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Description des terrains choisis et des personnes interviewées

4. Méthodologie

4.4 Description des terrains choisis et des personnes interviewées

Avant de décrire plus précisément les différents terrains sur lesquels nous nous sommes rendus, nous tenions à apporter la précision suivante : les publics ciblés par les terrains ne sont pas les mêmes, ce qui a eu pour effet de recueillir un regard différent sur les questions posées. D’un côté, le Centre d’Intégration Culturelle et l’enseignante en classe d’accueil s’adressent à un public essentiellement issu de l’immigration. Ces deux terrains ont donc orienté leurs services en fonction des caractéristiques propres à une population majoritairement allophone, mais aussi de cultures et d’origines très diverses.

D’un autre côté, l’Institut suisse Jeunesse et Médias, la bibliothèque municipale, la librairie et la maison d’édition sont des terrains qui s’adressent plus particulièrement à un public romand.

Nous verrons au moment d’analyser nos résultats de quelle manière les différences de public auront ou non une influence sur les éléments recueillis.

Concernant le choix de nos interlocuteurs, nous avons pris le parti de recueillir l’avis de différents professionnels en lien direct avec un cadre précis : le monde du livre pour enfants.

Il nous est apparu évident d’interroger des individus qui, par leur métier, étaient tous les jours confrontés à la tâche difficile du « que choisir ?», « que transmettre ? » ou encore « comment transmettre ?» En effet, les personnes rencontrées doivent quotidiennement faire face, non seulement aux plus de 9000 parutions annuelles dans le secteur jeunesse, mais également aux différentes thématiques qui touchent inévitablement le monde du livre, voisines de nos interrogations. En résumé, notre principal critère de sélection a été de choisir une personne représentative dans chacune des cinq grandes catégories de professions en lien avec la littérature jeunesse.

A partir de ce critère, il allait de soi que bibliothécaires, libraires, maisons d’édition et enseignants étaient les premiers concernés par la question. De plus, le travail effectué par l’Institut Suisse Jeunesse et Médias (ISJM) nous est apparu essentiel, puisqu’il traite depuis 1984 des questions similaires aux nôtres. C’est pourquoi nous avons également choisi d’intégrer l’Institut à notre recherche.

Nous sommes conscients qu’écrivains, parents ou encore élèves auraient aussi pu faire partie des personnes interrogées, mais encore une fois, nous ne prétendons pas avoir fait un choix exhaustif des acteurs en lien avec la littérature jeunesse.

Pour notre recherche, nous avons effectué cinq entretiens d’une durée d’une heure environ, ainsi qu’un échange de courriels, et recueilli l’avis de deux bibliothécaires (bibliothèque municipale31 et bibliothèque interculturelle32), d’une libraire33, d’un des responsables du bureau romand de l’ISJM34, d’une enseignante dans une classe d’accueil35 et d’une éditrice36.

31 La bibliothèque de la Cité, située au cœur de la ville de Genève, offre bien plus que le prêt de livres : activités de promotion de la lecture auprès des jeunes avec la publication de la bibliographie Sers-toi de tes yeux pour lire, lecture de contes, expositions, ou encore poésie, la bibliothèque propose tout au long de l’année un agenda très fourni d’animations.

Ce qui nous est apparu intéressant au moment de choisir ce terrain, c’est la position d’ouverture de la bibliothèque face à la diversité culturelle propre au contexte genevois. En effet, les bibliothécaires construisent leur travail en s’appuyant sur une « Charte d’accueil » dont une des quatre valeurs de base est le respect de la diversité culturelle, à savoir :

« - Constituer des collections en langues étrangères

- Organiser des animations et des expositions gratuites pour tous les publics - Mettre en valeur nos collections pour vous orienter dans vos choix - Collaborer avec des institutions culturelles et sociales

- Participer à la vie associative de votre quartier et promouvoir ses activités » (Charte d’accueil des bibliothèques municipales de la ville de Genève. (Voir annexe 8.4)

La bibliothèque étant le lieu par excellence où il est question de livres, donc de littérature jeunesse, il nous est apparu primordial de prendre en compte l’avis des bibliothécaires quant à la pertinence de notre label. En effet, le métier de bibliothécaire demande d’être en contact permanent avec les milliers de livres qui paraissent chaque année, tout en tissant constamment des liens avec le public, à savoir, dans le cas de la littérature jeunesse, avec les jeunes lecteurs et leurs parents ou les enseignants. C’est cet ancrage dans le monde du livre et cette expérience de la littérature jeunesse qui nous ont convaincus de pousser les portes de la bibliothèque de la Cité.

32 « Le Centre d'Intégration Culturelle (CIC), anciennement Bibliothèque interculturelle, a pour but de favoriser l'intégration culturelle des migrants. Grâce aux livres et aux différentes animations (lecture de contes, cours de français, écrivain public, etc.), il est un lieu de rencontre où se côtoient les habitants de la région genevoise, toutes origines et ethnies confondues. Il offre également une formation d'aide-bibliothécaire aux migrants, en vue de leur retour dans leur pays d'origine ». (Source : http://www.croix-rouge-ge.ch/services/interculturelle.html, site consulté le 1.11.08)

En interrogeant une des personnes responsables de la bibliothèque interculturelle, nous souhaitions, obtenir des informations quant aux particularités propres à la gestion d’une bibliothèque dont le but principal est de proposer aux migrants des livres dans leur langue d’origine. Ce terrain comporte certaines caractéristiques identiques au métier d’enseignant en classe d’accueil décrit ci-dessous, à savoir être compétent en matière de gestion d’une population aux origines culturelles très diverses ; alors que nos quatre autres terrains sont plutôt orientés dans l’offre littéraire destinée à un public bien enraciné en Romandie.

Pour approfondir la question de la sélection de l’échantillon, en nous basant sur quelques éléments théoriques, Kaufmann (2006) souligne que « […] la validité des résultats dépend en effet pour beaucoup de la qualité de l’échantillonnage » (p.40). Or, nous sommes tout à fait conscients que même si, d’un certain côté, les personnes interrogées sont représentatives des divers métiers en lien avec le monde du livre, il nous est impossible d’être en mesure de tirer

Nous étions également intéressés à comprendre de quelle manière les problématiques liées aux questions interculturelles, et plus précisément aux stéréotypes culturels, s’appréhendent dans un lieu comme celui-ci.

Enfin, nous tenions à savoir si le label avait sa place dans une bibliothèque interculturelle.

33 Le choix de nous rendre dans une librairie indépendante genevoise, n’a pas été un hasard. Cette librairie propose un magnifique choix d’ouvrages pour la jeunesse et une libraire s’est spécialisée depuis de nombreuses années en matière de littérature jeunesse. Cependant, compte tenu du statut de la librairie (politique d’ouverture, libraire indépendante), certaines réponses recueillies ne sont pas représentatives de l’ensemble des librairies genevoises. Notre interlocutrice, personnellement sensible aux questions de stéréotypes ou de diversité culturelle, effectue un grand travail de tri et de sélection des parutions littéraires. Elle occupe un rôle de référence en lisant et choisissant avec soin les livres qu’elle met en vente, ce qui n’est pas forcément le cas dans toutes les librairies.

34« L'Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM) a été fondé en janvier 2002. Il est né de la réunion de la Ligue suisse de littérature pour la jeunesse (LSLJ) et de l'Institut suisse de littérature pour la jeunesse (ISLJ). L'ISJM est un centre de compétences dont l'action s'étend sur toute la Suisse. Promotion de la lecture, documentation, recherche et formation dans le domaine de la littérature pour la jeunesse sont ses pôles prioritaires » (http://www.isjm.ch/isjm.html, Institut suisse Jeunesse et Médias, site consulté le 1.11.08).

Basé à Lausanne, l’Institut est notamment à l’origine de nombreuses publications et activités autour du livre. Au sein de l’ISJM, un groupe de travail : « Lectures des Mondes » propose une réflexion sur la littérature jeunesse.

En 2004, le comité édite sa première bibliographie regroupant des livres ouverts à la diversité culturelle. Depuis, chaque année une quinzaine de personnes lisent et analysent toutes les parutions francophones pour enfants qui abordent d’une manière ou d’une autre les cultures non-occidentales au sens large.

En outre, comme nous le verrons dans la suite de notre recherche, nous nous sommes passablement basés sur les bibliographies et sur les critères d’évaluation littéraire proposés par « Lectures des Mondes » pour pouvoir confronter le corpus de livres que nous avions constitué avec une grille de critères élaborée avec soin.

35 Les classes d’accueil sont des structures qui prennent en charge les élèves allophones qui viennent d’arriver à Genève. L’élève suit les cours à mi-temps dans une classe ordinaire et se rend pour l’autre partie des cours dans une classe avec d’autres élèves allophones dans le but d’apprendre le français et de combler le retard éventuel pris dans d’autres disciplines. Les classes d’accueil genevoises de l’enseignement primaire prennent en charge chaque année environ 800 élèves âgés de 4 à 12 ans, en provenance de 130 pays et parlant 85 langues différentes. (Source : www.ge.ch/enseignement_primaire/eleves_allophones.asp)

Au sein de ces classes d’accueil, l’enseignant doit être capable de gérer une grande disparité de niveaux, et de prendre en compte la diversité culturelle de la classe. C’est à lui que revient la tâche d’enseigner le français ; la langue étant souvent un précieux sésame pour une bonne intégration dans le pays d’accueil, mais également auprès des autres élèves, et par conséquent pour avoir toutes les chances de réussir sa scolarisation.

36 Les éditeurs occupent une place importante dans le monde de la littérature jeunesse, puisque qu’ils sont responsables des parutions qui sortent de leur établissement. Si un livre transmettant des stéréotypes délicats se retrouve sur les rayons des librairies et/ou des bibliothèques, c’est qu’il y a eu, en amont, l’accord d’une maison d’édition de faire paraître un tel livre.

Le choix d’interroger les Editions du Dino sur les problématiques qui nous intéressent a été motivé par la difficulté de pouvoir rencontrer une autre maison d’édition, mais également par un intérêt envers leurs orientations « idéologiques » en lien avec notre recherche.

Pour décrire brièvement cette petite structure, les Editions du Dino, créées en 2001, s’intéressent à sensibiliser les enfants au monde actuel. Les livres édités abordent des problématiques tels la génétique, la mondialisation ou encore le temps qui passe.

des généralisations à partir des six entretiens effectués. En revanche, même s’il nous faut faire le deuil du caractère représentatif de notre travail, nous pensons toutefois que la qualité des entretiens nous permet de dégager certaines tendances pertinentes dans la manière dont se positionnent les professionnels par rapport à la mise en place d’un label.