons en rendre brièvement compte en suivant une démarche descendante, partant des institutions mises en place et de leur propre énonciation des missions qui leur sont confiées40.

Dès 1978, les autorités politiques ont jugé nécessaire de doter le pays d’un centre national de recherche scientifique avec pour mandat de rassembler et fédérer tous les isolats de recherche, de coordonner et de superviser toute la recherche qui s’effectue sur le territoire national. Le symposium national Farako-Bâ tenu du 5 au 8 février 1987 sur la réforme en profondeur du système de recherche au Burkina Faso marque la volonté des autorités politiques d’insuffler une nouvelle dynamique à la recherche en la dotant de nouvelles orientations dont l’objet final est d’aboutir à des résultats directement exploitables pour le développement du pays.

40

Une enquête complémentaire à cette thèse reposerait utilement sur le suivi et l’examen de la mise en œuvre effective de l’action publique quand elle est reprise par des acteurs concrets dont dépend sa réalisation. Une autre enquête pourrait également porter sur la dynamique de construction de ces discours en suivant l’action des élus politiques, de l’administration, du monde universitaire, des consultants, des ONG et des organismes internationaux et du lobbying d’entreprise. Cette enquête permettrait de mettre en évidence la dynamique de mise à l’agenda de l’organisation du système de la recherche et de l’innovation et, ainsi, de saisir certains des enjeux portés par les acteurs en présence.

L’engagement et les motivations des autorités pour la recherche étaient bien clairs, il fallait se doter d’« une recherche scientifique de masse au service du développement, indépendant,

autosuffisant et planifié » (Anon., 1987).

Cette mise en cohérence du système national de recherche scientifique apparaît comme une forme d’appropriation nationale des différentes organisations et activités de recherche existantes, pour la plupart implantées pendant la période coloniale ou post-coloniale, influencées fortement par les modèles de recherche existant en Europe. Cette mise en cohérence s’exprime à travers la volonté de l’Etat de contrôler et de capitaliser les activités scientifiques qui ont lieu sur son territoire afin d’en instrumenter les résultats, d’en faire plus précisément des leviers du développement économique et social du pays : les autorités politiques sont alors convaincues que la diffusion des résultats de la recherche auprès des utilisateurs contribue à créer les conditions d’un développement économique et social harmonieux et durable : la science est ainsi conçue dans ses propriétés instrumentales.

Dans la même lancée, un Plan Stratégique de la Recherche sera élaboré en 1995 ; il est le fruit des efforts consentis par l’ensemble du personnel scientifique burkinabè, en partenariat avec les principaux opérateurs économiques et sociaux du pays comme avec les bailleurs de fonds. Il a été élaboré sur la base de l’expérience acquise en matière de recherche, mais aussi des efforts de réflexion accomplis en matière d’organisation et d’élaboration de programmes de recherche. De là, de nouvelles prérogatives vont être assignées au CNRST au nombre desquelles : l’adaptation des structures opérationnelles au nouveau contexte économique national et international, la maîtrise des financements tant nationaux qu’étrangers et l’amélioration des conditions d’exécution des programmes de recherche ainsi que de leur suivi et évaluation. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le CNRST se dote en 1996 de deux institutions d’appui en l’occurrence le Forum national de la Recherche Scientifique et de l'Innovation Technologique (FRSIT) et l’Agence Nationale de Valorisation des Résultats de la Recherche (ANVAR). Chacune de ces deux institutions s’est vue confier des missions claires pour permettre au CNRST d’avoir une visibilité tant au plan national qu’international.

Inspiré par les modèles institutionnels français, le décret N° 96/400/PRES/PM/MESSRS du 13/12/199641 attribue au CNRST le statut d’Etablissement Public à Caractère Administratif, en lui donnant obligation de réaliser des recettes pour couvrir les besoins la recherche, ouvrant ainsi la science à des dimensions marchandes, sans toutefois que personne ne sache véritablement à quel degré envisager la création de ressources propres : nous sommes alors en pleine période d’ajustement structurel, de désengagement de l’Etat, qui explique ces orientations politiques.

Depuis le 20 mars 2002 le décret N° 2002-113/PRES/PM/MESSRS/MEF érige le CNRST en Etablissement Public de l’Etat à caractère Scientifique, Culturel et Technologique (EPSCT). Ce nouveau statut lui aussi inspiré par le modèle institutionnel français du CNRS, lui confère une autonomie de gestion tant financière qu’organisationnelle, lui permettant de négocier et de gérer les programmes de recherche mais aussi de générer des revenus, des fonds propres pour couvrir ses propres dépenses. En cela, il devrait être épaulé par ses structures d’appui que sont le FRSIT et l’ANVAR. Celles-ci visent essentiellement à mettre en contact les différents acteurs de la recherche et à faciliter l'interface entre acteurs de la recherche, bailleurs de fonds et utilisateurs potentiels des résultats matériels et immatériels de la recherche nationale.

Concrètement, les quatre instituts et ces deux structures d’appui que compte le CNRST sont tenus de développer une politique de liaison entre recherche et développement via le monde

41

de l’entreprise. C’est pourquoi, la régionalisation ou la délocalisation des activités de recherche en fonction des potentialités et des activités économiques existantes dans des régions est devenue une stratégie développée par le CNRST. En général, les axes, les thèmes et les activités de recherche sont définis sur la base des contraintes identifiées et constituent du même coup des objectifs de recherche et de développement ; chaque chercheur (du Directeur de Recherche à l’Ingénieur de Recherche) définit alors son canevas de recherche en référence à la politique de recherche tracée par le plan stratégique de son institut de rattachement, celui-ci étant lui-même tributaire du plan stratégique global du CNRST.

Le Forum National de la Recherche Scientifique et de l'Innovation Technologique (FRSIT)

Ce forum a été créé en 1996 et se tient régulièrement avec une périodicité de deux ans. Le FRSIT comprend deux organes : le collège scientifique chargé de l’élaboration de la politique du FRSIT et du suivi des recommandations, et le Secrétariat permanent chargé de l’exécution des tâches dévolues au FRSIT. Le thème d’une édition du FIRSIT est annoncé deux années avant sa tenue en vue de permettre aux inventeurs, chercheurs et innovateurs d’adapter leurs œuvres au thème de l’édition. Le thème est choisi sur appel à proposition. Un jury international ad hoc composé de deux commissions (une commission pour les œuvres scientifiques et une autre pour les innovations technologiques) préside l’édition et discerne les prix : le plus prestigieux est celui du Président du Faso d’un montant de deux millions de francs CFA. Les autres prix proviennent des différents ministères, des organisations internationales, des opérateurs économiques, des universités et d’autres structures de recherche. Après six éditions ce sont environ 71 prix ordinaires et 82 prix spécifiques qui ont été décernés à des chercheurs et inventeurs isolés ou groupés pour la pertinence de leurs technologies exposées en rapport avec les différents thèmes (Anon., 200642).

Le FRSIT43 est aussi tout à la fois une foire d'exposition des résultats de la recherche, un lieu de conférences et de débats, un lieu de rencontre entre tous les acteurs intéressés par la recherche ou par l'application de ses résultats, en somme une arène politique et économique pour tous les acteurs intéressés.

Une édition du FRSIT consiste à organiser des ateliers scientifiques, des tables rondes, des conférences, des expositions et des rencontres spécifiques. Les manifestations se présentent de la façon suivante44 :

Des ateliers scientifiques : des chercheurs présentent là des articles scientifiques en

rapport au thème de l’édition devant la communauté scientifique à raison de 15 à 20 minutes par présentation suivi d’une séance de questions-réponses de cinq minutes. Les articles sont ensuite publiés dans des revues reconnues par le CAMES45. Ils

42 Rapport de validation de l’évaluation du Forum national de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques (FRSIT). 19-21 septembre 2006, Ouagadougou.

43 Voir détail de ses missions en annexe 3 44

Il serait particulièrement intéressant de compléter cette présentation des manifestations du FRSIT par un compte-rendu ethnographique d’une de ces manifestations à l’instar de ce que fit Gary Downey dans le cas de la CAO aux Etats-Unis (Downey, 1998).

45

Quelques revues reconnues par le CAMES et publiées au Burkina Faso : - Les annales de l’Université de Ouagadougou

- La Revue du CEDRES (Centre d’étude, de documentation, de recherche économique et sociale)

- Les Cahiers du CERLESHS (Centre d’études et de recherches en Lettres et Sciences Humaines et Sociales) - Le Journal de la SOACHIM (Société africaine de Chimie)

- La revue Burkina Médical - La revue du CAMES

participent ainsi à l’évolution de leur carrière puisque leurs contributions à ces Ateliers sont désormais obligatoires. Mais à ce niveau il convient de soulever que l’ancrage institutionnel qui loge le FRSIT au sein du CNRST fait que les enseignants des Universités, qui participent d’ailleurs beaucoup à la recherche en innovation, ne se sentent pas tout à fait concernés. Ce sentiment d’être exclus explique leur faible participation aux différentes éditions.

Des tables rondes : ce sont des débats sous forme de table ronde organisés autour de

sujets « brûlants » du moment (identifiés par le collège scientifique du FRSIT en lien avec le thème de l’édition). Ces tables rondes sont animées par des personnes ressources (des directeurs d’institution, des chercheurs notamment) qui présentent des documents de base sur le thème en discussion. Ces tables rondes regroupent des personnes intéressées par le thème ou qui travaillent sur un sujet en rapport avec le thème. Il ressort de ces tables rondes des recommandations permettant de résoudre les éventuels problèmes en rapport avec le thème. Par exemple lors de la 6ème édition (2004) qui avait pour thème « Recherche scientifique et technologique : problématique

de l'eau pour un développement durable » six tables rondes étaient organisés et

portaient respectivement sur : 1) Riz et riziculture en Afrique de l’Ouest, une voie contribuant à l’autosuffisance alimentaire pour un développement durable ; 2) OGM et sécurité alimentaire ; 3) Problématique de mobilisation des ressources en eau face à la nécessité d’augmenter la production agricole ; 4) Problématique de la mobilisation et de la maîtrise de l’eau pour la promotion de l’élevage dans un contexte sahélien ; 5) Problématique de la collaboration multi-sectorielle dans la gestion de l’eau pour un développement durable ; et 6) Le fonds d’aide à la promotion de l’invention et de l’innovation (FAPI) comme outil de valorisation des inventions et innovations.

Des conférences : chaque soir, des ministres exposent sous forme de conférences, la

politique sectorielle de leur département en rapport avec le thème de l’édition. Ces conférences sont ouvertes au public pour permettre d’enrichir leur information sur les actions de l’Etat en lien avec la recherche46.

- Le Cahier de Philosophie africaine

Pour de plus amples informations sur les descriptifs et les lignes éditoriales de ces revues voir http://www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a2-sanou.pdf.

À ces revues de l’université il faut ajouter la revue « Science et Technique » du CNRST, elle aussi reconnue par le CAMES.

46 Lors de la 6ème édition, quatre (4) conférences relatives aux domaines de l’agriculture, l’élevage, l’environnement et la santé ont été données par les Ministres concernés :

- 1ère Conférence : « Politique sectorielle du Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques en matière de gestion de l’eau pour un développement durable de l’agriculture » animée par Monsieur Salif DIALLO, Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture de l’hydraulique et des ressources halieutiques.

- 2ème Conférence : « Politique sectorielle du ministère des Ressources animales en matière de mobilisation de l’eau pour le développement durable de l’élevage » donnée par Monsieur Alphonse BONOU, Ministre des Ressources animales.

- 3ème Conférence : « Stratégie de maîtrise de l’eau dans la lutte contre la désertification, la préservation de l’environnement et du cadre de vie (eau et environnement) » animée par Monsieur Laurent SEDOGO, Ministre de l’Environnement et du cadre de vie.

- 4ème Conférence : « Politique sectorielle du ministère de la Santé : eau et santé publique » donnée par Monsieur Alain YODA, Ministre de la Santé.

Une exposition des résultats de la recherche : pendant toute la durée du FRSIT (une

semaine), une grande exposition de résultats de recherche, d’inventions et d’innovations permet au public de s’informer sur ce que la recherche scientifique a mis au point et sur les nouvelles inventions et innovations disponibles et utilisables à l’échelon national. L’exposition a lieu d’habitude à la Maison du Peuple mais lors de la dernière édition (2008) elle s’est déroulée sur le site du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO). Les exposants achètent des stands où ils exposent les résultats de leur recherche (équipements, machines diverses, posters, produits alimentaires, procédés techniques…). Les autorités publiques et les membres de jury visitent les stands, posent des questions aux exposants qui expliquent et réexpliquent la philosophie de leur innovation. C’est une occasion privilégiée pour les innovateurs et inventeurs de se faire connaître du grand public, de vendre leurs produits mais aussi de nouer des contacts avec des homologues tant nationaux qu’internationaux. Les exposants s’échangent des cartes de visite, des contacts, distribuent des prospectus de leur entreprise ou atelier. Mais il faut relever que la foire d’exposition n’a pas toujours bonne presse ; pour beaucoup d’innovateurs, c’est le lieu propice pour les copies de technologies et les vols d’idées. Nombreux sont les innovateurs qui n’y participent plus du fait de cette suspicion. Or, cette crainte est à prendre au sérieux, car elle est parfois fondée. Il existe en effet des cas avérés de contrefaçons d’œuvres exposées que la rumeur a largement diffusés. Aussi, les organisateurs de la manifestation pensent-ils aujourd’hui introduire un certificat d’authenticité dans les dossiers des œuvres en compétition, une pièce qui serait délivrée par les autorités compétentes en la matière.

Des rencontres spécifiques : Le FRSIT constitue aussi une occasion pour un groupe

de personnes ayant des intérêts communs d’échanger sur leurs préoccupations. Ce groupe de personnes ou de structures provient de divers horizons (national, régional ou sous-régional) (Anon. 2008). C’est là une occasion d’échange de connaissances entre chercheurs de l’ensemble de la sous-région, entre chercheurs africains et internationaux, mais aussi entre innovateurs du secteur privé, ONG, opérateurs économiques, utilisateurs, acteurs du développement en général.

Le FRSIT s’internationalise d’édition en édition : les différentes manifestations connaissent en effet une forte participation du public dans sa diversité, à en juger par le nombre croissant de nouveaux pays qui y participent (Rapport de validation de l’évaluation du FRSIT (Anon., 2006))47. Cette manifestation biennale en est à sa huitième édition.

Toutefois, malgré la participation d'un nombre croissant de pays aux différentes éditions du FRSIT, force est de reconnaître qu’elles n’indiquent en rien que le forum ait atteint ses objectifs en matière de promotion de l’innovation. En effet, son impact économique et social reste relativement invisible. A l’analyse, les retombées de ces manifestations en termes d’appropriation, de valorisation économique de la recherche et de création d'entreprises