• Aucun résultat trouvé

5. Résultats

5.1 Entretiens

5.1.2 L’interculturel et les livres interculturels :

Depuis le début de notre recherche, le terme « interculturel » nous a posé des problèmes de définition. C’est pourquoi nous avions souhaité interroger les professionnels du livre sur cette question dans le but de recueillir des éléments qui éclaireraient ce concept. Or, au cours des entretiens, nous nous sommes rendu compte que les personnes directement concernées par le sujet se heurtaient aussi à des problèmes de définition.

Nous mettrons en évidence les éléments significatifs qui sont ressortis en abordant la question de l’interculturel en lien avec la littérature jeunesse. Si nous traitons plutôt les propos recueillis de manière descriptive, nous proposerons aussi une analyse plus poussée de la question dans la suite de notre travail.

Enfin, nous verrons également que, sans forcément réussir à délimiter avec précision à quels critères devrait répondre un livre interculturel, les professionnels du livre semblent toutefois converger vers une vision implicite commune de ce type d’objet.

Durant les entretiens, le concept d’interculturel a été abordé de manière générale. Derrière des notions peut-être un peu vagues : « […] le mot interculturel concerne tout ce qui touche aux

47 Voir point 2.5.1

contacts entre différentes cultures » (ED48. L. 29, 30), ou encore : « c’est l’éveil à la différence » (CA49, l. 618), des éléments plus précis ont émergé.

Premièrement, comme nous l’avions mentionné dans notre cadrage théorique50, les personnes interrogées ont souvent fait allusion aux différents niveaux d’interculturel que nous pouvons rencontrer par le biais du livre. En effet, « soit c’est contenu à l’intérieur du livre lui-même, un échange entre différentes cultures ou alors, ça peut être justement à travers l’acte de lecture qu’on est dans une relation interculturelle entre un lecteur suisse-romand et puis une aventure… en Angola ou au Japon. Et on est là tout à coup, à travers l’acte de lecture lui-même, on est dans une relation interculturelle. » (ISJM, l. 588-592).

Les propos cités soulèvent à nos yeux une approche intéressante de l’interculturel dans la littérature. En effet, nous ne pouvons nous arrêter à la simple considération de l’interculturel contenu dans le livre. La lecture, parce qu’elle est porteuse du regard d’une autre personne qui a écrit une histoire située dans un ailleurs, dans un contexte différent, est en soi un acte interculturel. En outre, l’interculturel est présent dans le simple fait d’illustrer la réalité propre à une culture ou un pays méconnu du lecteur. Enfin, un livre peut aborder de manière directe le thème de l’interculturalité, le livre en question revêt alors un caractère didactique.

Sans pour autant être en mesure de définir quel aspect interculturel présent dans la littérature jeunesse est le plus important, ces différents niveaux51 nous permettent de mettre en lumière la complexité de la place de l’interculturel dans la littérature. Cependant, nous tenons à souligner que le label aurait plutôt tendance à mettre en évidence la présence de l’interculturel présent au sein même des albums.

Avant d’aborder plus particulièrement la question des critères propres à un livre interculturel, nous souhaitons soulever encore une problématique que nous développerons dans la partie de notre recherche consacrée à l’analyse. Lors de notre entretien au CIC, une remarque a émergé : « mais je crois que la notion d’interculturel, c’est très européen aussi. C’est un peu occidental. Eux [les auteurs africains], je ne pense pas qu’ils aient cette notion-là » (CIC, l.

48 ED : Editions du Dino

49 CA : Classe d’accueil

50 Voir point 2.7

51 1) La lecture en tant que telle, parce qu’elle est porteuse du regard d’une autre personne qui a écrit une histoire située dans un ailleurs (relation auteur/lecteur), 2) l’interculturel est présent dans le fait d’illustrer la réalité propre à une culture ou un pays méconnu du lecteur, 3) un livre peut aborder de manière directe le thème de l’interculturalité, l’album en question revêt alors un caractère didactique

391, 392). Par ailleurs, la personne que nous avons contactée aux Editions du Dino a également émis un avis qui va dans le même sens. Nous verrons comment prendre en compte cette remarque dans la suite de notre travail.

Les entretiens nous ont permis d’aborder la thématique des critères propres à un livre interculturel. Comme nous l’avons exposé dans la partie méthodologique de ce travail, nous souhaitions déterminer comment les professionnels du livre définissent un livre interculturel.

Les éléments recueillis sur le sujet relèvent de deux catégories de réponses : - les critères propres à l’acte de lire lui-même

- les critères portant directement sur le contenu du livre

Avant de développer la question des critères propres à un livre interculturel, nous souhaitons souligner que nous ne prendrons momentanément pas en compte les critères proposés par l’ISJM qui s’est largement penché sur le sujet, puisque ces éléments seront repris dans la partie de notre recherche consacrée à l’analyse du corpus de livres. Cependant, l’entretien à l’ISJM a révélé deux éléments importants qui ne sont pas exposés explicitement dans les critères de l’Institut : d’abord, un livre interculturel doit offrir un regard sur d’autres cultures et proposer une rencontre avec l’Autre. Ensuite, un livre n’est pas forcément porteur direct d’éléments interculturels, mais peut devenir le médiateur d’un acte interculturel qui se construit à travers l’acte de lire :

« Sinon les objets eux-mêmes à l’intérieur de ce, de ce livre euh, de ces publications, ils ne sont pas forcément interculturels, parce que ça peut être une histoire qui se passe dans un village du Mali pis on va rester dans ce village du Mali, donc l’interculturel, la relation entre les cultures elle a lieu dans l’acte de lecture lui-même en fait. C’est quand l’enfant a l’objet livre x dans les mains, qu’il est dans une relation d’interculturalité » (ISJM, l. 553- 558).

Les personnes interrogées ont majoritairement fait référence à des critères basés directement sur le livre : la langue, l’histoire, l’origine de l’auteur…

Le bilinguisme semble un élément important dans la construction des critères propres à un livre interculturel : « Et puis surtout qu’il y a des livres bilingues qui touchent aussi le domaine de l’interculturel. On a tout dans les livres bilingues. Il y a les romans, la poésie… et de toute façon, l’objet en lui-même est déjà interculturel puisqu’il est en deux langues. » (CIC, l. 361-363), ou encore : « Alors c’est vrai que moi j’ai beaucoup aimé euh, la… ces livres-là, alors bon c’est mes livres bilingues hein bien sûr » (CA, l. 529, 530). Mais le fait de

proposer une histoire dans deux langues est-il un élément suffisant pour pouvoir prétendre être un livre interculturel ?

Le contexte particulier de la classe d’accueil soulève l’importance que les éléments contenus dans un livre soient compris par tous. Un livre interculturel serait-il universel ? « On a cherché le mot [un vœu] dans leur langue et tout, mais tu vois… je trouve que c’est, voilà typiquement tu dois faire appel à leur culture pour qu’ils comprennent le mot, mais imagine que dans leur culture ça n’existe pas, ils ne vont jamais comprendre le mot. » (CA, l. 493-496).

Enfin, d’une manière générale, un livre interculturel est un livre qui « ouvre sur un autre monde » (LB, l. 179), qui « interpelle par sa différence » (LB, l. 183), qui illustre « des visages de tous les pays du monde » (CA, l. 864) ou encore « qui pose des questions » (CA, l.

943).

Sur la base de ces résultats, nous souhaitons tisser un lien avec des éléments du cadrage théorique où nous avions insisté sur l’importance qu’un livre puisse offrir au lecteur la possibilité de se décentrer, mais également de se reconnaître dans les personnages mis en scène. Or, les critères ayant émergé durant les entretiens portent essentiellement sur des aspects en lien avec l’Autre et la différence, sans aborder la question de la ressemblance : un livre doit pouvoir « offrir aux… jeunes lecteurs suisses-romands un regard sur les autres cultures et c’est là qu’il y a de l’interculturel. C’est qu’on rencontre des autres cultures à travers un média qui est le livre en étant dans une culture disons euro-nord-américaine » (ISJM, l. 549- 552). Même si les dimensions de différences et de décentration occupent une part importante dans la lecture interculturelle, nous pensons que les aspects liés à la ressemblance et à la reconnaissance sont également essentiels, car ce sont justement ces derniers qui permettront au lecteur de pouvoir prendre le recul et la distance nécessaires à une lecture interculturelle.

Ce bref aperçu des éléments recueillis au sujet de l’interculturel dans la littérature jeunesse nous permet d’établir un constat : le terme même d’ « interculturel » reste problématique, non seulement dans l’exercice périlleux de définition du concept, mais également dans son utilisation pour parler de livres interculturels.

5.1.3 Le label

La thématique du label a été largement abordée durant nos entretiens52. Nous pouvons même souligner que c’est le sujet sur lequel les personnes interrogées ont le plus réagi, ce qui est intéressant pour notre recherche, dans la mesure où nous souhaitions justement ouvrir le débat et la réflexion sur la mise en place d’un label.

Nous avons choisi de traiter la thématique du label en proposant un découpage basé sur les arguments propres aux différentes positions qui ont émergé durant les entretiens53. En les relisant, nous avons pu dégager très rapidement une tendance générale : les professionnels du livre ne semblaient pas favorables à la mise en place d’un label. Pourtant, en examinant les propos recueillis de manière plus approfondie, nous avons découvert que, derrière une certaine opposition commune chez toutes les personnes interrogées, des positions beaucoup plus complexes et nuancées émergeaient.

Nous nous sommes penchés sur les différents arguments allant à l’encontre du label tout en mettant en évidence des paradoxes intéressants. Derrière un certain refus du label, des nuances allant du « non, mais… » au « peut-être que… » ont apporté de la matière et de la profondeur à notre analyse.

52 Voir annexe 8.2

53 Voir tableau récapitulatif n°1

Tableau 1 : Récapitulatif des arguments favorables, défavorables et ambivalents envers notre label.

Arguments favorables√ Arguments défavorables X Arguments ambivalents + - 1) utile dans d’autres

2) repères & gain de temps 2) caractère non représentatif et non exhaustif

• Eléments défavorables au label

Concernant les éléments défavorables à la mise en place du label, nous avons pu dégager trois grandes catégories d’arguments:

- incompatibilité avec les professions interrogées et leurs valeurs professionnelles, - caractère non représentatif et non exhaustif,

- crainte d’une certaine tendance enfermante ou stéréotypante.

a) Incompatibilité avec les valeurs des professionnels interrogés

Le label semble aller à l’encontre des bases fondatrices de certaines professions. Une des bibliothécaires que nous avons interrogées a insisté sur la place de la neutralité dans sa profession qui doit donner « […] accès à l’ensemble de ce qui se fait aujourd’hui » (BC, l.72) en matière de littérature jeunesse. Ainsi, la mise en place du label semble aller à l’encontre de cette neutralité, puisque son utilisation implique une prise de position. Pourtant, nous voyions plutôt la construction d’un label comme une proposition, une incitation au débat, à la réflexion et à l’ouverture, et non comme une obligation ou le fait d’imposer d’une manière unique d’aborder la littérature jeunesse.

De plus, toujours dans le même milieu, une aversion pour la mise en place du label allait jusqu’à la crainte de se faire manipuler, voire la peur d’être utilisé par des tendances ou même des sectes (BC, l.447-450). Cette volonté d’indépendance a été évoquée par d’autres professionnels, notamment par la libraire que nous avons interrogée.

En approfondissant la question du critère d’indépendance et de neutralité, nous avons pu dégager une tendance récurrente quant aux craintes des professionnels que le label empiète sur un travail de qualité qui est déjà fait concernant le choix et la sélection des livres : « c’est que, on considère que par le travail qu’on fait, à travers nos animations, à travers les accueils de classes, à travers les expos, les expos montées par les équipes, on fait tout ce travail-là » (BC, l. 431-433). La libraire que nous avons interrogée rejoint la position de la bibliothécaire :

« moi je vous dis ça fait une trentaine d’années que je travaille dans la littérature enfantine donc je connais bien et je lis à peu près tout ce qui sort. Donc je connais assez bien pour ne pas avoir besoin de… » (LB, l. 120-122).

Les critères de sélection concernant la qualité d’un livre dépendraient donc des compétences du libraire ou du bibliothécaire. Sur cette question, nous tenons à souligner un point important : comme nous l’avons mentionné dans la méthodologie de notre recherche, notre échantillon comporte un biais éventuel lié au fait que les personnes interrogées étaient déjà toutes sensibilisées aux problématiques interculturelles. Pourtant, la situation n’est peut-être pas la même dans d’autres lieux où les livres sont présents, par exemple les grandes surfaces.

Ainsi, le label pourrait être plus pertinent dans des milieux où les professionnels du livre sont moins sensibilisés à l’aspect interculturel présent dans la littérature, voire absents (livres en self-service ou vendus sur Internet).

Pour terminer sur la question des arguments défavorables en lien direct avec les professions du livre, soulignons un aspect relevé par un des responsables de l’Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM) : par les liens tissés avec leurs différents partenaires, l’ISJM semble disposer d’une marge de manœuvre réduite, ne pouvant que peu s’éloigner de leur ligne de conduite première. En effet, durant l’entretien, nous avons constaté que les décisions prises par l’ISJM sont en partie influencées par les diverses collaborations, notamment avec les libraires et les bibliothécaires. Si ces derniers sont défavorables à la mise en place d’un label, l’ISJM aura de la difficulté à justifier et imposer sa validité: « On cherche à être le moins euh… comment dire ça, si vous voulez effectivement, de ne pas… choquer nos partenaires. Donc si eux sont sensibles au fait qu’il ne faut pas labelliser les livres, on… ça nous influence aussi dans notre décision. » (ISJM, l. 628-631). Nous constatons que certains acteurs, même s’ils sont favorables à la mise en place du label, doivent tenir compte des divers partenaires avec lesquels ils travaillent et qui exercent une influence sur les décisions à prendre.

b) Craintes par rapport au caractère non représentatif et non exhaustif du label

« C’est le problème de la labellisation, c’est qu’on ne sait plus où ça s’arrête parce que finalement, presque tout entre sous un label, suivant par quel bout on prend la chose » (LB, l.36-38), ou encore : « je vois pas pourquoi on mettrait ces livres-là et pas les autres. Moi j’ai peur de ça tu vois et je me dis que finalement on connaît pas tout et on pourra jamais être exhaustif » (CA, l.850, 851).

Par rapport à la question de la représentativité, il va de soi qu’avec plus de 9000 publications par an, un label ne pourra être représentatif de tous les livres. C’est pourquoi, à nos yeux, ce

qui semble plus important que la sélection des livres, ce sont les critères qui nous permettront de faire un choix, choix non exhaustif par la force des choses. Si les critères sont bien choisis et le fruit d’une discussion approfondie entre de nombreux professionnels, la représentativité se vérifierait davantage par la qualité des critères mis en place, en amont du label, que par les livres labellisés eux-mêmes.

c) Caractère enfermant et stéréotypant d’un label

« Alors ça, le label est justement un problème dans le monde des bibliothèques, parce que certains disent que c’est déjà mettre un livre dans une catégorie » (BC, l. 102- 104).

Alors que nous souhaitons justement dénoncer les stéréotypes présents dans la littérature, nous prenons cet argument récurrent très au sérieux. Cependant, nous constatons que les libraires et les bibliothécaires, mais également l’ISJM, proposent tous une manière de mettre en évidence les livres, soit par le biais de la brochure « Lectures des Mondes » très bien accueillie par les professionnels du livre, ou alors à travers « les coups de cœur » propres à chaque milieu. Il existe très souvent, autant dans les librairies que dans les bibliothèques, un rayon, des présentoirs, voire même une brochure mettant en valeur des livres particulièrement appréciés par les professionnels, livres souvent sélectionnées d’ailleurs autour d’un thème particulier. Pourquoi s’opposer alors à la création d’un label ?

Premièrement, parce que les « coups de cœur » ne sont peut-être pas figés, comme avec un label. Certaines critiques ont été formulées à l’égard de la rigidité qui caractérise souvent un label : « Le label, il a quelque chose qui rigidifie, parce que vous posez un cadre rigide qui doit… forcément durer plusieurs années, sinon, ça ne sert à rien d’avoir fait tout ce travail en amont et d’avoir fait toute cette analyse du fond. Donc, on est beaucoup plus dans quelque chose de volatile si vous voulez, dans la manière de promouvoir, parce que c’est comme ça qu’on reste en phase par rapport à l’air du temps. » (BC, l. 434-439).

Un autre critère qui différencie « les coups de cœur » du label est que ces derniers ne se veulent pas représentatifs. Par conséquent, il faudrait peut-être que le label tende vers davantage de subjectivité et d’ouverture, puisque c’est ce qui semble encouragé et apprécié par les professionnels du livre. Mais la situation est paradoxale, puisque des craintes ont justement été formulées envers la non représentativité et la non exhaustivité du label. A nos yeux, par définition, ce qui est subjectif ne peut être exhaustif. Cependant, comme nous l’avons souligné ci-dessus, le label ne serait pas non plus exhaustif, puisque qu’il proposerait

simplement une sélection, parmi des centaines de livres possibles. Il resterait ouvert à la critique et pourrait être remis en question à tout moment pour s’adapter au mieux à la demande.

Toujours à propos des remarques formulées par rapport au caractère enfermant et stéréotypant du label, et au paradoxe de catégoriser des livres, alors que nous souhaitons éviter toute forme de catégorisation, nous formulerions aussi quelques réserves. Dans chaque bibliothèque, dans chaque librairie, également dans la brochure « Lectures des Mondes », les livres sont justement classés par catégories : littérature jeunesse versus littérature pour adultes, poésie versus livres de cuisine ou encore livres d’auteurs africains versus livre d’auteurs asiatiques.

Comme nous l’avons souligné dans la partie théorique de notre recherche54, la catégorisation est présente partout et n’est pas forcément négative, puisque qu’elle nous aide à nous orienter dans la vie en proposant des repères particuliers. Le label irait donc dans le même sens : il orienterait les lecteurs sans enfermer les livres dans un modèle unique et rigide.

Pour aller plus loin, l’ISJM souligne que « quand on parle de stéréotypes, et de labelliser des livres qui en éviteraient, puisque finalement c’est ça la proposition, on sent bien qu’on est autour d’une problématique d’une complexité incroyable et qui engage des compétences je veux dire, il faudrait presque être Dieu pour avoir une vraie réponse là-dessus » (ISJM, l. 600-603). Cette phrase soulève la question des personnes qui prendraient en charge la mise en place du label, avec la crainte légitime d’une tendance à vouloir se situer au-dessus de toute entité ou organisme compétent. Sur cette question, les professionnels du livre ont peut-être l’image d’une personne unique, sélectionnant les critères du label sans consulter d’autres professionnels. Nous imaginons aussi que notre position d’universitaire a joué ici un rôle en étant porteuse d’une image souvent répandue, mais révolue du chercheur décidant seul dans

Pour aller plus loin, l’ISJM souligne que « quand on parle de stéréotypes, et de labelliser des livres qui en éviteraient, puisque finalement c’est ça la proposition, on sent bien qu’on est autour d’une problématique d’une complexité incroyable et qui engage des compétences je veux dire, il faudrait presque être Dieu pour avoir une vraie réponse là-dessus » (ISJM, l. 600-603). Cette phrase soulève la question des personnes qui prendraient en charge la mise en place du label, avec la crainte légitime d’une tendance à vouloir se situer au-dessus de toute entité ou organisme compétent. Sur cette question, les professionnels du livre ont peut-être l’image d’une personne unique, sélectionnant les critères du label sans consulter d’autres professionnels. Nous imaginons aussi que notre position d’universitaire a joué ici un rôle en étant porteuse d’une image souvent répandue, mais révolue du chercheur décidant seul dans