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Chapitre I : Les acteurs de la conception au Burkina Faso

0- Définitions et considérations préliminaires sur la collaboration en conception

Les concepts recouvrent le plus souvent différentes réalités et prennent diverses significations selon les types de réalités qu’ils représentent. Aussi, pour une meilleure compréhension des thèmes développés dans cette étude importe-t-il d’expliciter le contenu de quelques termes fondamentaux dont nous ferons souvent usage mais aussi de voir comment d’autres auteurs les ont analysés. Notre propos ici n’est pas de faire le point de la littérature sur la collaboration mais de vérifier comment la question a été posée et comment elle a été abordée notamment dans le domaine de la conception d’artefacts techniques.

Comme nous l’avons évoqué dans le cheminement méthodologique, notre ambition en début de thèse était de comprendre comment les individus collaborent pour concevoir des objets techniques. Aussi, cette partie cherche à explorer les principaux thèmes associés aux concepts de collaboration et de conception. Au terme de collaboration sont le plus souvent associés les concepts de coopération et de coordination ; les terminologies voisines et récurrentes de la conception sont : innovation (incrémentale et radicale), invention, évolution, changement, transformation, etc. Mais que renferment ces concepts ?

Coopération

La plupart des auteurs que nous avons lus abordent les activités collaboratives en termes de coopération. Ainsi, Hatchuel (1996) évoquant les insuffisances des travaux de recherche actuels sur la coopération dans la conception collective dit d’elle qu’elle est souvent traitée comme un « état » ou un « effet » résultant de causes à identifier. Trop rarement est étudié son caractère interactif et récursif continuellement construit et maintenu par ses acteurs. Pour lui, « les situations de conception collective offrent un champ empirique privilégié pour la définition d’un cadre conceptuel de la coopération ; car dans ces situations l’objet du processus (les fins visées, la chose à réaliser...) et le processus lui-même (comment chacun devient utile à l’autre …) se construisent par influence mutuelle. Dans de tels processus les acteurs ne peuvent aisément délimiter leurs apports, et doivent orienter leurs activités en fonction des évolutions du projet ou de celles des autres acteurs » (p.104). De ce fait, il n’y a action collective que lorsque les acteurs développent des apprentissages stimulés, perturbés ou nourris (et non pas seulement les actes comme en théories des jeux) par les apprentissages de leurs partenaires.

Soubie, Buratto et Chabaud (1996) quant à eux, définissent la coopération comme « une activité coordonnée visant à atteindre un objectif commun aux coopérants et pour laquelle le coût spécifique de la coordination est inférieur au bénéfice de celle-ci dans la poursuite de l’objectif » (p.189). Cependant dans le domaine de la conception, nous convenons avec Hatchuel (1996) qu’il est nécessaire de dépasser cette vision classique qui conçoit la coopération comme un ensemble d’actions tournées vers des objectifs communs. En effet, la coopération est un processus qui intègre des apprentissages croisés permettant à chaque acteur de construire ses propres objectifs tout en interagissant avec son partenaire, interaction qui

signifie alors influence mutuelle des apprentissages. Boujut (2001) pour sa part, affirme que « la coopération est une action conjointe de plusieurs acteurs partageant - au moins partiellement – un but » (p.28). Dans un processus coopératif développe-t-il, les acteurs partagent à la fois des objets et des connaissances participant à la création d’apprentissages croisés, notamment lors de réunions informelles entre des acteurs d’une filière donnée. Cependant la coopération peut aussi s’entendre comme une action d’organiser. Prenant l’exemple de la conception d’une fusée d’essieu, il montre comment les différents acteurs de la filière se coordonnent autour d’objets de manière autonome. La coopération dans ce cas implique une régulation du processus par les acteurs eux-mêmes.

Sur un plan analytique, Soubie et al. (1996) attestent que l’activité de coopération peut être étudiée et interprétée en fonction de grandes classes de facteurs qui la déterminent. Ils distinguent d’une part des facteurs externes représentés par la tâche, les conditions techniques et organisationnelles, l’environnement ; et d’autre part, des facteurs relatifs aux caractéristiques du groupe, du collectif de travail. Pour eux, l’interaction entre les caractéristiques du collectif de travail et les exigences de la tâche déterminent fondamentalement l’activité de coopération. Etudier la coopération en conception concluent-ils, c’est étudier les conditions de sa production pour dégager quelles sont les fonctions que remplit ce processus dans un contexte donné.

Pour notre part, la coopération est un élément important dans l’organisation du travail collectif ; elle traduit, comme nous verrons dans ce premier chapitre, la volonté de personnes, au regard de leur interdépendance, de mettre en synergie leurs ressources (financières, matérielles, techniques, cognitives, etc.), de travailler ensemble et de surmonter collectivement les contradictions qui ne manqueront pas de surgir dans leurs interactions et dans l’organisation du travail. En effet, comme le confirment Soubie et al. (1996) « les acteurs pourraient agir indépendamment, individuellement selon leur compréhension de la situation. Cependant, chacun reconnaît l’existence d’interdépendance exprimant sa non-possibilité d’appréhender le problème dans sa totalité de par son modèle limité de l’objet » (p.193). La coopération implique en outre des ajustements permanents ou régulations entre les exigences de la situation et les ressources propres des acteurs. La coopération pour réussir a besoin d’un cadre organisationnel bien défini et d’une bonne animation du processus coopératif.

Collaboration

Cependant, en comprenant mieux le concept de coopération, on éclaire mieux celui de la collaboration. Si dans l’ensemble la coopération semble se rapporter à la tâche et à la construction des interactions nécessaires à son accomplissement, nous comprenons pour notre part que la collaboration repose sur une conception de l’interaction qui peut être vue comme une dimension plus globale, plus générale à étudier parmi d’autres (avec l’histoire, la culture, la cognition, les médiations…) comme la dimension constitutive des relations, des événements, des structures, des institutions. En outre, de cette place plus ou moins prépondérante et centrale découle la manière dont les activités vont s’agencer en pratique dans les interactions, c'est-à-dire dans les coopérations. De ce fait, la collaboration peut être pensée en termes de processus internes à une entité donnée (entreprises de conception, atelier de mécanique, institutions d’encadrement et de promotion des innovation …), certes sensibles au contexte, à l’action, à ses finalités pratiques ; ou/et surtout en termes de manifestations extériorisées publiques partageables intersubjectives permettant la coordination de l’action ou encore en termes d’entités construites discursivement et mobilisées par les acteurs à toutes fins pratiques.

En somme, pour nous, la collaboration en conception peut s’entendre comme un degré supérieur de la coopération dans le domaine qui s’adresse à un niveau méso ou macro social dans les relations d’interactions ; à ce titre elle reste une finalité et vise la durée dans le temps. Elle peut être définie comme une conception centrée relation. Du reste, le premier chapitre met en lumière les acteurs impliqués dans cette forme de collaboration. Ces définitions et ces quelques remarques faites, penchons-nous maintenant sur le concept de la conception et les terminologies qui lui sont voisines.

Conception

La conception est un phénomène séculaire ; des récits anciens l’attestent ; en effet, dans le milieu européen certains auteurs la font remonter jusqu’au 16ème siècle et la traitent comme un « héritage éclaté de la Renaissance » (Hatchuel, 2007). Par contre l’avènement de la conception comme science ou méthode semble plus récent. En effet, les méthodes de conception sont apparues au début des années 1960 en réponse à la nécessité de faire de la conception d’une façon plus scientifique (Suay Cortés, 2003). Cross (1993) cité par Suay Cortés confirme que la première conférence sur les méthodes s’est tenue à Londres en 1962. De nos jours, la méthodologie de la conception est devenue un domaine de recherche et d’enseignement davantage plus aguerri ; cependant elle souffre encore d’un manque de maturité qui limite son influence et sa diffusion dans le milieu des praticiens.

La conception est un concept polysémique dont la définition varie en fonction des champs disciplinaires (sociologie, ergonomie, marketing, design, mécanique, génie des procédés, norme et qualité...). Elle couvre un domaine très vaste. Le « Nouveau Petit Robert » définit la conception comme la formation d’un concept, d’une idée générale dans l’esprit humain […] action de concevoir, acte de l’intelligence, de la pensée s’appliquant à un objet ». Il définit également le terme concevoir ainsi qu’il suit : « créer par l’imagination ». De ce fait et comme le souligne d’ailleurs Defuans (2006), la conception d’un objet y compris dans le contexte économique et industriel est avant tout une œuvre (une construction) de l’esprit, un acte cognitif fondé sur des représentations mentales. Cet acte cognitif renvoie de facto aux pratiques des ingénieurs (ou des architectes, des créateurs artistiques etc.) dans leur exercice quotidien.

Pour Sévila (1994) cité par Marouzé (1999) par exemple, le domaine de la conception comprend « l’ensemble des actes professionnels (générations des concepts globaux ou de détails pratiques ou théoriques), qui permettent le développement d’un produit nouveau, depuis l’élaboration de son cahier des charges, jusqu’à la définition des conditions de son usage et de sa maintenance chez l’utilisateur, en passant par celle de ses méthodes de production et de mise sur le marché de l’entreprise équipementière qui les fabrique ». Cette définition reste cependant imprécise et incomplète car elle ne fait par exemple pas apparaître l’implication ou même la nécessité d’implication du consommateur du produit dans le processus de conception (Medah, 2006 ; Godjo, 2007). Elle est essentiellement orientée concepteur. Or la conception aujourd’hui est un problème complexe qui fait l’objet d’un regard croisé impliquant beaucoup d’acteurs, de métiers et de disciplines, chacun apportant sa part de contribution à l’édification du futur objet technique. En effet, l’activité de conception émerge des interactions du réseau sociotechnique créé par sa mise en œuvre.

L’AFNOR n’éclaire pas non plus mieux la compréhension du concept de conception quand elle la définit comme « une activité créatrice, qui partant des besoins exprimés et des

connaissances existantes aboutit à la définition d’un produit satisfaisant ces besoins et

industriellement réalisable » (AFNOR, 1988). Cette définition permet toutefois de voir la dimension créatrice de l’activité de conception et le fait que les connaissances constituent un préalable à l’activité de conception. Abondant dans ce sens, Garo (1997) affirme que

« favoriser la conception c’est favoriser l’intégration dans le processus de conception, non pas des connaissances mêmes, mais des acteurs qui produisent, portent et font évoluer ces connaissances ». Cette vision de la conception met l’accent sur la collégialité de l’activité qui est portée par un ensemble d’acteurs intéressés à sa réussite. La question de la production des connaissances dans le processus de conception est d’une importance capitale. Et c’est en cela que la conception pluridisciplinaire est intéressante car elle favorise l’émergence de nouvelles idées, de nouveaux concepts et des solutions. Connaissances et concepts sont intrinsèquement liés ; ils constituent d’ailleurs le fondement même de la théorie C-K ou « théorie unifiée de la conception » développée Armand Hatchuel11 (Hatchuel, 2006 ; 2007).

De nombreuses méthodes et démarches de conception de type heuristique sont proposées par les sciences pour l’ingénieur et du management ; ce sont notamment l’Analyse de la Valeur (Value Analysis), le Design pour (Design for), le Déploiement de la Fonction Qualité (Quality Function Deployment), la Conception pour un Coût Objectif, les méthodes Taguchi, l’Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leurs Criticités (AMDEC), etc. Ces démarches ne sont toutefois pas toujours transposables en l’état aux pays en développement en vue de concevoir des technologies appropriées et adaptées. En effet, au regard de leur historicité par rapport à l’évolution globale des technologies, ces pays présentent des problématiques de conception spécifiques à leur contexte sociotechnique. Ainsi, depuis le début des années 1990, des chercheurs ont entrepris des travaux de recherche qui ambitionnent de mieux comprendre la démarche de la conception d’équipement agroalimentaire des pays en développement afin d’en tirer une méthode optimisée prescriptible pour son utilisation par des équipes locales (Degrés, 1996 ; Marouzé,1999 ; Giroux, 2002 ; Suay Cortés, 2003) ; ces travaux ont abouti à la mise au point d’une méthode de conception dénommée Conception d’Equipements dans les pays du Sud pour l’Agriculture et l’agroalimentaire, Méthode (CESAM) mais force est de constater que des difficultés persistent quant à son appropriation. Pour notre part nous pensons que les problèmes que rencontrent les concepteurs des pays du sud et notamment ceux africains ne sont pas forcément liés à la question de méthodes ; il se pourrait que la solution soit d’ordre méthodologique mais que les contraintes initiales à lever, elles, relèvent plutôt de problématiques sociales plus classiques, globales et fondamentales telles que les questions de confiance et de reconnaissance pour collaborer dans le domaine de la conception d’artefacts techniques. Vu dans ce sens, nous pensons que le problème de fond est plus en amont de la question de la méthode. Et ce sont ces verrous que cette thèse se propose de lever en analysant les conditions dans lesquelles l’on peut faire de la conception collaborative dans les pays en développement en partant du cas du Burkina Faso.

Invention et innovation

Les notions d’innovations et d’invention sont sous-jacentes à celle de conception. En effet la construction mentale de l’artefact technique que constitue la conception se transforme en invention c'est-à-dire en découverte ; et celle-ci, grâce au mécanisme de l’appropriation sociale, se mue en innovation.

Le concept d’innovation est difficile à définir car en réalité il est d’une grande complexité. Etymologiquement innover c’est introduire quelque chose de nouveau. Le nouveau dans le

11 La théorie C-K de la conception a été développée à la suite de nombreux travaux empiriques. Elle a été esquissée par Hatchuel, puis consolidé par Hatchuel et Weil ; elle a bénéficié de plusieurs travaux qui ont permis son état de développement actuel. L’habitude a été prise de l’intituler théorie C-K de la conception car elle s’appuie sur la distinction entre un espace de concepts (C) et un espace de connaissances (K) tous deux concourant à la prise de décision du problem-solving.

milieu organisationnel, fait référence à l’introduction d’une pratique, d’un objet dans un contexte qui n’avait pas pour habitude de conduire telle action ou d’utiliser tel dispositif. Par conséquent, l’innovation se définit toujours en référence à une situation antérieure insatisfaisante. Selon le dictionnaire Le Robert « l’innovation consiste à introduire quelque chose de nouveau, d’encore inconnu dans une chose établie ». Giget (1994) cité par Defuans (2006), cherchant à distinguer l’innovation de l’invention, corrobore cette interprétation en soulignant que l’important dans cette définition est que l’élément fondamental qui caractérise l’innovation par rapport à l’invention tient dans le verbe introduire. La distinction entre les notions d’invention et d’innovation est, en fait, un héritage de Schumpeter (1911) : l’invention correspond au surgissement de l’idée et à sa réalisation, tandis que l’innovation correspond à la première transaction commerciale, ou plus généralement, à la première adoption par un utilisateur qui réalise les investissements nécessaires (notamment la transformation de ses pratiques et de son organisation) pour tirer profit de la nouveauté. Entre l’invention et l’innovation est à l’œuvre tout un processus de transformation de la nouveauté et la définition des combinaisons productives ad hoc permettant de la rendre réellement accessible et intéressante pour ceux qui vont l’adopter. A l’opposé, l’invention est parfois pensée comme un acte plus ponctuel, qui relève de la créativité et peu relié à un travail concret de projection dans un existant à la différence du processus d’innovation qui suppose la réalisation d’une série d’aller et retour pour adapter la nouveauté à des environnements singuliers et réciproquement. Ce processus est complexe et ne se réduit pas à l’acte d’introduire une nouveauté. Des recherches récentes montrent que plutôt que d’introduire quelque chose de nouveau, l’innovation se structure parfois autour du retrait de quelque chose, du fait de soustraire un élément dans une chaîne opératoire fonctionnelle existante. Goulet et Vinck (2010)12 analysant la transformation des pratiques agricoles en France et notamment le cas spécifique du passage aux techniques agricoles sans labour démontrent que l’innovation pouvait se faire aussi par retrait en opposition au postulat de base centré sur l’innovation par ajout.

Inventer un objet ne suffit pas pour qu’il y ait innovation. Akrich et al. (1988), dans la foulée de Shumpeter, argumentent que c’est dans la mesure où un objet se prête à des transactions sociales (vision sociologique) ou à des transactions commerciales réussies (vision économique) qu’il y a innovation. Une invention ne produit donc pas mécaniquement un processus d’innovation. L'innovation diffère de l'invention dans la mesure où elle représente la mise en œuvre de cette invention et son intégration dans un milieu social. En effet, pour (Alter, 2000) l’innovation c'est le processus selon lequel un corps social confronte les qualités théoriques de l'invention qui lui est proposée à la réalité et aux contingences du milieu d'où il agit. S'il se l'approprie, alors l'invention devient innovation. Dit autrement, l’innovation c’est le processus par lequel un corps social s’empare ou ne s’empare pas de l’invention en question. En résumé l’innovation consiste à introduire les inventions faites dans le milieu social par l’intermédiaire des marchés. Elle représente l’articulation entre l’univers de la découverte (le monde des concepteurs) et celui de la logique du marché et/ou de l’usage social (le monde des utilisateurs). L’invention a une certaine indépendance vis-à-vis des contraintes externes. Invention et innovation sont d’un point de vue complémentaires : pour passer de l’invention à l’innovation, il faut tenir compte du rapport étroit qui existe entre les caractéristiques sociologiques du terrain d’accueil de la découverte. D’où la nécessité de faire participer des entités diverses dans les processus de conception des artefacts techniques et notamment des agroéquipements. C’est là toute la problématique de la conception collaborative, et la connaissance des acteurs de l’innovation y joue un rôle de premier plan.

12 « L’innovation par retrait. Contribution à une sociologie du détachement » article soumis à la Revue Française

1- Introduction

Au Burkina Faso comme dans la plupart des pays africains en développement, l’offre en matériels techniques est souvent jugée par les usagers eux-mêmes comme étant mal adaptée, trop limitée, voire inexistante. On trouve en effet sur le marché des matériels importés, quelques-uns fabriqués localement, le plus souvent sous forme de mauvaises copies-adaptations de technologies transférées par les industries occidentales ou asiatiques (depuis peu), qui ont œuvré dans une logique de transferts technologiques dominant en fait les relations Nord-Sud pendant des décennies, depuis les décolonisations, et dont la littérature « tiers-mondiste » internationale a longtemps dénoncé les méfaits (Lejosne, 2006), tout comme l’a fait de son côté l’anthropologie du développement (Olivier de Sardan, 1995 ; Geslin, 1999).

Dans les pays en développement, notamment en Afrique de l’Ouest, la première perspective ouverte pour la conception de l’innovation en continu lie l’évolution des produits et des machines à l’action des offreurs : à l’écoute des attentes et des réactions des clients, les concepteurs essayent de répondre en faisant évoluer le produit (Treillon, 1992). Mais force est de constater que les matériels fabriqués localement sont peu variés et présentent des faiblesses intrinsèques durant leur usage. Par ailleurs, ils ne répondent que partiellement aux besoins ou cadres de référence locaux des utilisateurs (Kabecha, 1997) notamment dans le domaine de la transformation des céréales. Ni la recherche, ni les équipementiers burkinabè n’arrivent en fait à répondre de manière satisfaisante aux demandes des usagers dans les secteurs notamment agricoles et agroalimentaires, faute d’une approche nationale globale (politique, scientifique et sociétale des usages spécifiques) pour le domaine de la recherche et de la conception technologiques, qui recouvre des questions institutionnelles, des questions sur les compétences à construire ou à mobiliser puis sur les usages.

Consciente de cette insuffisance, l'Association des Transformateurs de Céréales du Burkina