2.2 Prinipaux modèles
2.2.1 La modélisation fontionnelle
Dans ette partie, on étudie en détails quelques exemples de modèles dits
fontion-nels,pour lesquelsonfaitl'hypothèsequel'ationdeséhelles sous-maillesur leséhelles
résoluesest essentiellement énergétique, etque,par onséquent, la onnaissanedu bilan
des transfertsentre esgammesd'éhellessutà dérirel'ationdes éhellessous-maille.
Par ailleurs, es modèles sont basés sur l'idée que les méanismes de transfert d'énergie
sontsimilairesauxméanismesdediusionliésàlavisositémoléulaire.Touslesmodèles
présentés ii ne tiennent ompte quedu transfert diret des grandes éhelles vers les
pe-tites. Cei onduità l'utilisationd'une hypothèse de Boussinesq pour la modélisationdu
tenseur sous-maille, dont les axesprinipaux sont supposés alignés ave eux du tenseur
des taux de déformationrésolu :
τ ij d = − 2ρν t S ˜ ij d
(2.1)lanotation
d
dérivant lapartie déviatoire du tenseur onsidéré.
La partieisotropedu tenseur sous-mailleest, quant à elle, généralementprise en ompte
de manièreimpliite.Eneet, àl'aide d'un hangement de variableommeelui proposé
par Comte et Lesieur [21℄, on ajoute ette quantité à la pression ltrée. L'intérêt de e
hangementde variable est qu'il n'entraîne pas de modiation des équations ltrées.
Ene quionerne lafermeturede l'équationd'énergie, ilresteàmodéliserlestermes
B 1
,B 2
etB 3
del'équation(1.41).LetermeB 3
estdiretementalulabledéslorsqueletenseursous-maille
τ
est onnu, alors que les termesB 1
etB 2
néessittent une modélisation.Ces deux derniers sont généralemement regroupés en un seul terme et leur modélisation
repose sur l'hypothèse d'uneproportionnalité entre lestransferts sous-mailled'énergie et
le gradientde température résolue:
B 3 = ∂
∂x j
(τ ij u e i )
B 1 + B 2 = − ∂
∂x j
κ t
∂ T e
∂x j
!
oùle oeient de ondutivité thermiquesous-maille
κ t
est liéà la visositésous-maille par l'introdutiondu nombre de Prandtl turbulent :κ t = ρν t C p
P r t
(2.2)
Ilrestealors àdéterminerlavisositésous-maille,e quis'eetue parl'introdutiond'un
modèle sous-maille. Il est ependant intéressant de souligner que les modèles présentés
i-dessous ont généralement été développés dans le adre d'éoulements inompressibles,
et étendus par la suite diretement auas ompressible sans modiation spéique.
Modèlede Smagorinsky
Le modèle de Smagorinsky est, historiquement, un des premiers modèles à visosité
turbulenteàavoirétéemployé.IlaétéélaboréetutiliséparSmagorinskyen1963[132℄an
de longueur de mélange loale, la visosité turbulente étant alors supposée
proportion-nelle àl'éhelle de longueur aratéristiquesous-maille
∆
et àune vitesse aratéristique turbulentev = ∆ | S ˜ |
:ν t = (C s ∆) 2 S ˜
(2.3)où le gradient de vitesse aratéristique
| S ˜ |
s'obtient à partir du tenseur de déformation du hamprésoluS ij
:S ˜ =
q
2 ˜ S ij S ˜ ij
(2.4)Andedéterminerlavaleurdelaonstante
C s
,onfaitl'hypothésequelespetiteséhelles sonten équilibre,'est àdire quelaprodutionetladissipation d'énergiese ompensent,e qui revient à dire quel'on sesitue en turbulene homogène isotrope.On obtient ainsi
une valeur théorique pour ette onstante :
C s ≃ 1 π
2 3C k
3/4
(2.5)
où
C k
représente la onstante de Kolmogorov. AveC k = 1.41
, on obtientC s ≃ 0.18
;ependant, en fontion des éoulements onsidérés pour lesquels l'hypothèse d'isotropie
peut s'avérer fausse, des valeurs de
C s
dans l'intervalle [0,1; 0,2℄ sont ourammentad-mises.
Enn,andeprendreen ompteaumieux lesstruturesloalesdel'éoulement(présene
d'obstales, zones laminaires,et.), e modèle est souvent ombiné soitave des senseurs
struturels omme elui présenté plus loin dans e paragraphe, soit ave une proédure
dynamique pour l'évaluationde ette onstante
C s
omme présenté en annexe B.L'intérêt de e modèle réside dans son faibleoût numérique,mais il présentenéanmoins
unertainnombred'inonvénients.Tout d'abord, ilapparaîtnéessairedeproéderàune
modiation de la valeur attribuée à la onstante
C s
en fontion de l'éoulement onsi-déré; en partiulier, on devra l'atténuer pour des simulations de prohe paroi. De plus,le modèle ne tend pas à s'annuler en l'absene d'énergie sous-maille, e qui va entraîner
des erreurs non négligeablessi l'on herhe à étudierdes éoulementstransitionnels sans
modiationde e modèle.Enn e modèleest purement dissipatifetinterdittoutretour
d'énergie des petites éhelles vers les grandes. Or e phénomène peut représenter
loa-lement jusqu'à la moitié des transferts d'énergie dans le as du anal plan par exemple
[110℄.
Modèled'éhelles mixtes
An de s'aranhirdu prinipal défaut du modèle de Smagorinsky évoqué
préedem-ment,àsavoirsoninapaitéàs'annulerdansleszonesrésoluesdel'éoulement,Sagautet
al. [124℄ ont misaupoint un modèle égalementbasé sur lamodélisationfontionnelle, et
qui utilisel'énergieinétique àlaoupure
q c
ommeun senseur additionnel quipermet d'évaluer le aratère résolu ou non d'un éoulement. Ce modèle repose sur une tripledépendane à la longueur de oupure du ltre
∆
, au taux de déformation de l'éoule-ment étudié et à l'énergie inétique à la oupure, et fait intervenir un paramatètre depondération
α
:ν t = C m
S ˜ α (q c ) 1−α 2 ∆ 1+α
(2.6)
où l'énergie inétique
q c
est évaluée à l'aide d'un double ltrage de la solution ommeétantégale à l'énergieinétique des plus petites éhelles résolues :
q c = 1 2
u ˜ k − u ˜ b k
2
(2.7)
La notation
b .
désigne ii un seond niveau de ltrage, la longueur de oupure∆ = b π/k c ′
de e ltre test étantsupérieure à elle du ltre de la simulation
∆ = ¯ π/k c
.L'énergieinétique
q c
orrespondenfaitàl'énergieportéeparleséhellesrésoluesdeplusk
E(k) u
k c q c u u
u
k ’ c
Fig. 2.2 Déoupage du spetre d'énergie assoié à un double ltrage de la solution.
haute fréquene (Figure 2.2), et sous ertaines hypothèses, sa valeur est omparable au
niveauénergétique
q sm
deséhellessous-mailles.Eneet,enonsidérantquelesfréquenes de oupure orrespondant aux deux niveaux de ltrage agissent dans la zone inertielled'un spetre d'énergie de Kolmogorov en
k −5/3
, l'approximationq c ≈ q sm
est exatepour
∆ = b √
8 ¯ ∆
. Le tenseur de sous-maille ainsi déni tend don à s'annuler pour les éoulements résolus.Leparamètre
α
permetde fairedégénererlemodèlevers lemodèlede Smagorinskyquandα
tend vers 1,ouvers le modèle àénergieinétique de sous-maille[128,150℄ pourα = 0
.Nousxerons savaleurà
0, 5
dans notreétude.L'approhe EDQNM[2℄nous donnealorslavaleur de la onstante:
C m = 0, 06
.Senseurs struturels
La majorité des modèles relevant de la modélisation struturelle ont pour prinipal
défaut de ne pas s'annuler dans leszones résoluesde l'éoulement,e quiles rend
surdis-sipatifs pour les éoulements transitionels, dans des zones laminaires,ou enore près de
parois solides.
amené àfaire appel à un senseur basé sur une informationstruturelle dans le but
d'an-nuler les termes sous-maile dans les zones laminaires. Cei est réalisé en inorporant au
modèle une fontion de séletion basée sur lesutuations angulaires de la vortiité[27℄.
Davidpropose ainside onsidérer qu'un éoulementest turbulentetontientdes éhelles
sous-maillelorsque lesvaleurs de lavariationangulaireloalede lavortiitépour lesplus
hautesfréquenes résoluessont supèrieuresàla valeurseuil
θ 0 = 20 ◦
.En notantθ
l'angleentre lesveteur vortiité
ω
et leveteur vortiité ltréω ˆ
obtenu à l'aide d'un ltre testˆ .
,le senseurf θ 0
est l'opérateur booléen :f θ 0 (θ) =
1
siθ ≥ θ 0
0
sinon (2.8)On multiplie alors l'expression lassique du
ν t
par et opérateur pour obtenir la formeexate de lavisosité sous-maille.
Néanmoins, des variations aussi brutales du senseur peuvent entrainer des instabilités
numériques, e qui a amené Sagaut [121℄ à proposer une version ontinue de la fontion
de séletion :
f θ 0 (θ) =
1
siθ ≥ θ 0
r(θ) n
sinon (2.9)ave généralement
n = 2
, etla fontionr(θ)
dénie par :r(θ) = tan 2 (θ/2)
tan 2 (θ 0 /2)
(2.10)Ce dernierrapportest evaluéfailementen introduisantlavortiitéutuante
ω ′ = ω − ω ˆ
et en utilisant larelation :
tan 2 (θ/2) = 2ˆ ωω − ω ˆ 2 − ω 2 + ω ′2
2ˆ ωω + ˆ ω 2 − ω 2 − ω ′ 2
(2.11)Enn, un fateur orretif de
1, 65
est généralement appliqué à la fontionf θ 0
ommereommandé par David. Finalement, l'expression de la visosité sous-maille est donnée
par :
µ f inal t = 1, 65.f θ 0 (θ).µ t
(2.12)Il existe d'autres modélisationsfontionnelles (voirpar exemple [122℄pour un aperçu des
modèles existants) mais e modèle est souvent retenu pour son omportement
asympto-tique, sa stabilité et son faible oût numérique du fait de sa loalisationen temps et en
espae.
Modèles spetraux
Pour l'étude de la Turbulene Homogène Isotrope, les aluls ont été menés dans
l'espae spetral, et il faut par onséquent employer des modèles de turbulene tirant
leurs informationsde e mêmeespaeetnon plus de l'espaephysique ommepeuvent le
faireles modèles présentés préedemment.
Ande modéliserles transfertsd'énergie, Kraihnan[67℄ introduit unevisosité eetive
qui inlut le phénomène de asade inverse. La visosité
ν t (k | k c , t)
qui représente lesinterations entre lenombred'onde
k
etleséhelles sous-mailles(k > k c
)est ainsi déniepar :
ν t (k | k c , t) = − T SGS (
k, t)
2k 2 E(
k, t)
(2.13)où
T SGS
est l'équivalent,en terme de bilan d'énergie, du termet SGS
de l'équation (1.68).En introduisant ette visosité eetive dans l'équation d'évolution du spetre d'énergie
turbulente, derivée de l'équation (1.68),onobtient larelationsuivante :
∂
∂t + 2k 2 (ν + ν t (k | k c , t))
E(
k, t) = T <k c (
k, t)
(2.14)où
E(
k, t) = G 2 (
k)E(
k, t)
représente lespetre d'énergieturbulentedes éhelles résolues.La modélisation permet alors d'exprimer la visosité eetive en fontion des éhelles
résolues de l'éoulement, an de fermer le système d'équations ltrées.
L'expression laplus simpliée pour la visosité turbulente a été introduite par Métais et
Lesieur [77℄. La visosité y est indépendante du nombre d'onde et représente don une
expression moyenne sur l'ensembledes nombres d'ondes onsidérés. Lavisosité eetive
est alors dénie par :
ν t (k | k c , t) = 2
Par la suite, des modèles plus préis ont été étudiés. An de représenter au mieux les
méanismesénergétiques onstatés parl'approhe EDQNM,ilaen eetété néessaire de
rendre omptede la distribution spetraleà imposer pour la visosité turbulente.
Pour ela, ondénit lavisosité eetive par un produit de deux ontributions :
ν t (k | k c , t) = ν e ∞ ν t ∗ (k | k c , t)
(2.16)Letermeonstant
ν e ∞
est lavaleurasymptotiquedelavisositéeetivepourlesnombres d'onde petits devant le nombre d'onde à la oupure. On évalue sa valeur en utilisantl'énergieà laoupure etle nombre d'ondeorrespondant :
ν e ∞ = 0, 441C k −3/2
E(k c ) k c
1/2
(2.17)
Une extension a été proposée par Métais et Lesieur [100℄. En partant du prinipe que la
pente du spetre ne suit pas néessairement la loide Kolmogorov en
k −5/3
,ils s'appuientdenouveausur l'approhe EDQNMan demodierleterme
ν e ∞
pourunspetredepente− m
. Pour des valeursm < 3
, lepremier fateur de lavisosité eetive devient alors :ν e ∞ = 0, 31 5 − m
Pour des spetres tels que
m ≥ 3
, letransfert d'énergie s'annulee quientraîne lanullitéde la visosité eetive.
Leseondfateurintervenantdans(2.16)déritleomportementde lavisositéeetiveà
proximitéde laoupure. Onutilisegénéralementladénition dérivantunomportement
exponentielde la visosité eetive quand ons'approhe de laoupure :
ν t ∗ (k | k c , t) = 1 + 34, 5 e − 3, 03 k c
k
(2.19)
Cette formule permet ainsi d'obtenir une visosité eetive quasiment indépendante du
nombred'ondepourdes valeurs de
k
trèspetitesdevantk c
, etuneaugmentationde ette visosité à l'approhe de laoupure.Les visosités obtenues dans les diérentes expressions dans l'espaespetral restent
pu-rementpositives. Ilest donde nouveau impossiblede rendreompteonvenablementdu
phénomène de asade inverse ave e type de modèle sous-maille.
Il faut également souligner que le nombre d'onde de oupure
k c
ne peut être hoisi auhasard. En eet, il doit appartenir à la zone inertielle du spetre d'énergie an de
s'as-surer que les hypothèses lassiques telles que l'homogénéité des éhelles sous-maille sont
vériées.