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- Le recueil des données

La thèse mobilise un certain nombre de pratiques relatives au recueil des données et à leur exploitation. Il s’agit d’une démarche qualitative qui est décrite par Mucchielli comme « une

succession d’opérations et de manipulations techniques et intellectuelles qu’un chercheur fait subir à un objet ou phénomène humain pour en faire surgir les significations pour lui-même et pour les autres hommes » (Mucchielli, 2004, p. 213). Au total, nous avons mobilisés

l’observation participante (Copans, 2008; Journé, 2008; Peretz, 2004), l’entretien (Blanchet, Gotman, & Singly, 2005) et la documentation. Trois types de données sont constitués : Le carnet de terrain dans lequel je consigne les informations issues de l’observation, les enregistrements sonores des entretiens et de certaines séances de travail qui seront ensuite retranscrits, et les documents de projet (plan projet, comptes-rendus, documents de travail, mails etc.).

L’observation participante et le carnet de terrain

Elle correspond à mon immersion dans l’organisation en étant à la fois chercheur et acteur. Au Centre Alexis Vautrin, tout le monde sait que je prépare une thèse de doctorat. Cependant, cet affichage n’a aucune incidence sur ma présence au sein du service et je ne ressens aucune barrière disciplinaire qui me sépare du reste des équipes auxquelles je suis affectée. Au contraire, c’est devenu un contexte d’échange et d’apprentissage : je m’intéresse aux pratiques des professionnels et ils s’intéressent à mon projet de recherche. J’ai développé des relations totalement naturelles et sincères avec les acteurs. Ainsi, j’ai acquis un certain nombre de savoir-être local. J’ai été rapidement considéré comme étant un indigène. Ce statut privilégié m’a permis une intégration complète dans la vie socio-organisationnelle de l’établissement. Elle m’a permis d’avoir une lecture sensible des faits observés.

Comme il a été indiqué précédemment, mon terrain de thèse est focalisé sur le projet PICSEL et en particulier sa première étape (le Dossier Patient Numérique). Je suis membre de l’équipe projet et j’ai participé aux différentes activités, telles que la conception des processus organisationnels (« Conception des organisations », mai – juillet 2008), l’écriture des scénarii (« Scénarii », juillet – août 2008), audition des éditeurs et choix de progiciel (novembre – décembre 2008), la conception du Workflow documentaire (« Corbeilles », février – mai 2009), écriture des cas d’utilisation destinés au test organisationnel (« Cas d’utilisation », octobre – novembre 2009), mise en œuvre des tests préalables du déploiement du Dossier

Patient Numérique (novembre 2009), l’élaboration du guide méthodologique de l’analyse des activités des secrétariats (janvier-février 2010). J’ai pu alors contribuer à l’aboutissement de ces activités grâce à mes connaissances et compétences en sciences de gestion.

Cette participation me permet de me situer en tant qu’observateur attentif et en étant partie- prenante au déroulement du projet. Un carnet de terrain est tenu régulièrement. J’y ai consigné systématiquement les informations qui me semblaient utiles pour la recherche. Par respect du déroulement naturel des séances de travail, je ne les ai pas enregistrées. A l’exception et sous réserve du consentement des acteurs, certaines séances faisaient l’objet d’un enregistrement sonore à l’aide d’un dictaphone.

L’immersion totale dans l’organisation m’a permis d’obtenir des connaissances fines du phénomène étudié. Elles sont ancrées dans le vécu et distribuées entre la mémoire interne et externe. Une grande partie de ces connaissances est tacite et de l’ordre de l’imprégnation (Xhauflair et Pichault, 2009 ; de Sardan, 1995). Une autre partie est formalisée dans différents documents élaborés à différentes fins tout au long du projet de thèse (le carnet de terrain, des présentations au sein de l’établissement d’accueil, des communications dans les conférences, des rapports d’étape etc.). Il s’agit de « la transformation en traces objectivées de ‘morceaux

de réel’ tels qu’ils ont été sélectionnés et perçus par le chercheur » (de Sardan, 1995, p. 4).

L’entretien

L’entretien est utilisé à deux périodes différents. Ces deux vagues correspondent à deux objectifs différents. Le premier est réalisé entre octobre 2008 et janvier 2009, c’est-à-dire 6 mois après la constitution de l’équipe projet PICSEL. Il a pour but de connaître l’appréciation des membres de l’équipe sur le déroulement du projet : Quelle est leur perception du travail en équipe ? Quelle est la particularité de l’implication dans un projet système d’information ? Quelle est l’appréciation de la pluridisciplinarité ? Peut-on optimiser le fonctionnement de l’équipe projet ? Les personnes interviewées sont informées du fait que l’entretien est réalisé dans le cadre de mon projet de thèse.

Il s’agit d’entretiens semi-directifs. Un guide d’entretien est élaboré puis réajusté progressivement. Ainsi, le déroulement de chaque entretien est réajusté en fonction de l’interaction entre l’interviewer et l’interviewé. D’une manière générale, ils constituent un moment d’échange privilégié. Les interlocuteurs discutent de ce qui s’est passé au sein de l’équipe depuis sa constitution.

Ces entretiens m’ont apporté des connaissances du profil socio-cognitif de chacun et de leur motivation au projet. Ces informations font partie intégrante du contexte dans lequel se déroule le projet PICSEL.

Tous les entretiens font l’objet d’un enregistrement sonore.

La deuxième vague d’entretien se déroule entre avril - juin 2010. Il s’inscrit dans le protocole expérimental qui introduit la démarche de retour réflexif sur l’activité collective dans l’établissement. J’ai eu des échanges avec quatre professionnels.

Ces entretiens sont médiatisés par des artefacts que j’ai élaborés. Il s’agit d’une présentation PowerPoint et de trois documents visuels imprimés sur des feuilles de format A3. Le document PowerPoint a pour but de présenter la thématique de thèse. Il permet de poser des bases conceptuelles qui fixent le périmètre de la démarche expérimentale. Les artefacts au format A3 ont pour but de médiatiser l’interaction entre deux interlocuteurs (l’interviewer et l’interviewé).

Les artefacts ont facilité les échanges. Ce sont des documents qui ont vocation de retracer différentes dimensions du projet étudié. Les informations qui y sont présentées se situent à différents niveaux d’abstraction : narratif, descriptif et conceptuel. Chacun les utilise à sa façon afin de s’exprimer. Certains termes sont réappropriés par l’interviewé et réutilisés dans son discours (« connaissances tacites », « vision représentationnelle des connaissances », « les connaissances ne préexistent pas », « les connaissances sont créées pendant les interactions », etc.).

Ces entretiens font l’objet d’un enregistrement sonore.

La documentation

La documentation concerne la collecte des documents divers auxquels j’ai accès. Il s’agit des rapports d’audit du système d’information, des cahiers des charges réalisés dans le passé, du schéma directeur du système d’information, du projet d’établissement, des comptes-rendus de réunions, des articles dans le journal interne de l’établissement. J’ai également eu accès à l’ensemble des documents projets produits par l’équipe PICSEL.

Les courriers électroniques constituent aussi une source d’information, en particulier à partir de décembre 2009, quand j’ai commencé à être moins présente dans l’équipe.