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2. Cadrage théorique

2.1 La littérature jeunesse

La littérature jeunesse mériterait qu’on s’attarde longuement son histoire et son rôle culturel notamment. Comme le souligne Gourevitch (1994), en introduction à son ouvrage consacré à la littérature de jeunesse et plus particulièrement aux albums illustrés, il est impossible de retracer complètement toute la chronologie de la littérature de jeunesse, tant le sujet est vaste.

Toujours selon l’auteur, il faudrait à la fois maîtriser l’histoire du livre, de l’illustration, de l’éducation « […] depuis les manuels scolaires jusqu’aux livres de prix, et prendre en même temps acte de l’évolution des modes, des formes et des lieux de lectures, de la clientèle enfantine » (p.5). Gourevitch poursuit encore en expliquant l’origine de la complexité du sujet : « le problème se complique du fait qu’au-delà de la relation directe entre l’enfant et les livres interviennent nombre de prescripteurs (parents, auteurs, éditeurs, éducateurs) relayés ou freinés par l’environnement médiatique » (p.5).

Cependant, il nous a fallu faire des choix et par conséquent décider avec regret de ne pouvoir parler de tout, de ne pouvoir aborder chaque aspect de la littérature. En effet, notre recherche portant également sur d’autres sujets, nous avons choisi de nous focaliser sur ce qui, à nos yeux, est le plus pertinent pour comprendre le cheminement propre à la construction d’un label interculturel dans le domaine de la littérature jeunesse.

Dans la partie théorique qui suit, nous aborderons le caractère économique propre aux livres pour enfants ; puis, après avoir défini les grandes lignes de la notion de littérature, nous tenterons de comprendre quelles sont les frontières, les différences entre littérature pour adultes et littérature jeunesse.

La littérature jeunesse n’a que récemment fait partie des préoccupations concrètes des enseignants, des maisons d’édition et des bibliothèques. Pendant longtemps, les parutions pour les enfants n’étaient pas prises au sérieux et les auteurs d’albums pour la jeunesse n’avaient pas la même notoriété que les écrivains pour adultes. Mais depuis quelques années, nous sommes témoins d’un véritable essor et les manifestations autour du livre pour enfants se multiplient : concours, prix littéraires, salons du livre… Ainsi, « […] la littérature jeunesse sort du ghetto où l’avaient enfermée des préjugés tenaces » (Léon, 2004, p.9).

Si Léon (2004) parle d’un essor précoce de la littérature jeunesse, Ezratty (2005), quant à elle, dénonce un paradoxe intéressant. En effet, alors qu’en 2003, « 9000 titres ont paru dont 5870 nouveautés, soit un cinquième de l’ensemble de la production, un chiffre en hausse constante… » (Ezratty, p.251), l’auteur déplore en même temps le peu d’intérêt de la part des médias envers les livres pour enfants. Pire, elle souligne même une dégradation de la situation avec la suppression d’émissions radiophoniques (Radio France) consacrées à la littérature jeunesse (Carrousel, Histoires du Pince Oreille). Bien que la suppression de telles émissions soit regrettable, elle est toutefois compréhensible à en croire certaines études sociologiques.

En effet, selon Léon (2004), « le contexte actuel est celui d’une baisse générale de la lecture, tous âges confondus, tous milieux, tous niveaux scolaires confondus [...]. Le temps de lire s’amenuise au profit du sport, de la musique et des jeux vidéo qui occupent les loisirs d’une manière purement plus gratifiante » (p.5).

Après nous être brièvement intéressés à la situation de la littérature jeunesse, nous ne pouvons faire l’économie de la question suivante : qu’est-ce que la littérature ? Pour Léon (2004), « le terme littérature suppose un travail de création formelle au service d’une histoire, d’une idée » (p.11). Cependant, l’auteur ajoute qu’en plus de ce critère, un livre littéraire doit satisfaire des exigences de qualité. Léon n’approfondit pas davantage le sujet et conclut en soulignant que tous les livres pour enfants ne sont pas de la littérature. Pourquoi ? A partir de quand et selon quels critères un livre ne serait-il plus littéraire ? Une bande-dessinée n’a-t-elle pas droit à cette définition ? Elle est pourtant bien le fruit d’un acte « […] de création formelle au service d’une histoire » (p.11) pour reprendre les propos de Léon (2004).

Selon Lagache (2006), « dans la littérature, comme dans tous les arts, il ne s’agit pas d’écrire quelque chose de joli, mais de donner du sens et non pas un sens, de faire en sorte d’ouvrir vers différentes significations que le lecteur élaborera avec ses connaissances, sa culture et sa sensibilité » (p.46). Pour l’auteur, la littérature est un art dont le critère primordial se définit ainsi : le livre, porteur de sens, nous propose une initiation à une vision du monde à laquelle nous n’avons pas l’habitude d’être confrontés. En d’autres termes, un livre doit nous étonner.

De plus, Lagache ajoute encore que « l’œuvre littéraire crée chez le lecteur des échos et des résonances. Elle l’amène à des questions qu’il s’est posé en telle ou telle circonstance, à des situations qu’il a vécues » (p.47). Toujours au sujet de la littérature, l’auteur souligne enfin :

« elle crée des échos dans la sensibilité, l’affectivité, la réflexion du lecteur. C’est de soi, des autres, du monde dont il est question, et la littérature est un des espaces qui nous y conduit » (p.47).

Concernant la définition de la littérature proposée par Lagache (2006), nous irions même plus loin, car nous pensons qu’un livre devrait justement dépasser les questions que le lecteur se pose en emmenant ce dernier au-delà de ses propres interrogations, au-delà des sentiers connus, au-delà de ce qui est rassurant. En effet, ce n’est que dans des conditions de déstabilisation que le lecteur s’ouvrira et prendra du recul, de la distance. Interrogé, il sera alors davantage capable de se décentrer et de prendre en considération une culture, un mode de vie, de pensée qui lui étaient jusque là étrangers.

Par ailleurs, la littérature revêt également un double caractère. En effet, les livres sont non seulement universaux, à savoir qu’ils valent « […] pour exemple de ce que peut être l’existence sur le plan affectif, social, politique… pas seulement pour le personnage ou pour le lecteur, mais pour tout être humain » (Lagache, 2006, p.49). De plus, « cette valeur d’exemplarité en fait une œuvre universelle qui peut trouver écho chez le lecteur de n’importe quelle époque, dans n’importe quel pays » (Lagache, 2006, p.49). Le livre L’enfant qui retrouva le sourire en est d’ailleurs un parfait exemple, puisque tout enfant qui vit un chagrin, une peine ou une douleur pourra s’y reconnaître.

La littérature permet également un travail de décentration et d’ouverture à l’altérité :

« l’histoire renvoie nécessairement les jeunes lecteurs à eux-mêmes, à leur capacité à s’accepter ou pas avec leurs défauts, mais aussi à leur capacité à aimer l’autre ou pas dans sa différence et son imperfection » (Lagache, 2006, p.49). De plus :

La littérature, pour l’auteur comme pour le lecteur, amène à soi et aux autres. En effet, en lisant, c’est la personne du lecteur tout entière qui est entraînée dans ce qu’elle a de plus intime, de plus profond. Mais dans le même temps, par le biais d’expériences qui ne sont pas les siennes, le lecteur est conduit à la rencontre d’autrui dont il peut évaluer l’expérience et l’histoire. Le rapport au monde est le sujet de cette double exploration et la littérature, dans l’isolement et le repli sur soi que suppose l’acte de lecture ne cesse d’ouvrir la sensibilité, l’intelligence et l’imaginaire du lecteur hors de lui. (Lagache, 2006, p.49, 50).

Les propos de Lagache (2006) sont importants par rapport à notre réflexion, car l’auteur insiste sur le but que nous cherchons à atteindre par le biais de la littérature, à savoir ce double exercice de reconnaissance – ce qui est universel pour Lagache – et de décentration – ou ce qui pousse à l’ouverture et à l’altérité pour l’auteur.

Culler (1989), quant à lui, reconnaît que malgré « le caractère apparemment central de cette question pour les études littéraires, on doit avouer que nous ne sommes pas arrivés à une définition satisfaisante de la littérarité […], nous n’avons pas trouvé le critère distinctif et

suffisant susceptible de la définir » (cité par Poslaniec, 2002, p. 7, 8). En résumé, toujours selon Culler, « nous n’avons pas de vrais critères pour distinguer une structure verbale littéraire d’une qui ne l’est pas » (cité par Poslaniec, 2002, p.8). Cependant, Culler ajoute que

« dans ces conditions, on pourrait conclure que la littérature n’est rien d’autre que ce qu’une société donnée traite comme de la littérature : c'est-à-dire un ensemble de textes que les arbitres de la culture – les professeurs, les écrivains, les critiques, les académiciens – reconnaissent comme appartenant à la littérature » (cité par Poslaniec, 2002, p.47).

Finalement, au-delà de l’incapacité à définir les critères propres à la littérature, nous pouvons nous appuyer sur les propos de Poslaniec (2002) qui explique avec simplicité que la littérature, « c’est ce qui [l]’étonne » (p.77).

Après avoir tenté de définir ce que peut être la littérature en général, analysons maintenant à quels critères répond la littérature jeunesse.

Au premier abord, la littérature jeunesse, comme son nom l’indique, est la littérature qui s’adresse aux jeunes par le biais de « livres-qui-ne-sont-pas-pour-les-adultes » (Nières-Chevrel, 2005, p.9). Or la frontière n’est pas aussi rigide, et les livres pour enfants dépassent largement cette définition un peu simpliste. En effet, comme le souligne Nières-Chevrel, la littérature jeunesse implique une intervention de la part de nombreux adultes : écrivains, libraires, parents, acheteurs, voire même lecteurs, tous participent à leur manière à la construction de la littérature jeunesse. Cette littérature mériterait donc d’être considérée comme un médiateur qui tisserait des liens entre le monde des adultes et celui des enfants, plutôt qu’une littérature uniquement destinée à un jeune public. Nières-Chevrel ajoute: « quel adulte s’interdirait de lire Alice au pays des merveilles sous prétexte que Lewis Carroll raconta et rédigea son récit pour Alice Liddell, son idéale amie-enfant ? » (p.10). De plus, comme le souligne Lagache (2006), « un tiers des lecteurs de la littérature jeunesse sont des adultes » (p.23). Ainsi, « la littérature de jeunesse cible un public qui va de quelques mois (les livres en plastique pour le bain) à l’âge dit « pré-adulte ». Or, s’il est facile de définir des tranches d’âges pour certains ouvrages, il est beaucoup plus difficile, voire impossible de la faire pour une grande partie d’entre eux » (Lagache, 2006, p.23). En effet, des auteurs, tels Claude Ponti, semblent facilement s’adresser autant à un public d’enfants qu’à un public adulte :

« Quand j’écris, je suis le même, que ce soit pour les enfants ou pas. […] Pour les enfants, l’idée qu’ils sont en devenir, en transformation, en état d’apprendre […]

ne me quitte jamais. Sinon, pour les uns comme pour les autres, je veux faire de la

littérature. Je pense vraiment que les enfants doivent avoir, pour eux, une vraie littérature sincère comme celle des grandes personnes. La littérature est un échange d’âme à âme entre le plus intime du lecteur et le plus intime de la personne de l’auteur » (Claude Ponti, 2006, cité par Lagache, 2006, p.27).

Le critère de l’âge pour définir une frontière entre la littérature jeunesse et la littérature pour adultes n’est pas réellement pertinent face à une tentative d’explication de cette scission entre les deux types de littérature dont il est question. Cependant, plus que le critère de l’âge, c’est peut-être le critère d’intelligibilité qui doit intervenir dans la distinction entre la littérature de jeunesse et la littérature pour adultes. En effet, il semble difficile de regrouper sous la même dénomination les livres destinés à la petite enfance et les livres destinés aux adultes. Il est tout autant compliqué de classer dans la même catégorie les livres en plastique pour le bain des nourrissons et les romans pour adolescents !

Nous constatons que la frontière entre la littérature jeunesse et la littérature générale pourrait bien se situer au niveau juridique. Dans des pays comme la France, il existe une loi qui soumet la littérature jeunesse à un contrôle institutionnel. « Les enfants sont des mineurs, c'est-à-dire qu’ils sont sous la dépendance des adultes, mais également sous leur protection, ils sont en situation d’acquisition culturelle et de construction d’eux-mêmes » (Nières-Chevrel, 2005, p.12). L’aspect juridique expliquerait donc cette scission entre littérature jeunesse et littérature générale :

Cette loi signifie que la société assigne à la littérature de jeunesse une fonction d’éducation et non de simple loisir. C’est ici que nous pouvons entrevoir une frontière insidieuse – un écart de statut – entre la littérature pour la jeunesse et la littérature générale. La littérature générale vaudrait par son propre projet artistique - « elle n’aurait pas d’autre but qu’elle-même » pour reprendre la formule de Baudelaire – alors que la littérature pour la jeunesse serait disqualifiée avant tout examen parce qu’elle ne serait pas sa propre fin.

L’écrivain pour enfants est suspecté de ne pas écrire, mais d’écrire pour – écrire pour instruire, pour moraliser, pour donner une image positive (donc réductrice) du monde. (Nières-Chevrel, 2005, p.12, 13)

En résumé, la principale différence entre la littérature de jeunesse et la littérature pour adultes pourrait bien se situer au niveau de la censure. En effet, Lagache (2006) rejoint en partie Nières-Chevrel (2005) et pose la question de savoir si nous pouvons ou non tout dire et tout écrire lorsque nous nous adressons à un public d’enfants ou d’adolescents. A cette question, la

réponse est clairement non. En effet, toujours selon Lagache (2006), il faut respecter l’enfant, ce qui ne veut pas dire édulcorer les ouvrages en évitant tous les sujets sensibles. Lenain (2002) rejoint d’ailleurs Lagache (2006) :

La limite, c’est la distance et le respect dû aux enfants. Les auteurs jeunesse sont soumis à des responsabilités. […] Je pense qu’un auteur pour adultes a tous les droits. Mais pas en jeunesse. Il me semble normal que la littérature de jeunesse soit soumise aux mêmes règles que celles auxquelles est soumise toute parole adressée à un enfant dans une école, dans la rue, dans sa famille. (Lenain, 2002, cité par Lagache, 2006, p.27).

Ainsi, la principale différence entre la littérature de jeunesse et la littérature pour adultes se situerait au niveau de la censure et du contenu proposé, la littérature qui s’adresse aux enfants devant faire l’objet d’un contrôle spécial pour protéger les jeunes lecteurs.

Nous avons parlé des frontières qui pouvent exister entre la littérature jeunesse et la littérature pour adultes, à savoir l’intelligibilité, la censure, le contenu ; enfin, dans une moindre mesure, l’âge des lecteurs.

Nous souhaitons maintenant aborder un point commun entre ces deux types de littérature : la classification sociale. Par la classification sociale, nous envisageons ici deux manières différentes de traiter cette notion. D’abord, dans la littérature de jeunesse, comme dans celle qui est destinée adultes, il existe deux types de littératures : « les bons livres » et la « sous-littérature » (Nières-Chevrel, 2005, p.14). Les « bons livres » étant habituellement davantage proposés par les parents des milieux favorisés, par les bibliothécaires ou encore par les enseignants. La « sous-littérature », quant à elle, a longtemps été le réservoir des milieux moins favorisés qui se penchaient par exemple sur la bande-dessinée, même si aujourd’hui, ce genre littéraire a réussi à sortir d’une vision simpliste et négative pour acquérir finalement la reconnaissance des milieux littéraires.

Mais existe-t-il réellement une « sous-littérature » ? Quels critères permettraient de conclure qu’un livre ne remplit pas les conditions nécessaires pour obtenir l’appellation de littérature ? Pourquoi Moumine le troll (Jansson, 1968) aurait-il un statut inférieur à celui du Père Goriot ? Car il s’agit bien là de hiérarchisation. Hiérarchisation entre littérature pour adultes et littérature de jeunesse ; hiérarchisation également entre les différents genres issus de ces littératures. Ainsi, « la littérature de jeunesse est en fait tout aussi hiérarchisée que la littérature générale. Elle englobe une littérature exigeante, soutenue par les critiques et une production grand public, des collections et des séries destinées aux linéaires des grandes

surfaces » (Nières-Chevrel, 2005, p.15). Enfin, selon l’auteur, il n’existerait pas de sous-littérature dans la sous-littérature jeunesse : « en dépit des apparences, elle n’est donc pas assimilable à une « sous-culture », en ce sens qu’elle traverse tout le corps social » (p.15). En résumé, « bons livres » et « sous-littérature », sont des notions remises en question par Nières-Chevrel (2005).

La deuxième façon d’aborder la notion de classification sociale souligne un paradoxe que nous souhaitons développer ici brièvement : « Le paradoxe veut que ce soit du Liban, de ce petit pays fragile avec ses dix-huit confessions et ses quatre langues, qu’une jeune femme vienne nous dire qu’il est des pays où la littérature pour les enfants est encore tout entière à inventer » (par Nières-Chevrel, 2005, p.27).

Ainsi, comme nous pouvons le constater, non seulement la littérature jeunesse n’est de loin pas accessible dans tous les pays ; mais, plus dommageable encore, elle est encore inexistante pour une grande partie du monde. En effet, même si notre recherche souhaite volontairement se restreindre au contexte littéraire d’une ville multiculturelle comme Genève14, il nous paraît toutefois important de souligner que, dans de nombreux pays, l’accès aux livres reste impossible. Quiñones (1995), dans une recherche sur l’édition africaine, rejoint l’idée que, mis à part les manuels scolaires, les enfants ont très peu l’occasion de se retrouver face à un livre. Pourtant l’auteur nuance ses propos en ajoutant qu’il existe toutefois de plus en plus d’occasions où la littérature est mise à la portée du public, et ce notamment dans des lieux tels que les bibliothèques d’écoles, les paroisses ou les centres culturels qui voient progressivement le jour dans de nombreux villages. Cependant, toujours selon Quiñones, le principal problème n’est pas forcément l’accès aux livres, mais l’accès aux types de livres et surtout dans quelle langue ils sont écrits. En effet, l’auteur déplore que les livres proposés aux enfants le soient rarement dans la langue maternelle des principaux intéressés. Ainsi,

« l’enfant a beau avoir la maturité nécessaire à la compréhension d’un texte, ce texte restera muet pour lui si ses connaissances en français ne sont pas suffisantes, et le découragera pour d’autres lectures » (p.214).

14 Genève est non seulement le canton suisse où la proportion d'étrangers est la plus forte (38.1% en 2000), mais aussi celui qui abrite le plus de nationalités différentes (184 sur 194 possibles). Cette diversité se retrouve dans les classes de l’Ecole primaire genevoise où le taux d’élèves étrangers atteint pratiquement 40%. (Source : swissworld.org)

Sur le même sujet, Quiñones (1995) note justement que « l’immense majorité des livres des bibliothèques provient de France. Situation de lecture particulière : les livres viennent d’une autre culture, d’un pays lointain qui ne ressemble pas au sien propre » (p.215).

Pour terminer sur l’exemple concret de la situation littéraire propre à la plupart des pays d’Afrique, nous déplorons également que seul un petit nombre de livres est publié par des maisons d’édition africaines, livres d’ailleurs bien souvent influencés par des cultures éloignées, mais « à la mode », comme la culture française qui paraît bien loin des préoccupations des enfants et qui complique leur compréhension des histoires.

De l’autre côté, en France, la situation est tout aussi paradoxale, puisque la plupart des livres édités au sujet de l’Afrique le sont par des Non-Africains. Ainsi, comme le souligne Quiñones (1995), le style propre aux contes africains et le français d’Afrique n’est pas conservé. Pire, l’illustration est parfois européenne ou américaine et « elle comporte des invraisemblances dues à la méconnaissance de la part de l’auteur du milieu d’origine » (p.215).

Souccar-Lecourvoisier (2005) rejoint Quiñones (1995) en déplorant certains paradoxes présents dans la littérature de jeunesse des pays étrangers influencés par la culture française.

En effet, l’auteur a effectué plusieurs recherches au Liban qui ont conclu que les personnages

En effet, l’auteur a effectué plusieurs recherches au Liban qui ont conclu que les personnages