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La probabilité d’augmentation des épisodes de verglas

Les changements climatiques

L’EFFET DE SERRE ET LES CAUSES DU RÉCHAUFFEMENT DU CLIMAT

6.1 La probabilité d’augmentation des épisodes de verglas

La probabilité que l’ensemble des conditions, par ailleurs rares, qui ont mené au sinistre du verglas de 1998, soient à nouveau réunies est faible. Cependant, si l’hypothèse de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes El Niño devait se confirmer, il faudra envisager que le sud du Québec puisse connaître des épisodes de verglas plus fréquents.

Les prévisions tirées des modèles climatiques annoncent un réchauffement hivernal de 2 °C à 6 °C et un accroissement des précipitations de 5 % à 20 %. Sous ce nouveau climat, la probabilité de verglas pourrait être plus élevée en raison de la possibilité accrue de réunir des conditions propices, c’est-à-dire des températures moyennes quotidiennes oscillant autour du point de congélation plutôt que stables à quelques degrés sous ce point critique. Quant à savoir

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si le front de verglas pourrait se déplacer vers le nord, étant donné la hausse prévue des températures et des précipitations qui y seraient plus importantes que dans le sud, il n’est pas certain que les contrastes thermiques entre les masses d’air qui sont à l’origine du verglas soient aussi fréquents au nord qu’au-dessus de la vallée du Saint-Laurent. Autrement dit, le contraste entre des masses d’air différentes qui découle de la topographie des basses terres du Saint-Laurent pourrait ne se produire que très rarement au-dessus du Bouclier canadien, par exemple.

Historique

La Convention cadre sur les changements climatiques (CCCC) a été adoptée lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement tenue en 1992 et mieux connue sous le nom de Sommet de Rio.

C’est en réponse à la menace des changements climatiques liés à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre de source anthropique que la CCCC a été élaborée. La Convention est entrée en vigueur en 1994, après avoir alors été ratifiée par une cinquantaine de pays. Aujourd’hui, 176 pays ont ratifié la Convention.

Parmi les événements majeurs ayant marqué les rencontres entre les Parties à la Convention, il est important de rappeler d’abord le Mandat de Berlin (1995), en vertu duquel les pays développés s’engageaient à adopter des mesures afin d’atteindre les objectifs quantifiés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Mandat de Berlin a conduit, à l’occasion de la troisième Conférence des Parties tenue à Kyoto en décembre 1997, à l’élaboration du Protocole de Kyoto. L’adoption d’un tel protocole constituait en fait le principal objectif de la conférence de Berlin. Les grandes lignes du Protocole sont les suivantes :

• Fixation d’objectifs réalisables de réduction des GES pour l’horizon 2008-2012 variant selon les pays.

La moyenne de la réduction pour les pays ayant adhéré à la Convention est de 5,2 % par rapport au niveau de 1990. Le niveau de réduction pour le Canada est de 6 %. Le protocole n’inclut pas d’engagement de réduction de la part des pays en voie de développement.

• Le Protocole vise la réduction de six gaz responsables de l’effet de serre : CO2, CH4, NO2, HFC, PFC et SF6.

La réduction visée pour ces gaz sera mesurée en équivalent de CO2. Le calcul inclut par ailleurs les puits de carbone11.

Les mesures de contrôle et de réduction telles que les normes et les taxes ne font pas partie des mécanismes retenus dans le cadre du Protocole.

Par contre, des permis échangeables, véritables « droits de polluer », peuvent être émis par une autorité gouvernementale et remis aux industriels dont les activités sont source de pollution afin d’exercer un certain contrôle. Au point de départ, ces permis sont distribués au prorata des quantités de polluants, mais leur nombre est fixe et peut être réduit à mesure que l’on s’approche des objectifs fixés. Ainsi, par exemple, pour réduire les émissions d’un certain pourcentage, les autorités réglementaires peuvent retirer la proportion voulue de permis ou réduire leur valeur en conséquence.

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11. Les forêts, les océans, certains types de sols, sont considérés comme des puits de carbone parce qu’ils absorbent du CO2atmosphérique. Les quantités absorbées sont cependant difficilement quantifiables.

Conclusion

L’étude des statistiques météorologiques et les indications fournies par les modèles climatologiques laissent entrevoir un réchauffement de la planète. Ce phénomène sera sans doute accompagné d’événements météorologiques d’intensité et de fréquence croissantes.

Les changements climatiques

• La tendance au réchauffement climatique planétaire anticipée par les climatologues laisse entrevoir des conséquences importantes sur les systèmes biophysiques à travers la perturbation des échanges thermiques et du cycle hydrologique.

• Les prévisions climatiques basées sur les principaux modèles montrent un réchauffement accéléré de la surface terrestre par rapport à la surface de l’océan au cours des périodes hivernales.

• Surtout depuis les années 1980, on observe une augmentation appréciable des températures sous les latitudes continentales moyennes, phénomène qui s’accompagne de sécheresses plus fréquentes dans les grandes plaines d’Amérique du Nord et d’un refroidissement de l’Atlantique Nord.

• Au Canada, depuis 1940, on note une tendance à l’augmentation des précipitations touchant principalement le nord du pays.

• Entre les années 1895 et 1992, un réchauffement statistiquement significatif de 1oC a été observé pour l’ensemble du Canada et, pour la même période, la température moyenne s’est accrue de 0,6 °C dans la vallée du Saint-Laurent.

• Plusieurs régions canadiennes ont connu un réchauffement notable entre 1895 et 1992 : augmentation de la température annuelle moyenne de 0,6 °C dans le sud de l’Ontario et le centre du Canada, de 0,9 °C au sud des Prairies et de 1,7 °C au nord du Yukon.

• Au Québec, on a connu, au cours des 30 dernières années, des températures moyennes annuelles proches des normales ou légèrement inférieures. À l’échelle régionale cependant, le sud du Québec a connu un léger réchauffement, correspondant principalement à une hausse des températures minimales nocturnes.

Les épisodes de verglas au Québec

• On observe que le verglas a en quelque sorte un caractère « habituel » pour les régions les plus au sud du Québec.

• À peu près une fois tous les 20 ans, on remarque aussi la récurrence d’importants épisodes de verglas (plus de 30 mm) dans la région de Montréal.

La probabilité de récidive d’importants épisodes de verglas

• Si l’on considère le nombre d’événements extrêmes d’origine météorologique ou climatique d’ampleur exceptionnelle qui se sont produits depuis une vingtaine d’années un peu partout dans le monde, on pourrait croire que ces « catastrophes » se font de plus en plus fréquentes. Néanmoins, la preuve statistique d’une intensification de ce type d’événements reste encore difficile à établir.

• On rapporte cependant certaines observations qui concordent avec les changements climatiques appréhendés.

– Au Canada, on observe ainsi, depuis 1940, une tendance vers l’accroissement des précipitations, surtout au Nord.

hivernales violentes sur la côte Est de l’Amérique du Nord12.

– Une augmentation généralisée de divers types d’extrêmes climatiques aux États-Unis est également observée depuis le milieu des années 1970, comme le confirme l’indice des extrêmes climatiques établis par le U.S. National Climate Data Center.

• Les modèles climatiques permettent par ailleurs de prévoir une plus grande variabilité du climat et laissent présager que les événements météorologiques extrêmes se produiront avec une plus grande fréquence.

• Les environnementalistes considèrent aussi la possibilité que les épisodes de verglas deviennent plus fréquents avec le réchauffement du climat provoqué par l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

• Les prévisions tirées des modèles climatiques annoncent un réchauffement hivernal de 2 °C à 6 °C accompagné de 5 % à 20 % plus de précipitations. Sous ce nouveau climat, la probabilité de verglas pourrait être plus élevée en raison de la possibilité accrue d’avoir des conditions propices, c’est-à-dire des températures moyennes quotidiennes oscillant autour du point de congélation plutôt que stables à quelques degrés sous le point de congélation.

L’impact des changements climatiques sur la production hydroélectrique

• Avec le réchauffement du climat, dans un scénario de doublement de la concentration du CO2, les modèles climatiques montrent que la production électrique des centrales situées sur le Saint-Laurent serait réduite d’environ 0,75 % pour chaque diminution de 1 % du débit au niveau de Niagara. Cela pourrait se traduire par des baisses de production de l’ordre de 30 %.

• Pour les bassins versants du nord du Québec, où se trouvent les grands complexes hydroélectriques, les climatologues estiment que l’augmentation prévisible des précipitations sur le nord du Québec sera contrebalancée, au moins en partie, par l’augmentation du taux d’évaporation. Au net, ce changement signifie que l’apport en eau sur cette région pourrait augmenter d’environ 15 %.

La perturbation des activités agricoles

Parmi les principales conséquences prévues du réchauffement climatique sur la production agricole, on note :

• une période de croissance prolongée pour l’ensemble des zones agricoles du Québec ;

• des besoins croissants d’irrigation et d’arrosage en raison d’étés plus chauds et plus secs ;

• la modification de la production acéricole en raison de l’alternance du gel et du dégel.

Dans certaines régions, comme celles de l’Outaouais, du nord et du sud de Montréal et des Bois-Francs, le nombre de jours de croissance des cultures serait en hausse notable. Par contre, un effet inverse se produirait dans la région du Bas-Saint-Laurent.

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12. Observation cependant contestée par certains chercheurs.

bibliographie

Les références bibliographiques des travaux de la Commission scientifique et technique comprennent les mémoires, avis écrits et comptes rendus des audiences publiques. La liste des personnes et des organisations ayant contribué aux travaux de la Commission en participant aux audiences publiques ou en acheminant un mémoire ou autre écrit est publiée à la fin de ce volume.

Autres documents

ASSOCIATION DE CLIMATOLOGIE DU QUÉBEC INC. Les modalités et les coûts d’adaptation du programme de connaissance climatique québécois à la problématique des changements et des extrêmes climatiques. Septembre 1998.

ASSOCIATION DE CLIMATOLOGIE DU QUÉBEC INC. Les modalités et les coûts d’adaptation du programme de connaissance climatique québécois à la problématique des changements et des extrêmes climatiques, Complément au mémoire, Le climat : Une variable sous-estimée au Québec.

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