• Aucun résultat trouvé

La présentation des acteurs, sujets de l’étude

Méthodologie de la recherche

5.2 La présentation des acteurs, sujets de l’étude

Pour des raisons évidentes, il nous aurait été difficile de pouvoir accéder au terrain et observer de visu des situations de crise. D’abord parce que, par définition, ce genre de situation est imprévisible – et donc difficile à planifier –, mais aussi parce que les décisions pour réduire les troubles engendrés se prennent en permanence, parfois même de nuit ou durant le week-end. Nous n’aurions donc pas été en mesure de suivre efficacement les acteurs. Il aurait été de toutes façons difficile d’obtenir les autorisations nécessaires sachant que ces situations sont émotionnellement éprouvantes, tant pour les adultes que pour les enfants. Comment alors présenter ou justifier la présence d’une observatrice durant la gestion de la crise, que ce soit dans les classes ou dans la cellule, sans induire une forme de voyeurisme ? Nous ne pouvions donc avoir accès qu’aux discours des acteurs sur l’événement et dans une temporalité pas trop proche de l’événement pour laisser les éventuels affects ressentis durant la crise s’apaiser.

Cette temporalité est d’ailleurs différente d’un sujet à l’autre et varie de quelques mois à quelques années.

De plus, la mort est encore souvent considérée comme un sujet tabou pour nombre de professionnels de l’enseignement et en parler n’est pas toujours aisé, d’autant plus quand il s’agit d’évoquer un contexte mortifère réellement vécu et qui a pu se révéler douloureux.

Nous devions donc constituer nos deux échantillons – celui pour l’axe sur la gestion de crise et celui pour l’axe sur l’accompagnement des endeuillés – sur une base volontaire. En tant que formatrice d’enseignants, nous avons la chance de côtoyer ou de rencontrer diverses catégories de professionnels liés à l’école : nous avons donc, en premier lieu, contacté les personnes que nous connaissions – ou qui nous avaient été signalées – qui avaient vécu une situation de crise dans leur établissement ou qui avaient eu un élève endeuillé dans leur classe, pour leur demander si elles acceptaient de nous accorder un entretien. Mais procédant ainsi, nos échantillons auraient été non seulement restreints, mais principalement constitué de personnes exerçant dans le canton de Vaud. Par conséquent, pour élargir notre recherche au niveau romand et diversifier les points de vue, nous avons également posté une annonce sur le réseau social Facebook, dans des groupes d’enseignants fermés à tout autre public. Seuls des enseignants nous ont répondu puisque les chefs d’établissement n’y sont pas admis. Si l’on se réfère à la grounded theory (Glaser & Strauss, 2010) qui suggère une trentaine d’entretiens par axe, soit une soixantaine en tout, les deux échantillons que nous allons présenter peuvent paraître réduits. Mais arriver à un tel chiffre aurait été illusoire au vu du sujet qui s’avère

sensible. Par contre, nous rejoignons les recommandations de Paillé (1994) qui précise qu’en théorisation ancrée, la taille de l’échantillon dépendra principalement de la saturation, donc le moment où les données deviendront répétitives.

5.2.1 Échantillon pour l’axe « gestion de crise »

Notre échantillon, pour l’axe 1 sur la gestion de la crise, est composé de trois catégories de professionnels : des chefs d’établissement (directeurs), des doyennes et des doyens (membres des comités de direction) et des enseignantes. Dans le tableau synthétique ci-dessous, nous présentons les sujets retenus, leur fonction et une brève description de la situation vécue. Il va de soi que tous les prénoms sont des prénoms d’emprunts, de même que ceux des élèves que nous mentionnerons. De plus, pour des raisons de confidentialité, les noms des établissements ou des lieux ne seront pas non plus évoqués.

Tableau n°1 : Présentation des professionnels de l’enseignement interrogés pour l’axe gestion de crise

Nom d’emprunt

Fonction Situation de crise

1 Richard Directeur Décès accidentel d’un élève (16 ans) pendant le week-end.

2 Romain Doyen Décès accidentel d’un élève (16 ans) pendant le week-end.

(Même situation que celle de Richard)

3 Emmanuel Directeur Décès d’un élève (16 ans) lors d’une sortie scolaire à l’étranger, dans des circonstances un peu troubles.

4 Théodore Directeur Suicide d’un élève (18 ans).

5 Fabrice Doyen Suicide du directeur de l’établissement.

6 Léonor Doyenne Décès accidentel d’un élève (8 ans) à l’étranger et pendant les vacances scolaires ; décès subit d’une collègue de l’établissement.

7 Faudel Doyen Décès accidentel d’un élève (9 ans) hors de l’établissement 8 Coralie Enseignante

Décès accidentel d’une élève (6 ans) hors de l’établissement.

12 Brigitte Enseignante secondaire

Suicide d’un élève (16 ans).

5.2.2 Échantillon pour l’axe « accompagnement des endeuillés »

Dans un second tableau, nous présentons le panel de professionnels retenus pour l’axe 2 sur l’accompagnement des élèves endeuillés. Pour cet échantillon, nous n’avons réussi à trouver que des enseignantes et des enseignants, ce qui en soi n’est pas gênant, car nous souhaitions principalement comprendre comment ces élèves étaient accompagnés au quotidien. À ce titre, les enseignants sont donc des interlocuteurs privilégiés. La moitié des sujets exerce dans les

degrés primaires (1P à 8P, soit des élèves de 4 à 12 ans) et l’autre moitié dans les degrés du secondaire inférieur (9S à 11S, soit des élèves de 13 à 16 ans). Tout comme le panel précédent, les professionnels de cet axe sont actifs dans différents cantons romands. De même, pour des motifs d’anonymisation, tous les prénoms sont des prénoms d’emprunt.

Comme dans le tableau précédent, nous indiquons la fonction de chaque sujet et une brève description de la situation évoquée, mais nous avons ajouté une catégorie précisant le nombre d’années de pratique du praticien quand l’événement a eu lieu.

Tableau n° 2 : Présentation des enseignants interrogés pour l’axe accompagnement Nom

accorder un entretien que les hommes. Cette constatation rejoint les nombreuses études que nous avons exposées dans notre cadre théorique.