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LA POLLUTION AÉROBIOLOGIQU

Dans le document RAPPORT FAIT (Page 69-72)

Parmi les polluants de l’air extérieur qui ont un impact sur notre santé figurent également les polluants d’origine biologique, parmi lesquels les pollens et les moisissures sont les principaux facteurs des allergies respiratoires.

D’après les données d’AirParif, les pollens les plus allergisants sont les pollens transportés par le vent (plantes anémophiles), dont la taille varie de 20 à 60 micromètres en moyenne. On trouve parmi les arbres : les bétulacées dans le nord de la France avec le bouleau, l’aulne et le noisetier, les conifères, avec notamment les cupressacées qui sont fréquemment utilisés pour la plantation des haies ou des arbres ornementaux, le pin, les platanes, les oléacées dont l’olivier, le frêne et le troène, les chênes ; parmi les graminées : la phlélole, l’ivraie, le dactyle ou le paturin. Et parmi les herbacées : les plantains, l’armoise dans le nord et l’ambroisie dans le sud-est de la France, et en particulier dans la région lyonnaise, les chénopodes et les urticacées avec la pariétaire sur le pourtour méditerranéen.

Quant aux moisissures, des milliers d’espèces se reproduisent sur les végétaux en émettant des spores, qui se répandent dans l’air et peuvent provoquer des réactions allergiques.

La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement (« Grenelle de l’environnement ») a inclus les agents biologiques dans les éléments constitutifs de la pollution atmosphérique et donc dans les agents à surveiller (articles L. 220-2 et suivants du code de l’environnement).

Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) est une association chargée d’étudier le contenu de l’air en particules biologiques, et de mesurer leurs conséquences sur la santé. Ce réseau fonctionne via des sites de capture, sélectionnés en fonction de critères climatiques, botaniques ou de densité de population et dotés chacun d’un capteur1, d’un responsable du capteur, d’un analyste et d’un responsable clinique du site.

1 Capteurs volumétriques du type HIRST.

Malgré cela, les capteurs permettant de mesurer ces agents biologiques n’ont pas vu leur organisation pérennisée. Ainsi que l’on souligné lors de leur audition MM. Michel Thibaudon, directeur, et Michel Jouan, administrateur, du RNSA1 : « Le centre de coordination de l’information regroupe trois techniciens à temps plein, un apprenti, une secrétaire à temps partiel et, (…) un poste de directeur officiellement à temps partiel (…). [Il] est totalement mobilisé pendant près de quarante semaines par an. Sur le terrain, outre les médecins sentinelles dont nous avons parlé, se trouvent les analystes qui sont environ au nombre de cinq cents et dont la quasi-majorité relève du bénévolat. Or, une structure de service public qui fonctionne avec une proportion aussi importante de bénévoles n’est pas tenable dans la durée. »

D’après le Réseau national de surveillance aérobiologique, on constate une augmentation régulière de l’index pollinique annuel depuis 1985. De manière plus fine, la pollinisation de certains arbres comme les cyprès ou les bouleaux augmente régulièrement, ce qui laisse à penser qu’un lien est à établir avec le choix des espèces végétales dans les plantations urbaines.

Source : RNSA

Le RNSA a en outre constaté, au regard de l’évolution de l’index clinique issu des données de leur réseau de médecins sentinelles et de l’évolution de la consommation de médicaments antiallergiques grâce à l’index mis en place par OpenHealth, une augmentation très nette de la morbidité liée aux particules biologiques.

L’Anses, qui a été saisie le 10 juin 2011 par la Direction générale de la santé, la Direction générale de la prévention des risques et la Direction générale de l’énergie et du climat pour la réalisation d’une expertise sur l’état des connaissances sur l’impact sanitaire lié à l’exposition de la population générale aux pollens présents dans l’air ambiant, a publié un rapport en janvier 20142.

1 Audition du 2 avril 2015.

2 Etat des connaissances sur l’impact sanitaire lié à l’exposition de la population générale aux pollens présents dans l’air ambiant (Avis de l’Anses, rapport d’expertise collective, janvier 2014).

Son enquête, qui porte sur les pollens en particulier, a notamment montré que :

- le pouvoir allergisant et les mécanismes biologiques en cause sont inégalement documentés en fonction des pollens ;

- les pollens les plus problématiques en France sont ceux des cupressacées dans le sud-est, des graminées sur tout le territoire, des bétulacées dans le quart nord-est et de l’ambroisie à feuilles d’armoise dans la vallée du Rhône ;

- la prévalence actuelle de l’allergie aux pollens en France est difficile à estimer mais les études épidémiologiques disponibles évaluent principalement la prévalence de la rhinite allergique ;

- compte tenu des données disponibles et des limites importantes qu’elles comportent, les enquêtes épidémiologiques menées en France, de 1994 à 2006, montrent une prévalence estimée à 7 % chez les enfants de 6-7 ans, 20 % chez les enfants de 9 à 11 ans, avec une sensibilisation de près de 27 % des enfants à au moins un aéroallergène, 18 % chez les adolescents de 13-14 ans, 31 à 34 % chez les adultes ;

- la gestion des plantes allergisantes, notamment en milieu urbain, permettrait de réduire l’exposition de la population aux pollens ;

- le système de surveillance des pollens gagnerait à être renforcé et pérennisé et les méthodes de mesures normalisées.

Au-delà de leur impact propre, la combinaison entre ces particules biologiques et la pollution chimique de l’atmosphère est à l’origine d’une synergie néfaste pour la santé humaine. Les études épidémiologiques récentes indiquent en effet une augmentation de la fréquence de l’allergie pollinique, qui peut être induite par la pollution atmosphérique, qui aurait pour effet d’accroître l’agressivité des pollens. L’Anses a ainsi montré dans son état des lieux sur les pollens que « certains polluants chimiques peuvent moduler la réaction allergique en agissant directement chez les sujets sensibilisés, ou en agissant sur les grains de pollen, notamment sur leur paroi et sur leur contenu protéique. Chez les sujets sensibilisés, les polluants atmosphériques peuvent favoriser la réaction allergique en abaissant le seuil de réactivité bronchique et/ou en accentuant l’irritation des muqueuses nasales ou oculaires. Par exemple, l’ozone altère les muqueuses respiratoires et augmente leur perméabilité, ce qui engendre une réaction allergique à des concentrations de pollen plus faibles ».

Un effet « cocktail » de ces types de pollution différents est ainsi susceptible d’avoir un impact sanitaire important, sans qu’il soit aujourd’hui possible de le définir, ni de le quantifier précisément.

Proposition n° 15

Prévoir la possibilité de saisine de l’Anses par les commissions compétentes des assemblées parlementaires sur les risques liés à l’environnement.

III. LA POLLUTION DE L’AIR INTÉRIEUR : UN DANGER AUX NOMBREUSES INCONNUES

A.UN PHÉNOMÈNE PROGRESSIVEMENT RECONNU COMME UN

Dans le document RAPPORT FAIT (Page 69-72)