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4. RECENSION DES ÉCRITS

4.2. L’évaluation du processus

4.2.4. Les composantes de l’évaluation du processus

4.2.4.4. La « dose d’intervention reçue » par les participants

La dose d’intervention reçue se rapporte au nombre de programmes ou de messages reçus par les communautés cibles de l’intervention, selon Pirie et al. (1994). Selon ces auteurs, la dose d’intervention inclut aussi le nombre de programmes et de messages de même nature que ceux de l’intervention provenant d’autres sources et reçus par les communautés.

De même dans le cas des recherches, la dose reçue inclut également le nombre de messages similaires reçus par les communautés contrôles (Pirie et al., 1994). Cette approche de ces auteurs intègre dans la dose d’intervention reçue les éléments des interventions rivales et la contamination des zones contrôles. Il est certes important de documenter les diverses sources de dose d’intervention reçue. Cependant, dans un souci de précision, ces informations doivent s’appréhender dans une approche précise d’analyse du contexte (Oakley et al., 2006). Pour d’autres auteurs comme Baranowski et Stables (2000), la dose reçue est plutôt définie en termes d’exposition. Cette exposition est la mesure dans laquelle les participants à une intervention ont vu ou ont lu le matériel de l’intervention qui leur est parvenu (Baranowski & Stables, 2000). Ces auteurs ne parlent donc pas de dose reçue mais d’exposition. Nous notons ici aussi un rapprochement peu utile de l’exposition et de la réception.

La dose d’intervention reçue est estimée en termes de taux d’accomplissement ou la mesure dans laquelle les participants ont fait ou complété les activités de l’intervention (Story et al., 2000). Pour d’autres auteurs, la dose d’intervention reçue se rapporte au degré d’engagement des participants potentiels de l’intervention (Curran et al., 2005). Toujours

dans la perspective de l’engagement et de l’exposition, Sanders et al. (2005) ont défini la dose d’intervention reçue comme étant le mesure dans laquelle les participants s’engagent activement dans une intervention, se montrent réceptifs à, et/ou utilisent les outils ou

ressources de l’intervention. Cela inclut l’utilisation initiale mais aussi l’utilisation continue des ressources de l’intervention (Saunders et al., 2005). Ces auteurs mettent aussi au

compte de la dose reçue le degré de satisfaction des participants, prenant aussi bien en compte les cibles principales que secondaires de l’intervention. La satisfaction concerne autant le programme que la relation avec le staff ou même les investigateurs (Saunders et al., 2005).

D’autres auteurs comme Jonkers et al. (2007) ont aussi pris en compte ces

dimensions d’exposition et de satisfaction. Quant à l’aspect engagement, il sera abordé par Van Voohrees et al. (2007) en utilisant le temps mis dans le remplissage de supports auquel les auteurs ajouteront le type d’utilisation et la connaissance. De façon générale, la dose d’intervention reçue est estimée en termes de la mesure (nombre ou proportion)

d’intervention reçue par les participants (M. G. Wilson et al., 2010).

Dans les travaux de certains auteurs, la dose d’intervention reçue est rapportée en termes d’exposition comme nous l’avons déjà noté avec Baranowski et Stables, (2000). Dans ce registre, le travail de Valente (2002) est une référence plus détaillée. En effet, l’auteur définit l’exposition comme la mesure du degré de rappel et de reconnaissance du programme par les individus ciblés par l’intervention. Elle est de préférence mesurée en interrogeant l’individu avec des questions assistées et non assistées, indique l’auteur. Ce faisant Valente distingue deux dimensions de l’exposition ; la première dimension prenant en compte la distinction entre le rappel et la reconnaissance d’éléments particuliers du programme et la deuxième se faisant à partir de la distinction entre la simple information et la compréhension. Ce travail de Valente apporte beaucoup d’informations d’utilité pratique cependant, elle met sous le compte de l’exposition beaucoup de notions qui demandent à être différenciées.

La distinction entre l’atteinte (populationnelle) et l’exposition (individuelle) est nécessaire pour l’approfondissement de l’analyse de l’implantation des interventions (Morris, Rooney, Wray, & Kreuter, 2009). La non-dissociation de ces deux notions comme

on peut le noter avec certains auteurs (Valente, 2002) conduit à une perte de valeur de différents contenus analytiques même si l’auteur présente bien sa conceptualisation. De même, comme Century, Rudnick et Freeman (2010) dans leur critique du travail de Dane et Schneider (1998), nous estimons qu’il est nécessaire, qu’une autre distinction à savoir celle à faire entre la dose d’intervention reçue et l’exposition, soit élaborée. Un élément qui n’est pas documenté dans le travail de Valente (2002) du fait qu’il cible les campagnes de

communication est la perception ou la reconnaissance de l’exposition à un changement organisationnel qui est important quand on mesure l’offre de services de structures particulières. Cet élément est assez particulier dans la mesure où il a la caractéristique d’être entre le rappel et la reconnaissance tout en étant plus subtil.

Il est cependant important de noter que le changement organisationnel des structures d’implantation des interventions est en général rarement évoqué dans l’analyse de la dose d’intervention reçue. Cependant comme le notaient Denis et Champagne, « La mise en œuvre d’une intervention supposera nécessairement des changements au niveau

organisationnel, c'est-à-dire des processus complexes d’adaptation et d’appropriation des politiques ou programmes dans différents milieux concernés » (Champagne & Denis, 1992, p. 49). Il est donc important de prendre en compte dans la détermination de la dose

d’intervention reçue, des aspects relatifs à l’exposition au changement organisationnel. Considérant les dimensions de l’exposition, notamment la première dimension de Valente (2002) relative à la distinction entre le rappel et la reconnaissance, nous pouvons noter que l’exposition au changement organisationnel se situe au milieu de ces deux notions tout en ayant une caractéristique de perspective. En effet, il contient des aspects de rappel, de reconnaissance et de tendance (historicité) par rapport aux activités mises en place.

4.2.5. Contribution de l’évaluation du processus dans l’analyse des